La présente invention concerne le domaine de l'es- calade et de la spéléologie et plus particulièrement les mousquetons utilisés pour la pratique de ces deux activi¬ tés.

D'une manière traditionnelle, les mousquetons ac- tuels sont constitués d'un corps en alliage léger en forme de C et d'un doigt articulé sur une extrémité du corps et maintenu en position de fermeture par un ressort interne ; l'utilisateur exerce une pression sur le doigt, contre l'effet du ressort, pour mettre la corde d'attache dans le mousqueton ou pour l'enlever de ce dernier.

La résistance à la rupture des mousquetons est don¬ née par des normes internationales qui l'ont fixée à 2000 ou 2200 DAN au minimum lorsque le doigt est fermé, et de 600 à 900 DAN lorsque le doigt est ouvert. On voit donc toute l'importance du fait que le mousqueton soit tou¬ jours fermé au cours de la pratique de l'escalade ou de la spéléologie ; or, au cours de ces activités, on a pu déterminer que dans trois cas au moins le doigt pouvait s'ouvrir, à savoir lorsque le mousqueton contenant la corde frappe la paroi au cours d'une chute du grimpeur, lorsque la corde formant boucle autour du doigt vient appuyer sur ce dernier, et lors des phénomènes vibratoi¬ res engendrés par le frottement de la corde dans le mous- queton au cours de certaines chutes.

On comprend donc alors que dans ces trois cas, la sécurité de l'utilisateur n'est plus assurée puisque 1'ouverture totalement involontaire du doigt ramènera la résistance du mousqueton à une résistance trop faible (600 à 900 DAN) pour résister à la plupart des chutes importantes.

La présente invention vise à pallier ces inconvé¬ nients d'une manière fiable et efficace et concerne, d'une manière générale, un système permettant un blocage volontaire et momentané du doigt du mousqueton dans les trois cas évoqués précédemment.

Certes il existe, comme cela ressort notamment des FR-A-2 461 146, US-A-3 367 001 et FR-A-2 108 846, des mousquetons dits "de sécurité" qui permettent d'éviter le risque d'une ouverture intempestive, même si un effort extérieur est exercé sur le doigt. Les solutions décrites dans ces documents qui font appel à des moyens tels que virole manipulée par vissage ou translation permettent un blocage total du doigt en position- verrouillée, rendant l'ouverture du mousqueton impossible. Ces mousquetons ne sont cependant pas utilisables comme mousquetons de pro¬ gression car, outre leur poids important du à la virole supplémentaire, la manipulation nécessite l'usage des deux mains, ce qui est pratiquement impossible pour le grimpeur en activité, surtout lorsqu'il réalise un pas¬ sage d'escalade difficile étant donné que dans un tel cas, il est bien connu, compte tenu du principe même de l'escalade, qu'il est nécessaire d'avoir toujours trois points d'appui (les deux pieds et une main) et qu'en conséquence, toutes les manoeuvres doivent être faites d'une seule main.

Or on a trouvé, et c'est ce qui fait l'objet de la présente invention, une solution qui permet de résoudre ces problèmes, et ce sans augmentation du poids du mous¬ queton, et grâce à laquelle le grimpeur a la possibilité d'utiliser ou non le blocage du doigt et qui, lorsqu'il souhaite réaliser le blocage, permet d'effectuer cette manipulation d'une seule main, par une pression complé- mentaire du doigt de la main, sans donc gêner en aucune façon sa progression.

Par ailleurs, comme cela ressortira de la suite de la description, la réalisation technique d'un mousqueton conforme à l'invention implique l'utilisation de moyens classiques d'usinage, sans modification de l'allure géné- raie du mousqueton, et sans modifier la résistance à la rupture dudit mousqueton.

D'une manière générale, l'invention concerne donc un système de fermeture avec blocage momentané entre le corps et le doigt d'un mousqueton d'escalade ou de spé¬ léologie, dont le corps comporte un relief à proximité du crochet et à l'autre extrémité un logement pour l'axe solidaire du doigt qui autorise le déplacement longitudi¬ nal de ce dernier, ledit système se caractérisant en ce que :

- la distance précise entre le relief lui-même et le logement fait sensiblement coïncider, sous la pression du ressort, la position extrême du doigt avec la position du fond de l'encoche ; - le relief est de faible dimension et comporte une rampe du côté de l'encoche ; l'association de ces deux éléments autorisant ainsi une ouverture dudit mousqueton en position de verrouillage momentané par simple pression exercée perpendiculairement au doigt.

De préférence, conformément à l'invention :

- la butée est extérieure au crochet et placée à proximité de ce dernier ; - le logement est cylindrique et de diamètre supé¬ rieur à celui de 1'axe et ;

- la butée est rapportée sur le corps.

L'invention et les avantages qu'elle apporte seront cependant mieux compris grâce aux exemples de réalisation donnés ci-après à titre indicatif, mais non limitatif, et qui sont illustrés dans les schémas annexés dans les- quels :

- la figure 1 présente une vue extérieure d'un mous¬ queton de l'invention selon un premier mode de réalisation ;

- la figure 2 présente un détail agrandi du crochet; - la figure 3 présente en coupe un autre détail de ce premier mode ;

- la figure 4 présente une variante de ce premier mode ;

- la fiugre 5 présente un deuxième mode de réalisa- tion de l'invention.

Dans la figure 1 montrant un mousqueton de l'inven¬ tion, le doigt est articulé en (3) sur le corps (1), la goupille (5) du doigt venant, en fermeture, se placer dans le crochet (6) du corps (1). La figure 2 montre la forme originale du crochet (6) comprenant une première encoche (7) séparée de la deuxième (8) par une butée (9) , ces différentes formes étant réalisées par fraisage (à commande numérique par exemple) . Pour la clarté du des- sin, seule est représentée la goupille (5) du doigt (2), en position non verrouillée. La figure 3 décrit de quelle façon, suivant un premier mode de réalisation, le doigt (2) est articulé sur le corps (1), un ressort interne (4) s'opposant en permanence à l'ouverture du doigt. On no- tera que l'axe d'articulation (3) solidaire du doigt (2) peut se déplacer dans un trou oblong (10) réalisé dans le corps (1) (de 1mm environ).

Dans la variante du premier mode présentée à la figure 4, le trou oblong est remplacé par un troi (11) de diamètre supérieur à l'axe (3) permettant ainsi à ce dernier un déplacement possible de un millimètre environ.

Dans un deuxième mode de réalisation, illustré par la figure 5, la butée (12) n'est plus réalisée dans le crochet (6) , mais sur le rebord du corps (1) , le doigt (2) comportant un creux (13) destiné à venir s'engager dans la butée (12). Comme dans la figure 3, l'axe (3) solidaire du doigt (2) peut se déplacer dans une rainure oblongue du corps (1) .

On comprend ainsi le fonctionnement de ce nouveau mousqueton : lorsque le grimpeur a introduit la corde dans le mousqueton, la goupille (5) revient en butée dans l'encoche (7) contre (9) ; il exerce alors une pression complémentaire pour forcer la goupille à franchir la butée (9). Ceci est possible car le doigt peut se dépla- cer vers le bas grâce aux trous oblong (10) ou agrandi (11), contre l'effet du ressort (4). Dès que la butée (9) est franchie, le doigt, poussé par le ressort (4), re¬ vient en position initiale dans l'encoche (8), assurant ainsi son blocage momentané. Ainsi, quelque soit la sol- licitation du doigt (choc contre le rocher ou appui de la corde ou phénomène de vibrations), celui-ci est verrouil¬ lé, apportant ainsi une grande sécurité au grimpeur. Pour ouvrir le mousqueton ainsi fermé, le grimpeur exerce une pression sur le doigt vers l'intérieur du mousqueton provoquant le franchissement de la butée (9) par efface¬ ment momentané du doigt vers le bas. On constate d'ail¬ leurs que cette invention est applicable au mousqueton quelle que soit la forme du doigt (droit ou courbé), que l'ouverture soit ou non dans le plan du mousqueton et aussi dans la disposiiton inverse, soit le crochet sur le doigt (2) et la goupille (5) sur le corps.

Cette invention permet également d'utiliser un res¬ sort (4) plus faible, ce qui est très agréable pour le grimpeur, puisque le doigt peut être verrouillé en utili¬ sation. On notera que ce nouveau mousqueton est très sûr puisque si le grimpeur oublie de verrouiller le doigt, toute chute amènera une déformation du corps (1) suffi¬ sante pour provoquer automatiquement le passage de la goupille (5) du doigt (2) dans l'encoche (8) assurant ainsi le verrouillage du mousqueton, qui est ainsi anti- choc.

On ne sort pas du cadre de l'invention en réalisant une butée (9) rapportée sur le corps (1) par tous moyens, en plaçant cette butée à un endroit différent (toujours entre le corps (1) et le doigt (2)), en utilisant pour la butée des matériaux compressibles (caoutchouc par exem¬ ple), en modifiant la forme du logement (10,11) ou en remplaçant la butée (9) par une bille ; de la même façon, l'invention englobe toutes les formes que l'on peut don- ner à la butée (9) (portions de cercle, segments de droi¬ te de différentes inclinaisons) : en effet, on comprend bien qu'en jouant sur ces formes et proportions, le fa¬ bricant pourra obtenir un blocage plus ou moins dur et donc un effort pour ouvrir et fermer le mousqueton plus ou moins important (en liaison avec la force du ressort (4)).

On ne sort pas du cadre de l'invention en réalisant une disposition inverse, par exemple au niveau de l'ar- ticulation du doigt (2), en réalisant le trou oblong ou agrandi dans le doigt, l'axe (3) étant fixe sur le corps

(1).

L'invention participe ainsi à une grande sécurité pour la pratique de l'escalade et de la spéléologie.