La polymérisation en suspension est une technique communément utilisée pour fabriquer du polychlorure de vinyle. Dans cette technique connue, on procède à la polymérisation d'un monomère vinylique (chlorure de vinyle) en présence d'un milieu aqueux, et on arrête la polymérisation avant que la totalité du chlorure de vinyle ait été polymérisée. En général, la polymérisation est arrêtée dès que 80 à 95 % de la quantité de monomère a été convertie en polymère. 11 en résulte que le brouet aqueux de polychlorure de vinyle, que l'on recueille à l'issue de la polymérisation, contient une quantité non négligeable de monomère vinylique résiduel, qu'il convient d'éliminer.

Dans le document EP 0 756 883, on décrit une installation spécialement conçue pour le traitement de tels brouets de polychlorure de vinyle, en vue d'en éliminer le monomère vinylique résiduel qu'ils contiennent. Cette installation connue comprend une colonne verticale, divisée en une série de chambres superposées par des plateaux horizontaux perforés. Après avoir été préchauffé à une température de l'ordre de 50 à 100 °C, le brouet aqueux à épurer est introduit dans la colonne, où on le soumet à un balayage avec un courant ascendant de gaz inerte, pour extraire le monomère vinylique qu'il contient.

En pratique industrielle, ce procédé connu ne donne pas satisfaction. On observe en effet des perturbations dans l'écoulement du brouet dans la colonne, principalement dans le cas d'un débit élevé. Ces perturbations comprennent notamment des projections du brouet sur les parois de la colonne, à l'entrée de celle-ci. Elles nuisent au rendement de l'épuration du brouet et risquent d'endommager les plateaux et les autres pièces constitutives de la colonne. Un moyen de remédier à ces perturbations serait de travailler avec de faibles débits de brouet et de basses températures à l'entrée de la colonne, mais il en résulterait une perte de productivité.

L'invention vise à remédier à cet inconvénient de l'installation connue décrite plus haut et du procédé qui y est mis en oeuvre, en fournissant un procédé nouveau et une installation pour sa mise en oeuvre, qui suppriment le risque de

projection de brouet à l'entrée de la colonne, sans nuire à la productivité de celle- ci.

En conséquence, l'invention concerne un procédé pour extraire un monomère d'un brouet aqueux d'un polymère, selon lequel on chauffe le brouet, puis on l'introduit dans une colonne où on le soumet à un balayage avec un courant ascendant de gaz inerte ; selon l'invention, après avoir chauffé le brouet et avant de l'introduire dans la colonne, on le soumet à une détente.

Dans le procédé selon l'invention, le brouet aqueux du polymère contient le polymère à l'état de particules solides dispersées dans de l'eau. La quantité de polymère dans le brouet n'est pas critique. La viscosité du brouet ne doit toutefois pas excéder une valeur au-delà de laquelle le balayage avec le courant du gaz inerte deviendrait impossible. En pratique, la quantité de polymère dans le brouet va dépendre de la nature du polymère et doit être déterminée dans chaque cas pratique par un travail de routine au laboratoire. Par exemple, dans le cas d'un polymère vinylique obtenu par polymérisation en suspension, le brouet peut contenir de 15 à 60 % en poids de polymère.

Le monomère présent dans le brouet comprend, pour l'essentiel, du monomère dont dérive le polymère. Il est généralement du monomère résiduel, qui n'a pas participé à la polymérisation. La teneur du brouet en monomère va dès lors dépendre du taux de conversion du monomère en polymère. Par exemple, dans le cas d'un polymère et d'un monomère vinyliques, le taux de conversion du monomère en polymère est habituellement compris entre 80 et 95 %.

Le chauffage du brouet a pour fonction de permettre l'extraction ultérieure du monomère, dans un courant de gaz inerte. La température optimum pour le chauffage du brouet va dès lors dépendre du polymère traité et de la viscosité du brouet. Elle doit être déterminée dans chaque cas particulier. Dans le cas des polymères vinyliques, des températures recommandées se situent entre 50 et 120 °C, les températures de 80 à 110 °C étant spécialement avantageuses.

Dans la colonne, le courant de gaz inerte a pour fonction d'entraîner le monomère qui se trouve dans le brouet. On entend par gaz inerte un gaz qui est inerte chimiquement vis-à-vis du polymère, du monomère et de l'eau, dans les conditions de température et de pression régnant dans la colonne.

Conformément à l'invention, après avoir chauffé le brouet et avant de l'introduire dans la colonne, on le soumet à une détente.

On entend par détente, une baisse de la pression de la phase gazeuse qui se trouve en contact avec le brouet. Elle peut être effectuée par tout moyen

technique adéquat, un moyen spécialement aisé consistant à introduire le brouet dans une chambre de grand volume.

L'inventeur a trouvé que sous l'effet du chauffage, une partie substantielle du monomère est vaporisée et forme au-dessus du brouet une phase gazeuse sous pression. La détente a dès lors pour fonction d'évacuer la phase gazeuse du brouet pour réduire sa pression jusqu'à une valeur voisine de (idéalement égale à) celle régnant dans la colonne, à l'endroit d'introduction du brouet. L'importance de la détente va dépendre du chauffage et du volume du brouet, ainsi que de la pression régnant dans la colonne, et elle doit être dès lors être déterminée dans chaque cas particulier.

L'invention concerne également une installation pour la mise en oeuvre du procédé selon l'invention, cette installation comprenant, de manière connue en soi, une colonne verticale, divisée en plusieurs chambres superposées par des plateaux perforés, un dispositif d'admission du brouet dans au moins l'une des chambres, au-dessus d'un plateau perforé et une conduite d'admission d'un gaz inerte dans le fond de la colonne. Conformément à l'invention, le dispositif d'admission du brouet dans la colonne comprend une chambre de détente, en amont de la colonne.

Dans l'installation selon l'invention, la colonne est conçue pour réaliser une circulation du brouet du haut vers le bas dans la colonne, à contre sens d'un courant ascendant de gaz inerte. A cet effet, le gaz inerte circule verticalement à travers les perforations des plateaux et traverse un film de brouet que circule sur ceux-ci avant de tomber dans la chambre située sous le plateau. Un exemple de colonne qui est spécialement adaptée à l'invention se trouve décrite dans le document EP 0 756 883. Dans cette colonne connue, la face supérieure des plateaux perforés porte des nervures qui sont disposées de manière à former des chicanes pour la circulation du brouet. Les chambres de la colonne sont reliées entre elles par des déversoirs situés à la périphérie des plateaux.

Dans l'installation selon l'invention, le volume de la chambre de détente doit être suffisant pour amener le brouet, préalablement chauffé, à la pression souhaitée.

Dans une forme de réalisation avantageuse de l'installation selon l'invention, la chambre de détente comprend une enceinte cylindrique dont la partie inférieure est reliée à la colonne (de préférence à une chambre supérieure de la colonne) et dont le ciel se trouve en communication avec le ciel de la

colonne. Cette forme de réalisation de l'invention présente l'avantage d'équilibrer les pressions dans la colonne et dans la chambre de détente.

Dans une variante préférée de la forme de réalisation de l'invention, qui vient d'être décrite, l'admission du brouet dans la chambre de détente est assurée au moyen d'une conduite qui débouche tangentiellement dans l'enceinte cylindrique. Dans cette variante de l'invention, le brouet subit un déplacement circulaire dans la chambre de détente, ce qui facilite la séparation des phases liquide (le brouet) et gazeuse (le monomère vaporisé).

Le procédé et l'installation selon l'invention s'appliquent avec avantage aux brouets de polymères vinyliques, contenant un monomère vinylique résiduel de la polymérisation. Ils s'appliquent tout spécialement aux brouets de polychlorure de vinyle obtenus par la technique de polymérisation en suspension et qui contiennent du chlorure de vinyle excédentaire de la polymérisation.

Des particularités et détails de l'invention vont ressortir de la description suivante des figures du dessin annexé, qui représentent schématiquement une forme de réalisation particulière de l'installation selon l'invention.

La figure 1 est un schéma en élévation d'une forme de réalisation particulière de l'installation selon l'invention ; La figure 2 montre à grande échelle un détail de l'installation de la figure 1 ; La figure 3 montre deux détails de la figure 2, en section transversale, respectivement selon les plans IIIA-IIIA et IIIB-IIIB.

Dans ces figures des mêmes numéros de référence désignent des éléments identiques.

L'installation représentée à la figure 1 comprend une colonne verticale 1, divisée en une succession de chambres superposées 2, 3,..., 4, 5, par des plateaux perforés horizontaux 6. La chambre supérieure 5 de la colonne se trouve en communication avec un dispositif d'admission d'un brouet de polychlorure de vinyle, désigné dans son ensemble par la notation de référence 7. Ce dispositif d'admission comprend un réchauffeur 8, une chambre de détente 9, une conduite d'admission 10 d'un brouet dans le réchauffeur, une conduite de jonction 11 entre le réchauffeur 8 et le chambre de détente 9 et une conduite de jonction 12 entre la chambre de détente 9 et la chambre supérieure 5 de la colonne 1. Une conduite d'admission de vapeur 13 débouche dans la chambre inférieure 2 de la colonne 1 et une conduite 14 joint le réchauffeur 8 à la chambre 3. Des évents 15 et 16 sont

prévus respectivement au sommet de la colonne 1 et au sommet de la chambre de détente 9.

Des détails concernant la colonne 1 et son fonctionnement sont accessibles dans le document EP 0 756 883 A2.

La chambre de détente 9, visible à plus grande échelle à la figure 2, comprend un corps cylindrique vertical 17, prolongé vers le bas par un corps tronconique 18. La conduite 11 (servant à l'introduction du brouet dans la chambre de détente 9) débouche dans le corps cylindrique 17, tangentiellement à sa paroi. La conduite 12 débouche dans le fond du corps tronconique 18 et dans la partie inférieure de la chambre 5 de la colonne 1. La jonction de la conduite 12 au corps tronconique 18 comprend un joint de dilatation 24. L'évent 16 est par ailleurs relié au ciel de la chambre supérieure 5 de la colonne 1, de manière à équilibrer les pressions dans la colonne 1 et dans la chambre de détente 9.

L'installation des figures 1 et 2 est spécialement adaptée au traitement des brouets de polychlorure de vinyle obtenus par la technique de polymérisation en suspension. Ces brouets sont contaminés par du chlorure de vinyle résiduel de la polymérisation. Dans cette application particulière de l'installation, le brouet de polychlorure de vinyle provenant de la polymérisation est introduit dans le réchauffeur 8 par la conduite d'admission 10. Dans le réchauffeur 8, le brouet est chauffé à une température d'environ 100 °C, ce qui a pour effet de vaporiser une fraction du chlorure de vinyle monomère qu'il contient et de faire monter la pression. Le brouet chaud et sous pression est transféré du réchauffeur 8 dans la chambre de détente 9 par le conduit 11. A son entrée dans la chambre 9, le brouet subit une détente, libérant une phase gazeuse contenant du chlorure de vinyle. La chambre de détente fonctionne à la manière d'un cyclone, le brouet y étant soumis à une circulation circulaire qui facilite et accélère la séparation des phases gazeuse et liquide. La phase liquide tombe dans le fond du corps tronconique 18, d'où elle passe dans la chambre supérieure 5 de la colonne 1, via la conduite de jonction 12. La phase gazeuse s'échappe dans le haut du corps cylindrique 17 par l'évent 16 et pénètre dans le ciel de la chambre supérieure 5 de la colonne 1.

Dans la chambre supérieure 5 de la colonne, le brouet tombe sur le plateau 6, où il circule dans des chicanes formées par un réseau de nervures 19, avant d'atteindre un déversoir 20 dans lequel il tombe pour atteindre le plateau 6 de la chambre sous-jacente 4 de la colonne. Le brouet descend de la sorte progressivement dans la colonne 1, jusqu'à la chambre 3. Pendant qu'il circule de

haut en bas dans la colonne 1, le brouet est soumis à un balayage par un courant ascendant de vapeur d'eau qui est introduit dans le fond de la colonne par la conduite 13. Le balayage du brouet par le courant de vapeur a pour résultat d'extraire le chlorure de vinyle présent dans le brouet et de l'entraîner jusqu'au sommet de la colonne. La vapeur d'eau chargée de chlorure de vinyle est évacuée du ciel de la colonne 1 par l'évent 15. Le brouet qui parvient dans la chambre 3 est sensiblement exempt de chlorure de vinyle et il est chaud. Il est évacué de la colonne 1 par la conduite de soutirage 14 et est introduit dans le réchauffeur 8 où sa chaleur sensible est utilisée pour chauffer le brouet qui y pénètre par la conduite 10. Le brouet refroidi dans le réchauffeur 8 sort de ce dernier par une conduite d'extraction 21.

Des détails concernant la circulation et le traitement du brouet dans la colonne 1 sont accessibles dans le document EP 0 756 883 A2.

La figure 3 montre un détail constructif d'une variante de réalisation avantageuse de l'installation des figures 1 et 2. Dans cette variante de l'invention, le déversoir 20 reliant deux chambres successives 5 et 4 de la colonne comprend un tube dont la partie supérieure 22 traverse le plateau perforé séparant les chambres 4 et 5 et dont la partie inférieure 23 débouche à proximité du plateau perforé inférieur de la chambre 4. La section transversale de la partie supérieure 22 est sensiblement circulaire, tandis que la section transversale de la partie inférieure 23 est allongée. Par ailleurs la section transversale de la partie inférieure 23 est plus grande que celle de la partie 22, de manière à compenser la perte de charge subie par le brouet dans le tube 20. Le rapport entre ces deux sections transversales est par exemple comprise entre 1, 5 et 3. La variante de réalisation selon la figure 3 présente l'avantage d'uniformiser la vitesse de circulation du brouet dans la colonne.