DOMAINE DE L'INVENTION L'invention concerne les archets pour instruments à cordes frottées, c'est-à-dire notamment pour le violon l'alto, le violoncelle et la contrebasse.

Elle concerne également son procédé de fabrication, ainsi que le matériau mis en œuvre pour sa réalisation.

ETAT ANTERIEUR DE LA TECHNIQUE

Depuis la fin du XVIIIème siècle, on utilise traditionnellement comme matériau constitutif de l'archet des instruments à cordes frottées, le pernambouc (caesalpina eschinata), essence d'arbre poussant principalement au Brésil, dont le bois est d'une très grande dureté, et d'une densité élevée, et en outre d'une grande résilience. Il est particulièrement apprécié, également en raison de sa dynamique, de la possibilité de le travailler comme le fer, du maillage de sa fibre qui le rend particulièrement résistant en flexion, et de ses propriétés acoustiques.

En raison de la raréfaction de l'espèce, due à une déforestation agricole trop intense, cette essence a été inscrite à l'annexe II de la Convention sur le Commerce International des espèces de faune et de flore sauvage menacées d'extinction, de sorte que l'approvisionnement en pernambouc est à ce jour très sévèrement réglementé. Ce faisant, le prix des archets s'en trouve lui-même impacté.

Diverses espèces de bois ont été testées pour tenter ainsi de remplacer le pernambouc, sans succès, soit en raison de leur résistance mécanique ou de leur dynamique insuffisantes, ou de leur porosité trop grossière qui les rend cassants, soit en raison du fait que la qualité acoustique résultant de leur mise en œuvre n'est pas satisfaisante.

On a également proposé la mise en œuvre d'archets composites comportant une âme en mousse de polyuréthane recouvert de fibres de carbone unidirectionnel, par exemple sous la forme d'une tresse (voir par exemple WO2006/059235). Si incontestablement, le coût des archets ainsi réalisés est sensiblement réduit, en revanche l'expérience démontre, d'une part, qu'ils ne présentent pas toujours les propriétés dynamiques et de résilience adéquates, et que d'autre part, la qualité acoustique résultant de leur mise en œuvre au niveau des instruments à cordes frottées ne satisfait pas un grand nombre de pratiquants. En effet, un tel matériau ne résonne que sur une parie réduite du spectre audible.

EXPOSE DE L'INVENTION L'invention propose une solution alternative.

L'invention concerne donc un archet pour instruments à cordes frottées comprenant une baguette terminée à l'une de ses extrémités par une tête, et à son autre extrémité par une hausse, une mèche de crins étant tendue entre la tête et la hausse.

Selon l'invention, la baguette est constituée d'une âme réalisée en fibres de palmier (arecacease), revêtue d'une gaine réalisée à base de fibres de carbone.

Plus particulièrement, on met en œuvre pour l'âme, des fibres denses de palmier en vue d'aboutir aux propriétés requises.

En d'autres termes, l'invention consiste à réaliser un archet hybride alliant à la fois une âme en matériau naturel, apte à conférer à l'archet les propriétés acoustiques requises par les musiciens, notamment de haut niveau, entourée d'une gaine en fibres de carbone, qui apporte la dynamique et la résilience, lui conférant la résistance mécanique. On crée ainsi un nouveau matériau composite, développant des propriétés mécaniques et acoustiques.

Selon une caractéristique de l'invention, la gaine est monocouche et est avantageusement constituée d'une tresse multi- filaments.

Cette gaine est en outre associée à une résine époxy, apte à favoriser l'adhérence de la gaine sur l'âme. Selon une autre caractéristique avantageuse de l'invention, on introduit entre l'âme en fibres de palmier et la gaine en fibres de carbone, des fils longitudinaux, également en fibres de carbone, mais avantageusement de plus grande densité que ceux constitutifs de la gaine, en vue de modifier la dynamique ou la résilience du matériau final.

Selon encore une autre caractéristique avantageuse de l'invention, la baguette reçoit un double tressage de fibres de carbone sur une distance comprise entre 10 et 15 cm à compter de la tête. Cette zone dite du collet est souvent critique pour les archets, dans la mesure où elle subit des contraintes importantes. Elle est d'ailleurs la principale source de cassure des archets traditionnels.

BREVE DESCRIPTION DES FIGURES

La manière dont l'invention peut être réalisée et les avantages qui en découlent, ressortiront mieux de l'exemple de réalisation qui suit, donné à titre indicatif et non limitatif à l'appui des figures annexées.

La figure 1 est une représentation schématique d'un archet pour instruments à cordes frottées de l'art antérieur.

La figure 2 est une représentation schématique en section d'un premier mode de réalisation de l'invention.

La figure 3 est une représentation schématique analogue à la figure 2 d'une autre forme de réalisation de l'invention. DESCRIPTION DETAILLEE DE L 'INVENTION

On a donc représenté en relation avec la figure 1 , un archet de facture classique mais également conforme à l'invention. Fondamentalement celui-ci se compose d'une baguette 1, aux deux extrémités de laquelle se situe la tête 2 précédée du collet 7 d'une part, et l'octogone 8 sur lequel est fixée la hausse 4 d'autre part.

Entre la tête 2, et plus précisément la plaque de tête 3 et la hausse 4, est tendue la mèche 5 de crins, typiquement de cheval, ayant vocation à frotter les cordes, notamment d'un violon par exemple. De manière connue, la tension de la mèche 5 est réalisée au niveau de la hausse. 4 par coulissement sur l'octogone 8.

Selon l'invention, la baguette 1 est réalisée de manière hybride, et comporte fondamentalement une âme 10 réalisée en fibres denses de palmier (Arecaceae), entourée d'une gaine 11 réalisée en fibres de carbone.

La baguette est cambrée afin de conférer la forme souhaitée à l'archet. Préalablement à la mise en place de la gaine caractéristique de l'invention, on positionne une pièce, destinée à servir ultérieurement à la réalisation de la tête, notamment par moulage.

Puis on procède au tressage des fibres de carbone autour de l'âme 10, afin de constituer la gaine 11. Ce tressage peut être réalisé par tout moyen, tel que notamment une tresseuse. On obtient ainsi une tresse monocouche, venant au contact de l'âme 10.

Les fibres de carbone mises en œuvre présentent typiquement une masse linéique de 150 Tex.

Selon une caractéristique avantageuse de l'invention, on réalise même un double tressage sur une distance typiquement voisine de 15 centimètres, décomptée à partir de la tête, ce, afin d'augmenter la résistance de la baguette au niveau du collet en arrière de la tête.

Après la réalisation de ce tressage, et donc de la mise en place de la gaine, on enduit la périphérie de la gaine et donc de la baguette avec une résine époxy. Après polymérisation et éventuelle mise sous vide, la résine alors durcie, confère la résilience requise à l'archet.

Consécutivement à cette opération, on procède traditionnellement au moulage de la tête, avantageusement avec de la résine. Les autres étapes de réalisation de l'archet sont réalisées ultérieurement, ce de manière connue, de sorte qu'il n'est pas nécessaire ici de les détailler. Succinctement, ces étapes consistent en la taille de la tête, la conformation de l'extrémité de la baguette en octogone destiné à recevoir la hausse et la mortaise pour ensuite permettre le réglage de la tension de la mèche.

Selon une variante de l'invention, préalablement à la réalisation de la tresse constitutive de la gaine 11, on positionne des fils longitudinaux 12, également réalisés en carbone. Ces fils peuvent éventuellement de titre ou de densité plus élevé que ceux des fibres constitutives de la gaine.

Ces fils sont donc orientés sensiblement parallèlement à la baguette. L'objectif recherché est d'ajuster le niveau de résilience souhaitée de l'archet. Ces fils sont positionnés et plaqués contre la surface périphérique de l'âme 10 au fur et à mesure de la réalisation de cette dernière.

On conçoit tout l'intérêt de la présente invention qui, avant tout, propose un nouvel instrument de musique, en raison même des propriétés acoustiques de l'archet ainsi réalisé.

Cet archet présente des caractéristiques dynamiques et acoustiques comparables à celles des archets réalisés en pernambouc, tant en termes de propriétés physiques que de qualité acoustique, tout en réduisant leur coût de fabrication, en réduisant considérablement l'impact environnemental en raison justement de la non mise en œuvre de pernambouc.

En outre, la mise en œuvre de ce nouveau matériau offre davantage de possibilités en termes d'effets musicaux tels que le « col legno », le « jettato col legno », l'effet percussion, outre un aspect de surface à effet plus ou moins grattant, classiquement requis pour la musique contemporaine