La présente invention concerne une paroi moulée à armature continue, un procédé de réalisation d'une telle paroi moulée dans le sol, et un coffrage pour réaliser une telle paroi moulée.

Les parois moulées sont des ouvrages que l'on réalise dans le sol en creusant une tranchée et en remplissant cette tranchée avec un liant, à savoir en général du béton, qui fait sa prise in situ.

La tranchée peut être creusée sous une boue qui est ensuite remplacée par le liant.

Pour obtenir une bonne continuité de la paroi moulée, le liant doit être coulé en une seule fois sur toute la hauteur de la tranchée. A cet effet, on réalise la paroi moulée par panneaux contigus successifs.

Chaque panneau est obtenu en coulant le liant dans un tronçon de tranchée creusé dans le prolongement d'un panneau solidifié préalablement réalisé. Les panneaux se raccordent deux à deux par encastrement mutuel de leurs extrémités latérales, dont la forme est délimitée par un coffrage, également désigné joint d'extrémité, s'étendant transversalement à la tranchée sur toute la profondeur de cette dernière et mis en place avant de couler le liant. En général, une paroi moulée est armée par des armatures que l'on met en place dans chaque tronçon de tranchée avant de couler le liant.

Toutefois, dans une telle paroi moulée, les armatures sont absentes aux raccordements entre panneaux, lesquels raccordements constituent, de ce fait, des zones de fragilité de la paroi moulée, de sorte que la transmission des effets, notamment de flexion transversale mais aussi de compression et de traction longitudinales, n'est pas correctement assurée d'un panneau à l'autre, ce qui peut poser des problèmes en cas de mouvements de terrain, notamment dans des zones à forte activité sismique.

Le document FR-A-2 517 717 décrit une solution à ce problème. Elle consiste à fixer, aux extrémités des armatures des panneaux, des éléments verticaux de palplanche munis de serrures qui coopèrent entre elles pour assurer la continuité de l'armature d'un panneau à l'autre.

Cependant, cette solution n'assure pas une transmission convenable des efforts appliqués aux armatures sous l'effet de contraintes externes.

De plus, l'engagement des serrures les unes dans les autres devient peu aisé en cas de désalignement des armatures entre elles.

Enfin, les moyens qui sont prévus pour protéger les serrures lorsque le matériau de moulage est coulé dans les tranchées ne sont pas réellement satisfaisants.

Un premier objet de l'invention est de fournir une paroi moulée constituée par plusieurs panneaux juxtaposés qui permette en particulier d'obtenir une bonne répartition des efforts appliqués aux armatures des différents panneaux et qui soit d'une mise en oeuvre améliorée.

Pour atteindre ce but, selon l'invention, la paroi moulée constituée par une succession de panneaux accolés par leurs extrémités latérales et réalisés par coulage d'un liant dans des tronçons de tranchées contigus creusés dans le sol dans le prolongement l'un de l'autre, chaque panneau comportant une armature, ladite paroi comportant, en outre, des moyens de liaison entre les armatures de deux panneaux contigus se caractérise en ce que les moyens de liaison sont séparés desdites armatures et comprennent un élément d'ancrage présentant une première extrémité munie d'au moins un premier élément de verrouillage vertical et une deuxième extrémité imbriquée dans un desdits panneaux, et un élément de liaison présentant une première extrémité munie d'au moins un deuxième élément de verrouillage apte à coopérer avec le premier élément de verrouillage et une deuxième extrémité imbriquée dans l'autre desdits panneaux.

Un autre objet de l'invention est de fournir un procédé de réalisation d'une paroi moulée, notamment du type défini ci-dessus, et qui ne présente pas les inconvénients de l'art antérieur. Pour atteindre ce but, selon l'invention, le procédé pour réaliser dans le sol une paroi moulée notamment telle que définie ci-dessus.

procédé selon lequel on réalise un premier tronçon de tranchée dans lequel on place un coffrage d'extrémité et on coule un liant pour obtenir un premier panneau de paroi, puis on réalise, du côté du coffrage, un second tronçon de tranchée contigu au premier et dans le prolongeemnt de celui-ci, on retire le coffrage et l'on coule un liant dans le second tronçon de tranchée pour obtenir un second panneau de paroi accolé au premier, se caractérise par le fait qu'avant de couler le liant dans le premier tronçon de tranchée, on y met en place une armature et un élément de liaison comportant des extrémités de verrouillage que l'on positionne au voisinage immédiat du coffrage et que, lors de son coulage, on empêche le liant de venir noyer lesdites extrémités de fixation de manière qu'elle dépassent du premier panneau de paroi dans le second tronçon de tranchée après retrait du coffrage et qu'avant de couler le liant dans le second tronçon de tranchée, on y met en place une armature et un élément d'ancrage que l'on solidarise aux extrémités de verrouillage de l'élément de liaison et en ce que l'on solidarise le coffrage à l'élément de liaison avant sa mise en place dans le tronçon de tranchée, les éléments de liaison et d'ancrage n'étant pas solidaires directement des armatures, mais étant imbriqués dans celles-ci. Un troisième objet de l'invention est de fournir un coffrage pour réaliser en tranchée une paroi moulée, notamment du type défini ci- dessus, qui ne présente pas les inconvénients de l'état de la technique.

Pour atteindre ce but, selon l'invention, le coffrage pour la réalisation d'une paroi moulée du type défini ci-dessus destiné à être mis en place contre une paroi d'extrémité d'un tronçon de tranchée creusé dans le sol pour obtenir un panneau de paroi par coulage d'un liant dans ce tronçon de tranchée, ledit coffrage comportant une face d'appui contre la paroi d'extrémité du tronçon de tranchée et, à l'opposé de cette face d'appui, une face de moulage dirigée vers l'intérieur du tronçon de tranchée se caractéri.se par le fait qu'il comporte, sur sa face de moulage au moins un évidement apte à recevoir l'étément de verrouillage d'un élément de liaison placé dans le tronçon de tranchée, chaque évidement étant fermé par un élément de paroi verticale munie d'une fente verticale apte à laisser passer l'élément de palplanche muni de l'élément de verrouillage réalisant une étancheité entre ledit élément de palplanche et la paroi dudit évidement.

D'autres caractéristiques de l'invention apparaîtront mieux à la lecture de la description qui suit de plusieurs modes de mise en oeuvre de l'invention donnés à titre d'exemples non limitatifs. La description se référé aux figures annexées sur lesquelles : - les figures 1 à 6 illustrent le principe de l'invention en montrant les différentes étapes de réalisation de deux panneaux contigus de paroi moulée ;

- les figures 7 et 8 montrent en vue de dessus et en vue en élévation un mode préféré de réalisation d'une armature d'un panneau et d'un élément d'ancrage ;

- la figure 9 montre la liaison entre les armatures de deux panneaux de la paroi moulée ;

- la figure 10 montre en coupe verticale un mode de réalisation préféré du coffrage dans le cas où il y a une seule serrure ; - la figure 11 est une vue de détail de la figure 10 ; et

- les figures 12 et 13 montrent en coupe verticale des variantes de réalisation du coffrage.

En se référant tout d'abord aux figures 1 à 6, on va décrire le principe de réalisation de la paroi moulée selon l'invention. Sur la figure 1, on a représenté le creusement d'un tronçon de tranchée 20 dans le sol sous boue à l'aide d'un appareil approprié, par exemple une benne.

On met en place dans le tronçon de tranchée un élément d'armature métallique 22 qui sera décrite ultérieurement plus en détail et un élément de liaison 24 solidaire d'un élément de coffrage 26 destiné à limiter la longueur de panneau qui va être réalisée. L'élément de liaison 24, qui sera décrit plus en détail ultérieurement, est imbriqué dans l'armature 22 mais n'est pas soudé sur celle-ci. Par imbrication, il faut entendre qu'une partie de l'élément de liaison pénètre à l'intérieur de la cage que constitue l'armature. L'élément de liaison 24 se termine par deux serrures 28 et 30 qui sont disposées dans deux logements 32 et 34 de l'élément de coffrage 26. Ces évidements sont fermés par des moyens qui seront décrits ultérieurement. Ces moyens ont pour but d'éviter, lors de la coulée du liant (béton ou coulis), que ce matériau n'enrobe les serrures. En outre, ces moyens solidarisent temporairement l'élément de liaison 24 et l'élément de coffrage 26.

Dans l'étape suivante représentée sur la figure 3 le béton ou le coulis est coulé dans la tranchée 20 pour réaliser un panneau 36. Le panneau est renforcé par l'armature 22. De plus, il assure la liaison mécanique entre l'armature 22 et l'élément de liaison 24 qui sont noyés dans le béton. Cependant, grâce aux logements 32 et 34, les serrures 30 et 32 restent libres. De plus, comme cela est connu, l'élément de coffrage 26 a une forme générale en U en section horizontale de telle manière que le panneau 36, après enlèvement du coffrage l'extrémité 38 du panneau présente une forme d'encastrement du panneau suivant. Les serrures 28 et 30 font saillie dans la forme 38 d'encastrement.

Préalablement à l'enlèvement du coffrage, on creuse un deuxième tronçon de tranchée 40 dans lequel on réalisera le deuxième panneau de la paroi moulée.

Dans le tronçon de tranchée 40, on met en place simultanément une armature métallique 42 et un élément d'ancrage 44, l'élément d'ancrage 44 étant imbriqué dans l'armature 42 mais non soudé dans celle-ci. Lors de la mise en place de l'élément d'ancrage 44, les serrures 46 et 48 de celui-ci sont engagées dans les serrures 28 et 30 de l'élément de liaison 24 du panneau 36 déjà réalisé. Cet engagement des serrures entre elles est grandement facilité par le fait que l'élément d'ancrage 44 n'étant pas fixé sur l'armature 42, l'élément d'ancrage peut être déplacé horizontalement par rapport à l'armature autour du plan médian vertical de l'armature.

Lorsque cette mise en place est terminée, on procède au coulage du béton ou du coulis dans le tronçon de tranchée 40 pour réaliser le deuxième panneau 50 de la paroi moulée.

On comprend que grâce à l'accrochage des éléments de liaison 24 et d'ancrage 44, on assure entre les deux panneaux une continuité de résistance mécanique des éléments d'armatures métalliques. En effet, bien qu'il n'y ait pas liaison mécanique directe, par exemple par soudure, entre les armatures 22 et 42 et l'ensemble constitué par l'élément de liaison 24 et l'élément d'ancrage 44, l'imbrication de ces éléments d'armature qui sont noyés dans le béton assure la continuité mécanique.

En se référant maintenant aux figures 7 et 8, on va décrire un mode préféré de réalisation des armatures 24, 44 et des éléments de liaison ou d'ancrage 24 et 44.

L'armature 22 est constituée de façon habituelle par une cage formée par des fers à béton horizontaux 52 et des fers à béton verticaux 54 soudés entre eux.

Selon un mode préféré de réalisation, l'élément de liaison 24 (ou l'élément d'ancrage 44) est constitué par des fers ronds en forme de U référencés 56. Les fers 56 (56a, 56b, 56c) sont disposés dans des plans horizonaux régulièrement espacés. Par exemple, pour une armature de 12 mètres de haut, les fers 56 sont espacés de 66 centimètres. Les extrémités libres 58 et 60 des branches des fers 56 sont respectivement soudées sur des éléments de palplanche 62 et 64 qui se terminent par les serrures 28 et 30 (ou 46 et 48). Eventuellement des fers plats horizontaux 66 peuvent être soudés à intervalles réguliers entre les palplanches 62 et 64.

On comprend que les éléments de liaison ou d'ancrage sont essentiellement constitués par des fers ronds en forme de U horizontaux solidarisés entre eux par les palplanches. Les fers en U sont imbriqués dans les fers formant les armatures mais non solidaires de celles-ci.

On ne sortirait pas de l'invention si les éléments de liaison ou d'ancrage étaient constitués différemment. Il importe, cependant, qu'ils soient essentiellement constitués par des fers à béton horizontaux afin de favoriser la transmission horizontale des efforts susceptibles d'être appliqués aux panneaux et donc à leurs armatures.

Il va également de soi que les éléments de verrouillage des éléments d'ancrage et des éléments de liaison pourraient être constitués par d'autres organes que des serrures du type palplanche. Il suffit qu'ils constituent des organes de verrouillage mâle et femelle aptes à coopérer entre eux lors de la mise en place d'une armature dans un tronçon de tranchée.

La figure 9 montre en vue de dessus le verrouillage d'un élément de liaison 24 et d'un élément d'ancrage 44, le béton n'ayant pas été représenté pour faciliter la compréhension. Sur la figure 7, on a également représenté l'élément de coffrage

26 avec ses deux logements 32 et 34 dans lesquels sont "enfermées" les

serrures 28 et 30. La réalisation préférée de l'élément de coffrage 26 va être décrite en liaison avec les figures 10 et 11.

Sur la figure 10, on a représenté un élément de coffrage 26' dans le cas où l'élément de liaison 24' ne comporte q'une seule serrure 28. Le coffrage 26' proprement dit est muni sur sa face de moulage

70 de deux pièces métalliques 72 et 74 qui définissent entre elles un logement ou évidement 76 présentant une ouverture 78. Le logement 76 a des dimensions suffisantes pour recevoir la serrure 28 disposée à l'extrémité de l'élément de palplanche vertical 80. L'ouverture 78 est obturée par deux portions de paroi rigide 82 et 84 qui laissent entre elles une fente 86 dont la largeur est légèrement supérieure à l'épaisseur de la palplanche 80, les portions de paroi 82 et 84 étant fixées sur les pièces 72 et 74. La fente 86 est obturée par des lèvres flexibles d'étanchéité 88 et 90 fixées sur les parois 82 et 84. Ces lèvres 88 et 90 s"appuient par déformation élastique sur les faces de la palplanche 80 assurant ainsi l'étanchéité vis-à-vis du liant.

Les parois rigides 82 et 84 réalisent un positionnement horizontal de l'élément de liaison 24 et une solidarisation temporaire du coffrage 26 sur l'élément 24. Afin d'améliorer encore l'étanchéité, on peut monter à l'intérieur du logement 76 deux conduites flexibles verticales 90 et 92 qui sont en contact avec la serrure, les portions de paroi 82 et 84 et la paroi interne du logement. On réalise ainsi un deuxième système d'étanchéité.

Ces conduites flexibles peuvent, de plus, être utilisées pour réaliser une circulation d'eau pour "nettoyer" les serrures, après le coulage du coulis ou du béton si une faible quantité de ce produit est arrivé à pénétrer dans le logement.

Les figures 12 et 13 montrent des variantes de réalisation des moyens servant à rendre étanche le ou les logements ménagés dans les éléments de coffrage.

Dans le cas du mode de réalisation de la figure 12, les serrures 28 et 30 sont protégées dans les logements 32 et 34 par des caches en caoutchouc 100 et 102.

Dans le cas du mode de réalisation de la figure 13, les serrures 28 et 30 sont protégées par des tubes fendus 104 et 106 qui sont enfilés sur les serrures. Même si après avoir enlever le coffrage 26, il se forme une

enveloppe en liant autour des tubes 104, 106 ces enveloppes sont aisément détruites par la mise en place des serrures de l'élément d'ancrage du panneau suivant.