Article de lingerie réalisé dans un stratifié textile comportant une première épaisseur de textile attachée à une deuxième épaisseur tridimensionnelle de matière à deux faces de textiles

La présente invention concerne un article de lingerie réalisé dans un stratifié textile comportant :

-une première épaisseur de textile ayant une face intérieure et une face extérieure,

-et une deuxième épaisseur textile composée de deux couches de textiles assemblées par tricotage ou tissage, les deux couches étant constituées par des fils différents, la deuxième épaisseur ayant une face intérieure et une face extérieure, la face intérieure de la première épaisseur étant attachée à la face intérieure de la deuxième épaisseur.

Pour attacher les deux faces intérieures l'une à l'autre, on recourt généralement à un contrecollage au moyen d'un adhésif déposé par points, par lignes, ou par surfaces, au moyen d'enduction réalisée par exemple par sérigraphie, ou encore par interposition d'un film adhésif entre les deux faces.

L'action de collage peut se faire à froid ou à chaud.

Il est aussi possible d'attacher ensemble les faces par d'autres moyens, par exemple par soudure et notamment soudure ultrasonore si les couches de textiles comportent une certaine proportion de fibres thermofusibles.

Il est également possible d'attacher ensemble les faces par des moyens mécaniques, par exemple par couture ou tricotage, dès lors que les deux faces sont attachées d'un manière assez intime et homogène pour donner un stratifié d'aspect et de comportement unitaire.

Un tel stratifié textile peut être utilisé pour la confection d'articles textiles et en particulier d'articles de lingerie, notamment des soutien-gorge.

On connaît par WO 03/033796 des articles de lingerie incorporant une épaisseur tridimensionnelle (« spacer »), mais celle-ci est simplement disposée en sandwich entre des couches extérieures et une telle épaisseur n'est pas visible de l'extérieur de l'article et n'a pas besoin d'être teinte. On connaît aussi par US 2004/0097151 un « spacer » qui peut être utilisé pour constituer à lui seul un bonnet de soutien-gorge. Afin que la face extérieure puisse être décorative, il est prévu de la tricoter avec des fils spéciaux de manière à obtenir des motifs. Ces

deux documents ne concernent donc pas un stratifié contrecollé du type précité plus haut intégré directement dans un article de lingerie pour en constituer la matière formant intégralement l'épaisseur de l'article.

Des articles, et plus particulièrement des soutien-gorge, conformes à l'invention sont donc obtenus par thermoformage des bonnets dans une ébauche réalisée directement et exclusivement dans ledit stratifié, découpe du produit obtenu, puis adjonction des éléments nécessaires pour compléter le soutien- gorge (bretelles, attaches de fermeture). On produit ou souhaite produire de la sorte des articles dans plusieurs gammes de couleurs, qui vont des couleurs très claires, comme le blanc ou le nacre, aux couleurs très foncées comme le noir.

La deuxième épaisseur bicouche est avantageusement constituée par un textile épais non délaminable, tridimensionnel, appelé couramment dans la profession textile 3 D ou « spacer », dans lequel deux couches textiles (qui peuvent être deux toiles indépendantes) sont réunies par un monofilament ou un multifilament tricoté qui maintient entre elles une certaines distance contribuant à donner au produit une certaine légèreté, des qualités d'élasticité, et la possibilité d'une circulation d'air entre les deux couches.

Il importe que le stratifié textile résiste bien aux divers traitements auxquels il peut être soumis, que ce soit dans le cadre de la fabrication d'un article de lingerie (notamment au traitement de thermoformage des bonnets) ou dans le cadre ultérieur de l'utilisation de l'article (notamment aux lavages répétés).

La Demanderesse s'est aperçu que des articles de lingerie réalisés selon ce principe présentent parfois des défauts d'aspect après certains des traitements, notamment après le thermoformage des bonnets. Ces défauts d'aspect sont essentiellement des plis ou des rides apparaissant à la surface du produit, notamment du côté de l'épaisseur bicouche. De manière surprenante, ces défauts sont plus marqués sur des produits noirs que sur des produits nacrés. D'autres défauts ont pu aussi être constatés au toucher (texture cassante) et un manque d'épaisseur au niveau de la pointe de sein des bonnets a parfois pu être constaté sur toutes les couleurs.

On connaît par le document US 5 962 349 un tapis de souris constitué par un stratifié alliant une surface textile et une épaisseur de « spacer », mais un tel tapis n'est pas concerné par les problèmes de moulage ou de tenue au lavage des

articles de lingerie de l'invention, ni par les problèmes de choix des couleurs des faces intérieures et extérieures de l'article qui ne détériore pas les qualités de confort de l'article ni sa tenue au lavage répété. Le document WO 2005/108054 montre un « spacer » contrecollé à une couche textile pour réaliser un article technique rigide destiné par exemple à constituer une semelle de chaussure ou un coussin de siège. Aucun problème de couleur ne se pose pour ce type d'article.

Le but de l'invention est de remédier au problème évoqué plus haut et d'obtenir un article de lingerie réalisé dans un stratifié textile du type défini ci- dessus qui soit moulable sans laisser apparaître de défauts d'apparence même si le stratifié est de couleur sombre, au moins sur la face extérieur de la deuxième épaisseur.

L'invention atteint son but grâce à un article de lingerie réalisé dans un stratifié textile comportant : une première épaisseur de textile ayant une face intérieure et une face extérieure, et une deuxième épaisseur textile composée de deux couches de textiles assemblées par tricotage ou tissage, les deux couches étant constituées par des fils différents, la deuxième épaisseur ayant une face intérieure et une face extérieure, la face intérieure de la première épaisseur étant attachée à la face intérieure de la deuxième épaisseur, la face extérieure de la deuxième épaisseur étant visible sur l'article et étant d'une couleur nécessitant une teinture, caractérisé en ce que la deuxième épaisseur n'est pas teinte en pièce dans ladite couleur, mais sa face extérieure est réalisée dans un fil qui est de ladite couleur.

Très avantageusement, la face intérieure de la deuxième épaisseur n'est pas teinte, c'est-à-dire que la face reste un textile en fil écru.

La deuxième épaisseur est en effet couramment réalisée, par des fabricants spécialisés, en fil écru pour chacune de ses couches. Il est donc nécessaire d'obtenir une couleur par teinture pour donner au produit final dans lequel cette deuxième épaisseur sera utilisée la couleur désirée, qu'elle soit sombre ou même claire. La pratique qui s'imposait jusque là à l'homme du métier était de teindre en pièce cette deuxième épaisseur dans ladite couleur qui doit être celle du

produit fini. Autrement dit, c'est l'intégralité de la deuxième épaisseur qui subissait l'opération de teinture.

La Demanderesse a découvert que si l'on s'abstient de soumettre la deuxième épaisseur bicouche à une teinture en pièce dans la couleur choisie, et qu'on attache directement sa couche interne non traitée à la couche interne de la première épaisseur, la tenue du stratifié obtenu est bien meilleure et le stratifié peut notamment permettre la formation de bonnets de soutien-gorge thermoformés, sans apparition de plis ou de rides. L'absence de teinture en pièce est compensée, au niveau visuel, par le fait qu'on utilise d'emblée lors de la fabrication un fil dans la couleur voulue pour réaliser la face extérieure visible de la seconde épaisseur, tandis que la face intérieure qui n'a pas été teinte est contrecollée à la première épaisseur et est donc invisible. Ce fil de la couleur voulue peut être un fil teint en masse (c'est-à-dire obtenu par extrusion d'un polymère coloré) soit un fil teint de manière classique à l'aide d'un traitement de teinture. Dans tous les cas, on améliore le moelleux et la résistance du produit final, par exemple le bonnet de soutien-gorge. L'utilisation du fil teint en masse est avantageuse en ce qu'elle améliore encore plus le moelleux et la résilience du produit obtenu, et celle du fil teint classique est avantageuse par la variété des coloris disponibles. Sans être tenue par les explications qui vont suivre, la Demanderesse pense que les traitements de teinture en pièce, notamment de teinture sombre, entraînent pour le « spacer » qui y est soumis une dégradation de ses qualités de souplesse et d'élasticité, en raison des températures relativement élevées auxquelles il est soumis pendant l'opération de teinture généralement réalisée dans un bain chaud qui dure assez longtemps (d'autant plus longtemps que la teinte est sombre). Cette dégradation peut être plus particulièrement sensible sur le monofilament ou les fils liant entre elles les deux couches du « spacer ». En s'abstenant d'un tel traitement, l'invention permet au « spacer » de conserver toutes ses propriétés intrinsèques non dégradées. De plus, la Demanderesse a également constaté que la teinture en pièce dégrade aussi les qualités d'adhésion de la deuxième épaisseur à la première épaisseur, par rapport à l'adhésion obtenue en contrecollant une face restée en fil grège à la première épaisseur.

L'invention peut présenter encore l'une ou plusieurs des caractéristiques additionnelles suivantes :

- la face extérieure de la première épaisseur est de la même couleur que la face extérieure de la seconde épaisseur.

- la deuxième épaisseur est réalisée par deux toiles réunies par un monofilament ou multifilament. - les deux faces intérieures sont contrecollées l'une à l'autre.

- le stratifié a subi un thermoformage, dans un moule adapté.

- le stratifié constitue la partie principale d'un soutien-gorge, notamment un soutien-gorge monopièce dont l'intégralité, en dehors des attaches et des bretelles, est constituée par ledit stratifié qui a été thermoformé au niveau des bonnets.

Bien que l'invention apporte des avantages très nets dans le cas des produits réalisés dans des couleurs sombres comme le noir, pour lesquelles la teinture en pièce détériorait la matière et perturbait les performances de collage, elle s'applique aussi avantageusement aux couleurs claires en améliorant le collage de la seconde épaisseur et donc en prévenant ou en diminuant l'apparition de rides après thermoformage et surtout après lavages. Du reste, tout traitement global de teinture doit dégrader les performances du textile : c'est très important dans le cas des couleurs sombres, mais même dans le cas des couleurs claires où le traitement est moins long que pour les couleurs sombres, la dégradation, certes moins marquée, existe néanmoins. En utilisant, conformément à l'invention, du fil teint (masse ou classique), on garde une face non teinte qui donc n'a subi aucune détérioration.

D'autres caractéristiques et avantages de l'invention ressortiront de la description suivante d'un exemple de réalisation. Il sera fait référence aux dessins annexés sur lesquels la figure unique est une vue schématique en coupe d'un stratifié textile conforme à l'invention.

Le stratifié 1 comporte une première épaisseur 10 de textile ayant une face intérieure 11 et une face extérieure 12, et une deuxième épaisseur textile 20 composée de deux couches 23 et 24 de textiles assemblées par tricotage d'un monofilament 25. La deuxième épaisseur 20 a une face intérieure 21 et une face extérieure 22 ; la face intérieure 11 de la première épaisseur 10 est contrecollée à la face intérieure 21 de la deuxième épaisseur 20 par des points d'adhésif 26 régulièrement répartis.

Du fait que, dans le « spacer » utilisé dans l'invention, les deux couches 23 et 24 sont constituées par des fils différents, il est possible de fabriquer la deuxième épaisseur 20 en utilisant un fil naturel ou grège pour réaliser la couche 23 destinée au contrecollage avec la première épaisseur 10 et un fil teint, par exemple en noir, pour réaliser la couche 24 qui est la couche apparente de la deuxième épaisseur. La deuxième épaisseur 20 n'est pas teinte en pièce et conserve donc intactes toutes ses propriétés liées à sa fabrication, notamment en ce qui concerne sa souplesse et son élasticité. Lorsque la deuxième épaisseur 20 est contrecollée à la première épaisseur 10, et que l'ensemble subit certains traitements tels que le thermoformage nécessaire à la réalisation de bonnets de soutien-gorge, les qualités de souplesse et d'élasticité de la deuxième épaisseur, non altérées par un traitement intermédiaire telle qu'une teinture en pièce, lui permettent de se déformer sans entraîner les défauts d'aspect mentionnés en tête de cette description. Les bonnets restent également moelleux et au niveau de la pointe de sein, le « spacer » possède toujours une épaisseur.

Les deux couches visibles du produit fini, à savoir les couches 10 et 24 peuvent ainsi avantageusement être d'une même couleur, par exemple noire, sans que la tenue de la deuxième épaisseur 20 ou du contrecollage par adhésif 26 soit altérée par une teinture massive qui aurait été pratiquée sur la deuxième épaisseur.

La deuxième épaisseur 20 est avantageusement un « spacer » réalisé par deux couches de toile 23 et 24 reliées par tricotage d'un monofilament 25 de 72/1 décitex. La toile 23 est constituée d'un polyamide (T) 78/68 décitex écru et d'un élasthanne 44 décitex. La toile 24 est constituée d'un polyamide (T) 78/46 décitex teint dans la masse et d'un élasthanne 44 décitex. Les toiles 23 et 24 sont réalisées par exemple sur un métier circulaire double fonture. L'épaisseur totale de la deuxième épaisseur 20 est comprise entre 3 et 4 mm.

L'adhésif 26 utilisé est avantageusement un silicone bicomposant de viscosité 300 000 cP et de dureté 30shores A. A titre d'exemple, il peut être déposé selon une répartition par points en trame 65 couramment utilisée par les professionnels de la sérigraphie.

La deuxième épaisseur 20 peut aussi être réalisée en tant que textile double face par différentes procédés de tissage ou de tricotage. Pour le tricotage en mailles cueillies, les articles peuvent être réalisés par vanisage lorsqu'on

travaille avec une seule fonture d'aiguille, ou sur une base d'interlock spécifique avec deux fontures d'aiguilles, ou encore selon des techniques de tricotage tridimensionnel.

Le stratifié 1 est avantageusement utilisé pour la fabrication d'un soutien gorge multicouche à « spacer », par exemple selon les principes décrits dans les demandes de brevet français déposées sous les numéros 0509491 et 0609981. On pourra aussi se reporter au document US 2002/0106970 pour des indications générales sur la fabrication des soutien-gorge multicouches.