L'invention prend place dans le domaine de la reliure artisanale, autrement dit, elle vise l'assemblage d'une pile de feuilles. L'expression reliure artisanale signifie que le nombre d'exemplaires à relier est très limité, se réduisant éventuellement à l'unité. Plusieurs solutions sont disponibles pour réaliser un tel assemblage.

Une première solution consiste à insérer une barrette au niveau d'un flanc de la pile de feuilles. Cette barrette présente une section qui a la forme d'un trapèze isocèle dépourvu de sa petite base. La grande base, respectivement la petite base, est plus grande, respectivement plus petite, que l'épaisseur de la pile. C'est l'élasticité de la barrette en matière plastique qui maintient la pile de feuilles. Généralement, les artes de la barrette sont arrondies si bien qu'elle apparaît comme un dos prolongé sur chacun de ses bords par une aile rentrante.

Lorsqu'un ouvrage relié au moyen d'une telle barrette est disposé verticalement dans une étagère, il ne se tient pas, il s'affaisse sur son angle inférieur opposé à celui qui est inséré dans la barrette. II en résulte une dégradation de l'ouvrage.

On pourrait imaginer de disposer un plat de chaque côté de la pile avant d'introduire la barrette mais, ce plat étant rigide par essence, il serait alors très difficile, voire impossible de consulter l'ouvrage.

Pour perfectionner cette première solution, le document US 2 106 511 propose une reliure qui se présente comme un premier plat prolongé par une bande rectangulaire, elle-mme prolongée par un deuxième plat. Cette bande, en appui sur une face de chacun des plats de reliure, est moins rigide que ces derniers. Elle épouse la forme de la tranche que présente la pile de feuillets constituant le livre non relié. Cela nécessite que la largeur de cette bande corresponde à l'épaisseur de la pile de feuillets. II faut donc disposer d'un nombre considérable de types de reliures pour pouvoir relier des ouvrages d'épaisseurs différentes. De plus, l'épaisseur de la barrette doit correspondre à celle de la pile de feuillets, si bien qu'un tel dispositif est contraignant à utiliser.

Le document DE 32 48 354 C1 présente quant à lui un feuillet cartonné unique constituant à lui seul deux plats de reliure. La jonction de ces plats se fait dans une zone centrale amincie par fraisage et destinée à former le dos de la couverture du livre recouvert. Ici aussi, il faut que la largeur de cette zone

centrale corresponde à l'épaisseur du livre non relié. De plus, la fixation de la pile de feuilles se fait traditionnellement par collage d'une bande textile, ce qui nécessite un outillage adapté.

Le document US 2 180 965 enseigne également une couverture de livre dépourvue de barrette. Cette couverture est constituée d'un film sur lequel sont collés, d'une part deux plats de reliure, d'autre part des réglettes dont un flanc suit l'arrte de la couverture une fois en place et dont l'autre flanc voisine avec le flanc du plat de reliure mitoyen. II s'agit là d'un dispositif complexe qui nécessite de fixer avec une grande précision une pluralité d'éléments sur le film.

Une deuxième solution consiste à perforer la pile de feuilles puis à insérer dans ses perforations un organe de reliure dont le dos se présente comme un demi-cylindre de révolution. Des segments d'anneaux élastiques destinés à rentrer dans les perforations des feuilles ont chacun une extrémité qui est solidaire de la tranche du dos et l'autre extrémité qui vient s'engager en appui à l'intérieur du demi-cylindre. Pour relier un ouvrage, on commence par dégager les anneaux du demi cylindre, on insère la pile de feuilles perforées dans les anneaux, puis on relâche les anneaux de sorte qu'ils reprennent leurs positions initiales, en appui sur le demi-cylindre. Ce type de reliure n'est pas très fiable car certains anneaux ont tendance à sortir du dos de reliure lorsque l'ouvrage est manipulé sans précautions. Ce phénomène serait encore aggravé si la pile était munie d'un plat rigide sur chacune de ses faces.

Ainsi, une troisième solution est proposée par le document US 4369013. Là encore, la pile de feuilles est perforée. Une première réglette munie de tiges transversales espacées au mme pas que les perforations est introduite dans la pile. La longueur des tiges est supérieure à l'épaisseur de la pile, si bien que l'on introduit une deuxième réglette munie d'ouvertures espacées toujours au mme pas sur les extrémités libres des tiges. Une fois l'assemblage compressé, on cisaille l'extrémité des tiges et on les emboutit de sorte qu'elles soient verrouillées dans les ouvertures. Ce type de reliure présente une bonne longévité. Cependant, il présente les mmes limitations que la barrette mentionnée ci-dessus dans la première solution.

La présente invention a ainsi pour objet un dispositif de reliure d'une grande simplicité, qui permet de consulter aisément un ouvrage et de le ranger verticalement sans que celui-ci ne soit endommagé.

Selon l'invention, le plat de reliure a l'un de ses flancs prolongé par une bande rectangulaire, celle-ci étant en appui exclusivement sur une face du plat et étant moins rigide que celui-ci.

Ainsi, la reliure étant formée à partir de deux plats indépendants, elle s'adapte directement à tout type d'ouvrage, ceci quelle que soit l'épaisseur de cet ouvrage. La bande sur laquelle prend appui un quelconque dispositif de reliure joue le rôle de charnière ou d'articulation entre le dos et le plat de reliure. II s'ensuit d'une part que le plat peut-tre aisément manipulé puisqu'il n'est plus rigidement lié à la pile de feuilles et, d'autre part, que l'ouvrage peut tre rangé verticalement car son maintien est assuré par la rigidité des plats.

Avantageusement, la bande a une épaisseur inférieure à celle du flanc.

Selon une première variante, la face inférieure de la bande et la face d'appui sont coplanaires.

Selon une deuxième variante, la face supérieure de la bande et la face d'appui sont coplanaires.

De préférence, la bande est pourvue de moyens de fixation.

Selon un mode de réalisation privilégié, les moyens de fixation sont des orifices débouchant sur les deux faces de la bande.

L'invention vise également un ouvrage relié comportant une pile de feuilles figurant entre deux plats dont les bandes sont au contact de la pile et sont maintenues par un organe de reliure.

De plus, les bandes sont pourvues de moyens de fixation.

Suivant une première option, l'organe de reliure est une barrette se présentant sous la forme d'un dos prolongé sur chacun de ses bords par une aile rentrante.

Suivant une autre option, l'organe de reliure comporte deux réglettes, l'une munie de tiges transversales et l'autre d'ouvertures dans lesquelles les tiges sont verrouillées.

La présente invention apparaîtra maintenant avec plus de détails dans le cadre de la description qui suit d'exemples de réalisation donnés à titre illustratif en se référant aux figures annexées qui représentent : - la figure 1, un premier plat de reliure associé à une barrette, - la figure 2, un deuxième plat de reliure associé à une réglette, et - la figure 3, un ouvrage relié au moyen de deux réglettes.

En référence à la figure 1, selon un premier mode de réalisation, un plat de reliure 10 se présente comme un parallélépipède rectangle muni sur

l'un de ses flancs 11 d'un épaulement prenant la forme d'une bande 12. La face inférieure du plat 10 ou face d'appui et la face inférieure de la bande 12 sont dans un mme plan. Le parallélépipède et la bande sont d'un seul tenant, la forme définitive étant obtenue soit directement lors de la fabrication soit par usinage d'une masse parallélépipédique. Le matériau employé est apte à supporter tout type de couvrure tel que papier, toile, cuir ou plus généralement une quelconque matière naturelle ou synthétique permettant l'écriture, la dorure, l'impression ou le collage. Couramment ce matériau est du carton.

L'épaisseur du parallélépipède qui correspond à la hauteur de ses flancs est relativement importante, de un à quelques millimètres par exemple, de sorte qu'il présente une bonne rigidité. La bande 12 est prévue pour tre beaucoup moins rigide que le plat proprement dit. Etant donné que dans le cas présent ces deux éléments sont réalisés dans le mme matériau, la solution naturelle pour obtenir ce résultat consiste à réduire sensiblement l'épaisseur de la bande par référence à celle du plat. A titre d'exemple, cette épaisseur est de l'ordre de un à quelques dixièmes de millimètres.

La reliure est pratiquée en disposant un plat 10 de chaque côté de la pile de feuilles à relier, les faces inférieures des bandes 12 venant au contact de la pile, au bord de l'un de ses flancs. On insère alors une barrette 15 du type de celle citée plus haut dans la première solution connue. Les ailes 16 de cette barrette 15 viennent presser les bandes 12 des deux plats.

On peut prévoir une gorge 13 de faible profondeur dans chacune des bandes pour maintenir en position les extrémités des ailes 16 de la barrette.

Cette gorge est parallèle au bord de la bande et de la pile.

En référence à la figure 2, tout en conservant la structure précédente, à savoir un plat d'une bonne rigidité solidaire d'une bande de moindre rigidité, un deuxième mode de réalisation diffère quelque peu du précédent. Ici, la bande 22 est rapportée par collage ou tout autre moyen sur le plat 20. La face supérieure de la bande 22 est donc en contact avec la face inférieure du plat 20.

Les moyens de fixation diffèrent également puisqu'ils sont adaptés aux réglettes du type de celles citées plus haut dans la troisième solution connue.

Ainsi, la pile de feuilles est perforée. Les bandes 22 des deux plats présentent également des perforations 23 au mme pas que celui de la pile, de sorte que les tiges transversales 26 d'une première réglette puissent y tre introduites.

En référence à la figure 3, un ouvrage relié selon l'invention est présenté. Un premier plat 30 muni de sa bande 32 est agencé sur le dessus de

la pile de feuilles 34, cette bande 32 étant ainsi positionnée que sa face inférieure vienne au contact de la pile 34 et que son bord extérieur soit aligné avec le flanc de reliure de cette pile. De mme, un deuxième plat 40 muni de sa bande 42 est agencé sur le dessous de la pile 34, cette bande 42 étant ainsi positionnée que sa face inférieure vienne au contact de la pile 34 et que son bord inférieur soit aligné avec le flanc de reliure.

Une première réglette 35, celle qui est munie de tiges transversales 36 par exemple, est introduite dans la bande 32 du premier plat 30. Ces tiges 36 sont assujetties à une deuxième réglette 45 pourvue d'ouvertures dans lesquelles elles sont verrouillées. De préférence, les réglettes 35,45 sont elles aussi positionnées de sorte que leurs bords extérieurs soient alignés avec le flanc de reliure. Elles sont moins larges que les bandes 32,42 afin qu'un espace libre 37,47 figure entre le bord intérieur d'une réglette 35,45, celui qui est opposé à son bord extérieur, et le bord extérieur du plat 30,40, celui qui est perpendiculaire à la bande 32,42. Ces espaces libres 37,47 permettent de faciliter la manipulation des plats.

L'ouvrage tel que représenté dans la figure est relié avec des chasses mais l'invention s'applique également à une reliure en franc bord.

Les exemples de réalisation de l'invention présentés ci-dessus ont été choisis du fait de leur caractère pratique. Il ne serait cependant pas possible de répertorier de manière exhaustive tous les modes de réalisation que recouvre cette invention. En particulier, tout moyen décrit peut-tre remplacé par un moyen équivalent sans sortir du cadre de la présente invention.