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Title:
ORTHOPAEDIC SHOE FOR HORSES AND USE THEREOF IN THE TREATMENT OF LAMINITIS
Document Type and Number:
WIPO Patent Application WO/2020/030856
Kind Code:
A1
Abstract:
The invention relates to an orthopaedic farrier's plate for the hind limbs of horses, the plate comprising an inner leg having a free edge and an outer leg having a free edge, a crosspiece connecting the inner leg and the outer leg, the plate having an underside and an upper side opposite the underside, the thickness of the outer and inner legs, measured between the underside and the upper side of the plate, increasing from the free edge of the legs to their junction with the crosspiece, the material forming the plate being rigid, the angle defined between the underside and the upper side of the plate being between 10° and 30°.

Inventors:
WATTIEZ PHILIPPE (FR)
Application Number:
PCT/FR2018/052036
Publication Date:
February 13, 2020
Filing Date:
August 08, 2018
Export Citation:
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Assignee:
WATTIEZ PHILIPPE (FR)
International Classes:
A01L7/02
Domestic Patent References:
WO1995000014A11995-01-05
WO2004103205A22004-12-02
WO2001056378A12001-08-09
Foreign References:
DE202013003027U12013-06-26
US20150327531A12015-11-19
EP2910216A12015-08-26
US4794991A1989-01-03
FR2641942A11990-07-27
US5137093A1992-08-11
US20040092819A12004-05-13
US20130277070A12013-10-24
GB2517176A2015-02-18
US4422509A1983-12-27
US4775011A1988-10-04
US4794991A1989-01-03
EP2835049A22015-02-11
US20160029610A12016-02-04
US6283219B12001-09-04
US5706898A1998-01-13
US20150327531A12015-11-19
EP2910216A12015-08-26
US5253715A1993-10-19
US0152975A1874-07-14
US20090032269A12009-02-05
US20120292056A12012-11-22
US20140144109A12014-05-29
US20160249597A12016-09-01
US8505270B22013-08-13
US20160021863A12016-01-28
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Attorney, Agent or Firm:
DEJADE & BISET (FR)
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Claims:
REVENDICATIONS

1. Plaque (1) orthopédique de maréchalerie pour membre postérieur des chevaux, la plaque (1) comprenant une branche interne (2) pourvue d’un bord libre (2a) et une branche externe (3) pourvue d’un bord libre (3a), une traverse (4) reliant la branche interne (2) et la branche externe (3), la plaque (1) présentant une face inférieure (5) et une face supérieure (6) opposée à la face inférieure (5), l’épaisseur des branches externe (3) et interne (2), mesurée entre la face inférieure (5) et la face supérieure (6) de la plaque (1), étant croissante depuis le bord libre (2a, 3a) des branches (2, 3) jusqu’à leur jonction avec la traverse (4), caractérisée en ce que le matériau formant la plaque (1) étant rigide, l’angle défini entre la face inférieure (5) et la face supérieure (6) de la plaque (1) est compris entre 10° et 30°.

2. Plaque (1) orthopédique de maréchalerie pour équins selon la revendication 1, caractérisée en ce que le matériau formant la plaque (1 ) est un polymère.

3. Plaque (1) orthopédique de maréchalerie pour équins selon la revendication 1 ou 2, caractérisée en ce que l’épaisseur de la traverse (4) est inférieure à l’épaisseur maximale des branches interne (2) et externe (3), la traverse (4) présentant un creux (7) ouvert du côté de la face supérieure (6) de la plaque (1).

4. Plaque (1) orthopédique de maréchalerie pour équins selon l’une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisée en ce que la branche interne et/ou la branche externe (2, 3) sont courbes selon la courbure de l’éponge, du quartier et des mamelles d’un fer.

5. Plaque (1) orthopédique de maréchalerie pour équins selon la revendication 4, caractérisée en ce que la branche interne et/ou la branche externe (2, 3) sont courbes selon la courbure de l’éponge, du quartier et des mamelles d’un fer de postérieur.

6. Plaque (1) orthopédique de maréchalerie pour équins selon l’une quelconque des revendications précédentes, caractérisée en ce qu’elle présente une symétrie par rapport à un plan vertical, perpendiculaire à la face inférieure (5) de la plaque (1).

7. Plaque (1) orthopédique de maréchalerie pour équins selon l’une quelconque des revendications précédentes, caractérisée en ce que l’épaisseur de la plaque (1), aux bords libres des branches interne et externe (2, 3), est de l’ordre d’un millimètre.

8. Plaque (1) orthopédique de maréchalerie pour équins selon l’une quelconque des revendications précédentes, caractérisée en ce que l’épaisseur de la plaque (1), aux jonctions entre ses branches (2, 3) et la traverse (4), est de l’ordre de deux à quatre centimètres, et de préférence de trois centimètres.

9. Plaque (1) orthopédique de maréchalerie pour équins selon l’une quelconque des revendications précédentes, caractérisée en ce que la rive externe des branches interne et externe (2, 3) est biseautée.

10. Utilisation d’une plaque (1) orthopédique de maréchalerie pour équins selon l’une quelconque des revendications précédentes, avec un fer non orthopédique, dans le traitement de la fourbure des membres postérieurs.

Description:
FERRURE ORTHOPEDIQUE POUR EQUIDE ET APPLICATION AU

TRAITEMENT DE LA FOURBURE

[0001] L’invention a trait au domaine du ferrage orthopédique.

[0002] L’invention concerne plus particulièrement le ferrage orthopédique lors du traitement du cheval fourbu.

[0003] La fourbure ou pododermatite aseptique diffuse est une maladie systémique, qui se traduit notamment par de grandes douleurs, le plus souvent sur les antérieurs. Son pronostic peut être très sombre, sur le plan sportif comme vital pour le cheval.

[0004] La fourbure, en particulier lorsqu’elle démarre aux antérieurs et s’étend aux quatre membres, est si douloureuse que l’euthanasie est fréquemment décidée (voir par exemple Laminitis : a horse’s worst nigthmare, Mothers Earth news, 2000).

[0005] Dans la littérature anglo-saxonne, le terme laminitis est employé pour désigner un état de fourbure sans rotation ou descente de la troisième phalange, les termes founder ou sinker étant parfois utilisés lorsque respectivement cette rotation ou cette descente est intervenue ( MSD veterinay manual, https://www.msdvetmanuai.com/).

[0006] La fourbure (en allemand hufrehe) a fait l’objet de recherche depuis fort longtemps, et notamment au XIXème siècle (voir par exemple Percivall, Lameness if the horse, publié en 1871).

[0007] Les hippiatres grecs Apsyrte, Hiéroclès, ainsi qu’Hippocrate et Aristote ont désignés la fourbure par le nom grec de l’orge crithiasis, et la fourbure a été désignée en latin par hodeatio, dérivé d’hordeum (orge). Il est avancé aujourd’hui que l’orge est une source de fructane pouvant être à l’origine de fourbures dites de pâturage ( Florie , les fructanes dans l’alimentation du cheval et leurs implications dans la fourbure, Université de Toulouse, 2012).

[0008] En dehors de l’orge, l’alimentation est un facteur connu depuis longtemps dans l’apparition de fourbures chez le cheval. On connaît par exemple des fourbures provoquées par une ingestion massive de trèfle, de luzerne, de granulés, ou par un empoisonnement à certaines plantes (en particulier noyer noir Juglans nigra), ou bien encore par l’absorption d’une quantité importante d’eau froide. [0009] On connaît également des fourbures apparaissant dans un contexte de coliques sévères, faisant suite à des maladies infectieuses (par exemple colite, entérites, péritonites).

[0010] On connaît également depuis longtemps des fourbures de parturition, par exemple en cas de dystocie avec rétention placentaire et métrite ( Wilford et al, Post foaling laminitis : a case report Companion Animal Vol 16, 2011 ; Gouelfon, L’infection puerpérale et la fourbure de parturition de la jument, 1947).

[0011] L’ensemble de ces fourbures ont l’endotoxémie pour trait commun, cette diffusion par le sang de composés toxiques étant d’origine alimentaire (toxines bactériennes), ou consécutive à une maladie infectieuse.

[0012] On connaît aussi des fourbures apparaissant à la suite d’efforts intenses, en particulier lors de courses d’endurance, et des fourbures induites par un report de poids sur un membre (fourbure du membre contralatéral), par exemple lorsqu’un membre est douloureux, parce que lui-même atteint de fourbure ou suite à une fracture.

[0013] Pour une présentation des facteurs induisant l’apparition de fourbure, on peut se reporter par exemple au document Heymering, Causes, prédispositions and pathways of laminitis, Vet Clin Equines, 26 pp. 13-19, 2010.

[0014] Il est estimé que la fourbure concernerait environ 2% des chevaux chaque année, cette fréquence pouvant aller de 1.5 à 23% des chevaux, selon les auteurs (voir Wiley et al, frequency of equine laminitis : a systematic review with quality appraisal of published evidence, The veterinary journal, pp. 248-256, 2011).

[0015] Selon l’institut français du cheval et de l’équitation, le cheptel équin français comptait au 31 décembre 2014 environ 110000 équidés, dont plus de la moitié âgés de plus de dix ans. Le World Horse Welfare ( http://www.worldhorsewelfare.org ) estime le cheptel équin à plus de sept millions, au sein de l’Union Européenne. L’American horse council ( http://www.horsecouncil.org ) évalue à 9 millions le nombre de chevaux vivant aux Etats Unis. Le nombre de chevaux vivant dans le monde a été estimé à plus de 58 millions, en 2008, essentiellement en Amérique du sud (15 millions) et en Asie (13.8 millions), voir le document Khadka, publié en 2010, disponible à l’adresse https://stud.epsilon.slu.se. [0016] Sur la base d’une fréquence basse de 2%, la fourbure concernerait ainsi environ 22 000 chevaux en France, environ 140000 chevaux au sein de l’Union Européenne, et plus de 1 million de chevaux dans le monde, chaque année.

[0017] La fourbure serait l’une des trois premières causes d’euthanasie des chevaux, après les coliques, et les fractures (voir par exemple Leblond, Epidémiologie descriptive des causes de la mort chez le cheval, Ann Med Vet. Pp. 122-129, 2001, voir aussi Trends in Equine mortality 1998-2005 US Department of Agriculture, 2007).

[0018] L’étiologie de la fourbure fait l’objet de très nombreux travaux de recherche. Il semble que l’âge soit un facteur de risque (sans que cela soit toujours observé, voir Wylie et al The veterinay journal, pp. 57-69, 2013), que les poneys soient plus concernés que les chevaux ( Wylie et al, The veterinary journal, pp. 58-66, 2012), que les juments présentent un risque plus élevé que les hongres, et que l’activité physique régulière prévient l’apparition de fourbure. Il est admis que l’obésité est un facteur aggravant, lorsque la fourbure est installée. Il est également admis que le risque est plus élevé au printemps et en été, par rapport à l’hiver.

[0019] Chez le cheval, dans un pied sain, la cohésion entre le podophylle ( corium parietis, derme sous-jacent, ou feuillets de chair) et le kéraphylle ( stratum internum, ou feuillets de corne) assure la solidarisation de la boîte cornée à la phalange distale (troisième phalange, P3, coffin bone, pedal bone, distal phalanx). L’union du podophylle et du kéraphylle forme ce que l’on appelle communément la ligne blanche au niveau de la sole, la corne du kéraphylle n’étant pas pigmentée. La phalange distale est liée à un tendon extenseur dorsal et à un tendon fléchisseur profond.

[0020] Les forces verticales maximales s’appliquant à l’ensemble d’un pied antérieur sont, au pas, d’environ 0.6 fois le poids du corps, au trop d’environ 1 fois le poids du corps, et 1.75 fois le poids du corps au galop. Le reste du poids du corps passe par les postérieurs.

[0021] La phalange distale est soumise à un ensemble de contraintes qui sont généralement simplifiées en cinq forces : une tension exercée par l’engrènement podophylle - kéraphylle, une tension exercée par le tendon fléchisseur profond du doigt, une compression exercée par la phalange médiane, une force de réaction exercée par la sole et la fourchette et une force de tension exercée par le tendon extenseur dorsal du doigt.

[0022] La fourbure se traduit dans le pied du cheval par le désengrènement entre les lamelles du podophylle et celles du kéraphylle, et une rotation ou une descente de la troisième phalange, voir par exemple Courtois, La fourbure chez le cheval d’endurance, thèse de doctorat vétérinaire, 2007.

[0023] Lorsque ce désengrènement est important, il existe un risque d’une infection des feuillets (fourmilière).

[0024] On distingue habituellement une phase de développement de la maladie, précédant l’apparition de symptômes tels que la boiterie, suivie d’une phase aigüe pouvant aboutir à une rotation et/ou une descente de la troisième phalange conduisant à une fourbure chronique ou à un percement de la sole, voire une chute du sabot dans les cas extrêmes.

[0025] La fourbure est dite « chronique » lorsque la rotation de la troisième phalange est apparue. Cette rotation donne à la sole un aspect bombé, autrefois appelé « pied comble » (voir par exemple Bournay, Chirurgie du pied des animaux domestiques, 492 pages, publié en 1903, page 112).

[0026] Les chevaux atteints de fourbure « chronique » doivent faire l’objet de soins spécifiques, notamment lors du parage et/ou du ferrage. Il n’est pas rare de voir repousser un deuxième sabot le long d’un nouvel alignement osseux et podophylleux.

[0027] Les facteurs de déclenchement de la fourbure et les théories proposées pour son apparition font l’objet de recherches depuis de nombreuses décennies. Pour une présentation de ces travaux, on peut se référer par exemple aux documents suivants : Remco Sikkel, La fourbure, comprendre guérir, prévenir, ISBN 978-90-79249-26-8, 236 pages, publié en 2016 ; Equine Laminitis, Wiley, ISBN: 978-1-119- 94471-3, 472 pages, publié en 2017 ; Advances in laminitis vol 26, ISSN 0749-0739, deux tomes, 466 pages, publié en 2010.

[0028] Selon la théorie vasculaire, l’organisme du cheval ne parviendrait pas à maintenir une circulation sanguine normale à l’intérieur du sabot, par suite d’une vasoconstriction, d’un endommagement des capillaires, de l’ouverture d’anastomoses artério- veineuses, de micro-thromboses, ou d’une pression sanguine élevée dans le sabot. La chaleur de la paroi et de la couronne, le pouls digité bondissant suggèrent que la fourbure peut avoir une composante vasculaire, une hypo-perfusion digitale étant à l’origine d’une ischémie reperfusion dans les lamelles dermiques. L’hypoxie conduirait à la dégradation des liaisons entre podophylle et kéraphylle.

[0029] Selon la théorie enzymatique, des pro-enzymes (métalloprotéases matricielles MMP) seraient en cause, par voie hématogène, une activation excessive de ces enzymes aboutissant à la rupture des liaisons entre le derme et l’épiderme, entraînant ainsi la séparation entre les lamelles du podophylle et celles du kéraphylle.

[0030] Selon la théorie inflammatoire, la fourbure serait une manifestation locale d’un syndrome de réponse inflammatoire généralisé.

[0031] Les théories enzymatiques, inflammatoires et vasculaires peuvent être différents regards sur des mécanismes plus profonds : l’apparition d’amines, d’endotoxines ou d’exotoxines conduisent à l’activation des MMP ou à l’ischémie, provoquant l’altération de la membrane basale des lamelles épidermiques, conduisant au désengrènement du podophylle et du kéraphylle, qui lui-même peut conduire à une rotation ou une descente de la phalange distale.

[0032] En dehors de ces trois théories principales, certains auteurs proposent une théorie métabolique et hormonale, dans laquelle les fourbures seraient liées à une insulino-résistance. Il est estimé par certains auteurs que 14 à 45% des équidés de plus de quinze ans sont atteints de syndrome de Cushing et que le syndrome de Cushing équin et le syndrome métabolique équin sont responsables de 90% des cas de fourbure. Le cascade de mécanisme serait la suivante : dégénérescence des neurones de l’hypothalamus qui synthétisent la dopamine, entraînant une production excessive d’ACTH par l’hypophyse, augmentant la production des glucocorticoïdes, dont le cortisol, par les surrénales, induisant une insulino-résistance, cette insulino-résistance entraînant un stockage des glucides sous forme de graisse, une dégradation des capillaires par hyperglycémie, et une vasoconstriction ( Mantel , les thérapies médicales des affections locomotrices équines : état actuel des connaissances, thèse de doctorat vétérinaire, 2016). [0033] D’autres auteurs proposent une théorie traumatique, selon laquelle une fourbure peut survenir par suite de contraintes ou de chocs sur une durée prolongée sur un sol dur.

[0034] Il est probable que les causes de fourbures ont profondément évoluées au cours des dernières décennies, par suite du changement des modes de vie des chevaux et des hommes. Jusqu’en 1935, l’essentiel des chevaux vivants en France étaient des chevaux de traits (environ 2.5 millions sur les 3 millions de chevaux en France, en 1935, soit 83%), contre moins de 10% aujourd’hui. Le cheval de selle, largement employé durant la guerre de 1870, a disparu des champs de bataille en France lors de la deuxième guerre mondiale. En France, les cavaliers non militaires licenciés sont 30 000 après la seconde guerre mondiale, et 689 000 en 2014, selon les données de la Fédération française.

[0035] Le cheval n’est plus utilisé par nécessité, mais principalement pour le plaisir, la plupart des licenciés de la Fédération française étant des femmes, de moins de 18 ans (82% des licenciés en 2011, source cheval.culture.fr).

[0036] Aujourd’hui, notamment en France, un grand nombre de chevaux sont au pré, au domicile de particuliers, et ne sortent que de manière occasionnelle, notamment en été, pour des promenades, voire de la randonnée de loisir. Dans de telles conditions, le coût d’entretien annuel d’un cheval est d’environ 650 à 1300€ (alimentation, eau, soins vétérinaires, maréchalerie, assurance, équipement pour le cavalier, entretien des pâtures).

[0037] Longtemps perçue comme un motif d’impossibilité d’exploiter la force du cheval, sur le champ de bataille, pour le transport ou pour les travaux agricoles, la fourbure est aujourd’hui perçue en premier lieu comme une souffrance. La décision d’euthanasie est souvent prise, soit pour réduire des souffrances de l’animal fourbu, soit pour des raisons économiques, les traitements envisageables étant longs, coûteux et de succès incertains et aléatoires.

[0038] Pour un exemple de traitement long et complexe de fourbure des quatre membres, on peut lire par exemple Simon Gestion de la fourbure lors d’un décollement de lamelles chez le cheval, Université de Toulouse, 2016. [0039] La fourbure se manifeste habituellement aux membres antérieurs, qui supportent environ soixante pourcents du poids du corps. La fourbure semble débuter plus fréquemment sur l’antérieur gauche. Cette différence de charges des antérieurs par rapport aux postérieurs semble expliquer que les antérieurs soient plus souvent touchés.

[0040] Si la fourbure ne touche que les antérieurs, le cheval présente une attitude antalgique caractéristique : report de poids sur les postérieurs et la partie palmaire des antérieurs, le cheval étant campé en avant et marchant en talons, ou reculant en glissant les pieds. Ce report de poids peut provoquer une fourbure des postérieurs.

[0041] Lorsque, beaucoup plus rarement, la fourbure n’affecte que les postérieurs, les membres postérieurs sont placés à l’appui sous le corps et les antérieurs se dirigent vers l’arrière.

[0042] Pour mesurer la sévérité des signes cliniques, on connaît la classification proposée par le vétérinaire suédois Niles Obéi dans sa thèse de 1948 ( Studies on the histopathology of acute laminitis, Almqvist and Wiksells Boktryckeri AB, Uppsala, Royal veterinary college of Sweden, 95 pages, 1948). En grade 4 d’Obel, le cheval refuse de bouger et peut rester couché.

[0043] Après une phase asymptomatique, la fourbure se manifeste par une attitude antalgique du cheval, une boiterie, un accroissement du pouls des artères digitales, une chaleur du pied, une douleur à la pince exploratrice. Cette phase est dite de fourbure aigüe.

[0044] La sévérité de la fourbure peut être évaluée par mesure de l’angle de rotation de la troisième phalange. Selon l’angle entre la droite passant le long du bord dorsal de la troisième phalange et la droite passant le long du bord dorsal de la boîte cornée, le pronostic est variable : selon certains auteurs, pour des angles inférieurs à cinq degrés, la récupération est possible avec une ferrure adaptée ; pour des angles compris entre cinq et dix degrés, le cheval peut vivre au pré avec une ferrure orthopédique ; pour des angles supérieurs à dix degrés, quel que soit le traitement, le cheval sera toujours douloureux ( Mantel , les thérapies médicales des affections locomotrices équines : état actuel des connaissances, thèse de doctorat vétérinaire, 2016).

[0045] Il est estimé que si après trois jours aucun signe clinique ou radiographique de descente ou de rotation de la troisième phalange n’est détecté, le cheval entre dans une phase dite « subaigüe », avec un bon pronostic et une possible récupération complète. Dans le cas contraire, la phase « aigüe » se termine par une rotation ou une descente de la phalange distale et la fourbure est dite « chronique ».

[0046] Le pied d’un cheval atteint de fourbure « chronique » présente des déformations, la paroi est ondulée et couverte de sillons, la ligne blanche est élargie, la sole peut être bombée par suite de la pression exercée par le bord inférieur de la phalange distale. La rotation de la troisième phalange peut être suivie d’une croissance de tumeur osseuse, puis d’une ostéomyélite.

[0047] En l’absence de traitement d’une fourbure aigüe, le cheval cesse de s’alimenter, et ne supporte plus la station debout, des escarres apparaissant rapidement lorsque le cheval reste couché, escarres dont l’infection nécessite un traitement, généralement par antibiotiques. Lorsque la fourbure a débuté par les antérieurs et concerne les quatre membres, le pronostic vital est souvent engagé.

[0048] Les traitements traditionnels des phases aigües de fourbure, connus depuis plus de cent ans, sont toujours utilisés à ce jour, par exemple le refroidissement des pieds, la saignée ( D’Houdain-Doniol - Valcroze, histoire de la saignée vétérinaire, Ecole d’Alfort, 2001), ou la ténotomie du tendon fléchisseur profond, proposée dès le XIXème siècle par un vétérinaire italien, Fogliata, qui attribuait la rotation de la troisième phalange à la traction exercée par ce tendon.

[0049] Les traitements proposés actuellement pour la fourbure sont très variés : traitements médicamenteux et hormonaux, traitements mécaniques (parage, orthopédie, résection de la paroi ou de la couronne, avulsion en pince), cryothérapie, ondes acoustiques (voir par exemple US 2004/0092819), traitements chirurgicaux (ténotomie et desmotomie du tendon fléchisseur profond), acupuncture (voir par exemple Senné, Acupuncture et fourbure chez le cheval, Université de Toulouse, 2005), asticothérapie, hirudothérapie, phytothérapie.

[0050] L’approche commune du traitement de la fourbure comprend l’intervention de trois acteurs : le vétérinaire (essentiellement pour la prescription de médicaments et le suivi, notamment par radiographie ou autre technique d’imagerie), le maréchal ferrant (pour le parage et le ferrage orthopédique), et le propriétaire (en particulier pour le contrôle de la ration alimentaire). [0051] En ce qui concerne la prescription de médicaments, il est courant d’utiliser des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), qui ont également des actions analgésiques, antipyrétiques et anticoagulantes, par exemple

phénylbutazone (CAS 50-33-9), dont l’action anti inflammatoire chez l’homme a été découverte en 1946, et qui est commercialisé par exemple sous la marque Equipalazone®,

méglumine de flunixine (CAS 42461-84-7), dont les propriétés anti-inflammatoire ont été découvertes en 1975, et qui est commercialisé par exemple sous les marques Banamine®, Finadyne®,

méloxicam (CAS 71125-38-7), dont les propriétés anti- inflammatoires ont conduit à sa commercialisation en 1995 pour les applications en santé humaine, puis pour les chevaux, par exemple sous la marque Metacam®,

ou bien encore firocoxib (lancé en 2005), kétoprofène (lancé en 2009), acide acétylsalicylique, védoprofène. Ces produits peuvent présenter des effets secondaires importants : toxicité rénale, ulcération gastro- intestinale. Il est également courant d’employer des vasodilatateurs ou des tranquillisants tels que l’acépromazine (Vétranquil ®), l’héparine, l’isoxsuprine, la trinitrine, la nitroglycérine. Lorsque les AINS ne sont pas suffisants pour soulager la douleur, l’utilisation d’opioïdes, de lidocaïne ou de kétamine est proposée.

[0052] En ce qui concerne l’intervention du maréchal ferrant, un très grand nombre de fers orthopédiques sont proposés pour les chevaux atteints de fourbure : fers en cœur ( heart bar shoe) ou en M, fers posés à l’envers dits fers napoléons, fers en œuf ( egg bar shoe), fer Schneider, fer à l’envers sur lequel une traverse est soudée, fer en matériau polymère avec armature métallique dit fer Duplo, banana shoe ou rocker rail, fer dondohno de Lorenzo d’Arpe. Les fers Schneider portent une première planche qui réunit les deux éponges et une deuxième planche qui lie la première planche à la voûte. Les fers en forme de cœur comportent un support postérieur passant sous les talons et soutenant la fourchette. Le cas échéant, l’appui en pince est supprimé (fer en M). Pour une présentation de ces fers orthopédiques, on peut se référer par exemple au document Hernandez Tratamiento ortopédico paralminitis en equinos, 2008. [0053] La plupart de ces fers orthopédiques pour le traitement de la fourbure sont connus depuis longtemps. Les fers dits en cœur ( heart bar shoes) sont issus d’un fer décrit à la fin du XIXème siècle par Dollar et Wheatley ( Dollar A handbook of horseshoeing, 1898, 438 pages, https://archive.org/details/handbookofhors00doll, voir page 352) et réutilisés par le maréchal ferrant américain Chapman et le vétérinaire Platt dans les années 1980, avec une résection de la paroi du sabot ( Skog et al, Theory and application of the Chapman heartbar shoe for laminitis, lowa state university, 1985). Les fers en œuf sont également décrits par Dollar dès 1898. Les fers de Hermann Schneider sont présentés par Peuch au XIXème siècle ( Précis du pied du cheval et de sa ferrure, publié en 1896, voir page 476), la pression exercée par les planches du fer sur l’os du pied sont censées lutter contre sa rotation.

[0054] Pour des exemples de fers orthopédiques pour le traitement de la fourbure, on peut se référer aux documents suivants : US 2013/0277070 (Burns, 2013), GB 2517176 (Hall, 2015). Le document WO 95/00014 (Mc Grath, 1995) décrit la pose de deux barres sous un fer conventionnel, l’une des deux barres portant un pad en appui sur la sole. Le document US 4422509 (Mercer, 1983) décrit un fer orthopédique comprenant une barre sur laquelle est fixée une vis appliquant un effort sur la troisième phalange, cette vis traversant la sole par une incision.

[0055] Un grand nombre de plaques ( pads ) ont été proposé dans l’art antérieur, pour les chevaux atteints de fourbure. On peut se référer par exemple aux documents US 4775011 (McCuan, 1988), US 4794991 (Honderich, 1989), EP 2835049 (Mangan, 2015), US 2016/0029610 (Korn, 2016).

[0056] On connaît également des supports moulés, placés sous le sabot, les tout premiers utilisant les matériaux employés pour les moulages dentaires ( impression material, par exemple Newmarket sole support, de la société Newmarket premixes Ltd). Le document US 6283219 (Fryer, 2001) décrit l’emploi de polycaprolactone pour la réalisation d’un pad moulé à l’empreinte de la sole, ce pad présentant une épaisseur plus élevée en talon, de sorte à réduire les tensions sur le tendon fléchisseur profond et faciliter le retour de la troisième phalange en position normale. Le document US 5706898 (Beadle, 1998) décrit un pad analogue, réalisé en matériau thermoplastique commercialisé par la société Smith & Nephew sous la marque Aquaplast®.

[0057] Le document US 2015/327531 décrit un fer à cheval réalisé en élastomère polyuréthane. Le document EP 2910216 propose un dispositif de stimulation de la vascularisation du pied équin.

[0058] On connaît également des ensembles fer+plaques utilisées lors du traitement de la fourbure équine. Le document WO 2004/103205 (Morris, 2004) décrit un ensemble comprenant un pad gonflable en élastomère et un fer conventionnel, pour le traitement de la fourbure. Le pad est placé entre le fer et le sabot et recouvre la totalité de la sole. Le pad comprend une partie arrière gonflable placée en regard et en appui sur la fourchette. On peut se référer également au document US 5253715 (Ovnieck, 1993).

[0059] L’utilisation d’hipposandales est connue depuis très longtemps (voir par exemple US 152975 de 1874) et un grand nombre d’hipposandales ont été proposées dans l’art antérieur, lors du traitement de la fourbure équine, des pads ou du gel étant éventuellement placés dans ces hipposandales. On peut se référer, par exemple, aux documents US 2009/0032269 (Ovnieck, 2009), US 2012/0292056 (Osborne, 2012), US 2014/0144109 (Burr, 2014), US 2016/0249597 (Ruetenik, 2016).

[0060] On connaît également des dispositifs de support des fourchettes ( Lily Pad développé par Rie Redden et commercialisé par la société Therapeutic Equine Products, Theraflex pad de la société Thera-flex).

[0061] On connaît aussi des fers en matériau synthétiques collés au sabot. Le document WO 01/56378 (Poyton, 2001) décrit un fer en polycaprolactone employé en cas de fourbure, ce fer présentant une géométrie de type fer en cœur (voir société Imprint Equine foot care www.imprintshoes. co. uk).

[0062] La très grande diversité des moyens mis en œuvre pour le traitement de la fourbure montre qu’aucune technique n’a reçue approbation ou consensus.

[0063] Cet état de fait est d’autant plus remarquable que la fourbure équine est connue depuis des siècles et a fait l’objet d’études par des professionnels aux compétences très diverses (notamment vétérinaires, biologistes, épidémiologistes, maréchaux ferrants, pareurs). [0064] Cet état de fait est d’autant plus regrettable que la fourbure est la troisième cause d’euthanasie des chevaux, après les coliques et les fractures.

[0065] Chaque moyen de traitement de la fourbure proposé dans l’art antérieur présente des inconvénients.

[0066] Les fers orthopédiques sont onéreux et leur pose demande un savoir-faire particulier.

[0067] Les hipposandales sont onéreuses et leur perte est fréquente, malgré les soins apportés à leur fixation.

[0068] Les fers collés doivent respecter un difficile compromis entre une bonne fixation au sabot et une facilité d’enlèvement, leur pose nécessite un savoir-faire particulier.

[0069] L’administration d’une grande quantité d’anti inflammatoire peut conduire à de sévères ulcères d’estomac, conduisant à l’apparition de coliques. L’utilisation de molécules protectrices telles que zantac, cimetidine, ranitidine, misoprostol ne permet pas toujours d’éviter ces effets secondaires graves.

[0070] Il existe de nombreuses controverses à propos des techniques à employer pour parer ou ferrer un pied dont la troisième phalange menace de basculer.

[0071] Selon certains auteurs, il faut abaisser les talons et il ne faut pas employer de fers, l’élévation des talons éloignant la troisième phalange de son alignement d’origine (voir par exemple Remco Sikkel, La fourbure, ISBN 978-90-82511-5-0, p.109 ). Ce courant de pensée est présenté comme « naturel » et résultant de l’observation de chevaux sauvages (pour une présentation des travaux du maréchal ferrant américain Jaime Jackson, de la vétérinaire allemande Hiltrud Strasser, et du maréchal ferrant américain K.C Lapierre, on peut se référer par exemple au document Dartevelle Thèse de doctorat vétérinaire, Université de Toulouse 2015). Abaisser le talon, parer le cheval fourbu parallèlement à la face inférieure de la troisième phalange déviée, et laisser le pied nu sont des idées fort anciennes : Watrin les mis en oeuvre en 1875, la corne qui pousse sous les talons étant retranchée à intervalles réguliers ( Bournay , Chirurgie du pied des animaux domestiques, 492 pages, publié en 1903, page 385). [0072] Selon d’autres auteurs, il ne faut pas élever les talons (voir par exemple Eustace, Clinical présentation, diagnosis and prognosis of chronic laminitis in Europe, Vet clin Equine 26, pp. 391-405, 2010).

[0073] D’autres auteurs proposent de placer une cale entre un fer orthopédique et la sole, la cale étant plus épaisse en pince qu’en talon, avec ténotomie du tendon fléchisseur ( Morrison , Journal of equine veterinay science, 31, pp. 89-96, 2011).

[0074] Selon d’autres auteurs, il est souhaitable d’élever les talons pour le traitement d’une fourbure aigüe ( Milner et al Remédiai farriery : part 2 managing acute laminitis, Companion animal 16, 2011) ou de la fourbure chronique ( O’Grady Farriery for chronic laminitis, Vet Clin Equine, 26, pp. 407-426, 2010). On peut se référer également au document US 8505270 (D’Arpe, 2013).

[0075] Lorsque l’élévation des talons est mise en avant, aucun consensus n’existe sur la valeur de cette élévation.

[0076] Nathaniel White a proposé un angle de 15° à 20° et un enlèvement progressif des cales durant les trois semaines qui suivent l’application ( http://www.equisan.com/images/pdf/laminitis.pdf ).

[0077] Stephen O’Grady a proposé un angle de 2° à 6°, l’objectif étant d’assurer que le cheval pose le talon en premier ( Vet Clin Equine 26, pp. 407-426, 2010).

[0078] Pour éviter l’apparition d’une fourbure induite par le report de poids sur un autre membre, la société Nanric a proposé de placer un support en matériau polymère et un pad à l’empreinte de la sole, fixant un angle de 20° à la sole afin de réduire les tensions sur le tendon fléchisseur profond ( Redden , Clinical techniques in equine practice, pp. 57-63, 2004).

[0079] Le document US 2016/0021863 (Leps) décrit une pièce à coller sous le sabot d’un cheval, lors du traitement de la fourbure, à l’aide d’une bande adhésive, cette pièce étant élastique, perméable à l’eau et réalisée en matériau composite à base d’élastomère et formant un angle compris entre de préférence 10° et 25°. Un produit de ce type est commercialisé par la société allemande Hehenwallner ( http://www.hohenwallner.com ).

[0080] Ces controverses sur l’utilité ou la nécessité d’augmenter/diminuer/maintenir la hauteur des talons des chevaux atteints de fourbure sont d’autant plus difficiles à trancher que des débats existent sur les bases mêmes de la biomécanique du pied du cheval, entre les partisans de la théorie de la dépression, les partisans de la théorie de la pression, ces deux théories étant apparues au milieu du XIXème siècle, et les tenants d’autres approches plus récentes comme celles de KC Lappiere.

[0081] Selon la théorie dite de la pression, le contact (sole et fourchette) avec le sol provoque une pression vers le haut sur le coussinet digital, forçant les cartilages latéraux à s’écarter vers l’extérieur. Selon la théorie dite de la dépression, c’est le mouvement de l’ensemble P1+P2 dans le coussinet lors la phase d’impact qui force les cartilages du pied à s’écarter vers l’extérieur.

[0082] Ces controverses sur l’utilité ou la nécessité d’augmenter/diminuer/maintenir la hauteur des talons des chevaux atteints de fourbure sont d’autant plus délicates que les modélisations mécaniques du pied du cheval sont difficiles, par suite de la complexité de la structure anatomique du sabot, et qu’il n’est pas envisageable d’instrumenter les organes internes du pied.

[0083] La variabilité naturelle des pieds des chevaux est également source de complexité dans la définition de ce qui est « naturel » ou « normal ». Ainsi par exemple, il existe des discussions sur l’angle dorsopalmaire « normal » du P3 du postérieur, qui serait compris entre 45° et 50° selon certains auteurs, et serait en moyenne de 44.7° selon d’autres études ( Dyson et al, Equine vet J, pp. 295-301, 2011).

[0084] Une présentation des modélisations du pied du cheval peut être trouvée dans le document Ramsey Equine hoof biomechanics, University of Auckland, 2011, qui considère une variation d’angle palmaire allant jusqu’à 15° pour observer que, selon son modèle numérique, une élévation des talons peut augmenter les contraintes dans les lamelles dorsales.

[0085] Il existe en revanche un certain consensus sur la gravité d’une fourbure ayant débuté par les antérieurs et affectant les quatre membres, une telle fourbure étant de pronostic assez sombre, l’euthanasie étant souvent décidée, soit pour réduire des souffrances de l’animal, soit pour des raisons économiques, les traitements envisageables étant longs, coûteux et de succès incertains et aléatoires. [0086] La présente invention vise à apporter une solution simple, efficace, peu coûteuse dans le traitement de la fourbure équine, tout particulièrement lorsqu’ayant débutée par les antérieurs, elle affecte les quatre membres.

[0087] L’invention vise à apporter un soulagement immédiat au cheval atteint de telles fourbures, évitant au cheval de se coucher, facilitant la marche du cheval, réduisant les quantités de médicaments à employer, notamment les AINS.

[0088] L’invention vise à éviter l’euthanasie en cas de fourbure présentée habituellement comme trop grave pour qu’un traitement soit mis en place, notamment lorsque la fourbure s’est manifestée aux membres antérieurs et s’est développée ensuite aux membres postérieurs.

[0089] A ces fins, l’invention se rapporte, selon un premier aspect, à une plaque orthopédique de maréchalerie pour membre postérieur des chevaux, la plaque comprenant une branche interne pourvue d’un bord libre et une branche externe pourvue d’un bord libre, une traverse reliant la branche interne et la branche externe, la plaque présentant une face inférieure et une face supérieure opposée à la face inférieure, l’épaisseur des branches externe et interne, mesurée entre la face inférieure et la face supérieure de la plaque, étant croissante depuis le bord libre des branches jusqu’à leur jonction avec la traverse, le matériau formant la plaque étant rigide, l’angle défini entre la face inférieure et la face supérieure de la plaque étant compris entre 10° et 30°.

[0090] Par « rigide » on désigne ici le fait que le matériau présente une faible élasticité, et est peu compressible et non amortissant, au niveau de charges correspondant à sa mise en place sous un membre postérieur de cheval.

[0091] Avantageusement, le matériau formant la plaque est non cassant, bien que rigide.

[0092] Le matériau formant la plaque est avantageusement un polymère, par exemple un polymère thermodurcissable, un polyuréthane, un élastomère.

[0093] Selon diverses réalisations, la plaque présente les caractères suivants, le cas échéant combinés : l’épaisseur de la traverse est inférieure à l’épaisseur maximale des branches interne et externe, la traverse présentant un creux ouvert du côté de la face supérieure de la plaque. Lors de la pose de la plaque, le creux peut ainsi être placé en regard de la fourchette, un matériau de remplissage pouvant être placé entre la fourchette et le creux de la traverse ;

la branche interne et/ou la branche externe sont courbes selon la courbure de l’éponge, du quartier et des mamelles d’un fer. Lors de la préparation pour la pose, la plaque présente ainsi une forme générale proche de celle du sabot et du fer, réduisant les découpes à effectuer pour adapter la plaque aux dimensions du pied à ferrer ;

la branche interne et/ou la branche externe de la plaque sont courbes selon la courbure de l’éponge, du quartier et des mamelles d’un fer de postérieur ;

- la plaque présente une symétrie par rapport à un plan vertical, perpendiculaire à la face inférieure de la plaque ;

- l’épaisseur de la plaque, aux bords libres des branches interne et externe, est de l’ordre d’un millimètre ;

- l’épaisseur de la plaque, aux jonctions entre ses branches et la traverse, est de l’ordre de deux à quatre centimètres, et de préférence de trois centimètres ;

la rive externe des branches interne et externe est biseautée.

[0094] L’invention se rapporte, selon un deuxième aspect, à l’utilisation d’une plaque orthopédique de maréchalerie pour équins tel que présentée ci-dessus, avec un fer non orthopédique, dans le traitement de la fourbure des membres postérieurs.

[0095] Le fer est avantageusement de type classique, et comprend : une face supérieure, destinée à venir en contact avec la face inférieure de la plaque, la face supérieure du fer comportant des contre perçages ;

une face inférieure, destinée à venir au contact du sol, cette face inférieure étant creusée d’étampures,

le fer étant une bande métallique (en acier ou en alliage d’aluminium) et comprenant :

une branche externe, destinée à venir en contact avec la branche externe de la plaque, une branche interne, destinée à venir en contact avec la branche interne de la plaque,

les branches internes et externe du fer comprenant chacune une éponge, un quartier, et une mamelle, les branches étant reliées par une pince.

[0096] D’autres objets et avantages de l’invention apparaîtront à la lumière de la description d’un mode de réalisation, faite ci-après en référence aux dessins annexés dans lesquels :

la figure 1 est une vue en perspective d’une plaque orthopédique pour membre postérieur d’équidé atteint de fourbure ;

la figure 2 est une vue en perspective de la plaque représentée en figure 1, selon un autre angle de vue ;

la figure 3 est une vue de dessus de la plaque représentée en figures 1 et 2.

[0097] Lors de l’apparition d’une fourbure aigüe ou lors du traitement d’une fourbure chronique, toute l’attention des intervenants est focalisée sur les antérieurs, la fourbure des membres postérieurs étant vue comme secondaire, et issue de celle des membres antérieurs.

[0098] L’invention apporte une approche radicalement différente, et propose une ferrure orthopédique pour les membres postérieurs d’équidés atteints de fourbure.

[0099] Les membres antérieurs et les membres postérieurs du cheval présentent des différences fondamentales, notamment anatomiques et fonctionnelles.

[00100] D’un point de vue fonctionnel, les membres antérieurs donnent la direction de déplacement du cheval, les membres postérieurs fournissant l’impulsion au moment de la propulsion.

[00101] Les phases d’amortissement et de soutien sont principalement assurées par les membres antérieurs, qui sont les plus sujets à boiterie, l’amortissement impliquant des chocs plus importants au niveau du pied et du sabot, notamment à la réception lors de saut d’obstacles.

[00102] D’un point de vue anatomique, le membre antérieur n’est relié au reste du corps du cheval que par un berceau d’éléments musculaires et tendineux (le cheval n’a pas de clavicule). Le membre postérieur est, de manière bien différente, solidement fixé d’os à os au rachis. [00103] Le membre postérieur est pourvu d’un système spécifique : l’appareil réciproque, permettant de solidariser les mouvements du jarret et du grasset. Lorsque le jarret est en flexion, le grasset est aussi en flexion, de même pour l’extension. Ce mécanisme fait intervenir la corde fémoro-métatarsienne à l’avant du membre postérieur et le planto-perforé à l’arrière du membre postérieur. Associé à la possibilité de la rotule de se coincer au niveau du grasset, l’appareil réciproque permet au cheval de rester debout sans fatigue.

[00104] Vue de profil, pour le membre antérieur, les rayons osseux antébrachial et métacarpal sont alignés sur une même verticale abaissée au centre articulaire du coude, cette verticale rejoignant l’articulation du boulet et touchant le sol un peu en arrière des talons. Pour le membre postérieur, la verticale abaissée de la pointe des fesses rejoint la pointe du jarret et longe ensuite la face plantaire du métatarse et du boulet. Le paturon du postérieur est plus vertical que celui de l’antérieur.

[00105] Probablement par suite des différences anatomiques et fonctionnelles entre membres antérieurs et postérieurs, les moyens connus de l’art antérieur pour l’orthopédie des membres antérieurs du cheval fourbu ne donnent pas satisfaction pour les membres postérieurs.

[00106] L’ensemble proposé par l’invention comprend une plaque orthopédique et un fer conventionnel.

[00107] L’emploi d’un fer conventionnel, c’est-à-dire d’un fer non orthopédique, offre à l’ensemble une grande simplicité d’utilisation, par rapport à la pose de fers orthopédiques, par exemple de type fer en cœur, fer Schneider, qui exigent un savoir-faire particulier et sont onéreux.

[00108] La plaque orthopédique 1 comprend une branche interne 2 pourvue d’un bord libre 2a et une branche externe 3 pourvue d’un bord libre 3a, une traverse 4 reliant la branche interne 2 et la branche externe 3.

[00109] La plaque 1 présente une face inférieure 5 et une face supérieure 6 opposée à la face inférieure 5.

[00110] L’épaisseur des branches externe 3 et interne 2, mesurée entre la face inférieure 5 et la face supérieure 6 de la plaque 1, est croissante depuis le bord libre 2a, 3a des branches 2, 3 jusqu’à leur jonction avec la traverse 4.

[00111] Le matériau formant la plaque 1 est rigide. Par « rigide » on désigne ici le fait que le matériau présente une faible élasticité, et est peu compressible et non amortissant, au niveau de charges correspondant à sa mise en place sous un membre postérieur de cheval.

[00112] Avantageusement, le matériau formant la plaque est non cassant, bien que rigide.

[00113] Le matériau formant la plaque est avantageusement un polymère, par exemple un polymère thermodurcissable, un polyuréthane, un élastomère.

[00114] L’angle défini entre la face inférieure 5 et la face supérieure 6 de la plaque 1 est compris entre 10° et 30°. Dans une mise en oeuvre, cet angle vaut sensiblement 14°.

[00115] L’épaisseur de la traverse 4 est inférieure à l’épaisseur maximale des branches interne 2 et externe 3, la traverse 4 présentant un creux 7 ouvert du côté de la face supérieure 6 de la plaque 1. Lors de la pose, ce creux vient avantageusement en regard de la fourchette.

[00116] La branche interne et/ou la branche externe sont courbes selon la courbure de l’éponge, du quartier et des mamelles d’un fer, en particulier d’un fer de postérieur.

[00117] La plaque 1 présente une symétrie par rapport à un plan vertical, perpendiculaire à la face inférieure 5 de la plaque 1.

[00118] L’épaisseur de la plaque 1, aux bords libres des branches interne et externe, est par exemple de l’ordre d’un millimètre.

[00119] L’épaisseur de la plaque 1, aux jonctions entre ses branches et la traverse, est de l’ordre de deux à quatre centimètres, et de préférence de trois centimètres.

[00120] La rive externe des branches interne et externe est biseautée.

[00121] La plaque 1 est utilisée avec un fer, dans le traitement de la fourbure des membres postérieurs.

[00122] Après radiographie ou autre imagerie permettant de déterminer l’état de la troisième phalange, une plaque de dimensions adaptée est choisie. Par dimensions adaptée, on désigne ici en particulier l’angle formé entre la face inférieure et la face supérieure de la plaque. [00123] La plaque est ensuite découpée à l’aide d’un outil manuel ou électroportatif, pour rapprocher sa forme de celle du sabot à équiper, chaque pied de cheval présentant ses dimensions propres, en particulier pour ce qui est de la largeur et de la longueur de la sole.

[00124] La plaque est placée avec sa face supérieure en regard de la sole, et le creux de la traverse est placé en regard de la fourchette. Avantageusement, la plaque ne vient pas en contact direct avec la fourchette et un matériau de remplissage, par exemple une résine silicone, est injectée dans l’espace séparant la traverse et la fourchette.

[00125] Avantageusement, aucune partie de la plaque ne vient en contact avec la sole.

[00126] Dans certaines mises en oeuvre, une plaque d’hôpital est placée avec le fer, de sorte à protéger complètement la sole de tout contact avec le sol, une résine pouvant être injectée dans le volume délimité par la plaque d’hôpital, la plaque orthopédique et le fer, par exemple via l’ouverture formée entre la traverse et la fourchette, cette résine étant par exemple une résine silicone. La plaque d’hôpital est par exemple en métal et suit le contour exact de la rive externe du fer, des perçages étant réalisés dans la plaque, en correspondance avec les contre perçures du fer pour la fixation à l’aide de clous ou boulons.

[00127] Le fer de derrière, non orthopédique, est fixé au sabot, de manière conventionnelle, par des clous à ferrer. Le fer est avantageusement appliqué à froid, et peut être un fer à la mécanique, à la pointure du cheval.

[00128] Dans d’autres mises en oeuvre, en lieu et place d’un fer cloué, un fer non orthopédique est collé en face inférieure de la plaque.

[00129] Lorsque l’ensemble plaque + fer a été mis en place, le talon du membre postérieur est fortement rehaussé.

[00130] Il a été constaté que cette forte élévation des talons des membres postérieurs conduit à un retour plus rapide du cheval à un mode de vie normal, et offre un traitement efficace dans des cas de fourbure des quatre membres, lorsque la seule issue envisagée était l’euthanasie.

[00131] L’ensemble plaque + fer présente de nombreux avantages, et notamment : un prix modeste, le fer utilisé étant un fer conventionnel, non orthopédique,

- une rapidité de pose, sans nécessité d’un temps de séchage ou de réticulation, le cheval n’ayant pas à rester longtemps sur trois pieds, position douloureuse lorsque la fourbure touche les quatre membres,

- une absence de risques de développement de moisissures ou de macération, le matériau employé pour la plaque étant avantageusement non poreux,

- une absence de contact entre le sol et la sole, un espace ouvert étant délimité par la plaque en forme de C, cette absence de contact offrant au cheval un soulagement immédiat, en particulier lorsque la troisième phalange s’est fortement déplacée lors de la crise de fourbure aigüe,

un contact amorti avec la fourchette, un espace éventuellement rempli de résine amortissante, séparant la fourchette de la plaque, la plaque étant avantageusement non déformable, une augmentation contrôlée de la hauteur du talon, la plaque étant avantageusement non déformable et ne se tassant pas sous l’effet du poids de l’animal (charge statique) ou sous l’effet de ses mouvements (charges dynamique),

un traitement des membres postérieurs, compatible avec un traitement conventionnel des membres antérieurs et accélérant le retour du cheval à un mode de vie normal.

[00132] Il est entendu que les éléments qui viennent d’être décrits peuvent être appliqués lors de fourbures d’autres animaux que les chevaux, par exemple les ânes, les mulets ou les bardots.