Les papiers transparents ou translucides peuvent tre obtenus de plusieurs façons, soit par imprégnation chimique du papier avec une substance transparentisante, de type latex, cires, résines, auquel cas ils sont appelés « calques artificiels », soit par application d'un agent destiné à dissoudre partiellement les fibres du papier, à l'aide d'un acide par exemple, soit encore par raffinage plus ou moins poussé des fibres de cellulose du papier pendant la préparation de la pâte.

Ce dernier mode d'obtention permet d'aboutir à un papier calque dit « naturel », tel que le définit la norme internationale ISO-4046-1978 au point 6.94.

Toutefois, traditionnellement, dans l'industrie papetière, il est fait usage du terme « papier calque » pour le cas spécifique d'un papier qui aurait subi un raffinage poussé de ces fibres.

Les papiers translucides ou transparents obtenus par un raffinage peu poussé de leurs fibres suivi d'un calandrage fort, papiers utilisés notamment pour la fabrication de fentre de certaines enveloppes, sont regroupés en général sous la dénomination spécifique de « papier cristal ».

La Demanderesse s'est attachée à privilégier le mode d'obtention des papiers calques par raffinage poussé de leurs fibres aux autres modes précédemment cités pour aboutir aux caractéristiques de transparence ou de semi-transparence désirée.

Dans la suite de l'exposé de l'invention, par souci de concision, le terme calque se rapportera de ce fait à ce mode d'obtention préférentiel.

Traditionnellement, les papiers transparents ou translucides sont destinés à tre utilisé dans le domaine du dessin technique plutôt que dans celui de l'édition, de l'emballage ou de la sécurité.

Or, selon la présente invention, on souhaite fournir un support transparent ou translucide possédant un aspect iridescent, soit comme moyen d'authentification, par exemple pour des papiers de sécurité, soit dans un but décoratif.

L'utilisation d'un effet iridescent pour résoudre les problèmes de falsification et de contrefaçon de pièces de paiement et de documents officiels est connue de l'homme du métier, notamment de part le brevet FR 2429292 de la Demanderesse.

L'effet iridescent étant caractérisé par des effets optiques particuliers, notamment des changements de reflets, de teintes ou de nuances en fonction de l'angle d'observation, aucun système de photocopie ne permet la reproduction de ces effets optiques.

L'effet iridescent était jusqu'à présent obtenu soit par introduction en masse de substances iridescentes dans la composition du papier, soit par mélange de ces mmes substances iridescentes à une enduction déposée sur la surface du papier, tel que le prévoît le brevet FR 2790014.

Par substance iridescente, on entend une substance qui, selon le principe de la diffraction de la lumière par des couches minces, provoque, en fonction de l'angle d'observation, des reflets dont les couleurs recouvrent le spectre arc-en-ciel de la lumière blanche décomposée.

Parmi les substances iridescentes fréquemment utilisées, on peut notamment citer les extraits de nacre, les sels de plomb et les micas.

Ces techniques antérieures présentent un certain nombre d'inconvénients.

D'une part, l'application de substances iridescentes en surface ou en masse peut générer des surépaisseurs ou des irrégularités de surface indésirables compte tenu de leur taille.

Le papier calque revtu de cette couche iridescente ne présente plus le mme lissé de surface, ou la mme imprimabilité.

Ce phénomène peut s'avérer incompatible avec les besoins fondamentaux du produit, notamment dans des applications où l'état de surface joue un rôle non négligeable.

D'autre part, l'application d'une couche de substances iridescentes peut modifier la stabilité dimensionnelle du calque.

Le calque, étant un papier très fibrillé, a une très grande sensibilité à l'humidité. En couchant un papier calque avec une suspension aqueuse, il risque de

gondoler de manière irréversible, ce qui est particulièrement génant pour un usage décoratif et/ou d'impression notamment.

Finalement, dans une moindre mesure, le papier calque peut perdre de sa transparence du fait de la présence de ces substances iridescentes, en particulier dans les zones à forte concentration de substances.

Pour remédier à cela, la Demanderesse a eu l'idée d'utiliser un film iridescent transparent à la place des substances iridescentes, film qu'elle contrecolle à un papier calque.

De tels films iridescents sont en particulier fabriqués par la société ENGELHARD CORPORATION sous la marque « AURORA ».

Ce sont en général des feuilles stratifiées en résines thermoplastiques transparentes constituées d'au moins 10 couches très fines d'une épaisseur uniforme comprise entre environ 30 et 500 nm, lesdites couches étant souvent parallèles et une surface de deux desdites couches constituant les surfaces extérieures de la feuille stratifiée, les couches adjacentes contiguës étant réalisées en des matières résineuses thermoplastiques transparentes et possédant des indices de réfraction différant d'au moins 0,03.

Ces feuilles coextrudées possèdent une bande de réflexion étroite dû fait des interférences de lumière à travers la superposition de couches ainsi formée.

Lorsque la bande de réflexion se situe dans la gamme des longueurs d'onde du visible, le film est iridescent.

De manière similaire, lorsque la bande de réflexion se situe en dehors des longueurs d'onde du visible, le film réfléchit soit dans l'ultraviolet, soit dans l'infrarouge.

Une des applications de ce film est l'emballage.

Il est alors contrecollé sur un support plastique ou papier pour lui assurer une rigidité suffisante.

En revanche, à la connaissance de la Demanderesse, il n'existe pas à l'heure actuelle de papiers calques iridescents obtenus par contrecollage d'un tel film entre deux feuilles de papier calque.

Cette solution présente l'avantage de fournir un support qui garde extérieurement toutes les qualités d'un papier calque, à savoir la transparence, l'aspect, le toucher et l'imprimabilité, tout en ayant un aspect iridescent.

Ceci est particulièrement intéressant pour une utilisation en impression- écriture, où, comparativement au calque vierge, un calque couché iridescent présente des caractéristiques d'imprimabilité assez faibles, notamment lors de tests de poudrage.

On constate également une différence d'iridescence entre un papier couché iridescent et un calque contrecollé iridescent selon l'invention.

Dans le cas d'un calque couché iridescent, l'effet d'iridescence est homogène et toujours visible quelque-soit l'angle d'observation.

Au contraire, le calque contrecollé iridescent de l'invention présente une iridescence hétérogène, variable selon l'angle d'observation.

Ceci peut présenter un obstacle supplémentaire non négligeable lors d'une tentative de falsification.

Un des problèmes à résoudre dans notre invention a été d'assurer un contrecollage à la fois sûr et discret du film et du calque.

Vu la nature des constituants, le choix de la colle a été primordial.

Le calque étant sensible à l'humidité, les colles trop aqueuses provoquent des phénomènes de retrait et de gondolement.

Le film, quant à lui, risque de se dégrader avec certaines colles à solvant.

L'invention vise donc à résoudre ces problèmes.

L'objet de la présente invention est donc de fournir un support transparent ou translucide et iridescent, comprenant au moins deux feuilles transparentes ou translucides, de préférence en papier cellulosique, collées respectivement au recto et au verso d'un film iridescent transparent au moyen d'une colle ou d'un vernis.

Selon un mode préféré de l'invention, les feuilles transparentes ou translucides possèdent une opacité sur fond blanc inférieure ou égale à 90 %, opacité mesurée d'après la norme NF Q 03-006.

Selon un mode particulier de l'invention, les feuilles transparentes ou translucides sont des papiers calques.

Selon un mode de réalisation, la colle utilisée est une colle aqueuse auto- adhésive, de préférence de type FINDLEY FINDTACK 1100, ou de type 3M 7434.

Dans ce mode de réalisation, la colle est d'abord appliquée sur le film, de manière avantageuse par pulvérisation de gouttelettes de colle à base aqueuse sur le film, lequel subit ensuite une opération de séchage destinée à évaporer la phase aqueuse de la colle, avant d'tre finalement mis en contact avec les feuilles de calque.

Selon un autre mode de réalisation, la colle utilisée est une colle à base solvant, le solvant étant de préférence un alcool, tel que l'éthanol ou l'isopropanol, ou un hydrocarbure aliphatique, tel que l'hexane, ou le naphta, et de manière avantageuse de type SCOTCH-GRIP 7312 fournie par 3M.

Selon un mode préféré de l'invention, le film utilisé est un film plastique multicouches transparent et iridescent de type « AURORA » produit par la société ENGELHARD CORPORATION.

Selon un autre mode de réalisation, le contrecollage s'effectue à l'aide d'un vernis thermoscellable appliqué sur le film et pressé à chaud avec les feuilles transparentes ou translucides, le vernis étant de manière avantageuse de type LATISEAL A7734A fourni par SOVEREIGN.

On peut envisager également de prévoir un film iridescent préenduit à l'origine avec un vernis thermoscellable de façon à faciliter l'étape de contrecollage.

Comme exemple de réalisation, la Demanderesse a fabriqué un support translucide iridescent de 140 g/m2 en contrecollant : un film iridescent de type « AURORA » IF 8631 RG de 33 micromètres d'épaisseur, entre deux papiers calques de 60 g/m2.

Le contrecollage a été réalisé avec une colle 3M référencée SCOTCH-GRIP 7312.

Le papier ainsi obtenu a des effets iridescents et garde une opacité sur fond blanc plus qu'acceptable (72 % au lieu de 40 % pour un calque de mme grammage).

Il est également possible d'envisager l'utilisation de papiers calques de couleur ou comportant des particules bien spécifiques, telles que des particules

fluorescentes, ferromagnétiques, thermochromes sous forme de fibres, pigments ou planchettes, sur au moins l'une des faces du support ou enduit d'une couche leur conférant un aspect décoratif ou une aptitude à l'impression-écriture, la présence de ces colorants, de ces particules ou de ces couches ne devant pas occulter l'effet iridescent du film sous-jacent