COMPOSITE ET EMBARCATION

DOMAINE TECHNIQUE DE L'INVENTION

La présente invention vise un procédé de moulage d'une pièce composite, un dispositif de moulage d'une pièce composite, une pièce composite et une embarcation. Elle s'applique, notamment, à la fabrication d'embarcations légères de loisir.

ETAT DE LA TECHNIQUE

Dans le domaine de la fabrication de pièces composites, et particulièrement d'embarcation légères de loisir dont une paroi est formée d'une pièce composite nce, une technique de fabrication consiste à mouler la pièce composite par la superposition de couches sur un moule.

Les couches superposées sont de deux types :

- mat en fibres, généralement formé de fibres de verre, disposées sans ordre et

- tissu en fibres, généralement formé fibres de verre ou de polyester, dont les fibres sont disposées et tissées de façon régulière selon deux axes, dit

« roving ».

Entre ces couches, une résine est appliquée de manière à coller les couches les unes aux autres.

Les pièces composites ainsi fabriquées présentent l'avantage de nécessiter une main d'œuvre peu qualifiée et un coût de fabrication faible.

Cependant, ces pièces composites présentent le désavantage de ne pas être biodégradables et difficilement recyclables et, du fait de leur faible coût, dans le cas d'embarcations légères de loisir et de plaisance, souvent abandonnées par les utilisateurs. Ainsi, de telles pièces composites et embarcations endommagées polluent les terrains naturels, les cours d'eau et les rivages.

OBJET DE L'INVENTION

La présente invention vise à remédier à tout ou partie de ces inconvénients. A cet effet, selon un premier aspect, la présente invention vise un procédé de moulage d'une pièce composite, qui comporte :

- une étape de positionnement d'une couche de géotextile sur un moule pour qu'une face inférieure de la couche de géotextile soit positionnée contre le moule,

- une première étape d'enduction d'une face supérieure de la couche de géotextile positionnée au cours de l'étape de positionnement par une résine biodégradable,

- une étape de collage d'une couche de fibres, présentant une rigidité supérieure à la couche de géotextile, contre la couche de géotextile enduite et

- une deuxième étape d'enduction d'une face supérieure de la couche de fibres par une résine biodégradable.

Grâce à ces dispositions, le géotextile peut être biologiquement dégradé en cas d'abandon de la pièce composite par un utilisateur. De cette manière, l'empreinte écologique de la pièce composite est réduite tout en maintenant les avantages de ce mode de fabrication.

Dans des modes de réalisation, le procédé objet de la présente invention comporte, en aval de l'étape de positionnement et/ou de l'étape de collage, une étape de tamponnage de la face supérieure de la couche la plus éloignée du moule.

Ces modes de réalisation permettent d'évacuer les bulles d'air contenues dans l'espace entre le moule et le géotextile ou entre la couche de fibres et le géotextile.

Dans des modes de réalisation, le procédé objet de la présente invention comporte une étape de positionnement de nervures en matériau naturel épousant la forme du moule, ces nervures étant couvertes par la couche de géotextile lors de l'étape de positionnement de ce géotextile.

Ces modes de réalisation permettent de rigidifier la pièce composite moulée. Dans des modes de réalisation, le procédé objet de la présente invention comporte, en aval de la deuxième étape d'enduction, une étape supplémentaire de positionnement d'une couche de géotextile pour qu'une face inférieure de la couche de géotextile soit positionnée contre la couche de fibres.

Ces modes de réalisation permettent la réalisation d'une épaisseur multicouche de la pièce composite moulée. Selon un deuxième aspect, la présente invention vise un dispositif de moulage d'une pièce composite, qui comporte :

- une couche de géotextile présentant une face inférieure pour être positionnée contre un moule,

- une résine biodégradable pour enduire une face supérieure de la couche de géotextile,

- une couche de fibres, présentant une rigidité supérieure à la couche de géotextile, pour être positionné contre la couche de géotextile enduite,

- une résine biodégradable pour enduire une face supérieure de la couche de fibres.

Les buts, avantages et caractéristiques particulières du dispositif objet de la présente invention étant similaires à ceux du procédé objet de la présente invention, ils ne sont pas rappelés ici.

Dans des modes de réalisation, la couche de géotextile comporte des fragments de fibre technique synthétique.

Ces modes de réalisation permettent de recycler des déchets produits par l'industrie de produits pétrosourcés.

Dans des modes de réalisation, les fragments de fibre technique synthétique sont des sous-produits et/ou des déchets de fibre de carbone.

Ces modes de réalisation permettent de recycler des déchets produits par l'industrie de produits pétrosourcés.

Dans des modes de réalisation, le géotextile mis en œuvre est un géotextile de fibres naturelles non tissées.

Dans des modes de réalisation, le dispositif objet de la présente invention comporte au moins une nervure en matériau naturel pour être positionnée contre le moule.

Dans des modes de réalisation, la couche de fibres est une couche en fibres naturelles biodégradables.

Selon un troisième aspect, la présente invention vise une pièce composite, qui comporte, successivement, dans son épaisseur :

- une couche de géotextile,

- une résine biodégradable enduite contre la couche de géotextile,

- une couche de fibres, présentant une rigidité supérieure à la couche de géotextile, - une résine biodégradable enduite contre la couche de fibres.

Les buts, avantages et caractéristiques particulières de la pièce composite objet de la présente invention étant similaires à ceux du procédé objet de la présente invention, ils ne sont pas rappelés ici.

Dans des modes de réalisation, la pièce composite objet de la présente invention comporte, de plus, des nervures.

Selon un quatrième aspect, la présente invention vise une embarcation qui comporte une paroi formée d'au moins une pièce composite objet de la présente invention.

Les buts, avantages et caractéristiques particulières de l'embarcation objet de la présente invention étant similaires à ceux du procédé objet de la présente invention, ils ne sont pas rappelés ici.

BREVE DESCRIPTION DES FIGURES

D'autres avantages, buts et caractéristiques particulières de l'invention ressortiront de la description non limitative qui suit d'au moins un mode de réalisation particulier du procédé, du dispositif, de la pièce composite et de l'embarcation objets de la présente invention, en regard des dessins annexés, dans lesquels :

- la figure 1 représente, schématiquement et sous forme d'un logigramme, une succession d'étapes particulière du procédé objet de la présente invention,

- la figure 2 représente, schématiquement, une mode de réalisation particulier du dispositif objet de la présente invention,

- la figure 3 représente, schématiquement et en coupe, un mode de réalisation particulier de l'embarcation objet de la présente invention et

- la figure 4 représente, schématiquement et en coupe, un mode de réalisation particulier de la pièce composite objet de la présente invention.

DESCRIPTION D'EXEMPLES DE REALISATION DE L'INVENTION

La présente description est donnée à titre non limitatif, chaque caractéristique d'un mode de réalisation pouvant être combinée à toute autre caractéristique de tout autre mode de réalisation de manière avantageuse. Par ailleurs, chaque paramètre d'un exemple de réalisation peut être mis en œuvre indépendamment d'autres paramètres dudit exemple de réalisation.

On note dès à présent que les figures ne sont pas à l'échelle. On note, dès à présent, que les fibres formant les couches de fibres décrites ci-après présentent, préférentiellement, une longueur supérieure à sept centimètres.

On observe, sur la figure 1 , schématiquement et sous forme d'un logigramme, une succession d'étapes particulière du procédé 10 objet de la présente invention. Ce procédé 10 de moulage d'une pièce composite comporte :

- une étape 105 de positionnement d'une couche de géotextile sur un moule pour qu'une face inférieure de la couche de géotextile soit positionnée contre le moule,

- une première étape 1 10 d'enduction d'une face supérieure de la couche de géotextile positionnée au cours de l'étape 105 de positionnement par une résine biodégradable,

- une étape 1 15 de collage d'une couche de fibres, présentant une rigidité supérieure à la couche de géotextile, contre la couche de géotextile enduite et

- une deuxième étape 120 d'enduction d'une face supérieure de la couche de fibres par une résine biodégradable.

Si la pièce composite moulée doit avoir une forme incurvée, telle une paroi d'embarcation par exemple, un moule est positionné sur une surface rigide en amont de la réalisation de l'étape 105 de positionnement. Ce moule est concave ou convexe :

- si le moule est concave, l'épaisseur de la pièce composite ou de l'embarcation est réalisée de l'extérieur vers l'intérieur et

- si le moule est convexe, l'épaisseur de la pièce composite ou de l'embarcation est réalisée de l'intérieur vers l'extérieur.

Préférentiellement, une résine biodégradable est positionnée entre le moule et la couche de géotextile positionnée au cours de l'étape de positionnement 105.

Au cours de l'étape de positionnement 105 d'une couche de géotextile, un utilisateur ou un automate dépose contre le moule la couche de géotextile de manière à ce que cette couche de géotextile épouse la forme du moule.

Cette couche de géotextile est enduite, au cours de l'étape d'enduction 1 10, d'une résine biodégradable. Cette résine biodégradable est, par exemple :

- la résine « Bioresin 2 T MD 622-T » ou « Bioresin 2 T MD 625-T » de la société Bioresin ou

- la résine « EcoComp UV-L » (Marque déposée) de la société Substainable Composites Ltd. La résine utilisée peut être thermodurcissable, durcie par irradiation ultraviolette ou durcie au contact de l'air ambiant.

Au cours de l'étape de collage 1 15, une couche de fibres est positionnée contre la couche de géotextile de manière à en épouser la forme, c'est-à-dire à épouser la forme du moule. La résine enduite sur le géotextile permet le collage de la couche de fibres.

Le matériau composant la couche de fibre est choisi pour présenter une plus grande rigidité que le matériau composant la couche de géotextile. On appelle rigidité la résistance à la torsion, à la déchirure et au perçage.

Au cours de l'étape d'enduction 120, la couche de fibre est enduite d'une résine similaire à la résine mise en œuvre au cours de l'étape d'enduction 1 10.

Dans des variantes, une couche de fibres est positionnée contre le moule au cours de l'étape de positionnement 105 et une couche de géotextile est collée à cette couche de fibre au cours de l'étape de collage 1 15.

Dans des modes de réalisation, tel que celui représenté en figure 1 , le procédé 10 comporte en aval de l'étape 105 de positionnement et/ou de l'étape 1 15 de collage, une étape, 125 ou 130, de tamponnage de la face supérieure de la couche la plus éloignée du moule.

Au cours de chaque étape de tamponnage, 125 ou 130, une masse rigide est plaquée à répétition contre la face supérieure de la couche la plus éloignée du moule de manière à provoquer l'évacuation des bulles d'air contenue entre cette couche et une couche ou le moule en dessous.

Préférentiel lement, le procédé 10 comporte une étape de tamponnage 125 après l'étape de positionnement 105 et une étape de tamponnage 130 après l'étape de collage 1 15.

Dans des modes de réalisation, tel que celui représenté en figure 1 , le procédé 10 comporte une étape 140 de positionnement de nervures en matériau naturel épousant la forme du moule, ces nervures étant couvertes par la couche de géotextile lors de l'étape 105 de positionnement de ce géotextile.

Les nervures sont, par exemple, des tiges en bois ou en métal positionnées contre le moule ou entre deux couches successives. Ces tiges présentent, par exemple, la forme de barrettes présentant une rigidité supérieure à la rigidité de la couche de fibres. Ces barrettes sont déformées de manière à épouser la forme du moule. Dans des variantes, les barrettes sont positionnées de manière à former un quadrillage.

Dans des modes de réalisation, tel que celui représenté en figure 1 , le procédé 10 comporte, en aval de la deuxième étape 120 d'enduction, une étape 145 supplémentaire de positionnement d'une couche de géotextile pour qu'une face inférieure de la couche de géotextile soit positionnée contre la couche de fibres.

Cette étape supplémentaire de positionnement 145 est réalisée de manière similaire à l'étape de positionnement 105 à cela près que la couche de géotextile est positionnée contre la couche de fibres au lieu du moule,

Dans des variantes, les étapes d'enduction 1 10, de collage 1 15, d'enduction

120 et de positionnement 145 sont réalisées successivement de manière itérative.

On observe, sur la figure 2, schématiquement et en coupe, un mode de réalisation particulier du dispositif 20 objet de la présente invention. Ce dispositif 20 de moulage d'une pièce composite comporte :

- une couche 205 de géotextile présentant une face inférieure pour être positionnée contre un moule 30,

- une résine 210 biodégradable pour enduire une face supérieure de la couche de géotextile,

- une couche 215 de fibres, présentant une rigidité supérieure à la couche de géotextile, pour être positionné contre la couche de géotextile enduite,

- une résine 220 biodégradable pour enduire une face supérieure de la couche de fibres.

La couche de géotextile 205 est formée d'un géotextile biodégradable, tel de la toile de jute par exemple.

Préférentiellement, le géotextile mis en œuvre est un géotextile de fibres naturelles non tissées. Ce géotextile non tissé comporte :

- des tiges de végétaux écrasées d'un diamètre supérieur à cinq millimètres,

- des fragments de tiges végétales et

- des fibres végétales partiellement attachées aux dites tiges écrasées, les tiges et fragments de tiges étant entrelacés par des liaisons mécaniques produites par projection d'eau.

Ce géotextile est réalisé, par exemple, par la mise en œuvre d'un procédé comportant : - une étape de disposition de végétaux en une nappe de tiges de végétaux écrasées d'un diamètre supérieure à cinq millimètres des fragments de tiges végétales et de fibres végétales brutes partiellement attachées aux dites tiges écrasées et

- une étape de projection d'eau sur ladite nappe pour former des liaisons mécaniques entre les tiges de végétaux écrasées, les fragments de tiges végétales et les fibres végétales de ladite nappe.

Ce procédé comporte, par exemple :

- une étape d'introduction de végétaux, sous la forme de végétaux de grande dimension, tel des tiges mesurant jusqu'à 2,5 mètres par exemple,

- une étape de réduction partielle des végétaux en tiges pour former des éléments de tige d'une longueur préférentiellement supérieure à vingt centimètres, et préférentiellement supérieure à cinquante centimètres,

- une étape d'écrasement des végétaux pour former une nappe de tiges de végétaux écrasées d'un diamètre supérieure à cinq millimètres, de fragments de tiges végétales et de fibres végétales brutes partiellement attachées aux dites tiges écrasées,

- une étape d'orientation des tiges et/ou des fibres selon des directions différentes,

- une étape d'harmonisation de l'épaisseur de la nappe de fibres,

- une étape d'incorporation dans les fibres de cordes ou de câbles parallèles à la longueur de la nappe de fibres,

- une étape de création de liaisons mécaniques entre les fibres de la nappe, dans l'épaisseur de la nappe, par projection d'eau sous pression sur les fibres végétales ou, en variante, avec une machine à piquer multi-aiguilles.

La matière végétale utilisée pour la mise en œuvre de ce procédé est, par exemple, un ensemble de fibres de chanvre. L'utilisation de matière végétale permet, notamment, de rendre le géotextile biodégradable. La couche de fibre est, par exemple, une couche de fibres de naturelles biodégradables tissées ou non tissées. Ces fibres naturelles sont, par exemple, du chanvre.

Dans des modes de réalisation, la couche 205 de géotextile comporte des fragments 230 de fibre technique synthétique.

On appelle « fibre technique », une fibre qui permet la fabrication de textile, cette fibre présentant des caractéristiques leur permettant de rentrer en composition dans des textiles utilisés dans des milieux hostiles. On appelle parfois de telles fibres des « textiles techniques ».

Dans des modes de réalisation, les fragments 230 de fibre technique synthétique sont des sous-produits et/ou des déchets de fibre de carbone.

Ces fragments de fibre technique sont, par exemple, des déchets obtenus lors de la création de produits pétrosourcés. Ces déchets de fibre de carbone sont obtenus, par exemple, dans les industries automobile ou aéronautique et présentent des difficultés pour être recyclées.

Dans des modes de réalisation préférentiels, tel que représenté en figure 2, le dispositif 10 comporte au moins une nervure 225 en matériau naturel pour être positionnée contre le moule 30. Chaque nervure 225 est, par exemple, une barrette ou une lamelle en bois.

On observe, sur la figure 3, schématiquement et en coupe, un mode de réalisation particulier de l'embarcation 40 objet de la présente invention. Cette embarcation 40, comporte une paroi formée d'au moins une pièce composite comportant, successivement, dans son épaisseur :

- une couche 305 de géotextile,

- une résine 310 biodégradable enduite contre la couche de géotextile,

- une couche 315 de fibres, présentant une rigidité supérieure à la couche de géotextile et

- une résine 320 biodégradable enduite contre la couche de fibres.

Dans des modes de réalisation préférentiels, tel que représenté en figure 3, l'embarcation 40 comporte, de plus, des nervures 325.

On observe, sur la figure 4, schématiquement et en coupe, un mode de réalisation particulier de la pièce composite 60 objet de la présente invention. Cette pièce composite, formée par moulage, comporte successivement, dans son épaisseur :

- une couche 605 de géotextile,

- une résine 610 biodégradable enduite contre la couche de géotextile,

- une couche 615 de fibres, présentant une rigidité supérieure à la couche de géotextile et une résine 620 biodégradable enduite contre la couche de fibres. La pièce composite 60 présente, en figure 4, une forme plane mais peut présenter n'importe quelle forme qui soit le négatif d'un moule contre lequel la pièce

60 est moulée.