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Title:
NOVEL RADIORESISTANT ALGA OF THE COCCOMYXA GENUS
Document Type and Number:
WIPO Patent Application WO/2011/098979
Kind Code:
A2
Abstract:
The invention relates to novel algae of the Coccomyxa genus, in particular the algae of a novel species called Coccomyxa actinabiotis, and to the use thereof for metal uptake from aqueous media, and in particular from radioactive media.

Inventors:
RIVASSEAU CORINNE (FR)
FARHI EMMANUEL (FR)
COUTE ALAIN (FR)
ATTEIA ARIANE (FR)
Application Number:
PCT/IB2011/050589
Publication Date:
August 18, 2011
Filing Date:
February 11, 2011
Export Citation:
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Assignee:
COMMISSARIAT ENERGIE ATOMIQUE (FR)
LAUE MAX INST (FR)
CENTRE NAT RECH SCIENT (FR)
MUSEUM NAT D HISTOIRE NATURELLE (FR)
RIVASSEAU CORINNE (FR)
FARHI EMMANUEL (FR)
COUTE ALAIN (FR)
ATTEIA ARIANE (FR)
International Classes:
C12N1/12; B09C1/10; C02F3/34; C07H21/00; C22B3/18; C22B60/00; G21F9/18
Domestic Patent References:
WO2003011487A12003-02-13
WO1986007346A11986-12-18
WO2006081932A12006-08-10
WO2001023526A12001-04-05
Foreign References:
US6355172B12002-03-12
US7479220B22009-01-20
US4769223A1988-09-06
US5648313A1997-07-15
US4320093A1982-03-16
GB1472626A1977-05-04
GB1507003A1978-04-12
US7172691B22007-02-06
US7160715B22007-01-09
Other References:
WHITE ET AL., INTERNATIONAL BIODETERIORATION & BIODEGRADATION, vol. 35, 1995, pages 17 - 40
KRYSHEV; SAZYKINA, JOURNAL OF ENVIRONMENTAL RADIOACTIVITY, vol. 28, 1995, pages 91 - 103
JOHN ET AL.: "Symposium Chemical-biological Interactions In Contaminant Fate, Metal Toxicity In Deinococcus radiodurans", PREPRINTS OF EXTENDED ABSTRACTS, vol. 40, no. 2, 2000, pages 426 - 428
PRÔSCHOLD; LELIAERT: "Unravelling the algae: the past, present, and future of algal systematics", 2007, CRC PRESS
LARKIN ET AL., BIOINFORMATICS, vol. 23, 2007, pages 2947 - 2948
"Toxicologie nucléaire environnementale et humaine", 2009
RIPPKA ET AL., THE PROKARYOTES, vol. 1, 1979, pages 212 - 220
NEWMAN ET AL., GENETICS, vol. 126, 1990, pages 875 - 888
ALTSCHUL ET AL., NUCLEIC ACIDS RESEARCH, vol. 25, 1997, pages 3389 - 3402
RATTE HT, ENVIRON. TOXICOL. CHEM., vol. 18, 1999, pages 89 - 108
CHARLEY ET AL., ARCH. MICROBIOL., vol. 123, 1979, pages 239 - 244
BRESSON ET AL.: "Toxicologie nucléaire, environnementale et humaine", 2009, pages: 553 - 573
PAQUET ET AL.: "Toxicologie nucléaire, environnementale et humaine", 2009, pages: 411 - 443
Attorney, Agent or Firm:
MÉTAY, Émeline et al. (FR)
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Claims:
REVENDICATIONS

1) Algue verte unicellulaire du genre Coccomyxa caractérisée en ce qu'elle appartient à l'espèce Coccomyxa actinabiotis définie par la présence dans les gènes d'ARN ribosomique 18S-ITSl -ARNr5.8S-ITS2-ARNr26S, d'une séquence présentant au moins 95% d'identité avec la séquence SEQ ID NO: 1.

2) Algue verte unicellulaire selon la revendication 1, possédant les caractéristiques de la souche de Coccomyxa actinabiotis déposée le 25 juin 2009 auprès de la CCAP sous le numéro CCAP 216/25,

3) Procédé de captage d'au moins un élément choisi parmi les métaux Ag,

14 3

Co, Cr, Zn, Mn, Sb, Ni, Fe, Cs, actinides, et lanthanides, et les radioisotopes C et H, à partir d'un milieu aqueux contenant ledit métal ou ledit radioisotope en solution, caractérisé en ce que ledit captage est effectué en incubant des algues vertes unicellulaires du genre Coccomyxa dans ledit milieu aqueux.

4) Procédé selon la revendication 3, caractérisé en ce que iesdites algues vertes sont telles que définies dans une quelconque des revendications 1 ou 2.

5) Procédé selon l'une quelconque des revendications 3 ou 4, caractérisé en ce que ledit milieu aqueux est un milieu radioactif.

6) Procédé selon la revendication 5, pour le captage d'un métal choisi parmi Ag, Co, Cr, Zn, Mn, Sb, Ni, Fe, Cs, actinides, et lanthanides, caractérisé en ce que ledit métal est sous forme d'isotope radioactif, ou sous forme de mélange d'isotopes.

7) Procédé selon l'une quelconque des revendications 3 à 6, caractérisé en ce que Iesdites algues vertes sont associées à au moins un autre microorganisme et/ou au moins une plante multicellulaire.

8) Procédé selon l'une quelconque des revendications 3 à 7, caractérisé en ce que la croissance des algues vertes de l'espèce Coccomyxa actinabiotis est maîtrisée en contrôlant P illumination dudit milieu aqueux.

9) Procédé selon une quelconque des revendications 3 à 8, caractérisé en ce que l'élément capté est un métal, et en ce qu'il comprend une étape de récupération dudit métal à partir des algues.

10) Utilisation d'une algue verte du genre Coccomyxa pour la décontamination d'un milieu aqueux radioactif contenant au moins un élément choisi parmi les métaux Ag, Co, Cr, Zn, Mn, Sb, Ni, Fe, Cs, actinides, et lanthanides, et les radioisotopes 14C et PL 1 1) Utilisation selon la revendication 10, caractérisée en ce que ladite algue verte est telle que définie dans une quelconque des revendications 1 ou 2.

12) Utilisation selon l'une quelconque des revendications 10 ou 11, caractérisée en ce que ladite algue verte est associé à au moins un autre microorganisme et/ou au moins une plante multicellulaire radiorésistant(e) ou radiotolérant(e).

Description:
ALGUE RADIORESISTANTE DU GENRE COCCOMYXA

L'invention est relative à de nouvelles algues et à leur utilisation pour le captage de métaux à partir de milieux aqueux, et notamment de milieux radioactifs.

Des effluents radioactifs sont produits principalement par les centrales de production d'électricité nucléaire. Il s'agit principalement des eaux des piscines d'entreposage de combustible usé, des eaux des bassins de décontamination, ou encore des eaux des circuits de refroidissement des installations nucléaires, qui finissent par contenir des composés radioactifs, du fait de l'activation de composés inactifs par les rayonnements, ou du relargage et de la dissolution de composés radioactifs. D'autres sources d' effluents radioactifs sont la médecine nucléaire, les laboratoires de recherche utilisant des matériaux radioactifs, ainsi que certaines industries non nucléaires (par exemple l'extraction des terres rares).

Diverses méthodes physiques et chimiques sont utilisées pour purifier les effluents, notamment les eaux, contenant des composés radioactifs. Mais elles ont des coûts de fonctionnement et d'équipement importants, demandent une maintenance lourde et génèrent des v olumes importants de déchets radioactifs. De plus, leur champ d'application est souvent limité. Par exemple, des résines échangeuses d'ions sont utilisées pour maintenir une faible conductivité dans les eaux des installations nucléaires. Elles se chargent en ions radioactifs et sont entreposées dans l'attente d'une filière de retraitement adaptée lorsqu'elles sont saturées ou stockées dans des conditions mettant en œuvre des composés toxiques ou très réactifs.

Par ailleurs, il existe des méthodes biologiques utilisant par exemple des bactéries, des champignons, des levures ou des plantes poux- purifier des milieux contaminés (effluents industriels, milieux naturels, etc.) par des produits toxiques (non radioactifs ou radioactifs). Ces méthodes utilisent des organismes vivants pour concentrer, assimiler, rendre moins toxiques (modification de la forme chimique) des composés polluants ou de la biomasse non- vivante ainsi que des dérivés provenant d'organismes vivants pour biosorber les polluants. Les méthodes biologiques ont en général un champ d'application plus large que les méthodes physiques et chimiques. Elles ne nécessitent pas l'ajout de réactif ou de produit chimique et permettent en général un traitement à plus faible coût, d'où leur intérêt économique.

Les plantes en particulier sont de bons épurateurs de sols ou d'eaux car elles possèdent tout un système de métabolites, protéines, enzymes, mécanismes d' import, canaux membranaires, structure interne, etc .. qui les rendent capables selon les cas d'immobiliser des composés toxiques, de les chélater à l'extérieur ou à l'intérieur de la plante, de les incorporer en plus ou moins grande quantité via des voies d'import spécifiques ou non, de les séquestrer à l'intérieur des cellules, de modifier leur spéciation pour les rendre inoffensifs ou moins toxiques, de les rendre moins soiubles, de les stocker sous forme non toxique dans la vacuole, etc.

Des études ont montré que certains micro-organismes étaient capables de concentrer par biosorption des ions métalliques, tels que Ag, Al, Au, Co, Cd, Cu, Cr, Fe, Hg, Mn, Ni, Pb, Pd, Pt, U, Th, Zn, etc. dans des solutions diluées (White et al., International Biodeterioration & Biodégradation, 35 : 17-40, 1995 ; Brevet US 6355172). La biosorption est la capacité de la biomasse à fixer des métaux lourds au moyen de mécanismes physico- chimiques non sélectifs par des interactions avec les groupements fonctionnels de composés pariétaux situés à la surface des cellules. Par exemple, il a été proposé d'utiliser des bactéries et des mélanges de micro-organismes pour biosorber non sélectivement des métaux lourds (Brevet US 7,479,220 ; Demande PCT WO 03/011487).

D'autres méthodes utilisent de la biomasse morte ou des composés dérivés provenant de la culture d'organismes vivants pour dépolluer des milieux contaminés en métaux. Les processus mis en jeu sont des mécanismes physico-chimiques, inactifs biologiquement, tels l'échange d'ions par exemple avec les polysaccharides présents dans les parois cellulaires, la complexation, ou l'adsorption.

La biomasse dérivée d'algues (par exemple des parois cellulaires) a été utilisée pour épurer des métaux contenus dans des effiuents liquides (Brevet US 4769223 ; Demande PCT WO 86/07346 ; Brevet US 5648313 ; Demande PCT WO 2006/081932).

Pour le traitement de milieux pollués par des composés radioactifs, les méthodes faisant appel à des organismes vivants sont peu nombreuses. En effet, dans le cas d'eaux contaminées par des composés radioactifs ou d'eaux situées au voisinage de sources radioactives, il est nécessaire d'utiliser des organismes radiotolérants ou radiorésistants, qui soient de plus capables de résister à la toxicité chimique des contaminants et de fixer les composés d'intérêt en quantité suffisante pour être utilisés dans le cadre d'un procédé industriel.

En milieu naturel, les organismes accumulant des composés radioactifs sont en général soumis à une radioactivité faible. Par exemple, immédiatement après l'accident de Tchernobyl, pour les milieux aquatiques, le débit de dose de rayonnements ionisants externe de l'eau du réservoir de refroidissement du réacteur n'a pas excédé 100 pGy/h et la dose maximale cumulée sur 1 an était de 0,01 Gy en 1986. Le débit de dose provenant des radionucléides déposés sur les sédiments dans la rivière Pripyat, située dans la zone de 30 km autour de la centrale, est quant à lui monté ponctuellement à 0,4 mGy/h immédiatement après l'accident (Kxyshev et Sazykina, Journal of Environmenia.1 Radioactivity, 28 : 91-103, 1995). Dans la plupart des cas, la résistance aux rayonnements ionisants des mieroorganismes proposés pour dépolluer des matériaux ou des effluents contaminés par la radioactivité et/ou concentrer des composés radioactifs n'a pas été testée. En effet, ils sont utilisés pour extraire U (uranium) et Th (thorium) dont l'activité des principaux isotopes est faible (par exemple pour 238 U ou 233 U, l'activité est de 0,13 ou 0,8 Bq/1 pour une solution contenant 10 μg/l de 2 38 U ou 235 U, respectivement.

Le Brevet US 4320093 propose l'utilisation de champignons du genre Rhizopus pour extraire de l'uranium ou du thorium contenu dans des effluents aqueux. Le Brevet GB 1472626 propose l'utilisation d'algues vertes unicellulaires mutantes obtenues par irradiation aux rayons X d'algues vertes unicellulaires préalablement accoutumées à l'uranium, et le Brevet GB 1507003 propose l'utilisation de divers microorganismes, notamment le champignon ÀspergiHm niger, et des Cyanobactéries de type Oscillatoria, pour concentrer l'uranium naturellement présent dans l'eau de mer. Le Brevet US 7.1 72.6 1 propose l'utilisation d'algues vivantes photosynthétiques des genres Chloreila, Scenedesmus, Oocystis, et Chlamydomonas, pour concentrer des contaminants radio-actifs, et notamment de l'uranium, à partir de milieux aqueux contenant une concentration d'uranium de l'ordre de 0-20 ppm, ce qui représente une activité de 260 et 1600 Bq/1 pour 2 8 U et 23S U, respectivement. En comparaison, l'activité de l'eau des piscines d'entreposage d'éléments nucléaires qui constituent le milieu de vie de la micro-algue décrite ci-après est d'environ 300 000 Bq/1.

Les organismes les plus radiorésistants décrits jusqu'à présent sont des procaryotes. L'espèce Deinococcus radiodurans possède une extraordinaire capacité de résistance aux rayonnements ionisants, se développe sous des irradiations de 60 Gy/h et survit à des doses de 15 kGy. Cependant, cette bactérie est naturellement peu résistante aux métaux. Par exemple, elle ne tolère pas le cobalt (quel que soit l'isotope) qui inhibe sa croissance à 5 ppm soit environ 10 "4 mol/1 (John et al., Symposium Chemical -biological Interactions In Contaminant Fate, Métal Toxicity In Deinococcus radiodurans, p. 426-428 in Preprints of Extended Abstracts Vol. 40 No. 2, 2000). Son utilisation comme épurateur des métaux contenus dans des milieux radioactifs nécessite donc des modifications génétiques pour introduire des gènes qui permettront d'accumuler les métaux d'intérêt. Ainsi, a t-il été proposé de modifier génétiquement des bactéries du genre Deinococcus pour exprimer des enzymes capables de détoxifier ou de métaboliser des composés organiques, des métaux, ou des radionucléides, à des fins de bioremédiation in situ de sites de déchets nucléaires (Demande PCT WO 01/23526). Plus récemment, des bactéries de l'espèce Kineococcus radiotolerans ont été isolées et purifiées à partir d'un site de déchets radioactifs de haute activité. Ces bactéries ont été décrites comme étant capables de dégrader des contaminants organiques en présence de rayonnements ionisants dont le débit de dose est supérieur à 10 Gy/h, et leur utilisation pour la dépollution non sélective de radionucléides par biosorpiion a été proposée (Brevet US 7, 160,715),

Bien que pouvant être utilisés pour décontaminer des milieux dont la radioactivité est très importante, ces deux microorganismes présentent l'inconvénient d'être non-autotrophes, et donc de nécessiter l'apport extérieur de nutriments carbonés pour pouvoir être utilisés sous forme de cultures vivantes. D'autre part, leur culture est plus sensible à la contamination par d'autres bactéries que celle d'organismes autotrophes, qui nécessitent par ailleurs un milieu de culture moins riche.

Une seule forme d'organisme autotrophe radiotolérant a été décrite (Farhi et al, 20 : 104216, 2008). Il s'agit d'une microalgue de la classe des Chlorophycées, qui tolère des rayonnements ionisants avec une DL50 de 6 kGy, alors qu'en général, les 1 )1,50 de résitance aux rayonnements ionisants des algues sont comprises entre 30 et 1200 Gy (A1EA, Î 976, Effects of ionizing radiation on aquatic organisms and ecosystems. Technical reports séries No. 172, International Aîomic Energy Agency, Vienna).

Les Inventeurs ont maintenant isolé une autre microalgue radiotolérante, appartenant au genre Coccomyxa (classe des Trebouxiophycées : Prôschold et Leiiaert, Unraveiling the algae: the pasi présent, and future of algal systematics, CRC Press, Brodie and Lewis eds., 2007), et ont découvert que non seulement cette algue présentait une résistance aux rayonnements ionisants encore plus importante que celle de la rnicroalgue décrite par Farhi et al. (2008, ci-dessus), mais qu'en outre elle était capable de capter et de concentrer des ions métalliques, radioactifs ou non, en solution dans un milieu aqueux, et qu'elles pouvaient se développer en milieu radioactif.

Cette algue représente une nouvelle espèce de Coccomyxa, dénommée ci- après Coccomyxa actinabiotis.

Une culture axénique représentative de cette nouvelle espèce a été déposée selon le traité de Budapest le 23/06/2009 auprès de la Culture Collection of Algae and Protozoa (CCAP), Scottish Association for Marine Science, Dunstaffnage Marine Laboratory, GB-Oban, Argyli, PA37 1QA, U , sous le numéro CCAP 216/25.

Les algues de l'espèce Coccomyxa actinabiotis se caractérisent notamment en ce que leurs gènes correspondant à TARN ribosomique 18S-ITS1-ARN ribosomique 5.8S- ITS2-ARN ribosomique 26S (début) contiennent une séquence présentant au moins 95%, et, par ordre de préférence croissante, au moins 96%, 97%, 98%, ou 99% d'identité avec la séquence SEQ ID NO: 1. Le pourcentage d'identité indiqué ci-dessus est calculé après alignement des séquences en utilisant l'algorithme Clustai (Larkin et al., Bioinformatics, 23, 2947-2948, 2007), sur une fenêtre de comparaison constituée par la totalité de la séquence SEQ ID NO: 1.

Les algues de l'espèce Coccomyxa actinabiotis peuvent également être caractérisées en ce que la région correspondant aux ÎTSl-ARNr5.8S-ITS2 présente au moins 90% d'identité avec la région correspondante de la séquence SEQ ID NO: 1. Ce seuil a été estimé à 90% sur la base des observations des Inventeurs, qui montrent un maximum de 81% d'identité entre cette région chez Coccomyxa actinabiotis et chez d'autres Coccomyxae ainsi qu'un maximum de 88% d'identité entre les ITSl~ARNr5.8S~ITS2 des autres Coccomyxae comparés entre eux (cf. Tableau III ci-après).

La séquence des gènes d'ARN rïbosomique de Coccomyxa actinabiotis se différencie notamment de celle d'autres espèces du genre Coccomyxa par la présence, dans la région correspondant à l'ARNrl SS de 2 inserts de 500 pb environ (inserts représentés en italique sur la Figure 2). Elle se différencie aussi par la nature de son gène d'ARNr 18S (Figure 3), et par celle de ses ITS1 et ITS2.

Coccomyxa actinabiotis, de par sa résistance aux rayonnements ionisants, peut croître en milieu radioactif, ce qui lui permet de capter et métaboliser des composés radioactifs autres que des métaux (par exemple 3 H ou !4 C), en plus de pouvoir capter et concentrer des ions métalliques, radioactifs ou non, en solution dans un milieu aqueux.

La présente invention a en conséquence pour objet l'utilisation d'algues vertes du genre Coccomyxa, et notamment de l'espèce Coccomyxa actinabiotis définie ci- dessus, pour capter au moins un élément choisi parmi les métaux Ag, Co, Cr, Zn, Mn, Sb, Cs, Ni, Fe, actinides, ou lanthanides, qu'ils soient radioactifs ou non, ou les radioisotopes !4 C et 3 H à partir d'un milieu aqueux contenant ledit métal ou ledit radioisotope en solution.

Plus particulièrement la présente invention a pour objet un procédé de captage d'au moins un élément choisi parmi les métaux, radioactifs ou non, Ag, Co, Cr, Zn, Mn, Sb, Cs, Ni, Fe, actinides, ou lanthanides, ou les radioisotopes ¾4 C et ί à partir d'un milieu aqueux contenant ledit élément en solution caractérisé en ce que ledit captage est effectué en incubant des algues vertes du genre Coccomyxa dans ledit milieu aqueux.

De manière avantageuse, ledit élément est un métal choisi parmi Ag, Co, et l'actinide U.

De manière également avantageuse, ledit élément est i4 C. La quantité de ] C dans les rejets des installations nucléaires en France n'est réglementée de manière individuelle que depuis quelques années. Or le 14 C est le principal polluant radioactif émis dans l'environnement par les installations nucléaires, après le tritium. Par exemple, les installations nucléaires de base du centre nucléaire de production d'électricité du Tricastin (4 tranches de 900 MW) ont rejeté 170 GBq de 14 C dans l'atmosphère et 15,9 GBq de !4 C dans les effluents liquides en 2009 (Rapport Annuel EDF 2009). Les usines de retraitement utilisant le procédé PUREX® (par exemple, AREVA La Hague) rejettent dans l'environnement environ 600 GBq/an de 14 C pour le retraitement de la totalité du combustible d'un réacteur de 1 GWe (Toxicologie nucléaire environnementale et humaine, eds Tec et Doc, Lavoisier, 2009).

Selon un mode de mise en œuvre préféré de la présente invention, ledit milieu aqueux est un milieu radioactif, c'est-à-dire un milieu dans lequel lesdites algues sont soumises à un débit de dose pouvant aller de quelques uGy/h jusqu'à 1 kGy/h. Selon une disposition préférée de ce mode de mise en œuvre, l'élément à capter est un métal choisi parmi ceux indiqués ci-dessus, sous forme d'isotope radioactif!, ou sous forme de mélange d'isotopes.

La durée d'incubation des algues dans le milieu aqueux peut varier notamment selon le ou les éléments concerné(s), d'une part, et la nature du milieu aqueux à partir duquel le captage doit être effectué, d'autre part. Elle sera généralement d'au moins 1 heure, et peut aller jusqu'à plusieurs mois, voire plusieurs années. Par exemple, si l'on souhaite capter uniquement Ag, une durée d'incubation d'environ 1 heure pourra être suffisante pour en capter la majeure partie et d'environ 10 à 20 heures pour en capter la quasi totalité ; si d'autres métaux doivent être captés, une durée d'incubation plus longue, d'au moins 3 à 5 jours, et avantageusement d'au moins une semaine pourra être utilisée. Autre exemple, si l'on souhaite capter ie 14 C, une durée d'incubation de 3 h, dans les conditions optimisées proposées dans l'exemple 4 ci-après, suffira pour en capter la majeure partie.

La durée maximale d'incubation qui peut être envisagée dépendra en fait principalement de la capacité de croissance et de survie des algues dans le milieu aqueux.

En présence de lumière et de gaz carbonique (introduit par contact avec l'air ambiant, agitation des cultures ou buUage), les algues du genre Coccomyxa, et notamment de l'espèce Coccomyxa actinabiotis, peuvent, croître et vivre pendant de très longues périodes dans de l'eau faiblement minéralisée (conductivité 1 à 1,5 pS/cm). à un pi! de 5 à 6 et une température de 20 à 30°C, et dans l'eau déminéralisée (conductivité de 0,05 yfè/cm), elles peuvent croître et vivre pendant 3 à 4 semaines. Ces algues vertes ayant besoin de lumière pour réaliser la photosynthèse et fabriquer leur matière organique, leur croissance cesse lorsqu'elles sont placées à l'obscurité.

Ainsi, selon un mode de mise en œuvre du procédé conforme à la présente invention, la croissance des algues vertes de l'espèce Coccomyxa actinabiotis peut être maîtrisée en contrôlant l'illumination du milieu aqueux comprenant lesdites algues. Les algues Coccomyxa aclinabiotis peuvent en outre croître et vivre pendant plusieurs années dans un milieu faiblement radioactif, où elles sont soumises à une irradiation inférieure ou égale à 0,15 mGy/h. Elles peuvent résister jusqu'à environ 1 mois à une irradiation de 1 Gy/h. Elles peuvent également résister pendant environ une journée à une irradiation de 300 Gy/h et environ 3 jours à une irradiation de 100 Gy/h, En milieu très fortement radioactif, elles peuvent résister jusqu'à 20 heures à une irradiation 1 kGy/h ; si elles sont ensuite transférées dans un milieu non-radioactif, elles récupèrent en moins de deux semaines leur capacité de croissance. A titre indicatif, la limite du domaine des faibles débits de dose, en dessous de laquelle aucun effet biologique n'a été détecté, peut être placée vers 1 mSv/h (soit 1 mGy/h pour un rayonnement γ). Une faible dose correspond à une dose inférieure à 10 mSv, Un débit de dose supérieur à 1 mSv/h produit des effets biologiques dangereux. Pour des doses supérieures à 10-100 mSv, des effets statistiquement observables apparaissent. Une forte dose correspond à une irradiation supérieure à 1 Gy, valeur à partir de laquelle on commence à voir apparaître un effet déterministe.

Pour la mise en œuvre du procédé conforme à l'invention, les algues peuvent être utilisées en suspension dans le milieu aqueux à partir duquel le captage doit être effectué, sous agitation pour éviter leur agglomération. Elles peuvent également être fixées sur un support solide, lisse, poreux, ou sous forme de billes, placé dans ledit milieu aqueux.

Le procédé peut être déporté, c'est-à-dire que les algues sont mises en contact avec le milieu à dépolluer dans une enceinte séparée de l'installation nucléaire, ou mis en œuvre in situ; dans ce dernier cas, les algues sont alors implantées directement dans le milieu à dépolluer.

Dans le cas d'un procédé de captage ou de décontamination in situ, les algues peuvent séjourner dans l'installation tant qu'elles ne gênent pas les opérations. A titre indicatif, leur croissance peut être maîtrisée par l'intensité d'éclairement (obscurité ou faible illumination), ou le choix de la longueur d'onde des lampes (par exemple lumière inactinique jaune- vert). Une 11 lirai ion des eaux penne! également de maîtriser leur croissance en captant les algues en suspension dans l'eau. S'il s'avère nécessaire de les éliminer, la destruction définitive des algues pourra s'accompagner d'un relargage des métaux, et devra donc préférentieliement s'effectuer par section dans les installations, avec récupération des effluents concentrés en métaux.

Dans le cas d'un procédé déporté, à la fin de l'incubation, les algues ayant capté les métaux sont récoltées par des moyens conventionnels (filtration, décantation, centrifugation, etc.). Elles peuvent ensuite être éliminées comme des déchets éventuellement après avoir été séchées et/ou brûlées, sans extraction préalable des métaux qu'elles contiennent. Avantageusement, on peut récupérer Ses métaux captés par les algues afin de recycler ces métaux.

Cette récupération peut s'effectuer par tous moyens appropriés, il est par exemple possible de récupérer, de manière non-destructive, au moins une partie des métaux captés par les algues, ce qui permet le cas échéant de réutiliser celles-ci, en particulier pour les métaux tels Ag et Cr qui après captage restent en grande partie au niveau du mucilage et de la surface cellulaire. Cette récupération peut se faire en mettant les algues en présence d'une solution complexante ou acide. Ainsi, elle peut notamment se faire pour des métaux tels que Ag, par traitement des algues en milieu acide, à un pH de 1 à 2,5, de préférence de 1 ,5 à 2 pendant 1 à 2 jours.

Pour d'autres métaux, tels que Cr, mais aussi pour la portion de métaux tels que Co qui est fixée au niveau du mucilage et de la surface cellulaire, elle peut également se faire par un traitement par un agent chélatant, tel que FED TA à 0,1 mol/1 pendant 1 h à 3 jours, de préférence pendant environ 1 jour.

La récupération peut se faire pour les métaux tels que Co qui, après captage par les algues, sont séquestrés à l'intérieur des cellules, par traitement des algues en milieu acide, à un pH de 0,5, pendant 2 à 10 jours, mais sans garantie de la viabilité ultérieure des cellules.

Les métaux peuvent également être récupérés après destruction des algues. Cette destruction peut par exemple être effectuée par lyse des algues. Elle peut aussi être effectuée par incinération des algues.

Le procédé conforme à l'invention peut être mis en oeuvre dans tous les cas où Fou souhaite extraire des métaux, radioactifs ou non, et notamment ceux mentionnés ci- dessus, d'un milieu aqueux, à des fins d'exploitation minière, ou de dépollution d'effiuents aqueux contenant des métaux, notamment d'effiuents radioactifs.

Outre leur forte capacité à capter et concentrer spécifiquement les métaux mentionnés ci-dessus (Ag, Co, Cr, Zn, Ma, Sb, Cs, Ni, Fe, les actinides, ou les lanthanides, qu'ils soient radioactifs ou non), les algues du genre Coccomyxa, et notamment de l'espèce Coccomyxa actinabiotis, possèdent également des propriétés de captage non-spécifique d'autres métaux, notamment du fait de leur mucilage extra-cellulaire constitué de polysaccharides, qui ont la propriété de complexer les cations.

Le procédé conforme à l'invention est donc particulièrement approprié à la dépoîlution et à la décontamination de milieux aqueux ou de sois (tourbières, marais) contaminés par des métaux, radioactifs ou non, et plus particulièrement de milieux radioactifs, tels que l'eau des piscines de stockage ou encore l'eau légère des circuits de refroidissement secondaires de centrales ou de réacteurs nucléaires, ou les effluents de centrales nucléaires rejetés dans l'environnement.

La présente invention peut être mise en œuvre non seulement avec des algues vertes unicellulaires de l'espèce Coccomyxa actinabiotis, mais également avec un mélange de microorganismes comprenant des algues vertes unicellulaires de l'espèce Coccomyxa actinabiotis et au moins un microorganisme, notamment une bactérie, un champignon, une levure, une autre algue uniceliulaire, et/ou une plante multicellulaire, de préférence radiorésistant ou radiotolérant, capable de concentrer des ions métalliques en solution et/ou de capter et métaboliser des composés radioactifs autres que des métaux (par exemple 3 H ou 14 C). Les microorganismes et plantes multicellulaires utilisables en combinaison avec les algues vertes unicellulaires de l'espèce Coccomyxa actinabiotis sont notamment ceux et celles cités ci-dessus, en particulier ceux et celles étant radiorésistants ou radiotolérants. Dans le cas où la présente invention est appliquée à un milieu aqueux radioactif, le temps d'incubation du mélange de microorganismes dépendra de la résistance individuelle des microorganismes composant le mélange. De même, les conditions de culture pourront être adaptées afin de favoriser la croissance d'un ou plusieurs microorganismes constituant le mélange.

La présente invention sera mieux comprise à l'aide du complément de description qui va suivre, qui se réfère à des exemples illustrant l'isolement et la caractérisât! on de l'espèce Coccomyxa actinabiotis, ainsi que son utilisation pour déconiaminer un milieu aqueux radioactif. Les exemples sont illustrés à l'aide des figures suivantes :

- Les Figures 1A et 1B représentent des photographies de micro-algues selon l'invention observées en microscopie photonique (microscope Zeiss binoculaire Axioplan 2, grossissement 1000 et 3000 pour les Figures 1 A et 1B, respectivement). La Figure 1 B montre l'accolement de deux cellules flagellées.

- La Figure 2 montre la séquence des gènes de l'ADN ribosomal ARNrl 8S-I T S i -ARNr5.8S-LTS2-ARNr26S (500 premières bases) des micro-algues Coccomyxa actinabiotis.

~ La Figure 3 montre la comparaison des séquences correspondant à TARN de la petite sous-unité du ribosome (ARNr 18S) de la micro-algue CCAP 216/25, et des autres espèces de Coccomyxa répertoriées sur les bases de données (après avoir retiré les 2 inserts spécifiques de la séquence SEQ ID NO: 1), réalisée par alignement multiple des séquences au moyen du logiciel ClustalW2 2.0.12. - La Figure 4 montre le pourcentage de mortalité de Coccomyxa actinabiotis en fonction de la dose d'irradiation en gray (Gy).

- La Figure 5 illustre la fixation et concentration de métaux par Coccomyxa actinabiotis. Les facteurs de concentration, définis comme le rapport de la concentration du métal adsorbé ou absorbé dans les micro-algues (en atomes/g de matière fraîche) à la concentration du métal dans l'eau (atomes/mi), obtenus pour les métaux UOm Ag, 6 0 Co, 51 Cr, 65 Zn, 54 Mn et ] 24 Sb, sont représentés.

- Les Figures 6 à 8 montrent les cinétiques de fixation et d'incorporation de métaux, argent (Figures 6 et 7) et cobalt (Figure 8), par les micro-algues Coccomyxa actinabiotis, avec (Figure 7) ou sans (Figures 6 et 8) mucilage. Les quantités de métal ad- absorbé, en pourcentage, sont représentées en fonction du temps d'exposition (en heure). Figure 6 A: solution contenant 1 10 jLig/1 d'ions argent ; Figure 6 B : solution contenant 5,5 mg/1 d'ions argent. Figure 7 A : solution contenant 1 ,1 mg/1 d'ions argent ; Figure 7 B : solution contenant 55 mg/1 d'ions argent : Figure 8 A : 19 μ d'ions cobalt ; Figure 8 B : 0,94 mg/1 d'ions cobalt ; Figure 8 C : 4,8 mg/1 d'ions cobalt.

- La Figure 9 montre l'incorporation du 14 C par une culture de Coccomyxae actinabiotis. Le pourcentage de !4 C sous forme d'hydrogénocarbonate, dans le culot (triangles), qui contient les algues, et dans le surnageant de culture (losanges), est représenté en fonction du temps, en heures.

- La Figure 10 représente la concentration en argent 1 10m, exprimée en kBq/1, dans une piscine d'entreposage d'éléments radioactifs, en fonction du temps (en jours), en présence de Coccomyxae actinabiotis.

EXEMPLE 1 : ISOLEMENT ET CARACTÉRISATION DE COCCOMYXA

ACTINABIOTIS

La micro-algue a été récoltée dans une piscine de stockage de combustibles usés d'un réacteur nucléaire. L'eau contenue dans cette piscine a un pH 5,2 à 5,8, une conductivité de 1 à 1,5 μ8/αη, est en contact avec l'air ambiant et contient des éléments radioactifs dissous. Sa température varie entre 23 et 30°C et est en moyenne de 25°C. L'activité radiologique dans la piscine est très variable selon les points de mesure, faible à très forte. L'activité gamma peut atteindre plusieurs milliers de Gy/h au contact d'éléments combustibles usés.

La présence de films de matière organique verte a été observée sur les parois et diverses surfaces de cette piscine. Des prélèvements ont été effectués et leur observation au microscope a montré qu'il s'agissait d'une micro-algue verte uniceliulaire. Conditions de e tare

Les échantillons prélevés ont été stockés et mis en culture à la lumière, à un pH de 5 à 6,5, et une température de 23°C, dans des erlenmeyers stériles fermés par des bouchons poreux permettant les échanges gazeux. Les milieux suivants ont été testés :

- le milieu de culture BBM (Bold's Basai Médium, SIGMA) pur ou dilué dans de l'eau déminéralisée. Le milieu BBM est classiquement utilisé pour la culture d'algues vertes.

- le milieu de culture BGl l (Rippka et al., « The Prokaryotes », Vol. 1 : 212-220, 1979 ; SIGMA). Ce milieu est classiquement utilisé pour la culture de cyanobactéries.

~ de l'eau faiblement minéralisée (conductivité de 1 à 1,5 μ8/οηι), ou déminéralisée (conductivité de 0,05 μΗ,ΐηί).

La composition des milieux de culture BBM et BGl l est indiquée dans le Tableau I ci-après :

Tableau i

Dans les milieux BG1 1 et BBM, les micro-algues croissent avec une phase de croissance exponentielle similaire dans les deux milieux. Dans l'eau faiblement minéralisée, ou dans l'eau déminéralisée de conductivité de 0,05 aS cm. les micro-algues poussent avec une phase de croissance rapide à court terme, voisine de celle obtenue dans les milieux BG1 1 et BBM, mais dans l'eau déminéralisée de conductivité de 0,05 , uS' ' ern, leur santé se détériore au bout de 3 à 4 semaines, probablement du fait de l'épuisement des réserves.

Des algues ont été mises en culture sur un milieu de culture BBM solide gélosé. Des colonies circulaires ont ainsi été isolées, puis étalées individuellement sur milieu de culture gélosé. Cette opération a été répétée six fois afin d'obtenir une culture pure provenant d'une seule cellule.

Un échantillon de cette culture (dénommée ci-après micro-algue CCAP 2 i 6/25) a été déposé selon le traité de Budapest le 25 juin 2009 auprès de la Culture Collection of Algae and Protozoa (CCAP), Scottish Association for Marine Science, Dunstaffnage Marine Laboratory, GB-Oban, Argyll, PA37 IQA, UK, sous le numéro CCAP 216/25.

Cgggc jjs iques morphologiques et biochimiques

Les micro-algues isolées sont unicellulaires. Les cellules, observées en microscopie photonique et en microscopie confocale, sont nucléées et de forme ovale. Leur longueur moyenne est de 6,8 ± 0,9 μιη et leur largeur moyenne de 3,8 ± 0,6 μηι. Toutefois, selon leur stade de croissance, il est possible d'observer des longueurs moyennes plus grandes, jusqu'à 9-10 μηι, ou plus petites, de l'ordre de 5 μιη, notamment juste après division.

Elles renferment un chloropîasie (peut-être plusieurs) qui contient la chlorophylle et qui est le siège de la photosynthèse. Un granule protéique, le pyrénoïde, occupe une partie du chioroplaste. il intervient, entre autres, dans la synthèse de l'amidon. D'autres organites, notamment la vacuole, occupent le reste de la cellule.

Sous sa forme végétative, la cellule n'est pas douée de mobilité. Parfois, certains individus sont munis de deux flagelles locomoteurs, il s'agit soit de cellules sexuées ou gamètes, qui assurent la reproduction, soit de zoospores qui interviennent dans la multiplication pour permettre la dissémination de l'espèce. La formation de ces deux types de cellules est assurée par la division d'une cellule initiale ou cellule mère.

En culture sur milieu gélosé, les cellules restent groupées en amas discoïdes.

Quelques différences distinguent les cellules fraîchement prélevées dans Sa piscine d'entreposage de celles cultivées pendant 1 mois dans le milieu BBM. Les premières possèdent de gros granules de réserve, sont pour la plupart agglomérées entre elles, maintenues par un mucilage constitué de polysaccharides, et la mobilité de leurs cellules flagellées est réduite. Lorsque les algues cultivées dans le milieu BBM sont remises en conditions de stress radioactif et nutritif, elles reprennent la morphologie de celles isolées à partir de l'eau de la piscine d'entreposage.

Les secondes sont plus pigmentées (vert vif), généralement bien individualisées et leurs celluies flagellées sont très actives lorsque la culture est régulièrement agitée.

Les modifications cytologiques et comportementales de cette micro-aigue dans le milieu hostile à partir duquel elle a été isolée peuvent donc être perçues comme une adaptation aux conditions physico-chimiques particulières (présence de rayonnements ionisants, présence de métaux radioactifs induisant des stress oxydant et ionisant ; manque de sels minéraux, responsable d'un stress nutritif).

Les Figures 1A et 1B représentent des photographies de ces microalgues observées en microscopie photonique, un mois après l'introduction d'un échantillon provenant de la piscine du réacteur dans un milieu de culture BBM.

L'amidon, localisé dans le chloroplaste, peut être mis en évidence par une coloration au lugol (I 2 + IK = eau iodée). Une réponse positive à cette réaction (coloration brun jusqu'à bleu violacé) permet de classer cette micro-algue parmi les algues vertes (= Chlorophyta).

Le spectre d'absorption UV-visible de cet organisme montre la présence de chlorophylle a (pic d'absorption à 663 nm). chlorophylle b (pic d'absorption à 647 nm) et de carotène (pic d'absorption à 470 nm). il s'agit donc d'un taxon d'algues vertes, uniceliulaire, eucaryote et dulcaquicole. il appartient au règne des Protistes à affinité végétale, donc aux Protophytes. Il se situe dans l'embranchement des Chlorophytes ou Algues Vertes car il renferme comme pigments photosynthétiques les chlorophylles a et b et du carotène et ses réserves sont de l'amidon,

Am Hfiçadonjetjéq P agc d s gènes de F ADN ribosomai

L'ADN total de la micro-algue A isolée comme décrit ci-dessus a été extrait par la méthode de Newman et al. (Genetics, 126 : 875-888, 1990).

La région du génome couvrant les gènes de l'ADN ribosomai AR rl8S- ITSl -ARNr5.8S-ITS2-ARNr26S (500 premières bases) a été amplifiée par PCR et séquencée. Les amorces utilisées sont EAF3 ; TCGACÀA TCTGGTTG ATCCTGCCAG (SEQ ÏD NO: 2) et ITS055R : CTCCTTGGTC CGTGTTTCAAGACGGG

(SEQ ID NO: 3), classiquement utilisées pour amplifier les gènes des ARNr de micro-algues.

Les produits d'amplification obtenus en utilisant l'ADN isolé de deux cultures indépendantes sont de 4 kb (soit 1 kb de plus de ce qui est classiquement décrit pour les micro-algues). La séquence de ces produits d'amplification est représentée sur la Figure 2, ainsi que dans la liste des séquences en annexe sous le numéro SEQ ID NO: 1. Cette séquence contient 2 inserts d'environ 500 paires de bases qui sont indiquées en italique gras sur la Figure 2 et qui sont spécifiques à la micro-algue CCAP 216/25.

L'algorithme BLASTN (Altschul et al. Nucleic Aeids Research, 25 : 3389- 3402, 1997) a été utilisé pour rechercher, dans les bases de données, les séquences de gènes d'ARN ribosomal présentant le maximum d'identité avec la séquence SEQ ID NO: 1. Pour effectuer cette recherche, les deux séquences d'environ 500 paires de bases qui sont indiquées en italique gras sur la Figure 2 ont été retirées. Cette recherche a fait apparaître que les espèces caractérisées les plus proches de la micro-algue CCAP 216/25 appartiennent au genre Coccomyxa. La séquence SEQ ID NO: 1 contient toutefois 2 inserts spécifiques d'environ 500 paires de bases, qui ne se trouvent pas chez les algues du genre Coccomyxa caractérisées jusqu'à présent.

La comparaison des séquences correspondant à TARN de la petite sous- unité du ribosome (ARNr 18S) de la micro-algue CCAP 216/25, et des autres espèces de Coccomyxa répertoriées sur les bases de données (effectuée après avoir retiré les 2 inserts spécifiques de la séquence SEQ ID NO: 1) a été réalisée par alignement multiple des séquences au moyen du logiciel ClustalW2 2.0.12. L'alignement de séquences est présenté sur la Figure 3. Le Tableau I I ci-dessous présente les résultats de cette comparaison de séquences. Les séquences correspondant aux ARNr 18S, qui sont comparées deux à deux, sont indiquées dans les colonnes SEQ ID A et SEQ ID B, par référence à leur numéro dans le listage de séquences en annexe.

Tableau ίί

SEC ! D A Nom Lon -jueur (nt) SEQ ID ti Nom Longueur (nt) % d' identité

4 CCAP 216/25 2354 5 Coccomyxa peltigerae 1783 97

4 CCAP 216/25 2354 6 Coccomyxa chodatii 1783 98

4 CCAP 216/25 2354 7 Coccomyxa sp flensburg 1778 97

4 CCAP 216/25 2354 8 Coccomyxa glaronensis 1797 96

4 CCAP 216/25 2354 9 Coccomyxa sp CPCC 1797 96

4 CCAP 216/25 2354 10 Chiamyclomonas sp 1558 92

5 Coccomyxa peltigerae 1783 6 Coccomyxa chodatii 1783 99

5 Coccomyxa peltigerae 1783 7 Coccomyxa sp flensburg 1778 96

5 Coccomyxa peltigerae 1783 8 Coccomyxa glaronensis 1797 96

5 Coccomyxa peltigerae 1783 9 Coccomyxa sp CPCC 1797 96

5 Coccomyxa peltigerae 1783 10 Chlamydomonas sp 1558 92

6 Coccomyxa chodatii 1783 7 Coccomyxa sp flensburg 1778 96

6 Coccomyxa chodatii 1783 3 Coccomyxa glaronensis 1797 96

6 Coccomyxa chodatii 1783 9 Coccomyxa _sp_CPCC 1797 97

6 Coccomyxa chodatii 1783 10 Chlamydomonas sp 1558 92

7 Coccomyxa sp flensburg 1778 8 Coccomyxa glaronensis 1797 99

7 Coccomyxa sp flensburg 1778 9 Coccomyxa sp CPCC 1797 99

7 Coccomyxa sp flensburg 1773 10 Chlamydomonas sp 1558 91

8 Coccomyxa glaronensis 1797 9 Coccomyxa sp CPCC 1797 99

8 Coccomyxa glaronensis 1797 10 Chlamydomonas sp 1558 91

g Coccomyxa sp CPCC 1797 10 Chlamydomonas s 1558 91

Cette comparaison de séquences montre que les espèces les plus proches de la souche CCAP 216/25 sont Coccomyxa chodatii souche SAG 216-2 (SEQ ID NO: 6), Coccomyxa peltigerae souche SAG 216-5 (SEQ ID NO: 5), Coccomyxa sp. Flensburg fjord 2 (EU127471), Coccomyxa glaronensis souche CCALA 306 (AM167525) et Coccomyxa sp. souche CPCC 508 (AM981206) avec respectivement 98%, 97%, 97%, 96% et 96% d'identité de séquence. Ces forts scores d'identité obtenus pour la souche CCAP 216/25 par rapport au genre Coccomyxa sont voisins de ceux obtenus après comparaison des séquences des Coccomyxae entre elles et éloignés du score obtenu pour la comparaison de séquence avec une micro-algue unicellulaire appartenant à un autre genre {Chlamydomonas sp, CCMP681 (EF 106784) (cf. Figure 3). Cela indique l'appartenance de la souche CCAP 216/25 au genre Coccomyxa.

Par ailleurs, la comparaison des séquences de la région des ITS de la souche CCAP 216/25 avec celles des autres Coccomyxae a également été réalisée. Le Tableau III ci- dessous présente les résultats de cette comparaison de séquences. Les séquences des régions ÏTSl-ARNr5.8S-ÎTS2 qui sont comparées deux à deux sont indiquées dans les colonnes I et II. Les séquences des souches Coccomyxa actinabiotis (CCAP 216/25), Coccomyxa chodatii SAG 216-2 et Coccomyxa peltigerae SAG 216-5 sont indiquées par référence à leur numéro dans le listage de séquences en annexe, à savoir respectivement SEQ ID NO 11, 12 et 13. Pour les souches suivantes, dont les séquences des régions ITSl-ARNr5.8S-ITS2 sont accessibles sur la base de données GenBank, les numéros d'accès correspondants sont également indiqués dans le Tableau III : - AY293964: Coccomyxa peltigerae var. variolosae

- AY293965: Coccomyxa solarinae var. croceae

- AY293966: Coccomyxa solarinae var. bisporae

- AY293967: Coccomyxa solarinae var. saccatae

- AY293968: Coccomyxa chodatii

- AY328522: Coccomyxa peltigerae strain SÀG 216-5

- AY328523: Coccomyxa subellipsoidea strain SAG 216-13

- AY328524: Coccomyxa rayssiae strain SAG 216-8

- U66945 : Chlamydomonas callosa

- U66956 : Dunaliella tertiolecta

- AF376740: Pandorina morum

Tableau iii

I Longueur (nt) II Longueur (nt) % d' identité

[ SEQ ID 11 761 SEQ ID 12 617 81

SEQ ID 11 761 SEQ ID 13 708 79 f

SEQ ID 11 761 AY293964 610 78

SEQ ID 11 761 AY293965 650 73

Γ SEQ ID 11 761 AY293966 651 73

SEQ ID 11 761 AY293967 651 73 [

SEQ ID 11 761 AY293968 619 76

SEQ ID 11 761 AY328522 725 73

SEQ ID 11 761 AY328523 702 75

SEQ ID 11 761 AY328524 696 76

SEQ ID 11 761 U66945 625 43

SSQ ID 11 761 D66956 598 45

SEQ ID 11 761 AF3767 0 626 27

SEQ ID 12 617 SEQ ID 12 708 87 [

SEQ ID 12 617 AY293964 610 83

SEQ ID 12 617 AY293965 650 82

1 SEQ ID 12 617 AY293966 651 83

1 SEQ ID 12 617 AY293967 651 83

f SEQ ID 12 617 AY293968 619 92

f SEQ ID 12 617 AY328522 725 84 " [

SEQ ID 12 617 AY328523 702 80

SEQ ID 12 617 AY328524 696 94

SEQ ID 12 617 U66945 625 38

SEQ ID 12 617 U66956 598 31

SEQ ID 12 617 AF376740 626 26

SEQ ID 13 708 AY293964 610 97

] ~ SEQ ÎD 13 708 AY293965 650 99

SEQ ID 13 708 AY293966 651 99

SEQ ID 13 708 AY293967 651 99

SEQ ID 13 708 AY293968 619 88

SEQ ID 13 708 AY328522 725 94

SEQ ID 13 708 AY328523 702 80

j SEQ ID 13 708 AY32852 696 86

SEQ ID 13 708 U66945 625 37 y

SEQ ID 13 708 U66956 598 51

SEQ ID 13 708 AF376740 626 34

AY293964 610 AY293965 650 97 f

AY293964 610 AY293966 651 97

AY293964 610 AY293967 651 97

AY293964 610 AY293968 619 83

AY293964 610 AY328522 725 96 j

AY293964 610 AY328523 702 78

AY293964 610 AY328524 696 85

AY293964 610 U66945 625 41

AY293964 610 U66956 598 50

AY293964 610 AF376740 626 48

AY293965 650 AY293966 651 99

AY293965 650 AY293967 651 99

AY293965 650 AY293968 619 88

AY293965 650 AY328522 725 98 " TabSeay i!S (suite)

Cette comparaison de séquences montre une identité de 73% à 81% de la séquence de la souche CCAP 216/25 par rapport aux autres souches Coccomyxae référencées, du même ordre que les scores obtenus pour la comparaison de la région des ITS des Coccomyxae référencées entre eux (78% à 99%), et très éloigné de celui obtenu pour la comparaison avec d'autres genres (de l'ordre de 30 à 50%).

D'autre part, il s'avère que la séquence correspondant à î'ARNr 18S de la souche CCAP 216/25 est différente de celle de toutes les Coccomyxae référencées jusqu'à présent, notamment en ce qu'elle possède deux insertions d'environ 500 paires de bases.

Ces deux derniers points indiquent qu'il s'agit d'une espèce de Coccomyxa différente de toutes celles référencées à ce jour.

Ces résultats indiquent donc que la micro-algue isolée appartient au genre Coccomyxa, mais que son ADN diffère suffisamment de celui des autres espèces de Coccomyxae répertoriées dans les banques de données, notamment par ses deux insertions dans l'ADN ARNr 18S et des ITS1 et ITS2 pour que l'on considère qu'il s'agit d'une nouvelle espèce, qui sera dénommée ici Coccomyxa actinabiotis .

Résistance aax stress abiotigiaes

Coccomyxa actinahiotis est résistante à la dessiccation, au froid, à l'obscurité pendant 48 h.

Elle est également résistante à l'eau lourde pure pendant 48 h (la respiration et la photosynthèse d'algues exposées pendant 24 h et 48 h à D 2 0 50%, 80% et 100%, à l'obscurité, et leur récupération après 24 h dans un milieu normal ainsi que la respiration et la photosynthèse d'algues exposées pendant 24 h à la lumière dans 50% Ï ) montre que l'eau lourde n'a pas dans ces conditions d'effet sur ces paramètres physiologiques).

Cette résistance à l'eau lourde permet de proposer l'utilisation de Coccomyxa actinahiotis (et de manière plus générale d'algues du genre Coccomyxa) pour la synthèse de composés deutérés.

Coccomyxa actinabiotis est également résistante à l'acétone, à l'alcool, aux acides, aux ultrasons.

La résistance aux rayonnements ionisants des algues a été testée en les exposant à différentes doses de rayonnements gamma issus d'éléments de combustible usés en cours de décroissance. La mortalité après irradiation a été déterminée par colorant vital (rouge neutre). Coccomyxa actinabiotis est résistante à long terme (plus d'une dizaine d'années) à une irradiation modérée (150 jiGy/h).

Elle résiste à. une exposition de plusieurs jours à un débit de dose de 300 Gy/h et pendant quelques heures à un débit de dose de 3000 Gy/h.

Elle résiste également à une exposition pendant 20 h à un débit de dose de

1 kGy/h.

La Figure 4 montre le pourcentage de mortalité de Coccomyxa actinabiotis en fonction de la dose d'irradiation. La dose de rayonnements ionisants qui provoque la mort de la moitié de la population est de plus de 10 kGy (45% de mortalité à 10 kGy).

Coccomyxa actinabiotis résiste également remarquablement à une exposition à 20 kGy (80% ± 5% de mortalité, soit 20% ± 5% de survivantes). Dans le cas de cette forte irradiation à 20 kGy, elle recolonise le milieu en quelques semaines. En 4 semaines, la culture a récupéré le tiers de son activité photo synthétique initiale avant irradiation, et elle récupère en 15 jours une densité de population égale à celle d'échantillons non irradiés ou faiblement irradiés.

EXEMPLE 2 : CONCENTRATION DE MÉTAUX RADIOACTIFS PAR COCCOMYXA ACTINABIOTIS

Fixation et concentration des métaux

Les micro-algues fraîchement prélevées dans la piscine d'entreposage (environ 10 milligrammes de masse fraîche) ont été mises en présence, sous éclaireraient (200 lux), pendant 1 an, d'eau déminéralisée, renouvelée régulièrement, de pH 5,5, de conductivité 1 ,2 μβ/αη, contenant par exemple 400 Bq/1 de 60 Co, 1 100 Bq/1 de i l0m Ag, 1700 Bq/1 de 124 Sb, 5000 Bq/1 de 5 ! Cr, 400 Bq/1 de 65 Zn, 300 Bq/1 de 54 Mn. L'eau est radioactive essentiellement du fait de la présence de tritium (environ 300000 Bq/1) et de 34 C (environ 20000 Bq/1). Cette composition est similaire à celle de l'eau des piscines d'entreposage de combustibles usés. Les algues se sont multipliées lentement pendant cette mise en contact.

Les concentrations des radionucléides ont été mesurées à l'équilibre dans les eaux et dans les algues par spectrométrie γ.

Les facteurs de concentration de chaque métal ( i l0m Ag, 60 Co, Cr, " ' Zn, 54 Mn et m Sb), définis comme le rapport de la concentration du métal adsorbé ou absorbé dans les micro-algues (en atomes/g de matière fraîche) à la concentration du métal dans l'eau (atomes/ml), ont ainsi été obtenus. Les résultats sont illustrés par la Figure 5.

Ces résultats montrent que les micro-algues concentrent très fortement l'argent et le cobalt (facteur de concentration = 450000 et 40000, respectivement), ainsi que le chrome dans une moindre mesure (facteur de concentration = 6000), Les éléments les moins concentrés ont aussi un facteur de concentration significatif (facteur de concentration = 6000, 3000, 1200 et 200 pour le chrome, le zinc, le manganèse et l ' antimoine, respectivement).

Une autre expérience a été réalisée en mettant en présence 250 rng de masse fraîche de micro-algues provenant de cultures en milieu BBM avec 100 ml d'eau déminéralisée de composition similaire à celle de F eau des piscines d'entreposage de combustibles usés à savoir pH 5,5, conductivité 1,2 μ8/αη, contenant 280 Bq/1 de 60 Co, 530 Bq/1 de 5S Co, 66 Bq/1 de i !0m Ag, 1460 Bq/1 de !24 Sb, 1 180 Bq/1 de 51 Cr, 120 Bq/1 de 6 ¾n, Bq/1 de 54 Mn ainsi que du tritium (260000 Bq/1) et du l4 C (10000 Bq/1). Après une journée de culture, le pourcentage de chaque isotope fixé est de 100%, 100%, 94%», 94%, 90%, 48% et 30% pour 110m Ag, 65 Zn, 60 Co, 5 Co, 54 Mn, 5i Cr et ¾24 Sb, respectivement.

Extraction des métaux à partir des micro-algues

Des expériences de solubilisation des métaux fixés par les algues ont été effectuées, en incubant ces algues (70 mg de masse fraîche) dans 5 ml d'eau déminéralisée, ou d'eau déminéralisée additionnée d'HCl à différentes concentrations. En milieu neutre, les métaux ne sont pas extraits.

Les cations les plus retenus sont 60 Co, i08m Ag et i l0m Ag. ils restent fixés à la cellule pour des faibles concentrations en HCl (pH 4,5 à 2,5). Ils commencent à être libérés de façon exponentielle en dessous d'un pH seuil de 2,5, Co étant le plus solidement fixé puisqu'il est au maximum extrait à 35 % au bout de 6 jours d'exposition à pH 0,5, alors que Ag l'est à 90 % dans les mêmes conditions. A pH 1 ,5, 10% de Ag et 2% de Co sont extraits après 6 jours d'exposition. Pour 51 Cr, il n'y a pas de pH seuil, il est extrait dès pH = 4,5 de façon linéaire jusqu'à un maximum de 25 % à pH = 0,5 après 6 jours d'exposition.

D'autres expériences ont été effectuées en présence d'une solution 0,1 M d'EDTA de pH 4,5. Dans ces conditions, 35% du Cr contenu dans les algues, mais seulement 1% du 60 Co et moins de 0,5% de ! 0Sm Ag et UOm Ag, sont extraits après 2 jours d'exposition.

Ces expériences montrent que le Cr reste majoritairement en surface, tandis que le Co est probablement majoritairement séquestré à l'intérieur des cellules et Ag se répartit entre la surface et l'intérieur des cellules. EXEMPLE 3 : CINÉTIQUE DE FIXATION DES MÉTAUX, RÉSISTANCE À LEUR TOXICITÉ ET QUANTITES FIXEES

Cinétiques de fixation et ePisicorporation de Ag et Co

Les cinétiques de fixation des métaux par les micro-algues Coccomyxa actinabiotis, ainsi que les quantités ad-absorbées, ont été déterminées, dans le cas d'un cation monovalent, Ag + , et d'un cation di alent, Co 2+ ,

Argent

Deux séries d'expériences ont été menées : l'une avec des algues présentant une gangue de mucilage dont l'épaisseur, évaluée par microscopie optique, est de l'ordre de i μιη ou plus (« algues avec mucilage »), l'autre avec des algues cultivées en milieu BBM et ne présentant pas ou peu de mucilage (« algues sans mucilage »).

Dans des erlenmeyers on introduit 20 mg d'algues (masse fraîche compactée) et 90 mi de solution d'Ag + à différentes concentrations, Les 20 mg d'algues sont préparés comme suit : prélèvement dans un ballon de culture, centrifugation 20 minutes à 3000 rpm, lavage deux fois dans de l'eau déminéralisée (mise en suspension, centrifugation). Le milieu de culture est ainsi éliminé et ne risque pas de complexer l'argent.

Les algues sans mucilage sont mises en contact avec des solutions contenant 0,1 1 mg/L et 5,5 mg/L d'Ag + .

Les algues avec mucilage sont mises en contact avec des solutions contenant 22 g/L, 1,1 mg/L et 55 mg/L d'Ag + .

Les erlenmeyers sont placés sur des agitateurs éclairés et des prélèvements de 5 ml sont effectués pour différents temps d'exposition afin de suivre les cinétiques de fixation pour chacune des concentrations initiales en argent. Les prélèvements sont centrifugés 10 minutes à 4500 rpm pour séparer les algues qui ont concentré le métal. La teneur en métal est ensuite analysée dans le culot (algues) et dans le surnageant.

Les résultats sont illustrés par la Figure 6 pour les algues sans mucilage, et par la Figure 7 pour les algues avec mucilage.

On observe, pour les algues avec ou sans mucilage, une cinétique d'absorption de l'argent très rapide dans les premières heures, suivie d'un plateau.

Au plateau, les algues sans mucilage fixent la totalité de l'argent si sa concentration initiale est de 0,1 1 mg/l et en fixent 75% si sa concentration initiale est de 5,5 mg/l. Les algues avec mucilage fixent la totalité de l'argent si sa concentration initiale est de 1,1 mg/1 et en fixent 20% si sa concentration initiale est de 55 mg L

L'accumulation rapide de l'argent au niveau des algues peut s'expliquer par deux phénomènes. D'une part par une chélation à l 'extérieur des micro-algues par le mucilage abondant, constitué de polymères de sucres et dérivés, qui a ia propriété de chéiater les cations. D'autre part par une incorporation active et/ou passive de l'argent à l'intérieur des algues par des canaux ou des transporteurs. Les nombreux canaux ioniques transmembranaires par exemple assurent un transport passif non sélectif des ions Na + , ou d'éventuels métaux monovalents tels Ag + vers le cytoplasme, d'autant plus facilement que le gradient de concentration est élevé.

Ainsi la concentration de l'argent par Coccomyxa correspond à une adsorption sur le mucilage et les composés pariétaux à laquelle s'ajoute une absorption intracellulaire via des canaux ioniques transmembranaires et des transporteurs actifs.

Cobalt

Des expériences ont été effectuées avec des algues ne présentant pas ou peu de mucilage, selon le même protocole que celui décrit ci-dessus pour l'argent. Les algues ont été exposées à des concentrations initiales de cobalt de 19 μ /ί, 0,94 mg, L et 4,8 m g/1..

Les résultats sont représentés sur la Figure 8 (A-C).

Une adsorption, éventuellement couplée à une absorption, initiale rapide est observée. Elle est cependant moins marquée pour le cobalt que pour l'argent. Puis l'absorption se poursuit progressivement sur plusieurs jours. La concentration de cobalt intracellulaire ne plafonne pas mais continue d'augmenter plus d'une semaine après le début de l'exposition.

Le mécanisme d'absorption du cobalt apparaît donc différent de celui de l'argent. Les ions Co 2+ divalents ne peuvent en effet emprunter les mêmes canaux ioniques que les ions Ag en raison de leur rayon ionique plus important. Il est vraisemblable que des co-transporteurs, chargés de l'absorption de métaux divalents indispensables à la croissance cellulaire (Le Mg , ...) ou des transporteurs actifs, tels les pompes ATP-dépendantes ABC connues comme transporteurs transmembranaire du cadmium Cd ou des ATPases à Zn " , assurent l'absorption du cobalt. Ce transport actif expliquerait une absorption modérée mais durable.

^9.Ρ.^.^ Γ.?.ίΙΡ. -.?Ρ ¾χ ™ ^ 8 de métsmx tolérées

Les doses limites supportées par Coccomyxa aelinabiotis ont été recherchées par exposition des algues à l'argent ou au cobalt durant une semaine (20 mg de micro-algues (masse fraîche) dans 100 ml d'eau désionisée contenant les ions Ag ou Co à différentes concentrations).

Les algues sans mucilage sont moins résistantes à la toxicité métallique de l'argent que les algues avec mucilage. Le mucilage pourrait éviter un afflux rapide et intense de métal dans le cytoplasme au début de l'exposition. En constituant une barrière fixatrice des ions, il limite la diffusion vers les canaux transmembranaires et l'importation rapide et massive de métaux toxiques. Ces métaux seraient alors absorbés de manière modérée et progressive et pourraient être stockés sous des formes non agressives pour la cellule. Des Coccomyxae actinabiotis sans mucilage ne survivent pas à des concentrations d'argent supérieures à 250 .ug/L alors que les Coccomyxae actinabiotis avec muciiage supportent des concentrations extracellulaires d'argent d'au moins 50 mg/L.

Le seuil d'intolérance au cobalt est supérieur à des concentrations de Co ' de 50 mg/1 et 800 mg/1 pour Coccomyxa actinabiotis sans mucilage et avec mucilage, respectivement. Aucun effet notable n'a été constaté sur les micro-algues cultivées pendant une semaine dans ces conditions.

Coîsceatratioas maximales de métaux fixées

Les algues peuvent fixer des quantités d'Ag et de Co beaucoup plus importantes que ce qui pourrait être attendu par une fixation passive, en particulier du fait de leur synthèse de mucilage abondant et de mécanismes actifs d'incorporation et de détoxifîcation.

De manière générale, les métaux sont toxiques pour les organismes.

L'argent est généralement toxique pour les organismes à ΚΓ - mol/1 (Ratte HT, Environ. Toxicol. Chem. 18 : 89-108, 1999).

Des organismes radiorésistants comme Deinococcus radiodiirans ne se développent pas en présence de cobalt à 10 "4 mol/1 (John et al., 2000, ci-dessus). Or la microalgue Coccomyxa actinabiotis croît en présence de 10 "4 mol/1 de cobalt.

Des algues Coccomyxa actinabiotis mises en contact dans un milieu de culture BBM dilué 10 fois avec un équivalent de 6,7.10 "4 mole d'argent par gramme d'algue fixent jusqu'à 43,7 mg d'argent par gramme de masse fraîche soit environ 450 mg/g de masse sèche.

Cette quantité d'argent fixée est très supérieure à celles rapportées dans la littérature. La littérature rapporte des concentrations d'argent dans les plantes terrestres comprises entre 0,01 et 150 μg d'argent/g de masse sèche, soit environ 0,001 à 15 μg d'argent/g de masse fraîche, et des concentrations d'argent dans les algues comprises entre 3 g/g et 7 mg/g de masse sèche, soit environ 0,3 μg à 0,7 mg d'argent/g de masse fraîche. La quantité d'argent fixée par Coccomyxa actinabiotis est même plus importante que la quantité d'argent accum.ula.ble par des bactéries qui présentent une tolérance à l'argent extrêmement élevée : des bactéries hyperaccumulatrices d'argent accumulent jusqu'à 300 mg d'argent/g de masse sèche (Ratte, 1999, ci-dessus ; Charley et al, Areh. Microbiol. 123 : 239-244, 1979). D'autre part, les organismes les plus accumulateurs d'argent ne sont pas radiorésistants.

Des algues Coccomyxa actinabiotis mises en contact pendant 45 jours avec un équivalent de 3,8.10 "4 mole de cobalt par gramme d'algue dans un milieu nutritif BBM dilué 10 fois fixent 12,1 mg de métal par gramme de biomasse fraîche. En 6 jours, des algues mises en contact avec un équivalent de Ι ,Ο. ΙΟ "3 mole de cobalt par gramme d'algue dans un milieu nutritif BBM dilué 10 fois fixent 1 ,53 mg de métal par gramme de biomasse fraîche. Ces valeurs sont largement supérieures à celles rapportées dans la littérature, La concentration moyenne de cobalt dans les plantes varie entre 0,1 et 1 15 μg/g de masse sèche, soit environ 0,01 à 11 il g t. ' . de masse fraîche, et des plantes hyperaccumulatrices de cobalt en fixent jusqu'à 4,3 mg/g de masse sèche (Bresson ci al.. Toxicologie nucléaire, environnementale et humaine, Lavoisier éd., 2009, Editions TEC et DOC. Chap. 29 Cobalt, p. 553-573), soit environ 0,4 mg/g de masse fraîche. Les organismes les plus accumulateurs de cobalt cités dans la littérature ne sont pas radiorésistants.

EXEMPLE 4 : FIXATION DU CARBONE 14

Le carbone 14 constitue, avec le tritîum, le principal polluant radioactif rejeté par les installations nucléaires dans l'environnement (8 à 25 GBq de !4 C/an dans les rejets liquides des installations EDF). Les rejets en 14 C ne sont réglementés que depuis 2008. Pour le moment, il n'existe pas de traitement spécifique du 14 C. La réglementation en matière de !4 C dans les rejets radioactifs liquides varie d'une installation à l'autre. Le seuil est fixé à 150-400 GBq pour une centrale EDF (arrêté 2008). Le 14 C est rejeté dans les effluents liquides essentiellement sous forme de i4 C0 2 , carbonate { ' 'ί ' ϋ ' ou i i l CÛ; ' î4 CO et un faible pourcentage sous forme organique non identifiée. Comme tous les végétaux, la micro- algue verte Coccomyxa est capable d'incorporer du carbone sous forme de 0 2 via la photosynthèse. La discrimination isotopique du 14 C par rapport au 12 C est négligeable dans les processus biologiques. Mais contrairement à ce qui pourrait en être déduit, la fixation du C par la micro-algue Coccomyxa actinabiotis n'a rien d'évident. Par exemple, l'algue ne fixe pas le i4 C à pH 8 mais le fixe à pH 7.

D'autre part, la fixation du 14 C via des processus biologiques tels que la photosynthèse ne peut être réalisée qu'avec de la biomasse photosynthétique et vivante. L'impact du C sur la physiologie des micro-algues et les paramètres permettant de réaliser et d'optimiser son accumulation par ces micro-organismes ont été déterminés.

Le i C est. dosé dans les algues et dans les eaux par scintillation liquide. Les micro-algues sont mises en contact avec du !4 C sous forme de carbonate CO en équilibre acido-basique avec HCO 3 " et C0 2 (pKa de 6,4 et î 0,3) ainsi que sous forme d'acétate. im act dm 14 C sur la physiologie des micro-algues

L'impact de la présence de 14 C sur la physiologie des algues a été évalué en suivant la croissance des cellules. La présence de 14 C seul, jusqu'à 20000 Bq/1, n'a pas d'impact sur la croissance, comparée à celle d'une culture non exposée au C.

Des cellules mises en culture dans une eau de piscine d'entreposage de combustibles nucléaires usés, contenant des émetteurs gamma et enrichie avec 300000 Bq/1 de l4 C, ont également vu leur population croître pendant 8 jours.

Paramètres influençant l'incorporation du C par les algies

Forme chimique du l C

Les algues incorporent la forme minérale gaz carbonique en équilibre avec l'hydrogénocarbonate tout comme la forme organique acétate. Le C0 2 est incorporé dans les cellules via la photosynthèse (6 C0 2 + 12 H 2 0 + hv→ CelînO + 6 0 2 + H 2 0). L'acétate est utilisé par le métabolisme sous forme d'acétylcoenzymeA et notamment dans le cycle énergétique principal de la cellule (cycle de rehs). pH

L'influence du pH sur l'incorporation du i4 C sous forme d'hydrogénocarbonate a été étudiée dans la gamme 6,9 à 8,5, Le pH optimum est de 6,9 et permet l'incorporation de 80 à 90% du 1 C présent dans le milieu lorsque les récipients dans lesquels s'effectue la mise en contact sont fermés hermétiquement. A ce ni i. 25% du 14 C est sous forme de C0 2 dissous. Il est nécessaire de fermer les récipients pour éviter le dégazage rapide du 14 C0 2 en équilibre avec H 14 C0 3 " .

La quantité de !4 C incorporée par les algues est faible à pH 7,5 (quelques %) et nulle à pH 8,5.

Conditions initiales de culture des micro-algues

L'état physiologique des cellules au moment de la mise en contact avec le 14 C a une influence sur la vitesse d'incorporation du 14 C. Les micro-algues incorporent beaucoup plus rapidement le 14 C lorsqu'elles ont été préalablement cultivées dans un milieu plus riche en nutriments (milieu BBM dilué deux fois préférable à un milieu BBM dilué dix fois). Ainsi, le temps optimal de mise en contact des algues avec un milieu contenant 20000 Bq/Î de 14 C est de 50 h si la culture est issue d'un milieu BBM dilué dix fois tandis qu'il est réduit à 3 h si la culture est issue d'un milieu BBM dilué deux fois.

Densité des algues

La quantité de 14 C ncorporée en une durée donnée augmente avec la densité des algues dans la. gamme 5.10° à 15.10 6 cellules/ml. A titre d'exemple, il faut 50 h à une population algale de densité cellulaire initiale 5.10 6 cellules/ml pour incorporer 70 % de la quantité de Î4 C présente dans le milieu (20000 Bq/1) alors qu'il suffit de 7,5 h à une population algale de densité cellulaire initiale 15.10 6 cellules/ml pour en incorporer 90 %. intensité de Véclairement

Les expériences d'incorporation du 14 C ont été réalisées sous faible éclairement (50 à 70 μηιοΐ de photons/m 2 /s). Or l'activité photosynthétique augmente avec l'éclairement jusqu'à atteindre un maximum à partir de 500 μηιοΐ de photons/m 2 /s. La mesure de l'activité photosynthétique maximale des algues, réalisée avec un éclairement de plus de 500 mnol de photons/m 2 /s, montre que les algues sont capables de consommer beaucoup plus de 12 C02 sous plus fort éclairement (au moins 30 fois plus qu'aux intensités lumineuses auxquelles ont été faites les expériences d'incorporation du 1 ' '( ' ).

Concentration en 14 C

Quelle que soit la concentration initiale du 14 C dans la gamme 2000 à 20000 Bq/1 (qui correspond aux concentrations présentes dans les eaux des piscines de certaines installations nucléaires), à pH 6,9, les algues incorporent rapidement et fortement le 14 C. La vitesse maximale d'incorporation du !4 C par une population d'algues issue d'une culture en milieu BBM dilué deux fois est de 20 Bq/h/10 6 cellules pour une concentration de 14 C de 6000 Bq/1 et de 60 Bq/h/10 6 cellules pour une concentration de 14 C de 20000 Bq/1. Les quantités incorporées sont de l'ordre de 80-90%.

L'incorporation du 1 '( ' sous forme d'hydrogénocarbonate, à pH 6,9, par une culture de Coccomyxae actinabiotis issue d'un milieu BBM dilué deux fois, à la concentration initiale de 5.10 6 cellules/ml, éclairée par 70 μηιοΐ de photons/m 2 /s, a été mesurée. La concentration en 14 C est de 6000 Bq/1. Après centrifugation de prélèvements aux différents temps, la teneur en 14 C est analysée dans le culot (algues) et dans le surnageant. Les résultats sont illustrés par la Figure 9.

Conditions optimales de fonctionnement powr l'épuration du Ï C

• pH 6,9

« cellules initialement cultivées dans un milieu riche en nutriments (BBM dilué deux fois) » densité cellulaire de 15.10 6 cellules/ml

■y

® éclairage intense (500 μηιοΐ de photons/m /s) ® durée de mise en contact : quelques heures

® 90% de decontamination

Coccomyxae acîinabiotis peut donc être utilisée pour décontaminer le carbone 14 contenu dans des eaux issues d'installations nucléaires : 90% de décontamination en 3 à 7 heures, dans des conditions optimisées.

EXEMPLE 5 : FIXATION DE L'URANIUM

Les algues selon l'invention peuvent aussi être utilisées pour capter l'uranium et les transuraniens.

Des micro-algues Coccomyxae acîinabiotis récoltées à partir d'un ballon de culture et lavées trois fois avec de l'eau Milli-Q pour éliminer le milieu de culture ont été mises en contact, sous agitation et à une concentration équivalente à 60 mg d'algue en masse fraîche/100 ml de solution, avec une solution de nitrate d'uranyle de concentration 10 " mol/1. En 26 h, les algues fixent 45%) de la quantité d'uranium initialement présente en solution. Dans ces conditions, le facteur de bioconcentration de l'uranium par les algues Coccomyxae acîinabiotis est de 1300 1/kg de masse fraîche, soit environ 13000 1/kg de masse sèche. Les facteurs de bioconcentration rapportés dans la littérature sont de l'ordre de 120-140 1/kg pour des algues d'eau douce ou marines (Paquet et al , Toxicologie nucléaire, environnementale et humaine, Lavoisier ed, 2009, Editions TEC et DOC. Chap. 23 Uranium, p. 41 1-443).

EXEMPLE 6 : DECONTAMINATION D'UNE EAU DE PISCINE D'ENTREPOSAGE AU MOYEN DE COCCOMYXAE A CTINABIO TIS PAR ACTION ÏN SITU

Les micro-algues Coccomyxae actinabiotis ont été placées sur des supports horizontaux dans une piscine de refroidissement d'éléments combustibles d'une installation nucléaire. Cette piscine est remplie d'eau de pH moyen 5,5, de conductivité moyenne 1,2 uS.- ' en::. de température moyenne 25°C, et contient des éléments métalliques radioactifs du fait des pièces qui y sont entreposées. La piscine est en contact avec l'air ambiant et est illuminée par des néons. L'intensité lumineuse à la surface de l'eau est de 200 lux. Selon les pièces entreposées dans la piscine, le débit de dose au niveau des algues varie d'une centaine de μθγ/ΐι à quelques dizaines de Gy/h. Dans ces conditions, Coccomyxae actinabiotis est capable de coloniser les supports sur lesquels elle est placée, et peut y vivre et s'y reproduire pendant des années. De manière ponctuelle, le débit de dose peut atteindre quelques centaines de Gy/h. En effectuant des comptages par spectrométrie y sur des échantillons de 50 ml d'eau et de 100 mg d'algues prélevées à partir des supports, l'activité totale ainsi que la nature et l'activité de chaque émetteur γ présent ont été déterminées. Les résultats obtenus après un temps de séjour de 5 ans sont illustrés par le Tableau IV ci-dessous.

Tableau SV:

Ces résultats montrent que les algues sont environ 10000 fois plus actives que l'eau dans laquelle elles vivent : les radioéléments se trouvent effectivement concentrés à l'extérieur et à l'intérieur des micro-algues.

L'argent en particulier a quasiment disparu de l'eau. Le cobalt et le chrome ont été très fortement concentrés.

EXEMPLE 7 t DÉCONTAMINATION D'UNE EAU DE PISCINE D'ENTREPOSAGE AU MOYEN DE COCCOMYXAE ACTINABIOTIS PAR ACTION IN SITU ET COMPARAISON AUX MÉTHODES CLASSIQUES

Une expérience de décontamination d'une eau de piscine d'entreposage d'éléments radioactifs, de volume total 361 m 3 , a été réalisée in situ en utilisant la microalgue Coccomyxa actinahiotîs en suspension dans la piscine à dépolluer. A t = 14 jours, deux barres de sécurité issue d'un réacteur ont été introduites dans la piscine. Ces barres reiarguent de l'argent 1 10m. L'eau est habituellement épurée par des résines échangeuses d'ions qui fixent les radionucléides. A t = 30 j, l'épuration par les résines a été stoppée. De t = 35 j à t = 56 j, l'eau a été épurée par captation des radionucléides par les algues en suspension dans la piscine. Ces algues, ainsi que l'activité radiologique collectée, viennent se fixer sur des filtres micro-pores (diamètre 50 mm, hauteur 60 mm) installés dans un robot de piscine mobile en surface. Les filtres, très actifs, sont changés tous les 2 jours.

La Figure 10 présente la concentration en argent 1 10m dans cette piscine en fonction du temps, exprimé en nombre de jours. La décroissance de la concentration en 110m Ag observée entre 35 et 56 j est due à sa captation par les algues présentes dans la piscine et qui se fixent sur les filtres.

A partir de ί = 60 j, les résines échangeuses d'ions ont été remises en fonctionnement. La Figure 10 montre une épuration des radioéléments avec une efficacité voisine qu'elle soit réalisée par les micro-algues ou par les résines échangeuses d'ions. Au total, durant cette expérience, 740 MBq d'émetteurs γ (dont 470 pour i l0m Ag, 180 pour 124 Sb et 90 pour 60 Co) ont été évacués de la piscine par les algues en 21 jours.

Une eau provenant d'une piscine de stockage d'éléments nucléaires usés a été mise en contact avec des Coccomyxae actinabiotis (50 ml d'eau en contact avec 9.10 cellules soit 140 mg d'algues en masse fraîche provenant de culture et préalablement rincées 3 fois avec de l'eau milli-Q). L'eau contient initialement les radionucléides listés dans le Tableau V ci-dessous.

Le dosage de l'eau et des algues 24 h après la mise en contact montre une élimination de 92% de l'activité γ de l'eau en 24h.

Le Tableau V ci-dessous indique la composition initiale de l'eau, selon l'activité γ mesurée, totale et par radionucîéide, et le pourcentage de radionucléides émetteurs γ fixés par les algues en 24 h.

Tableau V :

La fixation est donc de 100% pour l'argent 110m, le manganèse 54 et le césium 137, de 72 % pour le cobalt 60, et de 95 % pour l'uranium 238.

EXEMPLE 9 : MAITRISE DE LA PROLIFERATION DES MICRO-ALGUES

Les micro-algues sont photosynthétiques. Elles ont besoin de lumière pour réaliser la photosynthèse et fabriquer leur matière organique. Dans le milieu très pauvre en nutriments qui correspond aux divers milieux et effluents des centrales nucléaires, leur croissance peut donc être maîtrisée par illumination. Pour qu'elles se développent à un endroit donné, il suffit de les éclairer. Dans la piscine où elles ont été découvertes, elles prolifèrent de préférence au voisinage des sources de lumière. Lorsqu'elles sont placées à l'obscurité pendant une durée de 2 jours à 1 mois, leur croissance cesse. Leur croissance peut aussi être maîtrisée en les éclairant avec une lumière qui ne permette pas ou peu de photosynthèse, par exemple avec une lampe inactinique de couleur jaune -verte.

Une filtration des eaux permet de capter les algues en suspension dans l'eau, et d'en maîtriser la croissance.