[001] L'invention a pour objet un pneumatique comprenant un tissu à entrelacement ainsi qu'un procédé de fabrication d'un tel pneumatique.

[002] L'invention s'applique à tout type de véhicule mais est préférentiellement destiné à des véhicules de tourisme, des véhicules à deux roues tels qu'un motocycle ou un vélo, des véhicules industriels choisis parmi des camionnettes, véhicules lourds tels que "Poids lourd" - i.e., métro, bus, engins de transport routier (camions, tracteurs, remorques), véhicules hors-la-route -, engins agricoles ou de génie civil, aéronef, autres véhicules de transport ou de manutention.

[003] On connaît de l'état de la technique un pneumatique pour véhicule de tourisme comprenant une armature de carcasse ancrée dans deux bourrelets et surmontée radialement par une armature de sommet elle-même surmontée d'une bande de roulement qui est réunie aux bourrelets par deux flancs.

[004] Dans un tel pneumatique, l'armature de sommet comprend une armature de protection et une armature de travail. L'armature de sommet peut éventuellement comprendre une armature de frettage intercalée radialement entre l'armature de protection et l'armature de travail. L'armature de protection est radialement intercalée entre la bande de roulement et l'armature de travail et est destinée à protéger l'armature de travail et l'armature de carcasse des agressions extérieures, notamment des perforations.

[005] A cet effet, l'armature de protection comprend une nappe de protection comprenant des éléments de renfort sensiblement parallèles les uns aux autres et noyés dans une masse de caoutchouc. Ces éléments de renfort comprennent des brins multifilamentaires comprenant plusieurs monofilaments élémentaires textiles ou métalliques selon le pneumatique..

[006] Toutefois, bien que présentant une résistance à la perforation satisfaisante, l'armature de protection de l'état de la technique reste perfectible. En effet, il existe notamment un risque d'écarter les éléments de renfort les uns des autres et de fissurer la masse de caoutchouc dans laquelle ils sont noyés. Ainsi, lorsqu'une perforation intervient, on risque, d'une part, une perte de pression du pneumatique et, d'autre part, une pénétration d'agents corrosifs dans l'armature de sommet, notamment l'armature de travail.

[007] Par ailleurs, les perforations peuvent également intervenir à d'autres endroits du pneumatique, par exemple sur les flancs.

[008] L'invention a pour objet un pneumatique présentant une résistance améliorée contre les perforations. [009] A cet effet, l'invention a pour objet un pneumatique comprenant un tissu à entrelacement noyé dans une matrice de caoutchouc, le tissu à entrelacement comprenant :

un premier groupe de premiers éléments filaires textiles formant :

o plusieurs couches des premiers éléments filaires textiles superposées les unes sur les autres selon une direction de superposition,

o plusieurs colonnes des premiers éléments filaires textiles juxtaposées les unes aux autres selon une direction de juxtaposition sensiblement perpendiculaire à la direction de superposition,

- un deuxième groupe de deuxièmes éléments filaires textiles, au moins un deuxième élément filaire textile entrelaçant au moins deux premiers éléments filaires textiles appartenant à deux couches distinctes et deux colonnes distinctes du premier groupe

le tissu à entrelacement étant dépourvu d'éléments filaires n'entrelaçant pas au moins un des premiers éléments filaires textiles.

[010] Grâce à la structure à entrelacement du tissu, également appelé tissu « interlock » en anglais ou bien tissu « 2,5D », le pneumatique présente une résistance améliorée à la perforation là où est agencé le tissu. En effet, les premiers éléments filaires textiles sont maintenus ensemble par les deuxièmes éléments filaires textiles et réciproquement si bien que sous l'effet d'un indenteur, les premiers et les deuxièmes éléments filaires textiles ne s'écartent pas ou peu, procurant une résistance importante à la perforation.

[011] Par élément filaire, on entend tout élément longiligne de grande longueur relativement à sa section transversale, quelle que soit la forme de cette dernière, par exemple circulaire, oblongue, rectangulaire ou carrée, ou même plate, cet élément filaire pouvant être par exemple torsadé ou ondulé. Lorsqu'il est de forme circulaire, son diamètre est de préférence inférieur à 5 mm, plus préférentiellement compris dans un domaine allant de 100 μηη à 1 mm.

[012] Par « au moins un deuxième élément filaire textiles entrelaçant au moins deux premiers éléments filaires textiles», on entend que le deuxième élément filaire textile est au contact d'une partie de chacun des deux premiers éléments filaires textiles.

Ainsi, le deuxième élément filaire textile pourra entrelacer les premiers éléments filaires textiles sans nécessairement être enroulé, c'est-à-dire faire au moins un tour, autour des premiers éléments filaires textiles.

[013] Par matrice en caoutchouc, on entend une matrice comprenant un élastomère, de préférence diénique. [014] Parmi les tissus à entrelacement, on connaît, par exemple, le tissu à entrelacement du type à entrelacement d'angle et du type à entrelacement multicouches.

[015] Dans un tissu à entrelacement d'angle, chaque deuxième élément filaire textile entrelace deux premiers éléments filaires textiles appartenant chacun à une couche externe du tissu. Par couche externe, on entend une couche qui n'est pas adjacente à plus d'une seule autre couche du tissu.

[016] Dans un tissu à entrelacement multicouches, des deuxièmes éléments filaires textiles entrelacent deux premiers éléments filaires textiles dont au moins l'un appartient à une couche interne du tissu. Par couche interne, on entend une couche qui n'est pas une couche externe.

[017] L'absence d'éléments filaires n'entrelaçant pas au moins un des premiers éléments filaires rend possible l'utilisation du tissu à entrelacement en pneumatique. En effet, la présence d'éléments filaires dits « droits » n'entrelaçant pas un ou plusieurs éléments filaires conduirait à un tissu présentant une rigidité trop importante pour permettre les étapes de confection du pneumatique au cours desquelles on applique le tissu à entrelacement sur une ébauche présentant un rayon de courbure plus ou moins important nécessitant une certaine souplesse pour pouvoir épouser la forme de l'ébauche.

[018] De façon analogue, l'utilisation de premiers et deuxièmes éléments filaires textiles permet d'obtenir une souplesse suffisante pour une utilisation en pneumatique contrairement à des éléments métalliques. Cela n'exclut pas pour autant, dans certains modes de réalisation, la présence ponctuelle d'éléments filaires métalliques dans le tissu à entrelacement. En outre, l'utilisation de premiers et deuxièmes éléments filaires textiles permet de supprimer la sensibilité du tissu à entrelacement à l'action des agents corrosifs.

[019] Par métallique, on entend par définition des éléments filaires constitués majoritairement (c'est-à-dire pour plus de 50% de sa masse) ou intégralement (pour 100% de sa masse) d'un matériau métallique. De préférence, le matériau métallique est l'acier, plus préférentiellement en acier perlitique (ou ferrito-perlitique) au carbone comprenant avantageusement entre 0,4% et 1 ,2% en masse de carbone.

[020] Par textile, on comprend que les premiers et deuxièmes éléments filaires sont réalisés dans un matériau choisi parmi un polyester, tel que le polyéthylène téréphtalate (PET), le polyéthylène naphthalate (PEN), le polybutylène téréphthalate (PBT), le polybutylène naphthalate (PBN), le polypropylène téréphthalate (PPT) ou le polypropylène naphthalate (PPN), un polyamide, par exemple un polyamide aliphatique comme le nylon ou un polyamide aromatique comme l'aramide, une polycétone, une cellulose comme la rayonne, des fibres minérales comme les fibres de verre, de carbone, des fibres céramiques, des fibres naturelles comme des fibres de chanvre ou de lin ou un mélange de ces matériaux. Ainsi, de façon avantageuse par rapport à des éléments de renfort métalliques, le tissu à entrelacement n'est pas soumis à la corrosion.

[021] Il existe bien évidemment d'autres tissus à entrelacements, notamment tels que décrits dans les publications WO2005047581 , US8026189, WO2006040679 et US4922969.Dans un mode de réalisation, le tissu à entrelacement est constitué des premiers et deuxièmes groupes d'éléments filaires textiles.

[022] De préférence, les éléments filaires textiles du premier groupe constituent des éléments filaires de trame du tissu à entrelacement.

[023] De préférence, les éléments filaires textiles du deuxième groupe constituent des éléments filaires de chaîne du tissu à entrelacement.

[024] De préférence, les éléments filaires textiles du premier groupe s'étendent selon une première direction générale sensiblement parallèle au sens de la largeur du tissu à entrelacement.

[025] De préférence, les éléments filaires textiles du deuxième groupe s'étendent selon une deuxième direction générale sensiblement parallèle au sens de la longueur du tissu à entrelacement.

[026] Le tissu à entrelacement présente une forme tridimensionnelle générale de bande présentant une épaisseur e, une largeur I et une longueur L avec L>l>e. Ainsi, préférentiellement, les éléments filaires de chaîne sont ceux qui s'étendent sensiblement dans le sens de la longueur L du tissu à entrelacement et les éléments filaires de trame sont ceux qui s'étendent sensiblement dans le sens de la largeur du tissu à entrelacement.

[027] De préférence, le premier groupe des premiers éléments filaires textiles comprend entre 2 et 6 et de préférence entre 3 et 5 couches des premiers éléments filaires textiles. Si le tissu comprend un nombre trop faible de couches de premiers éléments filaires textiles, on augmente le risque de perforation. Si le tissu comprend un nombre trop grand de couches de premiers éléments filaires textiles, on diminue la flexibilité et la déformabilité du tissu à entrelacement ce qui le rend incompatible avec son utilisation en pneumatique.

[028] Dans un mode de réalisation, le pneumatique est pour véhicule lourd, notamment un véhicule de génie civil. [029] Dans un autre mode de réalisation, le pneumatique est pour véhicule de tourisme.

[030] Dans encore un autre mode de réalisation, le pneumatique est pour aéronef.

[031] Dans encore un autre mode de réalisation, le pneumatique est pour un véhicule deux roues.

[032] Dans une variante, tous les premiers et deuxièmes éléments filaires textiles sont réalisés dans un même matériau textile. Dans une autre variante, les premiers et deuxièmes éléments filaires textiles sont réalisés dans deux matériaux textiles différents.

[033] Dans un mode de réalisation, au moins les premiers ou les deuxièmes éléments filaires textiles comprennent au moins un brin multifilamentaire comprenant plusieurs monofilaments élémentaires.

[034] Par exemple, chaque brin multifilamentaire est un retors textile comprenant plusieurs fibres multifilamentaires textiles retordues ensemble, un câble textile comprenant plusieurs fibres textiles multifilamentaires.

[035] Avantageusement, chaque brin multifilamentaire comprend entre 20 et 1000 monofilaments élémentaires, de préférence entre 50 et 500 et plus préférentiellement entre 70 et 300 monofilaments élémentaires. Un tel nombre de monofilaments élémentaires permet d'assurer une résistance suffisante à la perforation.

[036] Avantageusement, le diamètre de chaque monofilament élémentaire va de 10 μηη à 100 μηι, de préférence de 10 μηη à 50 μηη et plus préférentiellement de 12 μηη à 30 μηη. Un tel diamètre permet d'obtenir un tissu relativement flexible et donc compatible avec son utilisation en pneumatique.

[037] Dans un autre mode de réalisation, chaque premier ou deuxième élément filaire textile comprend un unique monofilament élémentaire.

[038] De préférence, le tissu à entrelacement est revêtu d'une couche d'une colle d'adhésion. La colle utilisée est par exemple du type RFL (Résorcinol-Formaldéhyde- Latex) ou par exemple, telle que décrite dans les publications WO2013017421 , WO2013017422, WO2013017423.

[039] Avantageusement, le tissu à entrelacement présente, selon la direction radiale du pneumatique, une épaisseur allant de 0,7 à 3 mm, de préférence de 1 à 2,5 mm.

[040] Dans un mode de réalisation préféré, le pneumatique comprend une armature de carcasse ancrée dans deux bourrelets et surmontée radialement par une armature de sommet elle-même surmontée d'une bande de roulement qui est réunie aux bourrelets par deux flancs, l'armature de sommet comprenant le tissu à entrelacement.

[041] De préférence, l'armature de sommet comprend une armature de protection et une armature de travail, l'armature de protection comprenant le tissu à entrelacement et étant radialement intercalée entre la bande de roulement et l'armature de travail.

[042] Dans un mode de réalisation, le tissu à entrelacement forme une bande continue selon la direction circonférentielle du pneumatique.

[043] Dans un autre mode de réalisation, le tissu à entrelacement forme une bande discontinue selon la direction circonférentielle du pneumatique.

[044] Dans un mode de réalisation, le tissu à entrelacement forme une bande discontinue selon la direction axiale du pneumatique.

[045] L'invention a également pour objet l'utilisation d'un tissu à entrelacement comprenant :

un premier groupe de premiers éléments filaires textiles formant :

o plusieurs couches des premiers éléments filaires textiles superposées les unes sur les autres selon une direction de superposition,

o plusieurs colonnes des premiers éléments filaires textiles juxtaposées les unes aux autres selon une direction de juxtaposition sensiblement perpendiculaire à la direction de superposition,

- un deuxième groupe de deuxièmes éléments filaires textiles, au moins un deuxième élément filaire textile entrelaçant au moins deux premiers éléments filaires textiles appartenant à deux couches distinctes et deux colonnes distinctes du premier groupe,

le tissu à entrelacement étant dépourvu d'éléments filaires n'entrelaçant pas au moins un des premiers éléments filaires textiles.

en tant qu'élément de renfort d'un pneumatique.

[046] Un autre objet de l'invention est un procédé de fabrication d'un pneumatique tel que défini ci-dessus, dans lequel on noie le tissu à entrelacement dans la matrice de caoutchouc.

[047] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description qui va suivre, donnée uniquement à titre d'exemple non limitatif et faite en se référant aux dessins dans lesquels:

la figure 1 est une vue en coupe d'un pneumatique selon un premier mode de réalisation de l'invention ;

- la figure 2 est une vue de dessus d'un tissu à entrelacement du pneumatique de la figure 1 réalisée au moyen d'un microscope électronique ; la figure 3 est une vue en coupe dans un plan lll-lll du tissu à entrelacement de la figure 2 réalisée au moyen d'un microscope électronique;

- la figure 4 est une vue schématique de la nappe de protection développée du pneumatique de la figure 1 ;

- les figures 5 et 6 sont des vues schématiques analogues à celle de la figure 3 de tissus à entrelacement de pneumatiques respectivement selon des deuxième et troisième modes de réalisation ;

la figure 7 est une vue analogue à celle de la figure 4 de la nappe de protection d'un pneumatique selon un quatrième mode de réalisation ;

- la figure 8 est une vue analogue à celle de la figure 1 d'un pneumatique selon un cinquième mode de réalisation ; et

- la figure 9 est une vue analogue à celle des figures 4 et 7 de la nappe de protection d'un pneumatique selon un sixième mode de réalisation.

[048] Dans la description suivante, dans l'emploi du terme « radial », il convient de distinguer plusieurs utilisations différentes du mot par la personne du métier. Premièrement, l'expression se réfère à un rayon du pneumatique. C'est dans ce sens qu'on dit d'un point A qu'il est « radialement intérieur » à un point B (ou « radialement à l'intérieur » du point B) s'il est plus près de l'axe de rotation du pneumatique que le point B. Inversement, un point C est dit « radialement extérieur à » un point D (ou « radialement à l'extérieur » du point D) s'il est plus éloigné de l'axe de rotation du pneumatique que le point D. On dira qu'on avance « radialement vers l'intérieur (ou l'extérieur) » lorsqu'on avance en direction des rayons plus petits (ou plus grands). Lorsqu'il est question de distances radiales, ce sens du terme s'applique également.

[049] En revanche, un élément de renfort ou une armature est dit « radial » lorsque l'élément de renfort ou les éléments de renfort de l'armature font avec la direction circonférentielle un angle supérieur ou égal à 65° et inférieur ou égal à 90°.

[050] Une direction « axiale » est une direction parallèle à l'axe de rotation du pneumatique. Un point E est dit « axialement intérieur » à un point F (ou «axialement à l'intérieur » du point F) s'il est plus près du plan médian du pneumatique que le point F. Inversement, un point G est dit « axialement extérieur à » un point H (ou « axialement à l'extérieur » du point H) s'il est plus éloigné du plan médian du pneumatique que le point H.

[051] Le « plan médian » M du pneumatique est le plan qui est normal à l'axe de rotation du pneumatique et qui se situe à équidistance des structures annulaires de renfort de chaque bourrelet. [052] Une direction « circonférentielle » est une direction qui est perpendiculaire à la fois à un rayon du pneumatique et à la direction axiale.

[053] D'autre part, tout intervalle de valeurs désigné par l'expression « entre a et b » représente le domaine de valeurs allant de plus de a à moins de b (c'est-à-dire bornes a et b exclues) tandis que tout intervalle de valeurs désigné par l'expression « de a à b » signifie le domaine de valeurs allant de la borne « a » jusqu'à la borne « b » c'est- à-dire incluant les bornes strictes « a » et « b ».

[054] EXEMPLES DE PNEUMATIQUES SELON L'INVENTION

[055] Dans les figures, on a représenté un repère X, Y, Z correspondant aux directions habituelles respectivement axiale (X), radiale (Y) et circonférentielle (Z) d'un pneumatique.

[056] On a représenté sur la figure 1 un pneumatique conforme à l'invention et désigné par la référence générale 10. Le pneumatique 10 est sensiblement de révolution autour de l'axe X. Le pneumatique 10 est ici destiné à un véhicule de tourisme.

[057] Le pneumatique 10 comporte un sommet 12 comprenant une armature de sommet 14 comprenant une armature de travail 15 comprenant deux nappes de travail 16, 18 d'éléments de renfort et une armature 17 de protection ou de frettage comprenant une nappe de protection 19. L'armature de sommet 14 est surmontée d'une bande de roulement 20. Ici, l'armature de protection 17, ici la nappe de protection 19, est intercalée radialement entre l'armature de travail 15 et la bande de roulement 20.

[058] Deux flancs 22 prolongent le sommet 12 radialement vers l'intérieur. Le pneumatique 10 comporte en outre deux bourrelets 24 radialement intérieurs aux flancs 22 et comportant chacun une structure annulaire de renfort 26, en l'occurrence une tringle 28, surmontée d'un masse de gomme 30 de bourrage, ainsi qu'une armature de carcasse radiale 32. L'armature de carcasse 32 est surmontée radialement par l'armature de sommet 14. Le sommet 12 est réuni aux bourrelets 24 par les flancs 22.

[059] L'armature de carcasse 32 comporte de préférence une seule nappe de carcasse 34 d'éléments de renfort textiles radiaux, la nappe 34 étant ancrée à chacun des bourrelets 24 par un retournement autour de la tringle 28 de manière à former dans chaque bourrelet 24 un brin aller 38 s'étendant depuis les bourrelets 24 à travers les flancs 22 vers le sommet 12, et un brin retour 40, l'extrémité radialement extérieure 42 du brin retour 40 étant sensiblement à mi-hauteur du pneumatique. L'armature de carcasse 32 s'étend ainsi depuis les bourrelets 24 à travers les flancs 22 vers le sommet 12. En variante, les éléments de renfort radiaux sont métalliques.

[060] Les nappes de travail 16, 18 comprennent des éléments de renfort métalliques ou textiles formant un angle allant de 15° et 40°, de préférence allant de 20° à 30° et ici égal à 26° avec la direction circonférentielle du pneumatique. Les éléments de renfort métalliques sont croisés d'une nappe de travail par rapport à l'autre.

[061] Chaque nappe de travail 16, 18, de protection 19 et de carcasse 34 comprend une matrice de caoutchouc dans laquelle sont noyés les éléments de renfort de la nappe correspondante. Les compositions de caoutchouc des matrices de caoutchouc des nappes de travail 16, 18, de protection 19 et de carcasse 34 sont des compositions conventionnelles pour calandrage d'éléments de renfort comprenant de façon classique un élastomère diénique, par exemple du caoutchouc naturel, une charge renforçante, par exemple du noir de carbone et/ou de la silice, un système de réticulation, par exemple un système de vulcanisation, de préférence comprenant du soufre, de l'acide stéarique et de l'oxyde de zinc, et éventuellement un accélérateur et/ou un retardateur de vulcanisation et/ou divers additifs.

[062] En référence aux figures 2 et 3, la nappe de protection 19 comprend, en tant qu'élément de renfort, un tissu à entrelacement 44. Le tissu à entrelacement 44 de l'exemple décrit est fabriqué par la société Lenzi Egisto et commercialisé sous la référence T4. Le tissu à entrelacement 44 présente, selon la direction radiale Y du pneumatique 10, une épaisseur allant de 0,7 à 3 mm, de préférence de 1 à 2,5 mm et ici égale à 1 ,3 mm.

[063] Le tissu à entrelacement 44, également appelé tissu « interlock », comprend un premier groupe de premiers éléments filaires textiles 46. Les éléments filaires textiles 46 forment d'une part plusieurs couches 48a, 48b, 48c, 48d des premiers éléments filaires textiles 46 superposées les unes sur les autres selon une direction de superposition D3 et, d'autre part, plusieurs colonnes 49 des premiers éléments filaires textiles juxtaposées les unes aux autres selon une direction de juxtaposition D2 sensiblement perpendiculaire à la direction de superposition D3. Les premiers éléments filaires textiles 46 sont généralement appelés éléments filaires de trame. Les premiers éléments filaires textiles 46 constituent des éléments filaires de trame du tissu à entrelacement 44 et s'étendent selon une première direction générale sensiblement parallèle au sens de la largeur du tissu à entrelacement 44, ici selon la direction D1 . De préférence, le premier groupe d'éléments filaires textiles comprend entre 2 et 6, et de préférence entre 3 et 5 couches de premiers éléments filaires textiles 46. [064] Le tissu à entrelacement 44 comprend également un deuxième groupe de deuxièmes éléments filaires textiles 50. Les deuxièmes éléments filaires textiles 50 sont généralement appelés éléments filaires de chaîne. Les deuxièmes éléments filaires textiles 50 constituent des éléments filaires de chaîne du tissu à entrelacement 44 et s'étendent selon une deuxième direction générale sensiblement parallèle au sens de la longueur du tissu à entrelacement 44, ici selon la direction D2.. Au moins un deuxième élément filaire textile 50 entrelace au moins deux premiers éléments filaires textiles 46 appartenant à deux couches 48a, 48b, 48c, 48d distinctes et deux colonnes distinctes 49 des premiers éléments textiles filaires. Le tissu à entrelacement 44 est dépourvu d'éléments filaires, notamment appartenant au deuxième groupe, n'entrelaçant pas au moins un des premiers éléments filaires textiles 46. Ainsi, chaque deuxième élément filaire textile 50 entrelace au moins deux premiers éléments filaires textiles 46 appartenant à deux couches 48a, 48b, 48c, 48d distinctes et deux colonnes distinctes 49 des premiers éléments filaires textiles.

[065] Le tissu à entrelacement 44 est ici constitué des premiers et deuxièmes groupes d'éléments filaires textiles. Les directions D1 et D2 font entre elles un angle allant de 80 et 100°, de préférence compris entre 85° et 95° et sont ici perpendiculaire l'une à l'autre.

[066] Les premiers et deuxièmes éléments filaires textiles 46, 50 sont ici réalisés en polyester, plus précisément en polyéthylène téréphtalate (PET). Chaque premier et deuxième élément filaire textile 46, 50 comprend au moins un brin multifilamentaire comprenant plusieurs monofilaments élémentaires. Chaque premier et deuxième élément filaire textile 46, 50 comprend entre 20 et 1000 monofilaments élémentaires, de préférence entre 50 et 500 et plus préférentiellement entre 70 et 300 monofilaments élémentaires. Le diamètre de chaque monofilament va de 10 μηη à 100 μηη, de préférence de 10 μηη à 50 μηη et plus préférentiellement de 12 μηη à 30 μηη. En l'espèce, chaque premier et deuxième élément filaire textile 46, 50 comprend respectivement 192 monofilaments de 25 μηη de diamètre et 96 monofilaments de25 μηη de diamètre.

[067] Le tissu à entrelacement 44 des figures 2 et 3 comprend un motif de répétition délimité par le cadre R sur la figure 2. Le plan de coupe lll-lll illustré par une ligne en traits pointillés sur la figure 2 est le plan de coupe de la figure 3. Le motif R comprend quatre couches 48a, 48b, 48c, 48d de huit premiers éléments filaires textiles de trame 46a1 à 46a8, 46b1 à 46b8, 46c1 à 46c8 et 46d1 à 46d8 ainsi que cinq deuxièmes éléments filaires textiles 50i, 50 ₂ , 50 ₃ , 50 ₄ et 50 ₅ de chaîne. Sur la figure 3, on voit que l'élément filaire textile 50i de chaîne (dont on a représenté en traits mixtes le parcours entre les couches 48) entrelace plusieurs éléments filaires textiles 46 de trame appartenant à toutes les couches 48a à 48d.

[068] En référence à la figure 4, le tissu à entrelacement 44 est agencé de sorte que la première direction D1 est sensiblement parallèle à la direction axiale X du pneumatique, la deuxième direction D2 est sensiblement parallèle à la direction circonférentielle Z et la direction de superposition D3 est sensiblement parallèle à la direction radiale Y. Le tissu à entrelacement présentant une flexibilité supérieure selon la deuxième direction D2, il est préférable d'agencer le tissu à entrelacement 44 de sorte que la deuxième direction D2 soit sensiblement parallèle à la direction dans laquelle il est soumis au rayon de courbure le plus petit, ici la direction circonférentielle Z du pneumatique 10.

[069] Le tissu à entrelacement 44 forme une bande continue 45 selon la direction circonférentielle Z du pneumatique 10. La bande 45 s'étend sur au moins un périmètre du pneumatique. Ainsi, la bande 45 peut avoir une longueur égale à un nombre entier de fois le périmètre du pneumatique 10, ou bien légèrement supérieure de façon à avoir une zone de superposition de la bande continue 45.

[070] Le tissu à entrelacement 44 est également revêtu d'une couche d'une colle d'adhésion (non représentée). Par exemple, on utilise une colle d'adhésion comprenant un couple phénol-aldéhyde tel que le couple formaldéhyde-résorcinol ou bien le couple 1 ,4 téréphtaldéhyde-phloroglucinol.

[071] Dans les autres modes de réalisation décrits ci-dessous, les éléments analogues à ceux représentés sur les figures précédentes sont désignés par des références identiques.

[072] On a représenté sur la figure 5 un tissu à entrelacement 44 d'un pneumatique selon un deuxième mode de réalisation. Dans ce tissu 44, appelé tissu à entrelacement d'angle, chaque deuxième élément filaire textile 50 entrelace deux premiers éléments filaires textiles 46 appartenant chacun à une des deux couches externes 48a, 48e du tissu 44.

[073] On a représenté sur la figure 6 un tissu à entrelacement 44 d'un pneumatique selon un troisième mode de réalisation. Dans ce tissu 44, appelé tissu à entrelacement multicouches, des deuxièmes éléments filaires textiles 50 entrelacent deux premiers éléments filaires textiles 46 dont au moins l'un appartient à une couche interne 48b, 48c, 48d, 48e, 48f, 48g du tissu 44. [074] On a représenté sur la figure 7 une nappe de protection 19 d'un pneumatique 10 selon un quatrième mode de réalisation. A la différence du premier mode de réalisation, le pneumatique 10 comprend ici plusieurs tissus à entrelacement 44-i , 44 ₂ et 44 ₃ espacés les uns des autres circonférentiellement et formant une bande discontinue 45 selon la direction circonférentielle Z du pneumatique 10. Les tissus à entrelacement 44-i , 44 ₂ et 44 ₃ sont répartis régulièrement selon la direction circonférentielle Z du pneumatique 10. La bande discontinue 45 s'étend sur au moins un périmètre du pneumatique 10.

[075] On a représenté sur la figure 8 un pneumatique 10 selon un cinquième mode de réalisation. A la différence du premier mode de réalisation, le pneumatique 10 selon le cinquième mode de réalisation comprend une nappe de protection 19 classique comprenant des éléments de renforts métalliques ou textiles noyées dans une matrice de caoutchouc et un élément de renfort de flanc 43. L'élément de renfort de flanc 43 comprend le tissu à entrelacement 44.

[076] On a représenté sur la figure 9 une nappe de protection 19 d'un pneumatique 10 selon un sixième mode de réalisation. A la différence du premier mode de réalisation, le pneumatique 10 comprend ici plusieurs tissus à entrelacement 44-i , 44 ₂ et 44 ₃ espacés les uns des autres axialement et formant une bande discontinue 45 selon la direction axiale X du pneumatique 10. Les tissus à entrelacement 44-i , 44 ₂ et 44 ₃ sont répartis régulièrement selon la direction axiale X du pneumatique 10. Chaque tissu à entrelacement forme une bande continue selon la direction circonférentielle Z du pneumatique 10. De préférence, la bande de roulement 20 comprend des sillons circonférentiels (non représentés) et les tissus à entrelacement 44-i , 44 ₂ et 44 ₃ sont agencés radialement au droit des sillons circonférentiels afin de limiter le risque de perforation dans les sillons circonférentiels. [077] EXEMPLE DE PROCEDE DE FABRICATION SELON L'INVENTION

[078] On fabrique le pneumatique 10 selon l'invention en mettant en œuvre un procédé comprenant des étapes classiques de l'homme du métier. Le procédé comprend également une étape durant laquelle on noie le tissu à entrelacement 44 dans une matrice de caoutchouc, par exemple deux bandes de caoutchouc afin de former une nappe. Puis on assemble la nappe comprenant le tissu à entrelacement 44 avec d'autres nappes pour former une ébauche de pneumatique. [079] En variante, on assemble directement le tissu à entrelacement 44 avec d'autres nappes. Ainsi, on dépose directement le tissu à entrelacement 44, de préférence revêtu de la couche de colle d'adhésion, au contact d'une première masse de caoutchouc lors de la fabrication de l'ébauche. Puis, on recouvre le tissu à entrelacement 44 d'une deuxième masse de caoutchouc.

[080] TESTS COMPARATIFS

[081] On a comparé le pneumatique 10 selon l'invention et deux pneumatiques témoins T1 et T2 de l'état de la technique.

[082] Dans le pneumatique témoin T1 , la nappe de protection comprend deux bandes de caoutchouc de calandrage, chacune d'épaisseur égale à 0,75 mm, formant une matrice de caoutchouc dans laquelle sont noyés des câbles de structure 3 x

(1 +5), chacun des 6 fils de chacun des 3 torons présentant un diamètre de 0,23 mm.

[083] Dans le pneumatique témoin T2, la nappe de protection comprend deux bandes de caoutchouc de calandrage, chacune d'épaisseur égale à 0,75 mm, formant une matrice de caoutchouc dans laquelle sont noyés des câbles de structure 2+4, chacun des 6 fils présentant un diamètre de 0,35 mm.

[084] Dans le pneumatique 10 selon l'invention, le tissu à entrelacement 44 est noyé dans deux bandes de caoutchouc de calandrage, chacune d'épaisseur égale à 0,4 mm formant une matrice de caoutchouc.

[085] On a soumis les différentes nappes des pneumatiques T1 , T2 et 10 à un test de perforation au cours duquel on expose chaque nappe à un indenteur venant exercer une force croissante. On mesure alors la déformation de la nappe en fonction de la force exercée par l'indenteur.

[086] La densité est déterminée en faisant le rapport du poids au m ^"2 sur l'épaisseur de la nappe.

[087] On a rassemblé les caractéristiques des nappes des pneumatiques T1 , T2 et 10 ainsi que les résultats du test de perforation dans le tableau 1 ci-dessous.

Tableau 1

[088] On note que, pour une densité et un poids bien inférieurs aux nappes des pneumatiques T1 et T2, la nappe du pneumatique 10 selon l'invention présente une déformabilité supérieure et supporte un effort maximal bien supérieur. L'efficacité antiperforation, définie comme le rapport de l'effort maximal sur la densité de la nappe, de la nappe du pneumatique selon l'invention est bien supérieure à celle des nappes des pneumatiques T1 et T2.

[089] L'invention ne se limite pas aux modes de réalisation décrits ci-dessus.

[090] En effet, le tissu à entrelacement pourra être d'un autre type que du type à entrelacement d'angle ou multicouches. Ainsi, les deuxièmes éléments de renfort filaires textiles pourront entrelacer de façon aléatoire les premiers éléments de renfort filaires textiles.

[091] Le tissu à entrelacement pourra être agencé à d'autres postes du pneumatique que ceux décrits ci-dessus, par exemple dans l'armature de sommet, radialement intérieur aux nappes de travail ou bien en zone basse, par exemple dans le bourrelet.

[092] On pourra également combiner les caractéristiques des différents modes de réalisation décrits ou envisagés ci-dessus sous réserve que celles-ci soient compatibles entre elles. Ainsi, on pourra avoir un pneumatique dans lequel l'armature de sommet comprend une nappe de protection comprenant des câbles métalliques ou textiles classiques et une nappe de protection comprenant un tissu à entrelacement.

[093] On pourra également envisager un pneumatique comprenant une armature de sommet comprenant un premier tissu à entrelacement et un élément de renfort de flanc comprenant également un deuxième tissu à entrelacement, les premier et deuxième tissus à entrelacement pouvant être identiques ou différents.