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Title:
METHOD FOR GASIFYING A CARBONACEOUS FEEDSTOCK IN AN ENTRAINED FLOW REACTOR, WITH IMPROVED EFFICIENCY
Document Type and Number:
WIPO Patent Application WO/2018/055095
Kind Code:
A1
Abstract:
The present invention concerns a method for thermochemically converting a carbonaceous feedstock into a synthesis gas with a view to producing a combustible material or a fuel, especially a liquid fuel, or another synthesis product, which involves carrying out a step of injecting the carbonaceous feedstock into an injection area of an entrained flow gasification reactor, preferably at temperatures of between 1400 and 1600°C, the feedstock being mixed, in the injection area, with a pressurised carrier gas or carrier gas mixture that is also a combustible gas or a combustible gas mixture, the concentration of which in air is greater than the upper explosive limit (UEL) of same.

Inventors:
SETIER PIERRE-ALEXANDRE (FR)
GRATEAU MAGUELONE (FR)
Application Number:
PCT/EP2017/074065
Publication Date:
March 29, 2018
Filing Date:
September 22, 2017
Export Citation:
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Assignee:
COMMISSARIAT ENERGIE ATOMIQUE (FR)
International Classes:
C01B3/02; C09B3/00; C10G2/00; C10J3/46; C10J3/48; C10J3/50; C10J3/78; C10K3/06
Domestic Patent References:
WO2013045266A22013-04-04
WO2013087521A22013-06-20
WO2013045266A22013-04-04
WO2008095977A12008-08-14
WO2005092749A12005-10-06
Foreign References:
US20100237291A12010-09-23
US6311629B12001-11-06
EP2706103A12014-03-12
Other References:
HAIFENG LU; XIAOLEI GUO; XIN GONG; XINGLIANG CONG; WEIBIN DONG; WANJIE HUANG: "Effect of gas type on the fluidization and discharge characteristics of the pulverized coal", POWDER TECHNOLOGY, vol. 217, 2012, pages 347 - 355, XP028356151, DOI: doi:10.1016/j.powtec.2011.10.047
CHUNBAO XU; J.-X. ZHU: "EFFECTS OF GAS TYPE AND TEMPERATURE ON FINE PARTICLE FLUIDIZATION", CHINA PARTICUOLOGY, vol. 4, no. 3-4, 2006, pages 114 - 121, XP022937328, DOI: doi:10.1016/S1672-2515(07)60249-8
D. GELDART; A-R. ABRAHAMSEN: "Homogeneous Fluidization of Fine Powders Using Varions Gases and Pressures", POWDER TECHNOLOGY, vol. 19, 1978, pages 133 - 36
HAIFENG LU; XIAOLEI GUO; SHUNLONG TAO; XIN GONG: "A further study on effect of gas type on pulverized coal discharge", POWDER TECHNOLOGY, vol. 281, 2015, pages 193 - 199, XP029232822, DOI: doi:10.1016/j.powtec.2015.05.006
Attorney, Agent or Firm:
DAGES, Olivier (FR)
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Claims:
REVENDICATIONS

1. Procédé de conversion thermochimique d'une charge de matière carbonée en un gaz de synthèse en vue de produire un combustible ou un carburant, notamment un carburant liquide, ou un autre produit de synthèse, selon lequel on réalise une étape d'injection de la charge de matière carbonée dans une zone d'injection d'un réacteur de gazéification de type à flux entraîné, de préférence à des températures comprises entre 1400 et 1600°C, la charge étant mélangée dans la zone d'injection, à un gaz ou un mélange de gaz porteur sous pression qui est également un gaz combustible ou un mélange de gaz combustible, dont la concentration dans l'air est supérieure à sa limite supérieure d'explosivité (LSE).

2. Procédé de conversion selon la revendication 1, le gaz combustible ou le mélange de gaz combustible étant obtenu au moins en partie par un procédé indépendant du procédé de conversion thermochimique de la charge de matière carbonée.

3. Procédé de conversion selon la revendication 2, le gaz combustible étant du méthane (CH4).

4. Procédé de conversion selon l'une des revendications précédentes, le gaz combustible ou le mélange de gaz combustible étant au moins en partie un ou des gaz obtenu(s) par le procédé de conversion thermochimique de la charge de matière carbonée et récupérés en aval de la gazéification.

5. Procédé de conversion selon la revendication 4, selon lequel on réalise, en aval de la gazéification, une synthèse selon le procédé Fischer-Tropsch pour produire du gazole liquide, au moins une partie des gaz dit gaz de tête, issus de la synthèse Fischer étant récupérés puis injectés en tant que gaz combustible ou le mélange de gaz combustible porteur.

6. Procédé de conversion selon l'une des revendications précédentes, selon lequel la pression du gaz combustible ou le mélange de gaz combustible injecté dans le réacteur est comprise entre 5 et 100 bars, typiquement égale à 30 bars.

7. Procédé de conversion selon l'une des revendications précédentes, selon lequel le ratio de débits massiques entre gaz combustible ou le mélange de gaz combustible et charge carbonée est compris de 1 à 100%.

8. Procédé de conversion selon l'une des revendications précédentes, selon lequel on réalise en outre une étape de pressurisation de la poudre de la charge carbonée au moyen d'un gaz combustible ou d'un mélange de gaz combustible, en amont de la zone d'injection.

9. Procédé de conversion selon l'une des revendications précédentes, selon lequel on fait circuler un gaz neutre sous pression autour de la zone d'injection, le gaz neutre étant en surpression par rapport à la pression du gaz combustible ou du mélange de gaz combustible.

10. Procédé de conversion selon l'une des revendications précédentes, selon lequel on mesure le taux de gaz combustible ou du mélange de gaz combustible et/ou le taux d'oxygène dans la zone d'injection.

11. Procédé de conversion selon l'une des revendications précédentes, la charge de matière carbonée étant de la biomasse, de préférence ligno-cellulosique.

Description:
PROCEDE DE GAZEIFICATION DE CHARGE DE MATIERE CARBONEE DANS UN REACTEUR A FLUX ENTRAÎNE, A RENDEMENT AMELIORE

Domaine technique

La présente invention concerne un procédé de gazéification de la biomasse et, plus généralement de charge de matière carbonée, dans un réacteur de gazéification de type à flux entraîné, en vue de produire des combustibles ou des carburants.

L'invention vise à augmenter la rentabilité du procédé global de gazéification et plus particulièrement à augmenter les rendements matière et énergie du procédé.

Bien que décrite en référence à la biomasse, pour une conversion en un combustible ou un carburant, notamment un carburant liquide, ou un autre produit de synthèse, l'invention peut être utilisée pour la conversion d'autres charges de matière carbonée (charbon, pet coke, déchets organiques...).

Etat de la technique

On désigne sous l'appellation charge carbonée, tout matériau combustible constitué de composés contenant du carbone.

Il peut donc s'agir de biomasse, c'est-à-dire tout matériau inhomogène d'origine végétale contenant du carbone, tel que de la biomasse ligno-cellulosique, des résidus forestiers ou agricoles (paille), ou des déchets ménagers. Toutes ces charges peuvent être sèches ou humides.

II peut aussi s'agir d'un combustible d'origine fossile, tel que le charbon.

Il peut aussi s'agir de déchets combustibles d'origine industrielle contenant du carbone, tel que des matières plastiques.

Il peut aussi s'agir d'une combinaison entre ces différentes charges. Les procédés actuels en cours d'étude ou à l'échelle de pilote industriel, permettant de convertir par voie thermochimique la biomasse ou les autres charges en carburant liquide ou gazeux par une synthèse chimique, comprennent nécessairement une étape de gazéification de la charge carbonée pour obtenir un gaz de synthèse contenant du monoxyde de carbone (CO) et de l'hydrogène (H 2 ).

L'étape de gazéification proprement dite est réalisée en continu à partir de la charge carbonée de nature et de granulométrie différentes stockée habituellement à la pression atmosphérique. La gazéification de la biomasse et du charbon est connue depuis longtemps. De manière générale, on peut la définir comme une transformation thermochimique de la biomasse ou du charbon par l'action de la chaleur en présence d'agents gazéifiants. On cherche à générer, à l'issue de la gazéification, un mélange de gaz dit gaz de synthèse qui comprend du monoxyde de carbone et de l'hydrogène (CO+H 2 ) entre autre.

Ainsi, les procédés de gazéification de la biomasse ligno-cellulosique permettent de générer un gaz de synthèse qui permet de produire en aval soit des carburants liquides soit d'autres produits organiques. Cette gazéification se déroule en présence typiquement de vapeur d'eau vers 1400-1600°C pour des réacteurs à flux entraîné. Classiquement, ces procédés convertissent le carbone de la biomasse avec un gaz en sortie du gazéifîeur avec une composition moyenne de 20-25 % en CO, 8-12 % en CH 4 , 18-22 % en CO2 et environ 38-42 % en H 2 et, des composés organiques C 2 à Ci 6 plus des composés inorganiques.

Un inconvénient majeur de ces procédés est que le taux de conversion du carbone de la biomasse en CO actuellement atteint n'est pas suffisamment élevé puisque de l'ordre de seulement 35-40 %. Un autre inconvénient majeur de ces procédés est que le C0 2 émis est actuellement perdu, en particulier au final il est rejeté dans l'atmosphère. Or, toute conversion du carbone de la biomasse, plus généralement de matière de charge carbonée, en C0 2 peut être considérée comme une perte de rendement de réaction pour obtenir au final du méthane de synthèse (SNG) ou un carburant liquide (Diesel Fischer Topsch) ou un autre produit organique (méthanol, diméthyle éther..).

Il existe différents procédés de gazéification opérationnels ou au stade de recherche que l'on peut regrouper comme suit: la gazéification en lit fixe à contre-courant, à lit fixe à co-courant, en lit fluidifié et enfin, la gazéification à flux entraîné.

Dans un réacteur à flux entraîné (RFE), la réaction de combustion prend la forme d'une flamme, ce qui implique un mode d'injection de la biomasse bien spécifique.

En effet, celle-ci doit être introduite dans le réacteur sous forme atomisée, en suspension dans un gaz de transport ou gaz porteur. Le jet atomisé est alors mis en contact avec l'agent oxydant, mélange d'oxygène et de vapeur d'eau.

II faut, pour obtenir une bonne combustion, que le mélange avec l'oxydant se fasse rapidement et de façon la plus homogène possible. C'est pourquoi les technologies d'injection employées jouent un rôle primordial et ont fait l'objet de nombreux développements.

Les réactions de synthèse, où l'on transforme le gaz de synthèse, communément appelé « syngaz », mélange de H 2 et de CO, en carburant ou en produit d'intérêt, se déroulent sous pression. Typiquement, la pression préférée est de l'ordre de 30 bars pour une synthèse Fischer-Tropsch (FT).

Dans une installation en continu, l'étape de gazéification en amont de la synthèse doit également se dérouler sous pression pour éviter d'avoir à compresser le syngaz produit. Cette pressurisation permet de plus de minimiser le coût d'investissement par une réduction importante de la taille du réacteur de gazéification et le non investissement en compresseur dédié.

On peut citer ici les demandes de brevet WO2013/87521, WO2013/45266 ou encore WO2008/95977 qui proposent d'injecter la biomasse solide en pression.

La poudre de bio masse est pressurisée au préalable de son injection dans un réacteur RFE.

Or, les injections de poudre solide dans un réacteur RFE sont difficiles à réaliser, en particulier lorsque l'on veut utiliser un minimum de gaz neutre porteur, de type C0 2 ou N 2 .

En effet, la vitesse des particules doit être précise, c'est-à-dire suffisamment grande pour stabiliser la flamme en particulier pour les modes autothermiques où l'on brûle la charge carbonée pour amener la puissance nécessaire au réacteur RFE, mais suffisamment petite pour respecter un temps de séjour minimum des particules solides dans le réacteur RFE, afin de permettre à la réaction de gazéification de se produire.

Des phénomènes hydrodynamiques particuliers comme celui connu sous le terme anglo-saxon « swirl » peuvent être en outre mis à profit dans le réacteur RFE, pour homogénéiser le mélange et la température.

Un ordre de grandeur de la vitesse des particules de charge carbonée qui convient dans un réacteur RFE est de 5 à 10 mètres par seconde (m/s).

L'injection d'un gaz neutre porteur, comme l'azote N 2 ou le dioxyde de carbone C0 2 , est souvent utilisée pour arriver à ces points de fonctionnement. En particulier, la technologie d'injection de charbon sous la forme de poudre dans un réacteur de gazéification avec de l'azote comme gaz porteur est connue. On peut citer ici les publications [1] à [3] qui comparent les résultats d'injection de solide, en particulier pour le charbon, avec différents gaz neutres porteurs : N 2 , Air, H 2 , C0 2 et He. Ce qui ressort de ces publications est l'influence de la viscosité du gaz porteur comme critère le plus important, avec comme conclusions, que plus la viscosité du gaz porteur est élevée, meilleure est la fluidisation des particules.

La publication [4] mentionne quant à elle la récupération du C0 2 produit par la gazéification et son recyclage en tant que gaz porteur d'injection.

Les inconvénients majeurs d'un gaz neutre porteur pour l'injection de poudre dans un réacteur RFE sont les suivants :

- comme évoqué, ci-dessus, il doit être pressurisé, ce qui implique l'utilisation d'électricité ;

- il doit être chauffé jusqu'à la température de fonctionnement du réacteur RFE, typiquement aux environs de 1500°C. L'énergie de chauffage supplémentaire nécessaire est apportée en brûlant soit une quantité plus importante de ressource carbonée (mode autothermique) soit un carburant d'appoint (mode allothermique). Cela diminue le rendement matière, puisqu'il y a moins de carbone issu de la biomasse dans le carburant final puisqu'une partie se transforme en C0 2 via la combustion partielle ;

- il dilue le gaz de synthèse produit et doit être séparé de ce dernier, de préférence avant la synthèse car les rendements baissent fortement sinon.

Les inventeurs de la présente invention ont fait l'inventaire de la littérature, y compris des publications scientifiques [1] à [4] déjà précitées, qui mentionne l'injection de particules solides dans un gaz neutre porteur.

On peut regrouper en deux catégories, le type d'injection connu dans la littérature, l'injection en phase dispersée et l'injection en phase dense.

Pour ce qui concerne l'injection en phase dispersée, il est mentionné dans la littérature principalement relative à l'injection de poudre de charbon, qu'une consommation de plusieurs tonnes, typiquement 5 tonnes, de N 2 ou de C0 2 par tonne de solide injecté s'avère nécessaire. Cela correspond à environ 2% du volume de solide dans la phase gaz porteur.

Pour ce qui est de l'injection en phase dense, il est mentionné dans la littérature qu'un convoyage utilisant moins de gaz porteur que la phase dispersée semble possible moyennant une bonne coulabilité de la poudre. Dans ce cas, il est ainsi couramment considéré une consommation de 0,5 tonne de C0 2 par tonne de poudre solide injectée, ce qui correspond de 15 à 20% du volume de solide dans la phase gaz porteur.

Jusqu'à présent, il semble que personne n'ait réellement quantifié l'impact de l'utilisation de gaz neutre injecté pour une gazéification de charge de matière carbonée dans un réacteur RFE.

Aussi, les inventeurs ont pensé à le faire, afin d'avoir une appréciation réelle des pertes énérgétiques et de rendement matière, et donc de l'impact sur le coût de production d'un carburant ou d'un combustible.

Leurs calculs de consommation d'énergie montrent qu'une quantité de 0,5 t de

CO2 par tonne de charge carbonée, ce qui correspond au cas généralement admis dans l'art antérieur pour une injection en phase dense, représente une consommation d'environ 6% du pouvoir calorifique inférieur (PCI) contenu dans la biomasse, avec une répartition comme suit :

- 1,5% pour la compression du gaz, dûe à la consommation d'électricité,

- 3% pour la montée en température du gaz neutre dans le réacteur RFE, cette énergie pouvant être prélevée sur la biomasse, et

- 1,5% pour séparer le gaz porteur du gaz de synthèse obtenu, dûe à la consommation d'électricité, cette séparation n'étant d'ailleurs pas rentable pour l'azote.

Les inventeurs ont en outre calculé les coûts financiers de production d'un carburant C5+, qui est un mélange de diesel et de naphta, dans le cas d'une usine de production de bio-carburant à partir d'une poudre de biomasse ligno-cellulosique gazéifiée dans un réacteur RFE.

Le paramètre d'étude de sensibilité est la quantité de gaz neutre d'injection introduite dans le réacteur, avec les valeurs suivantes considérées : 0 pour un convoyage de poudre sans ajout de gaz, ce qui correspond à un cas non réaliste techniquement; 0,5 tonne de CO2 par tonne de charge carbonée pour un convoyage en phase dense; respectivement 1, 2.5 et 5 tonne de CC par tonne de charge carbonée pour un convoyage en phase dispersée.

Les résultats de ces calculs sont résumées dans le tableau ci-dessous : Consommation de tonne de

C0 2 par tonne de charge 0 0,5 1 2,5 5 carbonée

Coût de production de C5+ - 1,06 - 1,21 -1,37 -2,00 >3 en mode allothermique (€/l)

Coût de production de C5+ - 1,10 - 1,28 -1,48 -2,32 >3 en mode autothermique (€/l)

De ce tableau, on constate que l'impact de la quantité de gaz neutre introduite est très important sur le coût final d'un carburant de type C5+.

Il existe donc un besoin pour améliorer le procédé de gazéification de charge de matière carbonée, dans un réacteur de gazéification de type à flux entraîné, en vue de produire des combustibles ou des carburants, notamment en vue d'augmenter la rentabilité du procédé global et plus particulièrement d'augmenter les rendements matière et énergie du procédé, en diminuant l'impact de l'utilisation d'un gaz neutre en tant que gaz porteur d'injection de la charge dans le réacteur.

Le but général de l'invention est de répondre au moins partiellement à ce besoin.

Exposé de l'invention

Pour ce faire, l'invention a pour objet un procédé de conversion thermochimique d'une charge de matière carbonée en un gaz de synthèse en vue de produire un combustible ou un carburant, notamment un carburant liquide, ou un autre produit de synthèse, selon lequel on réalise une étape d'injection de la charge de matière carbonée, dans une zone d'injection d'un réacteur de gazéification de type à flux entraîné, de préférence à des températures comprises entre 1400 et 1600°C, la charge étant mélangée dans la zone d'injection, à un gaz ou un mélange de gaz porteur sous pression qui est également un gaz combustible ou un mélange de gaz combustible, dont la concentration dans l'air est supérieure à sa limite supérieure d'explosivité (LSE).

Ainsi, l'invention consiste essentiellement à remplacer tout ou partie des gaz neutres utilisés en tant que gaz porteur de la charge de carbonée pour l'injection dans un réacteur RFE par un gaz combustible ou un mélange de gaz combustible, de type méthane ou des gaz obtenus par le procédé et récupérés en aval, notamment les gaz de tête d'une synthèse Fisher-Tropsch. Les inventeurs ont été à l'encontre des réflexes d'un homme du métier qui n'a jamais pensé à utiliser de gaz ou mélange de gaz combustible pour l'injection et la pressurisation car, de facto, il a toujours considéré les risques d'inflammabilité et d'explosion.

De manière surprenante, les inventeurs ont surmonté ce préjugé, en substituant tout ou partie d'un gaz neutre par un gaz ou mélange de gaz combustible.

Pour garantir l'absence de risque lié à cette substitution, le gaz combustible ou mélange de gaz combustible doit alimenter l'injecteur dans lequel il est mélangé avec la poudre de charge carbonée, avec une concentration dans l'air au-dessus de sa limite supérieure d'explosivité (LSE).

On rappelle ici que selon les normes en vigueur, les limites d'explosivité d'un gaz ou d'une vapeur combustible sont les concentrations limites du gaz dans l'air qui permettent que celui-ci s'enflamme et éventuellement explose. L'intervalle d'explosivité est caractérisé par la limite inférieure d'explosivité (LIE) et la limite supérieure d'explosivité (LSE). Sous la LIE le mélange est trop pauvre en combustible pour amorcer une réaction. Au-dessus de la LSE, c'est le comburant qui manque.

En particulier, lorsqu'on souhaite injecter en tant que gaz porteur du méthane dans le réacteur RFE, sa concentration dans l'air au niveau de l'injecteur en amont du réacteur, doit être supérieure à 15% pour se situer au-dessus de sa LSE.

L'invention permet d'augmenter les rendements matière et énergie mais aussi la rentabilité globale du procédé car pour un même dimensionnement d'un réacteur RFE comme selon l'état de l'art, la quantité de gaz de synthèse qui peut être obtenue est supérieure.

Selon un premier mode avantageux, le gaz combustible ou le mélange de gaz combustible peut être obtenu au moins en partie par un procédé indépendant du procédé de conversion thermochimique de la charge de matière carbonée.

Le gaz combustible peut être avantageusement du méthane (CH 4 ). Selon un deuxième mode avantageux, alternatif ou en combinaison avec la première variante, le gaz combustible ou le mélange de gaz combustible peut être au moins en partie un ou des gaz obtenu(s) par le procédé de conversion thermochimique de la charge de matière carbonée et récupérés en aval de la gazéification. Selon ce deuxième mode, on peut réaliser avantageusement, en aval de la gazéification, une synthèse selon le procédé Fischer-Tropsch pour produire du gazole liquide, au moins une partie des gaz dit gaz de tête, issus de la synthèse Fischer étant récupérés puis injectés en tant que gaz combustible ou le mélange de gaz combustible porteur. Lorsqu'on met en œuvre le procédé Fisher-Tropsch, les gaz de tête récupérés peuvent suffire à eux seuls comme gaz combustibles injectés, même si un apport externe de gaz combustible est à prévoir au moins pour le démarrage de l'installation mettant en œuvre le procédé selon l'invention.

De préférence, la pression du gaz combustible ou le mélange de gaz combustible injecté dans le réacteur est comprise entre 5 et 100 bars, typiquement égale à 30 bars.

De préférence encore, le ratio de débits massiques entre gaz combustible ou le mélange de gaz combustible et charge carbonée est compris de 1 à 100%.

Selon une variante avantageuse, on réalise en outre une étape de pressurisation de la poudre de la charge carbonée au moyen d'un gaz combustible ou d'un mélange de gaz combustible, en amont de la zone d'injection.

Selon une autre variante avantageuse, on fait circuler un gaz neutre sous pression autour de la zone d'injection, le gaz neutre étant en surpression par rapport à la pression du gaz combustible ou du mélange de gaz combustible.

Avantageusement, on mesure le taux de gaz combustible ou du mélange de gaz combustible et/ou le taux d'oxygène dans la zone d'injection.

La charge de matière carbonée peut être de la biomasse, de préférence ligno- cellulosique.

L'invention concerne également une installation de conversion thermochimique de charge matière carbonée destinée à mettre en œuvre en continu le procédé décrit précédemment.

Description détaillée

D'autres avantages et caractéristiques de l'invention ressortiront mieux à la lecture de la description détaillée de l'invention faite à titre illustratif et non limitatif en référence aux figures suivantes parmi lesquelles :

- la figure 1 est une vue schématique du principe d'une installation de conversion thermochimique d'une charge de matière carbonée selon l'état de l'art mettant en œuvre en continu un procédé de gazéification dans un réacteur de type à flux entraîné et une synthèse pour la production d'un produit d'intérêt tel qu'un carburant liquide (BtL);

- la figure 2 est une vue schématique du principe d'une installation de conversion thermochimique d'une charge de matière carbonée selon l'invention mettant en œuvre en continu un procédé de gazéification dans un réacteur de type à flux entraîné (RFE) et une synthèse pour la production d'un produit d'intérêt tel qu'un carburant liquide (BtL);

- la figure 3 est une vue schématique du principe d'une installation de conversion thermochimique d'une charge de matière carbonée selon une alternative de l'invention mettant en œuvre en continu un procédé de gazéification dans un réacteur de type à flux entraîné et une synthèse pour la production d'un produit d'intérêt tel qu'un carburant liquide (BtL);

- la figure 4 est une vue schématique montrant une variante de l'installation selon la figure 2;

- la figure 5 est une vue schématique d'une variante avantageuse d'un réacteur de type à flux entraîné (RFE) selon l'invention intégrant une enceinte pressurisée avec un gaz neutre indépendant.

Dans la description qui va suivre les termes « entrée », « sortie » « amont », « aval », sont utilisés par référence avec la direction de transfert de la charge de matière carbonée et du gaz de synthèse dans l'installation de conversion qui met en œuvre le procédé selon l'invention.

Par souci de clarté, les mêmes références désignant les mêmes éléments d'une installation selon l'état de l'art et d'une installation selon l'invention sont utilisées pour toutes les figures 1 à 4.

Telle qu'illustrée en figure 1, une installation en continu 1 selon l'état de l'art met en œuvre le procédé d'une gazéification d'une charge carbonée selon l'invention pour la synthèse d'un produit d'intérêt carburant de synthèse.

Un réacteur de gazéification 2 de type à flux entraîné (RFE ou EFR, acronyme anglais de « Entrained flow reactor ») fonctionnant de préférence à des températures comprises typiquement entre 1400-1600°C et une pression comprise entre 30 et 50 bars est alimenté en continu par la charge depuis un réservoir de stockage approprié. Plus précisément, la charge de matière carbonée est préparée par broyage pour être mise sous la forme d'une poudre qui est mise sous pression dans une unité de préparation et pressurisation 3.

L'alimentation en continu peut par exemple être réalisée au moyen d'au moins une vis sans fin, avantageusement comme décrit dans la demande de brevet WO 2005/092749.

La charge de matière carbonée préparée et pressurisée est mélangée à un gaz neutre porteur qui est du C0 2 , dans un injecteur 4, le CO2 porteur convoyant la charge dans le réacteur RFE 2.

Comme illustré, le CO2 porteur est issu du mélange brut de gaz de synthèse comprenant pour les espèces majoritaires du CO, CO2, H2O et ¾ obtenu à la sortie du réacteur RFE 2.

Ainsi, le mélange brut de gaz de synthèse subit un nettoyage au gaz dans un dispositif de décarbonatation 5, adapté pour extraire le CO2. De préférence, le CO2 est retiré du mélange gazeux selon un procédé d'absorption sur aminé mis en œuvre dans le dispositif 5.

On précise ici que le procédé d'absorption aux aminés aussi appelé lavage aux aminés est déjà largement éprouvé à l'échelle industrielle et qu'il consiste à réaliser un captage du CO2 dans une tour avec des aminés, en tant que solvant, typiquement vers 30- 40°C. Un autre procédé couramment employé est le lavage au méthanol, connu sous le nom de Rectisol®, réalisé à très basse température, typiquement vers -50°C et sous pression, typiquement aux environs de 30 bars.

Ainsi, le CO2 extrait du gaz de synthèse brut est à la sortie du dispositif 5 mis sous pression dans une unité ad' hoc 6 puis ré-envoyé dans l'injecteur 4 afin de constituer le gaz porteur de la poudre de charge carbonée elle-même pressurisée.

Le gaz de synthèse nettoyé est quant à lui envoyé vers un réacteur 7 mettant en œuvre un procédé de synthèse, tel qu'une synthèse Fischer-Tropsch.

Pour atteindre un ratio H2/CO souhaité, on peut réaliser avantageusement un reformage des gaz de tête issue de la synthèse Fischer-Tropsch dans une unité adaptée.

Les coproduits de la réaction peuvent quant à eux être valorisés dans une unité ad' hoc 8. Après avoir constaté par calculs l'impact négatif de l'utilisation du C0 2 recyclé très important sur le rendement global du procédé de conversion, comme explicité en préambule, les inventeurs ont pensé à remplacer ce gaz neutre par un gaz combustible en tant que gaz d'injection de la poudre.

Le gaz combustible peut être avantageusement du méthane.

Ainsi, selon l'invention, comme illustré en figure 2, un gaz combustible ou un mélange de gaz combustible préalablement pressurisé à la même pression de fonctionnement du réacteur RFE 2, alimente l'injecteur 4 afin de constituer le gaz porteur de la poudre de charge carbonée provenant en amont, de son unité de pressurisation 3.

Le gaz combustible ou le mélange de gaz combustible utilisé est introduit dans l'injecteur avec une concentration dans l'air au-dessus de sa limite supérieure d'explosivité (LSE).

L'utilisation d'un gaz ou d'un mélange de gaz combustible permet d'augmenter les rendements matière et énergie mais aussi la rentabilité globale du procédé selon la figure 1, car pour un même dimensionnement du réacteur RFE 2, qui est basé sur la quantité de gaz introduite, il est possible de produire davantage de syngaz.

De préférence, l'injection du comburant (O2) n'est réalisée qu'au niveau du brûleur dans le réacteur de gazéification RFE 2, afin d'éviter tout contact entre ce comburant (O2) et le gaz combustible en amont de l'enceinte du réacteur RFE.

Une alternative du procédé selon l'invention est montrée en figure 3: une partie du gaz combustible pressurisé est obtenue directement par le procédé et récupérée afin d'alimenter l'injecteur 4 en complément des gaz combustibles indépendants, tel que du méthane.

L'avantage de cette alternative selon la figure 3 est une diminution de la consommation du combustible amené de l'extérieur, tel que le méthane (CH 4 ). En particulier, lorsque le réacteur de synthèse 7 est prévu pour mettre en œuvre une synthèse Fischer-Tropsch, alors les gaz de tête (mélange de C1-C4) peuvent être réinjectés dans l'injecteur 4.

La figure 4 illustre une variante avantageuse de l'invention selon laquelle on réalise en outre la pressurisation de la charge de matière carbonée sous forme de poudre dans l'unité 3 également avec un gaz combustible ou un mélange de combustible. Le gaz ou mélange de gaz combustible qui sert à réaliser la pressurisation de la poudre est de préférence identique à celui qui alimente l'injecteur 4, et de préférence encore récupéré(s) directement du réacteur de synthèse 7.

En plus des précautions particulières liées à l'utilisation de gaz combustibles, on veille à assurer l'inertage du sas de pressurisation de l'unité de pressurisation 3 avant pressurisation par le gaz ou mélange de gaz combustible.

Comme illustré en figure 5, on peut prévoir d'agencer une enceinte 8 en amont du réacteur RFE 2. L'intérieur 80 de cette enceinte 8 est pressurisé au moyen d'un gaz neutre, tel que l'argon, ce qui permet d'éviter que les gaz combustibles à injecter dans le réacteur RFE 2, se mélangent à l'air sans contrôle. Ainsi, si une fuite éventuelle se produit dans cette enceinte 8, i.e. en amont du réacteur RFE, l'argon entre dans le réacteur RFE 2, que l'on peut détecter immédiatement. De préférence, la pression de gaz au sein de cette enceinte 8 peut être égale à celle de fonctionnement du réacteur RFE plus une valeur de quelques bars, typiquement de 1 à 5 bars.

Bien que décrite en référence exclusivement à la biomasse l'installation de conversion en un combustible ou un carburant, notamment un carburant liquide, ou un autre produit de synthèse, l'invention peut être utilisée pour la conversion d'autres charges de matière carbonée (charbon, pet coke, déchets organiques...).

D'autres variantes et améliorations peuvent être prévues sans pour autant sortir du cadre de l'invention.

L'invention n'est pas limitée aux exemples qui viennent d'être décrits ; on peut notamment combiner entre elles des caractéristiques des exemples illustrés au sein de variantes non illustrées.

Références Citées

[1]: Haifeng Lu, Xiaolei Guo, Xin Gong, Xingliang Cong, Weibin Dong, Wanjie Huang « Effect of gas type on the fluidization and discharge characteristics of the pulverized coal », Powder Technology 217 (2012) 347-355 ;

[2]: Chunbao Xu, J.-X. Zhu « EFFECTS OF GAS TYPE AND TEMPERATURE ON FINE PARTICLE FLUIDIZATION », CHINA PARTICUOLOGY Vol. 4, Nos. 3-4, 114-121, 2006;

[3]: D. Geldart and A-R. Abrahamsen « Homogeneous Fluidization of Fine Powder s Using Varions Gases and Pressures » Powder Technology. 19 (1978) 133-36;

[4]: Haifeng Lu, Xiaolei Guo, Shunlong Tao, Xin Gong ; « A further study on effect of gas type on pulverized coal discharge », Powder Technology 281 (2015) 193-199.