La présente invention concerne un matériel prothétique pour le remplacement d'au moins une partie de la glène radiale d'un radius.

Certaines pathologies articulaires de la partie distale d'un radius (lésions de la glène radiale notamment traumatiques et/ou arthrosiques) peuvent être traitées au moyen de prothèses appropriées, mises en place après découpe osseuse et maintenues au moyen d'un tenon axial solidaire de ladite prothèse, implanté dans le matériau osseux de réception (voir notamment les documents US-2007/0055381 et WO-2007/047230).

Très généralement, certain des éléments de ces dispositifs sont destinés à être fixés à l'extrémité du radius, et d'autres éléments sont destinés à être fixés sur les parties osseuses en regard de la main (os du carpe).

Cependant, ces prothèses sacrifient d'une part une partie du stock osseux du radius distal, et d'autre part sacrifient le cartilage de la première rangée du carpe.

Par ailleurs, en cas de fracture, cette partie distale de radius est généralement réparée au moyen de vis ou de broches, associées éventuellement à une plaque rapportée sur la corticale osseuse.

Mais si la fracture s'accompagne de lésions au niveau de la surface articulaire du radius (lésions antérieures ou occasionnées simultanément à la fracture) on ne dispose alors pas de moyens aptes à réparer ou reconstruire efficacement cette surface articulaire.

La présente invention propose un matériel prothétique pour le traitement des surfaces articulaires abîmées des parties distales de radius, qui est relativement simple à poser et qui est relativement peu traumatisant pour le patient.

Ce matériel prothétique présente aussi l'intérêt de permettre la réduction de fracture(s) présente(s) au niveau de cette zone osseuse.

Pour cela, le matériel prothétique conforme à l'invention comprend :

- une structure prothétique constituée d'une plaque prolongée par un embout, ladite plaque étant composée d'un corps plan prolongé par une tête monobloc, et ladite plaque comportant une face de dessus et une face de dessous, et étant munie d'orifices traversants, ladite tête de plaque se prolongeant elle-même par ledit embout, et

- un jeu de vis destinées à coopérer avec lesdits orifices traversants de ladite plaque, pour assurer la fixation de ladite structure prothétique sur le matériau osseux de réception, après résection de la partie de glène radiale que l'on souhaite remplacer et positionnement de la face de dessous de ladite plaque contre la corticale dudit matériau osseux ;

et ce matériel est caractérisé par le fait que ledit embout est constitué - d'une extension support réalisée monobloc avec ladite tête de plaque, et dont la face interne s'étend dans un plan général D qui est décalé angulairement par rapport au plan P dudit corps de plaque, et - d'une platine articulaire rapportée, dont la surface externe, qui se situe dans le prolongement de la face de dessus de ladite plaque, reproduit au moins approximativement au moins une partie de la surface de la glène radiale du radius, laquelle extension support et laquelle platine rapportée sont munies de moyens qui permettent leur solidarisation, lesquels moyens de solidarisation comprennent (i) une structure de glissière(s), ménagée pour une partie sur la face arrière et/ou sur les côtés de ladite platine, et pour une autre partie sur la face avant et/ou sur les côtés de ladite extension, et (ii) des moyens pour fixer en position correcte ladite platine rapportée sur ladite extension.

La face interne de l'extension support s'étend avantageusement dans un plan général D qui est décalé d'un angle compris entre 60° et 80° par rapport au plan P du corps de plaque.

D'autre part, le plan de translation de la structure de glissière(s) se situe de préférence dans un plan parallèle à ce plan D.

La plaque de la structure prothétique est avantageusement agencée pour venir se positionner contre la corticale antérieure du radius ; la structure de l'embout, avec les glissières de positionnement de la platine rapportée facilite sensiblement la pose du matériel par la praticien, au niveau du champ opératoire qui est très généralement difficile d'accès.

L'extension de plaque comporte avantageusement deux rails latéraux parallèles, orientés en regard l'un de l'autre, aptes à coopérer avec deux nervures parallèles ménagées sur les côtés de ladite platine rapportée.

D'autre part, les moyens pour fixer en position correcte la platine sur l'extension comprennent avantageusement des butées ménagées au niveau de l'une des extrémités des nervures de la platine rapportée. Ces moyens de fixation comprennent encore de préférence des moyens de verrouillage, du type activables/désactivables, interdisant tout mouvement de la platine rapportée, une fois celle-ci en place sur la plaque (ces moyens de verrouillage peuvent consister en une vis venant se loger dans un orifice taraudé ménagé dans la tête de plaque et dont une partie de l'extrémité supérieure vient en butée contre l'extrémité supérieure de la platine rapportée).

Selon un mode de réalisation préféré, certaines aux moins des vis de la tête de plaque ont une longueur adaptée pour atteindre la corticale opposée du radius, de manière à permettre le maintien d'une réduction osseuse.

Selon une forme de réalisation préférée, la largeur de l'embout est inférieure à la largeur de la glène radiale, ledit embout étant agencé pour venir se positionner dans une réservation ménagée dans la partie centrale de ladite glène radiale, entre la styloïde radiale et l'articulation radio-ulnaire.

L'invention sera encore illustrée, sans être aucunement limitée, par la description suivante d'une forme de réalisation particulière, donnée uniquement à titre d'exemple et représentée sur les dessins annexés dans lesquels : - la figure 1 est une vue en perspective montrant le matériel prothétique selon l'invention, en deux parties ici dissociées (plaque et platine rapportée), et avec une partie des vis de fixation, positionné au-dessus d'un radius convenablement préparé pour sa réception ;

- la figure 2 est une vue en perspective de la platine rapportée, illustrée ici avec sa face arrière visible,

- la figure 3 est une vue en perspective illustrant le matériel prothétique posé sur l'extrémité distale du radius, avec une partie des vis de fixation pré-positionnées,

- la figure 4 est une vue en perspective similaire à la figure 3, avec toutes les vis de fixation mises en place.

Le matériel prothétique 1 , illustré sur les figures 1 à 4, se compose d'une structure prothétique 1 ' formée - d'une plaque 2 prolongée par - un embout 3 dont la face externe avant 3' reproduit une partie de la surface de la glène radiale d'un radius, cet ensemble étant agencé pour que ladite plaque 2 puisse être fixée, au moyen de vis 4, 4' contre la corticale antérieure d'un radius R, avec ledit embout 3 positionné contre une zone de réception Z correspondant à une portion osseuse dégradée, réséquée par un chirurgien, de sorte à remplacer cette portion osseuse.

Comme on peut le voir sur les figures 1 , 3 et 4, la zone de réception Z peut correspondre à une réservation ménagée dans la partie centrale de la glène radiale, entre la styloïde radiale

A et l'articulation radio-ulnaire B.

La structure prothétique 1 ' est en fait ici composée de deux éléments distincts, le premier formé de la plaque 2, munie d'une extension 5 constituant une partie de l'embout 3, et le second formé d'une platine 6 constituant l'autre partie dudit embout 3.

Comme décrit plus loin cette extension 5 et cette platine 6 comportent des moyens qui permettent leur solidarisation.

La plaque 2 est composée d'un corps allongé 7, prolongé à l'une de ses extrémités par une tête monobloc 8, elle-même prolongée par l'extension monobloc précitée 5.

Le corps 7 et la tête 8 de la plaque 2 s'étendent pratiquement dans un même plan P. Ils sont délimités par une face de dessus, respectivement 7' et 8', et par une face de dessous 7" et 8".

Ces faces de dessous 7", 8" sont adaptées à l'anatomie de l'extrémité du radius (pour cela, la tête 8 remonte légèrement par rapport au plan dans lequel s'étend le corps de plaque 7).

Le corps de plaque 7 est traversé par une pluralité d'orifices 9, 9' alignés sur son axe Ç_.

L'un de ces orifices 9' est de forme générale oblongue ; il est de préférence positionné dans la partie centrale du corps de plaque 7. Les autres orifices 9, ménagés de part et d'autre de l'orifice oblong 9', ont une forme générale circulaire.

Les orifices 9, 9' sont destinés à recevoir des vis de fixation 4, dont une seule est représentée sur la figure 1 . La tête de plaque 8 est également traversée par une pluralité d'orifices 10 (en l'occurrence trois, ici alignés sur sa largeur, c'est-à-dire transversalement à l'axe Ç du corps de plaque 7).

Ces orifices 10 sont destinés à recevoir des vis 4' (dont une seule est représentée sur la figure 1 ), adaptées en particulier pour le maintien d'une réduction de fracture osseuse.

L'extension 5 s'étend du côté de la face de dessous 7", 8" du corps de plaque 7 et de la tête de plaque 8, à partir de l'extrémité de ladite tête de plaque 8, ceci selon un plan D qui est décalé angulairement par rapport au plan P du corps de plaque 7. Ici, le décalage angulaire correspondant est de l'ordre de 75°.

Cette extension 5 consiste en un plateau dont la face arrière 5' est disposée du côté des faces de dessous 7" et 8" du corps 7 et de la tête 8 de la plaque 2, et dont la face avant 5" prolonge les faces de dessus 7', 8' dudit corps et de ladite tête de plaque 7, 8.

Les faces arrière 5' et avant 5" de l'extension 5 sont parallèles et elles s'étendent toutes les deux dans le plan D.

La face avant 5" de l'extension 5 comporte des moyens qui permettent la réception et la fixation de l'embout 3, ces moyens se présentant sous la forme de deux rails parallèles 1 1 orientés en regard l'un de l'autre. Ces deux rails 1 1 s'étendent parallèlement au plan D de l'extension 5, et le long des bordures latérales de cette dernière.

La plaque 2 peut être réalisée en matériau métallique tel que le titane par exemple. La platine 6, illustrée isolément sur la figure 2, comporte une face avant 3' qui constitue la face avant de l'embout 3 et qui reproduit au moins approximativement la partie de la surface de la glène radiale du radius ; sa face arrière 12 est adaptée pour venir se solidariser avec la face avant 5" de l'extension 5 de la plaque 2.

A cet effet, la face arrière 12 de la platine 6 est plane et elle comporte, sur ses côtés, deux nervures parallèles 13 aptes à venir s'insérer par coulissement dans les rails 1 1 de l'extension 5.

Les nervures 13 de la platine 6 et les rails 1 1 de l'extension 5 forment ainsi une structure de glissières qui permet le montage de la platine 6 sur l'extrémité de la plaque 2, selon un axe (ou un plan) ici parallèle au plan D.

Dans la partie supérieure des nervures 1 3, on remarque la présence de butées 14 qui permettent de bloquer la progression de la platine 6 sur l'extension 5, par contact avec l'extrémité supérieure des rails 1 1 .

La platine 6 est positionnée sur la plaque 2 par le dessus des rails 1 1 (c'est-à-dire du côté de la face de dessus 7', 8' du corps de plaque 7 et de la tête de plaque 8).

Les butées 14 bloquent donc la progression de la platine 6 vers le bas, si on tient compte de l'orientation des éléments sur la figure 1 . Des moyens anti-retour 15, du type activables/désactivables, sont prévus pour assurer le verrouillage complet de la platine 6, une fois celle-ci correctement positionnée sur la plaque 2.

Ces moyens de verrouillage 15 sont prévus ici au niveau de l'extrémité de la tête de plaque 8 ; ils consistent en une vis 16 apte à venir se loger dans un orifice taraudé 17 ménagé dans la tête de plaque 8, et dont une partie de l'extrémité supérieure (tête de vis) est agencée pour venir en butée contre la bordure supérieure de la platine rapportée 6. En l'occurrence, la vis 16 vient en butée contre un ergot 18 qui s'étend en légère saillie à partir de la bordure supérieure de la platine 6, empêchant ainsi, en combinaison avec les butées 14, toute possibilité de mouvement de ladite platine 6 une fois en position.

Une fois la platine 6 fixée sur l'extension 5, sa face arrière plane 12 est disposée en regard de la face avant plane 5" de l'extension 5, en contact ou pratiquement en contact avec cette dernière.

L'embout 3 ainsi formé comprend une face avant externe 3' reconstituant la surface de glène radiale réséquée, et une face interne 5' correspondant à la face arrière de l'extension 5, qui s'étend dans le plan D.

La platine 6 peut être réalisée en tout matériau biocompatible, par exemple en chrome- cobalt, peek, polyéthylène ou pyrocarbone.

De préférence, en association avec la plaque 2, il est prévu un jeu de platines 6 d'épaisseurs différentes, mis à la disposition du chirurgien, de manière à lui proposer un choix de prothèses, en fonction de la profondeur de résection qu'il est amené à réaliser dans l'os.

Le matériel prothétique selon l'invention trouve une application particulièrement intéressante dans le cas d'une fracture de l'extrémité distale du radius, accompagnée de lésions de la surface articulaire (au niveau de la glène radiale).

Le chirurgien peut alors utiliser avantageusement une technique opératoire par voie palmaire.

Pour cela, après ouverture au niveau du poignet du patient, le praticien réalise la résection de la glène radiale abimée, ainsi qu'une réduction manuelle de la fracture osseuse. Ensuite, il positionne convenablement la plaque 2 sur la corticale antérieure du radius, avec l'extension 5 et la platine 6 associée, dans la réservation Z (figure 3) Avant de refermer le champ opératoire ;

Plus précisément, dans un premier temps, la plaque 2, sans la platine 6, peut être prépositionnée sur le radius en utilisant simplement une vis centrale 4 logée dans l'orifice oblong 9'. Par suivi sous amplificateur de brillance, cela permet au chirurgien de tester différentes platines 6, d'ajuster la position de la plaque 2 sur le radius et de réduire temporairement la fracture au moyen de broches. Lorsque le choix du positionnement de la plaque 2 est réalisé, le chirurgien la fixe correctement au moyen des vis 4 dans les orifices 9 du corps de plaque 7 et au moyen des vis 4' dans les orifices 10 de la tête de plaque 8 (figures 3 et 4). Comme indiqué précédemment, ces dernières sont agencées pour assurer le maintien de la réduction de la fracture osseuse. Dans ce cadre, leur longueur est adaptée pour atteindre la corticale opposée du radius ; ces vis 4' peuvent être verrouillées à la plaque 2 par l'intermédiaire d'un système de verrouillage poly-axial.

Le chirurgien peut ensuite terminer l'opération en effectuant la balance ligamentaire, puis en positionnant la platine 6 définitive sur l'extension de plaque 5, avant de refermer le champ opératoire.

Dans une variante de réalisation, la plaque 2 peut être réalisée en plusieurs parties munies de moyens d'assemblage entre elles.