Les aiguilleteuses connues comportent un support appelé planche sur lequel sont fixées des aiguilles. Au moyen de dispositifs bielle-manivelle, la planche est animée d'un mouvement alternatif afin que ces aiguilles traversent la nappe de fibre à une cadence pouvant aller en production de 1000 à 2000 coups par minute.

Des dispositifs complémentaires permettent également de réguler le flux de fibres entrant et sortant de la machine avec ou sans étirage et à des vitesses choisies en fonction de la cadence de frappe en nombre de coups par minute, équivalent du nombre de mouvements alternatifs des aiguilles par minute.

De manière classique, la bielle de chaque dispositif bielle-manivelle s'étend entre un excentrique relié à un moteur, et une articulation à l'extrémité d'une tige coulissante à laquelle est fixé un support de planche à aiguilles. Pour son coulissement, la tige coulissante traverse deux paliers de coulissement situés à une certaine distance l'un de l'autre.

Cette disposition a l'inconvénient que les paliers sont fortement chargés radialement selon une direction qui est toujours la même, à savoir la direction de la force de réaction latérale qui apparaît entre la bielle et la tige en raison de l'angle formé entre elles, compte-tenu du débattement angulaire de la bielle autour de son axe d'articulation avec la tige. C'est surtout le palier qui est le plus proche de l'articulation qui est le plus chargé, typiquement cinq à dix fois plus que l'autre. Ces paliers subissent leur charge maximale, avec une tendance à l'arc-boute ent d'autant plus forte que la bielle est inclinée, lorsque

la bielle pousse la tige pour faire pénétrer les aiguilles dans les produits fibreux. Par ailleurs, dans certains cas, les efforts de traction du produit non tissé sont transmis aux aiguilles lorsque celles-ci sont enfoncées dans le produit. Ces efforts sur les aiguilles peuvent également induire, par l'intermédiaire du support de planche, des efforts latéraux sur les paliers. Il en résulte que les paliers s'usent par ovalisation, introduisant un jeu très préjudiciable dans le guidage de la planche à aiguilles. Le remplacement de ces paliers nécessite un démontage relativement long, avec immobilisation de la machine.

Le but de la présente invention est ainsi de proposer une aiguilleteuse dans lequel le problème de l'usure des paliers de coulissement est nettement amoindri.

Suivant un premier aspect de l'invention, 1'aiguilleteuse pour consolider mécaniquement une nappe de fibres comportant,

- un carter,

- des moyens pour faire défiler la nappe de fibres,

- un équipage mobile comprenant un support de planche à aiguilles et au moins une tige montée coulissante selon une direction transversale à la nappe dans au moins un palier de coulissement,

- pour chaque tige une bielle ayant une première extrémité articulée à une manivelle motrice et une deuxième extrémité reliée à la tige par une articulation, pour transmettre au support un mouvement alternatif de va et vient, est caractérisée en ce que le palier est réglable angulaire ent autour de l'axe de la tige relativement au carter de l'aiguilleteuse. Quand le ou les paliers réglables sont usés selon un axe d'ovalisation, il suffit de le ou les faire tourner d'une fraction de tour pour que le jeu diamétral dû à l'usure soit

désormais décalé angulairement par rapport à la direction des efforts radiaux dangereux, c'est à dire en général par rapport au plan d'oscillation de la bielle. On peut ainsi multiplier la durée de vie des paliers, étant entendu qu'un réglage selon l'invention peut être réalisé en n'immobilisant que très brièvement la machine et sans que du personnel extérieur à l'entreprise utilisatrice ait nécessairement à intervenir. Il est avantageux que les deux paliers soient réunis pour tourner ensemble autour de l'axe de la tige et ainsi subir simultanément chaque réglage de position autour de cet axe.

D'autres particularités et avantages de l'invention ressortiront de la description ci-après, relative à un exemple non limitatif.

Aux dessins annexés :

- la figure 1 est une vue schématique en élévation, avec coupe partielle, d'une aiguilleteuse selon l'invention ; et - la figure 2 est une vue selon II-II de la figure

1.

L'aiguilleteuse représentée à la figure 1 comprend une table perforée 1 généralement horizontale et une plaque de retenue 2, encore appelée "débourreur", placée à peu près parallèlement à une certaine distance au-dessus de la table 1. La table 1 et le débourreur 2 définissent entre eux un trajet dans un plan sensiblement horizontal pour une nappe de fibres 3. Le débourreur 2 comprend des perforations alignées avec celles de la table 1. A l'entrée du trajet sont placés des moyens introducteurs 4 schématisés sous la forme d'une paire de rouleaux moteurs entre lesquels passe la nappe 3. A la sortie du trajet, la nappe 3 consolidée et compactée par aiguilletage est entraînée par des moyens extracteurs 6 également schématisés par deux rouleaux moteurs entre lesquels passe la nappe.

Le débourreur 2 est placé entre le trajet de la

nappe 3 et une planche à aiguilles 7. La planche 7 porte du côté du débourreur 2 un grand nombre d'aiguilles 8 orientées perpendiculairement au plan du trajet de la nappe 3, avec leur pointe dirigée vers la nappe 3. Chaque aiguille est positionnée en face d'une perforation du débourreur 2 et d'une perforation correspondante de la table 1. La planche à aiguilles 7 est fixée, du côté opposé aux aiguilles 8, à un support 9 lui-même fixé à l'extrémité d'au moins une tige 11 montée coulissante selon un axe 12 parallèle aux aiguilles 8 et perpendiculaire au plan du trajet de la nappe 3. S'il est prévu plusieurs tiges 11, celles-ci sont par exemple alignées les unes derrière les autres lorsqu'elles sont vues de la manière représentée à la figure 1. Pour son guidage coulissant, chaque tige coulissante 11 est guidée dans deux paliers de coulissement coaxiaux 13 et 14, espacés axialement. Les paliers 13 et 14 sont rendus solidaires, par des moyens qui seront décrits plus loin, d'un carter 16 qui n'est que partiellement représenté. Les paliers 13 et 14 comportent des bagues antifriction 17 pour le contact avec la tige 11.

L'équipage mobile constitué de la ou des tiges coulissantes 11, du support 9 et de la planche 7 est animé en service d'un mouvement alternatif de va et vient selon la direction 12 entre une position 7a dans laquelle l'extrémité des aiguilles, désignée dans ce cas par 8a, traverse le débourreur 2, la nappe 3 et la table 1, et une position de dégagement 7b dans laquelle les aiguilles 8 sont totalement dégagées au moins de la table 1 et de la nappe 3, et éventuellement du débourreur 2.

Pour communiquer ce mouvement de va et vient à l'équipage mobile, la tige 11 est articulée par une articulation 18 à une extrémité d'une bielle 19 dont l'autre extrémité est reliée par une articulation 21 à une manivelle 22 entraînée en rotation par des moyens

moteurs non représentés.

Conformément à l'invention, les deux paliers 13, 14 sont rendus solidaires l'un de l'autre en étant formés sur une monture tubulaire commune 41 qui est coaxiale avec la tige 11 et qui peut être réglée angulairement autour de l'axe 12 de la tige 11 par rapport au carter 16. Les bagues antifriction 17 sont fixées dans la monture 41.

Le carter 16 présente à travers une paroi inférieure tournée vers le support 9 un orifice circulaire 42 centré sur l'axe 12. La monture 41 est montée à travers l'orifice 42 et présente une collerette 43 de centrage dans l'orifice 42. Du côté de l'extérieur du carter 16 la monture 41 est terminée par une bride 44 comportant par exemple six trous de fixation 46 régulièrement répartis angulairement autour de l'axe 12, destinés à recevoir six moyens de serrage 47, tels que des boulons, venant en prise dans des trous correspondants du carter 16. Ainsi, pour régler angulairement autour de l'axe 12 la monture 41, et avec elle les bagues 17 susceptibles d'usure, on démonte les moyens de serrage 47, on fait effectuer à la monture une rotation de par exemple 60° équivalant à un nombre entier de fois le pas de succession des moyens de serrage 47 autour de l'axe 12, et on remet en place les moyens de serrage.

Il est prévu sur le carter 16 et sur la bride 44, des repères 48 et respectivement 49 qui sont en coïncidence lorsque la machine est neuve mais qui, comme le montre la figure 2 à titre d'exemple, sont ensuite décalés angulairement par les réglages angulaires successivement effectués pour la monture 41. Une flèche 51 indique également le sens de rotation recommandé pour effectuer les réglages, afin qu'on sache, à partir d'un réglage donné, le sens à choisir pour ne pas revenir vers une position déjà utilisée.

Dans l'exemple représenté, la tige 11 comporte à partir de son extrémité 27 tournée vers la bielle 19,

une première région 28 ayant une paroi extérieure cylindrique qui est engagée de manière coulissante dans celui des paliers 13 et 14 qui est le plus proche de la manivelle 22. La tige 11 comprend en outre une deuxième région 32 qui a un plus petit diamètre que la première région 28. La paroi extérieure cylindrique de la deuxième région 32 coulisse dans le palier 14 qui est le plus proche de la planche à aiguilles 7, et qui a un plus petit diamètre que le palier 13.

Le palier 13, qui est en service le plus chargé, a un diamètre considérablement accru ce qui le rend particulièrement résistant à l'usure.

En service, la force F transmise par la bielle 19 lorsqu'elle est inclinée par rapport à la tige 11 a une composante transversale F-p qui tend à ovaliser les paliers 13 et 14 selon un diamètre parallèle au plan de débattement angulaire de la bielle 19. Quand cette ovalisation atteint un degré excessif, on règle angulairement la monture 41 par rapport au carter 16, comme il a été dit plus haut, pour que la force F-p s'exerce désormais sur les paliers 13 et 14 selon des diamètres de ceux-ci qui n'ont pas encore été agrandis par le phénomène d'ovalisation. Bien entendu, l'invention n'est pas limitée à l'exemple décrit et représenté.

On pourrait réaliser la tige 11 avec un même diamètre sur toute sa longueur. Les deux paliers pourraient être réglables indépendamment l'un de l'autre. Il serait encore possible que seul l'un des paliers, par exemple le palier 13 qui est le plus sollicité, soit réglable.

A la place de bagues anti-friction, on pourrait réaliser chaque palier au moyen d'un alésage comportant un traitement de surface approprié, par exemple un alésage pratiqué directement dans la matière d'une monture pivotante correspondant par ailleurs à la

7 monture 41 .

Il peut y avoir plusieurs carters disposés côte à côte, notamment pour les machines à grande largeur de travail. L'invention est applicable à tous types d'aiguilleteuses, notamment aiguilleteuses à table perforée telle que décrite, mais aussi aiguilleteuse de fabrication de velours, de produit à bouclettes etc..