Domaine Technique L'invention concerne un perfectionnement apporté aux machines à tisser dans lesquelles la commande des fils de chaîne en vue de réaliser la foule, est obtenue par l'intermédiaire d'un mécanisme dit « mécanique Jacquard » permettant de déplacer lesdits fils de chaîne individuellement.

Techniques antérieures La réalisation d'un tissu implique : _ d'une part, d'assurer le déroulement de la nappe de fils de chaîne, la formation de la foule et le renvidage du tissu et ; _ d'autre part, d'insérer le fil de trame lorsque la foule est ouverte et de le tasser par l'intermédiaire d'un peigne porté par un battant contre la dernière duite du tissu réalisé.

L'insertion de la trame est réalisée par tout moyen approprié tel que lance flexible ou rigide, projectile, jet d'air ou de fluide,... exigeant un mouvement transversal.

Cette insertion de trame est réalisée lorsque la foule est ouverte, c'est-à- dire lorsque les fils de chaîne sont séparés en deux nappes convergentes vers le tissu réalisé.

Différents types de systèmes sont utilisés pour réaliser un tel déplacement des fils de chaîne, et ce en fonction des armures des tissus.

Parmi les systèmes les plus simples, on peut citer ceux faisant appel à des cames ou à des ratières qui commandent le déplacement de cadres de lisses permettant d'obtenir des armures allant de la plus simple (armures taffetas ou unies lorsque le métier ne comporte que deux cadres), à des armures plus complexes pouvant permettre d'obtenir des effets ou motifs, dont le rapport est cependant limité au nombre de cadres de lisses que comporte le métier qui, en général, ne dépasse pas 28 lames.

Pour réaliser des articles dont le rapport d'armure n'est pas limité, et obtenir des motifs de grandes dimensions sur le tissu, les fils de chaîne sont commandés individuellement par l'intermédiaire d'une mécanique Jacquard.

Cette particularité de commande individuelle des fils de chaîne offre donc des possibilités créatrices infinies au niveau des armures (entrecroisement des fils de chaîne avec les fils de trame), donc des dessins réalisés.

En revanche, un tel type de métier pose un problème lorsque l'on souhaite changer de type d'article, notamment la densité en fils de chaîne et/ou la largeur du tissage.

En effet, dans un tel cas, on se trouve dans l'obligation de remplacer l'intégralité du harnais, c'est-à-dire l'ensemble des éléments qui permettent d'assurer la commande des fils de chaîne, et qui se compose des cordons associés directement à la mécanique Jacquard et qui correspondent au nombre d'organes d'actionnement de la mécanique, chacun de ces cordons se raccordant à une ou plusieurs arcades reliées aux lisses porte-oeillets communiquant le déplacement à chacun des fils.

Pour faciliter cette opération, il a été proposé depuis fort longtemps, comme cela ressort notamment du FR-A-2 726 010 (correspondant à 1'US 5 791 382), de réaliser des éléments de connexion, éléments qui seront désignés par le terme « collet » dans la suite de la description, qui sont constitués de deux éléments encliquetables, l'un étant relié à l'extrémité de chaque cordon, et l'autre permettant d'assurer la fixation d'une ou plusieurs arcades.

Si une telle manière de procéder facilite le changement d'articles par le fait qu'elle permet un gain de temps important au niveau du raccordement des arcades aux cordons de la mécanique, il n'en demeure pas moins que le temps d'immobilisation du métier nécessité par une telle opération est toujours de plusieursjours.

Exposé de l'invention Or on a trouvé, et c'est ce qui fait l'objet de la présente invention, une nouvelle conception de métiers à tisser à mécanique Jacquard, qui permet de

réduire notablement la durée d'immobilisation du métier lors du changement de harnais, durée qui sera au plus de l'ordre de quelques heures tout en facilitant toutes les autres opérations de mise en route du métier.

D'une manière générale, la machine à tisser équipée d'une mécanique Jacquard conforme à l'invention, comporte donc, montée sur un bâti, une ensouple pour les fils de chaîne qui sont amenés sous la forme d'une nappe à la zone de tissage proprement dite au travers d'un porte-fils, un casse-chaîne, un peigne monté sur un battant, un rouleau d'appel pour le tissu formé et un système de renvidage, la commande des fils de chaîne en vue de réaliser la foule pour l'introduction de la trame étant constituée par une mécanique Jacquard montée sur un bâti à un niveau surélevé par rapport à la zone de tissage, et dont les cordons, associés à chaque élément de commande de la mécanique Jacquard, sont reliés aux arcades commandant les lisses assurant la levée et la baisse des fils de chaîne en vue de former la foule par l'intermédiaire de collets démontables, la ou les arcade (s) associée (s) à chaque collet étant amenée (s) à la planche d'empoutage au travers d'une planche à trous montée de manière amovible à la base de ladite mécanique Jacquard.

La machine à tisser conforme à l'invention se caractérise en ce que le bâti de la machine est réalisé sous la forme de deux modules : le module avant, étant monté à demeure sur le site de tissage et supportant l'ensemble des moyens de commande du métier, le système de renvidage du tissu formé, le rouleau d'appel et le battant destiné à supporter le peigne ; le second module, dit module arrière, étant, déplaçable par rapport au site de tissage proprement dit, et supportant 1'ensouple de fils de chaîne, le porte-fils, le casse-chaîne, le peigne, les dispositifs de lisières éventuels que peut comporter le métier, la planche d'empoutage et le sommier de fixation des ressorts de rappel des lisses ainsi qu'un support apte à recevoir la planche à trous amovible qui équipe la mécanique Jacquard après désaccouplement des arcades des cordons de commande de ladite mécanique Jacquard.

Grâce à une telle conception de la machine, il est possible de procéder très rapidement à un changement d'articles en substituant au module permettant de réaliser un article prédéterminé, un autre module préparé en dehors de la machine en temps masqué, la seule opération à faire sur le métier étant le raccordement des

extrémités libres des arcades aux extrémités des cordons de commande par l'intermédiaire des collets démontables.

Description sommaire des dessins L'invention et les avantages qu'elle apporte seront cependant mieux compris grâce à l'exemple de réalisation donné ci-après à titre indicatif, mais non limitatif, et qui est illustré par les schémas annexés dans lesquels : la figure 1 illustre, en perspective schématique, l'ensemble des moyens que comporte un métier à tisser conforme à l'invention équipé d'une mécanique Jacquard ; _ la figure 2 est une vue de côté montrant la structure générale d'une machine à tisser réalisée conformément à l'invention en fonctionnement normal ; _ la figure 3 illustre, également vue de côté, la structure d'une machine conforme à l'invention lors d'un changement de harnais, les deux modules entrant dans la constitution de la machine et étant montrés séparés l'un de l'autre.

Manière de réaliser l'invention En se reportant aux figures 1 et 2 annexées, la machine conforme à l'invention se compose donc d'un métier à tisser proprement dit, associé à une mécanique Jacquard (J) montée sur un bâti indépendant, au-dessus de la machine et espacée de cette dernière d'une distance comprise entre 2,50 et 3 mètres.

Une telle machine se compose, monté sur un bâti approprié, d'une ensouple (1) pour les fils de chaîne (2) qui sont amenés sous la forme d'une nappe à la zone de tissage proprement dite, au travers d'un porte-fils (3), un casse chaîne (4), un peigne (5), monté sur un battant, le tissu formé (6) étant amené par l'intermédiaire d'un rouleau d'appel (7) au système de renvidage (8).

La commande des fils de chaîne (2) en vue de réaliser la foule (9) est obtenue par l'intermédiaire d'une mécanique Jacquard désignée par la référence générale (J).

Sur un tel type de matériel, chaque fil de chaîne (2), deux fils référencés (2a) et (2b) étant simplement représentés à la figure 1 annexée, passe à l'intérieur

d'un oeillet de guidage (10) d'une lisse (11). Chaque lisse (11) est soumise à l'action d'un ressort de rappel (12) monté sur un ensemble fixe dit « planche de fond » (13) ou « sommier » qui, ainsi que cela vu ultérieurement est, dans la machine conforme à l'invention, monté directement sur le bâti de la machine et non pas fixé au sol.

L'extrémité supérieure de chaque lisse (11) est, quant à elle, rattachée à l'extrémité d'une arcade (14) qui passe au travers d'orifices, régulièrement répartis, prévus sur un ensemble dit « planche d'empoutage » (15). L'arcade (14) passe ensuite au travers d'un ensemble dit « planche à trous » (16) qui comporte autant d'orifices que d'éléments de commande de la mécanique Jacquard, chaque arcade étant reliée au cordon (17) de ladite mécanique Jacquard par l'intermédiaire d'un collet (18).

Il peut tre envisagé que chaque cordon de la mécanique Jacquard ne commande qu'un seul fil permettant ainsi de réaliser un tissu dont les motifs qu'il comporte peuvent avoir un rapport de largeur égal à la largeur du tissu, compte tenu du fait que le nombre d'éléments de commande d'une mécanique Jacquard est obligatoirement limité, et est, à ce jour, fixé à un maximum d'environ 12 000 crochets. En général, pour augmenter la densité en chaîne et réaliser des tissus de plus grande largeur, chaque cordon est relié à plusieurs fils de chaîne, par exemple trois comme cela est illustré à la figure 1 qui sont donc commandés simultanément et travaillent d'une mme manière dans l'armure générale du tissu.

Dans un tel cas, on réalise donc sur la largeur du tissu trois motifs ou armures identiques.

Conformément à l'invention, le bâti de la machine à tisser est réalisé en deux parties séparables, comme cela est représenté à la figure 3 qui illustre la manière dont on procède lorsque l'on souhaite changer d'articles.

La partie avant (AV), fixée à demeure sur le site de tissage, comporte l'ensemble des moyens moteurs nécessaires à la commande des différents mouvements de la machine à tisser et de la mécanique Jacquard, ainsi que le système d'appel (7) et de renvidage (8).

Le module arrière (AR), quant à lui, est réalisé sous la forme d'un ensemble déplaçable, par exemple sous la forme d'un chariot.

Sur ce module, sont montés 1'ensouple (1), le porte-fils (2), le casse-chaîne (3), le peigne (5) et, conformément à l'invention, la planche d'empoutage (14) et le sommier (13) servant de support aux ressorts de rappel (12) des lisses (4).

Sur ce module (AR), est prévu un support (20) permettant, après démontage, de faire reposer la planche à trous servant de guidage aux arcades.

La mécanique Jacquard (J) est, quant à elle, conçue de telle sorte que la planche à trous (16) qu'elle comporte puisse tre démontée afin, d'une part, d'autoriser un désaccouplement entre les cordons (17) et les arcades (15) par l'intermédiaire d'un système de liaison du type « collet démontable » réalisé par exemple conformément aux enseignements du FR 2 726 010.

Par suite, il est possible, grâce à une telle conception de machine, de pouvoir réaliser une opération de changement d'articles dans un temps très court de l'ordre de quelques heures, puisque la seule opération à faire sur le métier est celle de la désolidarisation des arcades par rapport aux cordons de commande, et de la remise en place de ces éléments après avoir ramené sur le site de tissage l'ensemble des moyens prts à tre utilisés, puisque l'on peut réaliser, en temps masqué, les opérations de : rentrage aux lisses (10), _ pose des lamelles de casse-chaîne (4), piquage du peigne (5), _ rentrage des lisieres si necessaire ainsi que, réglage du porte-fils (3) et du casse-chaîne (4).