La présente invention concerne un procédé de traitement antigerminatif de bulbes et/ou tubercules, au moyen d'un matériau de traitement antigerminatif, comprenant les étapes suivantes :

- imbiber un matériau absorbant d'un produit de traitement antigerminatif au moins à base d'huile de menthe et/ou de L-carvone de sorte à former le matériau de traitement antigerminatif,

- appliquer ledit matériau sur la surface des bulbes et/ou tubercules à traiter.

L'invention est notamment appropriée au traitement des bulbes d'ail et d'oignons et des tubercules de pommes de terre.

Après la récolte de l'oignon et de l'ail, ceux-ci sont conservés à des températures de l'ordre de 20 à 30 C pendant environ 10 jours afin de sécher leur couche péridermique ou "peau", puis progressivement refroidies jusqu'à leur température de conservation qui est d'environ 1 °C, généralement entre 0 et 2 ^q C.

La pomme de terre par contre est refroidie rapidement, sur une période de 15 jours environs, jusqu'aux températures de conservation comprises entre 3 et 9 ^

A la fin de cette période, entre 10 et 20 jours en moyenne après la récolte, les bulbes et/ou tubercules doivent être traitées chimiquement afin d'inhiber la germination qui serait responsable d'effets néfastes, tels qu'une perte de poids frais, une transformation de l'amidon en sucres et une diminution de la qualité des tubercules ainsi qu'une détérioration de leur apparence, en bref des transformations qui les rendraient impropres à la commercialisation et/ou à la consommation.

Les bulbes sont normalement gardés à des températures plus réduites mais sans éviter les risques de germination surtout lors de leur remise à température ambiante.

Les procédés de traitement anti-germinatifs les plus utilisés mettent en œuvre des agents chimiques appliqués après la récolte sur les pommes de terre tels que le chloropopham (CIPC 1 -méthyléthyl-3-chlorophénylcarbamate) et l'hydrazide maléique appliqué dans les champs sur les pommes de terres et oignons. Ces agents chimiques présentent des risques de toxicité élevés pour le consommateur, de sorte que les doses homologuées sont constamment réduites. En particulier, l'utilisation du chloropham n'est plus autorisée pour les particuliers. En outre, l'hydrazide maléique confère une protection antigerminative très limitée dans le temps, typiquement de 1 à 2 mois.

De ce fait, la recherche s'est essentiellement portée sur la mise au point de produits alternatifs pour assurer la protection des bulbes et/ou tubercules contre la germination. Il est connu d'utiliser de l'huile de menthe et/ou de la L-carvone pour réaliser un traitement antigerminatif de bulbes et/ou de tubercules. Cette huile de menthe est par exemple diffusée la faisant chauffer et en faisant passer de l'air au travers afin de vaporiser l'huile de menthe. Un tel procédé n'est cependant pas adapté pour les particuliers, disposant en général d'un espace de stockage de bulbes et/ou tubercules réduit. En effet, l'air ambiant de l'espace de stockage est très vite saturé en huile de menthe, car sa tension de vapeur est faible, ce qui provoque une recondensation immédiate de l'huile de menthe sur les surfaces froides et entraîne un dépôt liquide de l'huile de menthe sur les bulbes et/ou tubercules stockés. Il convient d'éviter à tout prix ce dépôt, car l'huile de menthe entrant en contact sous forme liquide avec les bulbes et/ou tubercules provoque une phytotoxicité importante.

Un autre inconvénient de la technique de diffusion de l'huile de menthe par vaporisation est une irrégularité de l'enrobage en fonction de la stratification des vapeurs de terpènes dans l'air ambiant. Ainsi, les bulbes et/ou tubercules ne sont pas protégés de manière uniforme et la germination n'est pas complètement empêchée dans les parties non enrobées par l'huile de menthe.

Selon un autre procédé, l'huile de menthe est mélangé avec un solvant diffusé à froid dans l'atmosphère de l'espace de stockage des bulbes et/ou tubercules. Un tel procédé ne garantit pas non plus la régularité de l'enrobage des bulbes et/ou tubercules par l'huile de menthe et donc la protection optimale de ces bulbes et/ou tubercules. En outre, la source d'huile de menthe étant disposée à un endroit particulier de l'espace de stockage, elle n'agit pas de manière uniforme sur tous les bulbes et/ou tubercules, ceux-ci étant plus ou moins éloignés de la source. L'utilisation d'un solvant est, de plus, susceptible de produire des phénomènes de toxicité sur les bulbes et/ou tubercules, dont la consommation serait alors dangereuse pour la santé.

L'un des buts de l'invention est de pallier les inconvénients mentionnés ci-dessus en proposant un procédé de traitement antigerminatif adapté à l'usage pour des particuliers et pour un usage industriel ne présentant pas de risques de toxicité pour l'utilisateur ou pour les bulbes et/ou tubercules traités offrant une protection homogène sur l'ensemble des tubercules et une facilité d'application..

A cet effet, l'invention concerne un procédé de traitement antigerminatif de bulbes et/ou tubercules du type précité, dans lequel le matériau absorbant est réalisé sous la forme d'une poudre chimiquement inerte apte à absorber entre 0.1 et 50% du produit de traitement antigerminatif. L'utilisation d'une poudre chimiquement inerte permet de protéger, sans risque pour le bulbe et/ou tubercule et/ou pour l'utilisateur, les bulbes et/ou tubercules efficacement et sur une longue période. La poudre étant appliquée directement sur tous les bulbes et/ou tubercules, on assure une protection homogène sur toute la surface de ceux-ci et il n'y a pas de problème lié à la saturation de l'atmosphère de stockage des bulbes et/ou tubercules. On obtient ainsi un traitement efficace et sans risque des bulbes et/ou tubercules très peu coûteux et simple à mettre en œuvre, ce qui le rend particulièrement adapté pour l'usage des particuliers.

Le procédé peut par exemple être employé par des particuliers ayant acheté des pommes de terre dans le commerce ou par des jardiniers amateurs ayant une capacité de stockage plus faible que des industriels. En outre, le procédé est également adapté pour des industriels par automatisation de l'application de la poudre sur les bulbes et/ou tubercules.

Selon d'autres caractéristique du procédé :

- la poudre n'est pas soluble dans l'eau ;

- les particules de la poudre présentent en moyenne un diamètre compris entre 0.5 et 3 microns ;

- le matériau absorbant est choisi parmi le kaolin, les argiles, le talc ou l'oxyde de titane ;

- la poudre subit une micronisation préalablement à l'absorption du produit de traitement antigerminatif ;

- le produit de traitement antigerminatif contient exclusivement de l'huile de menthe et/ou de la L-carvone ;

- le produit de traitement antigerminatif est une combinaison d'huile de girofle et/ou d'eugénol et d'huile de menthe et/ou de L-carvone ;

- l'application de la poudre se fait par poudrage ou par soufflage sur la surface des bulbes et/ou tubercules ; et

- les bulbes et/ou tubercules sont disposés sur un convoyeur circulant sous un dispositif de poudrage, ledit dispositif contenant une quantité proportionnelle de poudre à la quantité de bulbes et/ou tubercules à protéger et étant agencé pour déverser la poudre sur les bulbes et/ou tubercules circulant sous ledit dispositif.

L'invention concerne également un matériau de traitement antigerminatif de bulbes et/ou de tubercules pour un procédé de traitement antigerminatif tel que décrit ci- dessus, dans lequel ledit matériau est formé d'une poudre d'un matériau absorbant chimiquement inerte imbibé d'un produit de traitement antigerminatif au moins à base d'huile de menthe et/ou de L-carvone. D'autres aspects et avantages de l'invention apparaîtront à la lecture de la description qui suit, donnée à titre d'exemple et faite en référence à la figure annexée montrant un dispositif d'application de la poudre pour une application industrielle du procédé selon l'invention.

Le procédé selon l'invention consiste essentiellement à imbiber un matériau absorbant, réalisé sous la forme d'une poudre 1 , d'un produit de traitement antigerminatif au moins à base d'huile de menthe et/ou de L-carvone de sorte à former un matériau de traitement antigerminatif et à appliquer ce matériau de traitement sur la surface des bulbes et/ou tubercules à protéger.

Le produit de traitement antigerminatif au moins à base d'huile de menthe et/ou de L-carvone contient par exemple exclusivement de l'huile de menthe et/ou de la L-carvone.

En variante, le produit de traitement antigerminatif est une combinaison d'huile de girofle et/ou d'eugénol et d'huile de menthe et/ou de L-carvone. Le produit peut comprendre de 1 part d'huile de girofle et/ou d'eugénol et 99 parts d'huile de menthe et/ou de L-carvone à 99 parts d'huile de girofle et/ou d'eugénol et 1 part d'huile de menthe et/ou de L-carvone. Dans un mode de réalisation particulier, le produit de traitement antigerminatif contient par exemple de 60 % à 70 % en poids d'huile de girofle et/ou d'eugénol et de 30 % à 40 % en poids d'huile de menthe et/ou de L-carvone. Un tel mélange est un antigerminatif efficace permettant de mieux protéger les bulbes et/ou tubercules que l'huile de menthe seule.

La poudre 1 formant le matériau absorbant est chimiquement inerte et apte à absorber entre 0.1 et 50% du produit de traitement antigerminatif.

La poudre 1 est complètement compatible avec les aliments, c'est-à-dire qu'elle ne les rend pas impropre à la consommation en étant en contact avec ceux-ci.

En outre, elle n'a aucune solubilité avec l'eau afin d'empêcher toute pénétration dans la peau des bulbes et/ou tubercules. Ainsi, l'huile de menthe qui pourrait être toxique ne pénètre pas du tout dans les bulbes et/ou tubercules, ce qui empêche tout risque de toxicité lors de leur consommation.

La poudre 1 présente en outre une capacité à être micronisée très importante afin d'obtenir des particules présentant un diamètre de l'ordre du micron pour au moins 80% de sa masse totale.

Une telle poudre 1 est par exemple formée à partir des matériaux suivants : le kaolin, les argiles, le talc ou l'oxyde de titane.

La poudre 1 est micronisée préalablement à l'absorption du produit de traitement antigerminatif de sorte à obtenir une poudre 1 comprenant des particules ayant un diamètre sensiblement compris entre 0.5 et 3 microns. Une poudre présentant des particules ayant un diamètre supérieur à celui-ci ne serait pas adaptée. En effet, une telle poudre ne permettrait pas un enrobage de bonne qualité e d'obtenir une uniformité de l'enrobage. En outre, une telle poudre pourrait être à l'origine d'abrasion de la peau des bulbes et/ou tubercules, ce qui nuirait à leur qualité.

Selon un mode de réalisation, la poudre est colorée afin que l'utilisateur sache si un bulbe et/ou tubercule a été traité, c'est-à-dire recouvert de poudre, ou non.

Selon un mode particulier de réalisation, le matériau de traitement antigerminatif est formé d'une poudre de kaolin micronisée de sorte à obtenir des particules présentant un diamètre sensiblement égal à 2 microns et absorbant environ 42% de produit de traitement antigerminatif. L'utilisation d'une poudre de kaolin présente l'avantage de laisser une trace résiduelle blanche sur les bulbes et/ou tubercules, ce qui n'est pas le cas des traitements classiques par exemple au CI. P.C. Ainsi le consommateur d'un seul regard sur les pommes de terre saura qu'elles ont été traitées par des produits de traitements exclusivement naturels.

L'absorption du produit de traitement antigerminatif se fait par exemple par imprégnation de la poudre 1 par le produit de traitement.

L'application du matériau de traitement antigerminatif ainsi obtenu peut se faire de façon très simple, par exemple par saupoudrage sur les bulbes et/ou tubercules. Le saupoudrage se fait sur toute la surface des bulbes et/ou tubercules et permet d'obtenir un enrobage uniforme et complet de ceux-ci. En effet, du fait de la finesse de la poudre, un résidu de celle-ci adhère sur toute la surface des bulbes et/ou tubercules et forme une pellicule protectrice protégeant de façon uniforme toute la surface des bulbes et/ou tubercules.

Le saupoudrage peut s'effectuer manuellement ou à l'aide d'un soufflet, par exemple pour les particuliers dont la quantité de bulbes et/ou tubercules à protéger est relativement faible. Le procédé de traitement décrit ci-dessus est particulièrement simple à mettre en œuvre et peu coûteux, ce qui le rend spécialement adapté à un usage pour les particuliers.

Pour les industriels, le saupoudrage est par exemple automatisé au moyen d'un dispositif représenté sur la figure. Ce dispositif comprend par exemple un convoyeur 2 sur lequel les bulbes et/ou tubercules sont disposés. Le convoyeur 2 circule sous un dispositif de poudrage 4, ledit dispositif 4 contenant une quantité proportionnelle de poudre 1 à la quantité de bulbes et/ou tubercules à protéger et étant agencé pour déverser la poudre 1 sur les bulbes et/ou tubercules circulant sous ledit dispositif 4, comme représenté sur la figure. Les bulbes et/ou tubercules ayant reçu une file pellicule de poudre 1 sont ensuite éventuellement mélangés ou retournés puis redisposés sous le dispositif 4 pour assurer une application de la poudre 1 sur toute la surface de ceux-ci.

Le procédé de traitement décrit ci-dessus permet de protéger efficacement et par une seule application les bulbes et/ou tubercules traités pendant 2 mois et plus. Par deux applications successives tous les 60 jours, il est possible de protéger les bulbes et/ou tubercules pendant 6 mois. Une protection plus longue peut également être envisagée.

Le procédé décrit ci-dessus présente de nombreux avantages par rapport aux procédés connus de l'art antérieur.

En particulier, le procédé permet d'éviter le contact direct entre l'huile liquide et les bulbes et/ou tubercules, ce qui pourrait produire des excès localisés de produit de traitement, ce qui induirait un risque de phytotoxicité et de changement de goût et d'odeur des bulbes et/ou tubercules. La poudre étant appliquée directement sur les bulbes et/ou tubercules, on évite le problème lié à la diffusion de vapeur d'huile provoquant un contact souvent aléatoire entre les bulbes et/ou tubercules et la vapeur d'huile dont la source est à un endroit précis par rapport aux tubercules qui sont à distance variable de cette source en fonction de leur position dans la caisse.

Le procédé crée un enrobage homogène qui libère progressivement l'huile sur toute les surfaces en présence et cela pendant de longues période, car la vapeur d'huile présente une tension de vapeur relativement basse (environ 0.01 mmHg à 5°C).

Le procédé permet l'utilisation facile et peu coûteuse à la fois par les amateurs comme par les industriels et cela indépendamment du fait que les bulbes et/ou tubercules soient stockés en grande ou petite quantité en caisse ou en vrac.

En outre, le procédé évite tout risque pour les utilisateurs, car s'ils sont en contact éventuel avec la poudre chimiquement inerte (et non la matière active), ils peuvent facilement l'éliminer avant qu'elle soit absorbée par la peau.