La présente invention concerne un document, un procédé et un dispositif de fabrication de document et un procédé et un dispositif d'identification de document. Elle s'applique, en particulier, à l'authentification d'un document papier.

Il est connu de nombreux moyens pour authentifier un document, en lui donnant, lors de la fabrication d'une feuille des caractéristiques reconnaissables. Par exemple, un filigrane permet de modifier la transparence locale d'un document. De même, l'insertion de matériaux dans le papier, tels que des fibres ou des bandes devraient permettre de rendre les documents formés avec se papier infalsifiables.

Cependant, ces techniques sont très onéreuses et reproduites, plus ou moins fidèlement, par des contrefacteurs.

Il existe des techniques pour mémoriser des caractéristiques physiques d'un document, par exemple la forme de fibres dans une partie donnée du document. Cependant, la reconnaissance du document sur la base d'une nouvelle analyse est très sensible aux variations d'angle d'analyse, notamment de capteur d'image et ne peuvent, finalement, être utilisées qu'en laboratoire.

La présente invention vise à remédier à ces inconvénients.

A cet effet, selon un premier aspect, la présente invention vise un document plan caractérisé en ce qu'il comporte :

- sur une première face du document, au moins une marque imprimée,

- sur une deuxième face du document opposée à ladite première face, au moins une marque imprimée invisible superposée à une marque imprimée sur ladite première face,

- dans au moins un couple de marques superposées formées sur lesdites faces opposées, au moins l'une des marques dudit couple a un contenu unique.

Grâce à ces dispositions, le document est triplement protégé. D'une part, la détermination de la présence d'une marque invisible fournit un premier niveau de protection. D'autre part, la précision de la superposition des marques donne un deuxième niveau de protection car il est très difficile de superposer l'impression de deux marques avec précision sur deux faces opposées d'un document. De plus, le contenu unique d'au moins une marque portée par le document permet d'identifier le document de manière univoque.

Selon des caractéristiques particulières, dans au moins un couple de marques superposées, chaque marque imprimée est invisible.

La détection de la protection du document est ainsi encore plus difficile. Selon des caractéristiques particulières, chacune de marques d'au moins un couple de marques superposées a un contenu unique.

L'identification du document est ainsi plus forte.

Selon des caractéristiques particulières, au moins une dite marque invisible est un code à barres en deux dimensions. Grâce à ces dispositions, une fois une image de la marque prise, on peut utiliser des systèmes de traitement standards.

Selon des caractéristiques particulières, au moins une dite marque invisible est une marque anti-copie. Grâce à ces dispositions, on peut déterminer si le document est un original ou une copie.

Selon des caractéristiques particulières, au moins une marque invisible est constituée d'un verni. Grâce à ces dispositions, la marque est particulièrement durable.

Selon des caractéristiques particulières, le contenu d'au moins une marque est représentatif de la position d'une marque invisible sur le document. Ainsi, pour retrouver une marque invisible, on utilise le contenu d'une autre marque, par exemple visible.

Selon un deuxième aspect, la présente invention vise un procédé de fabrication d'un document plan, caractérisé en ce qu'il comporte :

- une étape de génération d'une marque ayant un contenu unique,

- une étape d'impression, sur une première face du document, d'au moins une marque imprimée et

- une étape d'impression, sur une deuxième face du document opposée à ladite première face, d'au moins une marque imprimée invisible superposée à une marque imprimée sur ladite première face,

dans au moins une étape d'impression, pour au moins couple de marques superposées formées sur lesdites faces opposées, au moins l'une des marques étant une marque générée ayant un contenu unique.

Selon un troisième aspect, la présente invention vise un procédé d'identification d'un document, caractérisé en ce qu'il comporte :

- une étape de capture d'une image d'une première marque sur une première face du document,

- une étape de capture d'une image d'une deuxième marque sur une deuxième face du document, superposée à la première marque,

- une étape de lecture du contenu d'une des première et deuxième marque et

- une étape d'identification du document en fonction dudit contenu.

Selon des caractéristiques particulières, au moins une des étapes de capture d'une image comporte une étape de dépôt de matière visible sur la marque dont une image est capturée. Selon un quatrième aspect, la présente invention vise un dispositif de fabrication d'un document plan, caractérisé en ce qu'il comporte :

- un moyen de génération d'une marque ayant un contenu unique,

un moyen d'impression, sur une première face du document, d'au moins une marque imprimée et

- un moyen d'impression, sur une deuxième face du document opposée à ladite première face, d'au moins une marque imprimée invisible superposée à une marque imprimée sur ladite première face,

au moins un des moyens d'impression étant adapté, pour au moins couple de marques superposées formées sur lesdites faces opposées, à ce qu'au moins l'une des marques soit une marque générée ayant un contenu unique.

Selon un cinquième aspect, la présente invention vise un dispositif d'identification d'un document, caractérisé en ce qu'il comporte :

- un moyen de capture d'une image d'une première marque sur une première face du document,

- un moyen de capture d'une image d'une deuxième marque sur une deuxième face du document, superposée à la première marque,

- un moyen de lecture du contenu d'une des première et deuxième marque et un moyen d'identification du document en fonction dudit contenu.

Les avantages, buts et caractéristiques particulières de ce procédé de fabrication, de ce procédé d'identification, de ce dispositif de fabrication et de ce dispositif d'identification étant identiques à ceux du document objet de la présente invention, tel que succinctement exposés ci-dessus, ils ne sont pas rappelés ici.

D'autres avantages, buts et caractéristiques particulières de la présente invention ressortiront de la description qui va suivre faite, dans un but explicatif et nullement limitatif en regard des dessins annexés, dans lesquels :

- la figure 1 représente, schématiquement, une première face d'un mode de réalisation particulier d'un document objet de la présente invention,

- la figure 2 représente, schématiquement, une deuxième face du document illustré en figure 1 ,

- la figure 3 représente, sous forme de logigramme, des étapes mises en œuvre dans un mode de réalisation particulier du procédé de fabrication objet de la présente invention,

- la figure 4 représente, sous forme de logigramme, des étapes mises en œuvre dans un mode de réalisation particulier du procédé d'identification objet de la présente invention, - la figure 5 représente, schématiquement, un mode de réalisation particulier du dispositif de fabrication objet de la présente invention et

- la figure 6 représente, schématiquement, un mode de réalisation particulier du dispositif d'identification objet de la présente invention.

On note que les figures ne sont pas à l'échelle.

On observe, en figures 1 et 2, un document plan 100 qui comporte :

- sur une première face 105, illustrée en figure 1 , cinq marques imprimées 1 10, 1 15, 120, 125 et 130 et

- sur une deuxième face 150, illustrée en figure 2, trois marques imprimées 155, 160 et 165.

Le document 100 est un document plan. Il est, par exemple, constitué en papier, papier plastifié, tissu ou matière plastique. Dans le cas représenté, le document 100 est une feuille d'un format standard. Les faces 105 et 150 sont donc coplanaires.

La marque imprimée 1 10 est une marque visible positionnée en bas de page. Le contenu de la marque 1 10 est variable d'un document à un autre et, préférentiellement unique pour le document considéré. Dans le mode de réalisation décrit, la marque 1 10 est un code à barres à deux dimensions, aussi appelé « Datamatrix ». La marque imprimée 1 15 est une marque visible placée à côté de la marque 1 10. Le contenu de la marque 1 15 est variable d'un document à un autre et, préférentiellement unique pour le document considéré. Dans le mode de réalisation décrit, la marque 1 15 est une marque anti-copie, c'est-à-dire que ses caractéristiques se dégradent de manière mesurable lors d'une copie du document 100.

Par exemple, une marque anti-copie comporte un fort taux de redondances et est imprimé avec une résolution, liée à la qualité d'impression, telle que, dès l'impression, par suite de phénomènes physiques ponctuellement aléatoires, le taux de redondance à mettre en œuvre pour corriger et lire le contenu de la marque anti-copie est élevée, préférentiellement supérieur à 10 pour cent. Ainsi, une copie de la marque anti-copie faite avec des moyens d'impression de qualité similaire à ceux utilisés pour l'impression initiale provoque un accroissement de la quantité de redondances à mettre en œuvre pour corriger et lire le contenu de la marque anti-copie qui peut être détecter pour reconnaître un original d'une copie.

Le lecteur pourra se référer au document WO 2009 004172 (PCT FR2008/00743) pour la détermination et la fabrication de la marque 1 15.

Le contenu des marques 1 10 et 1 15 est corrélé, c'est-à-dire que le contenu de l'une des marques 1 10 ou 1 15 est fonction du contenu de l'autre marque.

Les marques imprimées 120, 125 et 130 sont des marques invisibles. Elles sont constituées, par exemple, de vernis ou une encre invisible dopée, à base aqueuse. La marque 120 possède un contenu fixe, c'est-à-dire commun à un ensemble de documents. Les marques 125 et 130 possèdent un contenu unique, c'est-à-dire que seul le document 100 les porte.

Les marques imprimées 155, 160 et 165 sont des marques invisibles. Elles sont constituées, par exemple, de vernis. La marque 155 est superposée à la marque 120, c'est- à-dire qu'elle possède les mêmes dimensions que la marque 120 et que son contour est superposé au contour de la marque 120. Les marques 120 et 155 ont donc des formes symétriques par rapport à un axe du plan du document. La marque 160 est superposée à la marque 125. Enfin, la marque 165 n'est superposée à aucune marque de la première face 105. Le contenu des marques 155 et 160 est unique.

Ainsi, dans au moins un couple de marques superposées 120-155 ou 125-160, au moins l'une des marques du couple a un contenu unique.

Selon les variantes, le document objet de la présente invention, ne comporte aucune marque visible.

On observe, en figure 3, que pour fabriquer un document objet de la présente invention, on effectue, d'abord, une étape 305 de détermination d'informations à faire porter par le contenu des marques à imprimer.

Par exemple, ces informations comportent :

- un ordre de fabrication,

- un identifiant d'unité de fabrication,

- une date de fabrication,

- un type de fabrication,

- un numéro de série unique et/ou

- un donneur d'ordre de fabrication.

Au cours d'une étape 310, on détermine une position d'impression d'au moins un couple de marques superposées. Par exemple, cette position est déterminée aléatoirement.

Puis, au cours d'une étape 315, on constitue une marque de type anti-copie représentative d'au moins une partie des informations obtenues au cours de l'étape 305.

Au cours d'une étape 320, on constitue une marque de type code à barres en deux dimensions représentative d'au moins une partie des informations obtenues au cours de l'étape 305.

Au cours d'une étape 325, on constitue une marque représentative de la position de chaque couple de marques superposées.

Préférentiellement, au cours des étapes 315, 320 et 325, on insère dans les contenus des marques des codes de correction d'erreur (ou FEC pour « forward error correction »). La proportion de redondances FEC est plus élevée pour les marques anticopie que pour les codes à barres en deux dimensions. On observe que les marques issues des étapes 315, 320 et 325 sont des fichiers de points, par exemple binaires, représentant les valeurs d'impression à réaliser. Par exemple, dans le cas de marques binaires, pour chaque point à imprimer, une valeur représente l'impression et une autre valeur représente l'absence d'impression.

Au cours d'une étape 330, on imprime simultanément les deux faces d'un document pour y former l'ensemble des marques visibles ou invisibles, superposées ou non décrites en regard de la figure 1 . Préférentiellement, la marque représentative de la position des autres marques est imprimer de manière visible et en une position fixe sur les différents documents.

On observe, en figure 4, que, pour identifier un document, c'est-à-dire le reconnaître de façon unique, dans un mode de réalisation du procédé d'identification objet de la présente invention, on effectue, d'abord, une étape 405 de constitution d'un support de matériau visible uniforme. Par exemple, on dépose du noir de carbone sur une feuille.

Puis, au cours d'une étape 410, on lit une marque visible sur le document.

Au cours d'une étape 415, on détermine la position de chaque marque invisible en fonction du contenu de la marque visible.

Au cours d'une étape 420, on applique le matériau visible sur le document, aux endroits où se trouvent les marques invisibles.

Au cours d'une étape 425, on retire l'excès de matériau visible des endroits où se trouve les marques invisibles, par exemple en appliquant et en retirant un adhésif à ces endroits.

Au cours d'une étape 430, on capture une image de la marque invisible rendue visible par le reste du dépôt de matériau visible, au cours des étapes 420 et 425.

On note que cette capture d'image peut se faire sur le document ou sur un adhésif ayant retiré un excès de matériau visible.

Les étapes 415 à 430 sont réitérées pour les maques invisibles portées sur les deux faces 105 et 150 du document 100.

En variante, on élimine les étapes 420 et 425 et, au cours de l'étape 430, on utilise une lumière de longueur d'onde non visible et un capteur capable de capter la lumière émise, reflétée ou filtrée par chaque maque invisible pour prendre une image de chaque marque invisible.

Au cours d'une étape 435, on détermine l'information contenue dans les marques visibles. Préférentiellement, on met en œuvre les codes de correction d'erreur pour corriger les erreurs représentées par les images captées et on mesure la quantité de redondances FEC utilisée pour corriger les erreurs des marques anti-copie.

Au cours d'une étape 440, on détermine, en fonction de la quantité de redondance utilisée pour corriger les marques anti-copie, si le document est un original ou une copie. Au cours d'une étape 445, on mesure la précision de superposition des marques invisibles superposées et, en fonction d'une valeur limite (par exemple une distance), on détermine si le document est un original ou une copie. A cet effet, on traite les images pour déterminer la position du centre de chaque marque invisible, dans chacune des faces du document et on détermine la distance entre les centres de deux marques invisibles superposées.

Au cours d'une étape 450, on détermine une identité du document, en fonction du contenu des marques portées par le document et, en particulier, en fonction du contenu des marques invisibles.

On note que les étapes 435 et 445 peuvent être effectuées localement ou à distance, par exemple par un serveur.

On observe, en figure 5, un dispositif de fabrication 505 comportant :

une unité centrale 510 munie de mémoires 51 1 ,

- une imprimante 515 et

- une connexion à un réseau informatique 520, pour communiquer avec un serveur distant 525.

L'unité centrale 510 est adaptée, en exécutant les instructions d'un programme d'ordinateur conservé dans ses mémoires 51 1 , en combinaison avec le serveur 525, à implémenter les étapes illustrées en figure 3 et à commander l'imprimante 515. Le serveur 525 conserve une base de données 530 dans laquelle un identifiant de chaque document est conservé avec les informations associées, comme décrit en regard de l'étape 305.

Le réseau informatique 520 est, par exemple, le réseau internet.

L'imprimante 515 est adaptée à imprimer simultanément des marques sur les deux faces du document 535. En variante, l'impression des marques sur les deux faces est effectuée successivement.

On observe, en figure 6, un dispositif d'identification 605 comportant :

une unité centrale 610 munie de mémoires 61 1 ,

- un moyen de capture d'image 615 et

- une connexion à un réseau informatique 620, pour communiquer avec un serveur distant 625.

L'unité centrale 610 est adaptée, en exécutant les instructions d'un programme d'ordinateur conservé dans ses mémoires 61 1 , en combinaison avec le serveur 625, à implémenter les étapes illustrées en figure 4 et à commander la capture d'image par les moyens de capture d'image 615. Le serveur 625 conserve une base de données 630 dans laquelle un identifiant de chaque document est conservé avec les informations associées, comme décrit en regard de l'étape 305. Le réseau informatique 620 est, par exemple, le réseau internet. Les moyens de capture d'image 615 sont, par exemple constitué d'une source de lumière visible ou invisible et d'un capteur d'image adapté à fournir une image représentative d'une marque, visible ou invisible portée par un document 635.

La présente invention trouve particulièrement des applications dans la fabrication de papier majoritairement ou intégralement uniforme sur lesquels on peut écrire ou imprimer de l'information, afin de certifier, à posteriori que le document ainsi constitué est un original.