La présente invention a pour objet un dispositif de transport maritime pour du vrac liquide, ou se comportant comme du liquide, dans au moins une cale d'un bateau de transport essentiellement fluvial, tel qu'une péniche.

Le secteur technique de l'invention est celui de la construction navale et plus particulièrement des coques et des cales de navires de transport fluvial pour le vrac liquide. On notera qu'on appelle « vrac » tout produit transporté directement dans la cale d'un navire ou dans les aménagements prévus à cet effet, intégrés et portés par le navire.

On désignera également dans toute la présente description, et les revendications, « vrac liquide » toute cargaison non seulement liquide mais aussi se comportant comme un liquide tels que par exemple les produits pulvérulents.

Actuellement, le transport de vrac sous forme liquide, notamment dans le cas de navires de navigation intérieure, s'effectue par des unités de transports dédiées à ce type de marchandises et généralement appelées « péniches citernes ».

Ces unités fluviales sont spécialement aménagées ou construites pour ce type de trafic et ne présentent ainsi aucune flexibilité pour s'adapter à d'autres trafics ; de plus leur aménagement, pour ce transport de vrac liquide, est constitué de cuves en acier, en particulier inoxydable, qui sont lourdes et limitent d'autant la charge utile transportée, ce qui rend une démarche de développement durable dans le transport fluvial peu adapté, voire même impossible. Par ailleurs le cout de telles unités dédiées au seul transport de vrac liquide impose, pour en amortir le lourd investissement, un engagement réciproque entre le transporteur et ses clients, en fait en général un seul, sur de longues périodes, ce qui en freine de développement .

A titre d'illustration de ce frein, on peut citer qu'en 2011, s'il y avait en France 860 péniches automotrices et 382 barges pour les marchandises générales (et respectivement 5889 et 3537 en Europe), il n'y avait que 40 péniches automotrices et 47 barges pour le vrac liquide (et respectivement 1676 et 118 en Europe) .

Ainsi le problème posé est, d'une part, de permettre d'utiliser, pour transporter du vrac liquide, des navires non spécifiquement dédiés à ce type de transport comme à ce jour, et, d'autre part, de réduire aussi bien le poids des équipements nécessaires pour un tel transport (ce qui permet d'augmenter le port en lourd du navire considéré) que le cout de ces équipements.

Par ailleurs on connaît des dispositifs de vessies souples utilisés dans le transport maritime pour recouvrir l'intérieur des réservoirs rigides contenant du pétrole afin de protéger l'environnement en cas d'avarie lors de rupture de la coque et des parois des réservoirs: en effet en ce cas le pétrole est maintenu dans le navire par les vessies souples, ne peut pas s'échapper de la coque endommagée et ne pollue donc pas l'environnement.

On peut citer par exemple dans ce cadre la demande de brevet US5271350 qui décrit un système contre le débordement de pétrole, et/ou de cargaisons semblables, transporté dans un navire citerne, lors d'impact à haute énergie contre la coque du navire pouvant provoquer la déchirure de celle-ci: le système comporte pour cela des modules de réservoirs souples dont les parois sont faites de matériel flexible de force suffisante pour résister à la rupture lors d'un tel impact, et les parois de chaque module flexible sont elle-même doublées et contiennent de l'air sous pression ou autre fluide formant amortisseur.

Ainsi une solution au problème posé ci-dessus est un nouveau dispositif de transport maritime combinant certaines techniques connues, tels que d'une part des cuves ou compartiments comme dans les péniches citernes, mais constituées différemment comme décrit ci-aprés pour permettre notamment l'adaptation de coques de bateaux existants utilisés dans d'autre type de transports fluviaux internes, et d'autre part l'utilisation de vessies souples (connues par ailleurs comme indiqué précédemment mais pour des applications et des objectifs différents) comme moyens pour contenir le vrac liquide.

L'objectif de la présente invention est ainsi atteint avec un dispositif de transport maritime pour du vrac liquide dans au moins une cale définie par une paroi de fond et des parois latérales périphériques, ouverte à sa partie supérieure, d'un bateau de transport et comportant des cuves disposées dans ladite cale et aptes à recevoir le vrac liquide : selon l'invention le dispositif comporte au moins une cloison démontable apte à diviser la au moins cale en au moins deux réceptacles et lesdites cuves sont des réservoirs à parois souples aptes à être positionnés et à occuper la totalité du volume de chaque réceptacle, les parois inférieures et périphériques de ces réservoirs souples étant aptes à venir en appui d'une part contre les parois de fond et latérales périphériques de la cale et d'autre part contre celles de la au moins cloison démontable.

Dans un mode préférentiel de réalisation le dispositif comporte plusieurs cloisons démontables aptes à diviser la au moins cale en réceptacles de largeur au plus égale à la moitié de la largeur de cette cale et de longueur au plus égale à la moitié de la longueur de cette cale : ainsi on peut diviser une grande cale en plusieurs réceptacles, ce qui d'une part réduit le problème de carènes liquides très critique pour la stabilité du navire, et d'autre part permet de transporter simultanément plusieurs produits différents.

Dans un mode particulier de réalisation, l'ensemble des réservoirs souples sont reliés à un réseau de transfert disposé à bord du moyen de transport maritime et qui comporte au moins une canne de pompage pour chaque réservoir souple, au moins un groupe pompe pour chaque réservoir souple et au moins un collecteur reliant l'ensemble des cannes de pompage des réservoirs souples .

Un tel réseau de transfert embarqué, et qui est également montable et démontable facilement, permet de rendre les navires ou péniches autonomes (pour le chargement et déchargement du vrac liquide) comme les navires dédiés à ce jour alors que les navires et péniches de transport d'autres marchandises ne le sont pas et nécessitent un équipement de manutention à quai.

Et l'extrémité distale de chaque canne de pompage, formant crépine et positionnée près du fond du réservoir souple considéré, supporte une plaque de protection apte à reposer au fond du réservoir souple, maintenant l'extrémité distale au plus près de ce fond et d'une surface suffisante pour éviter des risques d'aspiration du tissu souple du réservoir lors du pompage.

Une autre solution au problème posé est un bateau de transport fluvial comportant au moins une cale ouverte à sa partie supérieure et dans laquelle est disposée au moins une cuve apte à recevoir ledit vrac liquide, laquelle au moins cuve est réalisée suivant un dispositif disposé dans la structure de la cale et selon les caractéristiques citées ci-dessus et décrites plus en détail dans la description suivante et les figures jointes.

Le résultat est un nouveau dispositif de transport maritime qui répond au problème posé car la combinaison de cloisons démontables et de réservoirs à parois souples permet d'équiper tout navire existant, non spécifiquement dédiés au transport de vrac liquide, pour le rendre apte à transporter un tel vrac, et cela d'une manière réversible : ainsi son armateur peut alors alterner le type de transport suivant la demande de ses clients, entre d'un côté le vrac liquide et d'un autre coté les autres types de marchandises non liquides, et de s'adapter à cette demande, ce qui permettra de dynamiser le transport de vrac liquide, en particulier fluvial.

Par ailleurs un tel dispositif réversible est non seulement d'un investissement réduit et d'une mise en œuvre rapide, mais aussi d'un poids réduit (par rapport aux équipements nécessaires actuels pour un tel transport avec des cuves fixes en acier ou inox) ce qui permet d'augmenter le port en lourd du navire considéré.

La présente invention d'une part répond bien ainsi au problème posé et d'autre part présente de nombreux avantages tels qu'évoqués ci-dessus et repris ci-après, et qui en prouvent l'intérêt. La description et les figures ci-jointes en donnent un exemple de réalisation mais d'autres modes de réalisation sont possibles dans le cadre de la portée de la présente invention.

La figure 1 est une vue en coupe transversale et verticale, selon AA' de la figure 3, d'un dispositif et d'un bateau de transport suivant l'invention ; et la figure 1A qui lui est adjointe montre en zoom l'emboîtement d'une cloison démontable sur le fond d'une cale .

La figure 2 est une vue en coupe longitudinale verticale et partielle, suivant BB ' de la figure 3, d'un dispositif et d'un bateau de transport suivant 1 ' invention .

La figure 3 est une vue de dessus partielle d'un dispositif et d'un bateau de transport suivant l'invention, et la figure 4 est une vue complète de dessus schématisant un bateau de transport suivant 1 ' invention .

La figure 5 est une vue en coupe longitudinale verticale suivant DD ' du bateau de la figure 4, et les figures 5A et 5B qui lui sont adjointes montrent en zoom l'extrémité distale d'une canne de pompage respectivement en vue latérale et en coupe selon CC ' .

Suivant la représentation des figures, le dispositif de transport maritime pour du vrac liquide 14 dans au moins une cale 13 d'un bateau de transport 12, ouverte à sa partie supérieure, et définie par une paroi de fond 3i et des parois latérales périphériques 3 ₂ , comporte d'une manière connue des cuves 5 disposées dans ladite cale 13 et aptes à recevoir le vrac liquide 14.

Selon l'invention le dispositif comporte au moins une cloison démontable 6 apte à diviser la au moins cale 13 en au moins deux réceptacles 13i et lesdites cuves 5 sont des réservoirs à parois souples 5i aptes à être positionnés et à occuper la totalité du volume de chaque réceptacle 13i, les parois 5i inférieures et périphériques de ces réservoirs souples 5 étant aptes à venir en appui d'une part contre les parois de fond 3i et latérales périphériques 3 ₂ de la cale 13 et d'autre part contre celles de la au moins cloison démontable 6. Il peut être utilisé des réservoirs ou cuves souples existant sur le marché, réalisés dans des matériaux appelés tissus à base de PVC, PES, Polyester, nitrile ... adaptés à différents types de vrac liquide : en ce cas on détermine les dimensions des réceptacles 13i pour qu'ils soient adaptés à ces réservoirs « standards ». Il peut être également réalisé des réservoirs ou cuves 5 sur mesure et en ce cas leur nombre et leurs dimensions sont déterminés en fonction de ce que les fabricants peuvent réaliser, des restrictions techniques sur les dimensions et la forme des réservoirs souples eux-mêmes, des risques de carène liquide en navigation et du ballant lors du chargement/déchargement, des calculs de stabilité correspondant, de la nature et de la réglementation concernant le produit liquide, de la taille et de la forme de la cale 13 du navire 13 ou de la péniche considéré...

Tels que représenté, plusieurs cloisons démontables 6 sont aptes à diviser la au moins cale 13 en réceptacles 13i :

de largeur au plus égale à la moitié de la largeur de cette cale 13, soit ici suivant l'exemple des figures 1,3 et 4, ces réceptacles 13i, étant au nombre de deux dans la largeur de la cale 13, sont donc de largeur égale à la moitié de la largeur de celle-ci,

- et de longueur au plus égale à la moitié de la longueur de cette cale 13, soit ici suivant l'exemple des figures 4 et 5, ces réceptacles 13i, étant au nombre de quatre dans la longueur de la cale 13, sont donc de largeur égale au quart de la longueur de celle-ci, mais ils pourraient aussi être de longueur différente les uns par rapport aux autres.

Afin de limiter l'impact des frottements des parois souples 5i des réservoirs 5 sur les parois latérales et de fond des réceptacles 13i ou compartiments, le dispositif comporte des nappes de tissus 4 anti-frottements aptes à être déposées entre d'une part les parois 3i, 3 ₂ de la au moins cale 13 et des cloisons démontables 6 et d'autre part les parois souples 5i des réservoirs 5.

De même, compte tenu des tissus et matériaux souples actuellement disponibles sur le marché, il convient pour éviter l'usure de ceux-ci, qui constituent les parois souples 5i, d'éviter la formation de plis lorsque les cuves ou réservoirs 5 sont vides et lors des phases de vidage ou remplissage : pour cela il faut maintenir leur forme et plusieurs procédés sont envisageables pour cela comme celui représenté sur les figures 2 et 3.

Dans cette exemple de réalisation, non limitatif donc, des traverses 1 sont aptes à être glissées dans des fourreaux 2 situés à la partie supérieure des réservoirs souples 5 et venant en appui à leurs deux extrémités 11 sur les bords 13 ₂ de la au moins cale 13 de telle façon que ces traverses 1 maintiennent la forme et le volume du réservoir 5 souple considéré, que celui-ci soit plein ou vide.

Dans une autre variante ou en complément, les réservoirs ou cuves 5 peuvent être remplis, quand ils ont vidés du vrac liquide, de gaz inerte ou neutre : toutefois cela implique une étanchéité parfaite, supérieure à celle nécessaire pour le vrac liquide, de l'ensemble du système (cuves réservoirs, canalisations, pompes, trous d'homme, évents ...) .

Chaque cuve ou réservoir souple 5 peut en effet être aussi équipé, non représenté, d'un trou d'homme pour intervenir à l'intérieur (inspection, réparation, installation des cannes de pompage 15 décrites ci-après ...) et d'un évent permettant l'entrée d'air au vidage et son évacuation au remplissage par le vrac liquide 14.

Par ailleurs suivant la réglementation, et le fait que les différents réservoirs 5 souples peuvent contenir, lors d'un même transport, des produits liquides ou pulvérulents incompatibles entre eux, l'étanchéité entre les compartiments ou réceptacles 13i peut être nécessaire pour confiner chaque produit dans son réceptacle en cas de fuite de son réservoir souple ; pour cela :

- soit les liaisons entre les cloisons démontables

6 et les parois et le fond de la structure 3 de la cale 13 sont étanches,

soit, et suivant un mode préférentiel de réalisation non représenté sur les figures, chaque réceptacle 13i comporte un bac de rétention étanche, souple lui aussi, type « liner » comme utilisé dans certaines piscines, ou rigide, et dans lequel est disposé le réservoir souple 5,

- soit toute autre solution peut être envisagée. Les cloisons amovibles et démontables 6, qui ne doivent pas avoir d'aspérités et être résistantes, peuvent être fixées dans la cale 13 par différents systèmes dont le choix dépend de plusieurs critères comme la facilité de montage/démontage, la rigidité...

A titre d'exemple de réalisation et tel que représenté sur les figures 1 et 1A, le dispositif suivant l'invention peut comprendre des cornières 7 en forme de U, soudées sur le plancher du fond 3i de la cale 13 et de largeur correspondant à l'épaisseur des cloisons démontables 6, qui y sont glissées et maintenues.

Afin par ailleurs de s'adapter aux besoins du marché du transport fluvial, plusieurs approches pour le remplissage et la vidange des réservoirs souples 5 peuvent être envisagées, comme l'utilisation d'équipement existant à quai ou l'installation à bord du navire ou péniche d'un dispositif totalement autonome tel que représenté sur les figures 5 ou un mixte de ces deux solutions .

Dans le cadre de la solution embarqué et autonome, l'ensemble des réservoirs souples 5 sont reliés à un réseau de transfert disposé à bord du moyen de transport maritime 12 et qui comporte au moins une canne de pompage 15 pour chaque réservoir souple 5 et dont l'extrémité distale formant crépine 11 est positionnée près du fond du réservoir souple 5 considéré, au moins un groupe pompe 9 pour chaque réservoir souple 5 et au moins un collecteur 8 reliant l'ensemble des cannes de pompage 15 des réservoirs souples.

Les cannes de pompage 15 peuvent être à poste dans les réservoirs 5 et démontables : elles sont suffisamment longues pour descendre au plus bas vers le fond du réservoir pour permettre de procéder à son vidage le plus complet possible ; pour cela l'extrémité distale 11 de chaque canne de pompage 15 supporte une plaque de protection 10 apte à reposer au fond du réservoir souple 5, maintenant l'extrémité distale 11 au plus près de ce fond et d'une surface suffisante pour éviter des risques d'aspiration du tissu souple du réservoir lors du pompage .

Le nombre et la capacité des groupes pompes 9 à installer à bord du navire ou péniche 12 dépendent de la nature des vracs liquide 14 et des débits souhaités ; ils sont munis de vannes de régulation et tout homme du métier est apte à définir les séquences de régulation (manuelle et/ou automatique), à choisir le type de ces groupes pompe, à y intégrer un dispositif d'amorçage, à en choisir la fonction (vidage et/ou remplissage), à établir le schéma du réseau de transfert et à en déterminer la tuyauterie nécessaire sans qu'il soit utile d'en préciser d'avantage dans la présente description.

Dans le cas d'un navire ou péniche destiné à transporter un seul produit vrac liquide, on peut envisager un système de remplissage/vidage simplifié, par un seul réservoir souple 5 (ou quelques-uns selon le débit souhaité mais pas tous) et en reliant tous les réservoirs 5 par des conduits placés à leur base, de préférence dans un angle au fond de ces réservoirs ; et on assure un vidage optimum en jouant sur l'assiette et la gite du navire ou péniche.