EN UN AUTRE MATERIAU

DESCRI PTION

Le sujet de l'invention est une aube composite, comprenant, outre une partie structurale en un premier matériau, un renfort de bord d'attaque en un autre matériau.

Une telle constitution peut être proposée notamment pour des soufflantes à l'entrée de moteurs d'aéronef, ou pour d'autres cercles d'aubes exposés à des projections de corps étrangers solides susceptibles de les endommager par des chocs. Le bord d'attaque, qui est exposé à ces chocs, est formé par le renfort, qui est en un matériau plus résistant à l'impact que celui de la partie structurale. La partie structurale peut ainsi être formée en un matéria u com posite com prenant du polymère, et le renfort de bord d'attaque en titane. Les documents EP 2 611 143 Al, EP 2 378 079 A2, GB 2 482 247 A et EP 2 634 368 A2 divulguent des aubes équipées de tels renforts.

La jonction entre les deux parties est sujette à des contraintes importantes, notamment en raison des vibrations de service, et on s'est soucié de les diminuer en concevant cette invention.

L'innovation concerne plus précisément les prolongements du renfort qui s'étendent sur ses faces d'intrados et d'extrados au-delà du bord d'attaque (dans une direction d'allongement dudit bord d'attaque) en couvrant le pied de l'aube, qui est une partie sans rôle aérodynamique engagée dans un brochage de disque porteur du cercle d'aubes, afin de maintenir l'aube en place. On a plus précisément constaté qu'une dissymétrie des prolongements était bénéfique pour réduire les contraintes s'exerçant à la jonction mentionnée. La dissymétrie concerne plus précisément la partie antérieure, proche du bord d'attaque, des prolongements, qui est sujette aux concentrations de contrainte. Conformément à l'invention, le bord antérieur du prolongement de la face d'extrados est plus éloigné (dans une direction d'allongement du pied de l'aube) du bord d'attaque que celui de la face d'intrados. Cet éloignement différent peut être obtenu si les prolongements sont limités par un bord antérieur proche du bord d'attaque, un bord postérieur éloigné du bord d'attaque et un arrondi joignant ces deux bords, en rendant l'angle que fait le bord antérieur de la face d'intrados avec le bord d'attaque plus petit que l'angle correspondant que le bord antérieur de la face d'extrados fait avec le bord d'attaque.

Ces aspects, caractéristiques et avantages de l'invention, ainsi que d'autres, seront maintenant décrits en liaison aux figures suivantes :

les figures 1, 2, 3, 4, 5 et 6 représentent une conception connue d'aube composite à renfort de bord d'attaque ; et - les figures 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16 et 17, deux réalisations purement illustratives de l'invention.

Dans la suite de la description, les termes tels que « haut » et « bas », « dessous » et « dessus », « inférieur » et « supérieur », ou « montant » et « descendant » se comprennent en référence à une orientation de l'aube où le pied est supposé au-dessous de la partie aérodynamique, et le prolongement du renfort du bord d'attaque, sur lequel porte l'invention, est au-dessous du reste du renfort ; ils sont aussi conformes à l'orientation de l'aube sur les figures. Et les termes « avant » et « arrière » se comprennent par rapport au sens conventionnel d'écoulement des gaz dans la turbomachine. Les axes XX, YY et ZZ tracés à certaines des figures, XX le long du pied 2, ZZ du pied 2 au sommet de la pale 1 et YY transversal et perpendiculaire aux précédents, sont aussi introduits pour aider à la compréhension de la description.

Les figures 1, 2, 3 et 4 représentent respectivement une aube composite de conception connue vers le bord de fuite, vers le bord d'attaque, vers l'extrados, et vers l'intrados ; et les figures 5 et 6 sont des agrandissements des figures 3 et 4 respectivement, au concours du renfort de bord d'attaque et du pied d'aube.

L'aube comprend de façon classique une pale 1 de forme incurvée et irrégulière, s'étendant longitudinalement suivant un axe ZZ, responsable des performances aérodynamiques de l'aube, et un pied 2 au bas de la pale 1, s'élargissant vers le bas de l'aube et s'étendant longitudinalement suivant un axe XX sensiblement orthogonal à l'axe ZZ, de manière à pouvoir être engagé dans un brochage de section complémentaire d'un disque et y retenir l'aube . La pale 1 est limitée par un extrados 3 et un intrados 4 qui se joignent à un bord d'attaque 5 et un bord de fuite 6 opposés. L'aube comprend une partie structurale, qui compose la plus grande partie de la pale 1 et du pied 2, et un renfort 7 situé au bord d'attaque 5 et qui est plus résistant que la partie structurale. Ce renfort 7 comprend, comme on le voit mieux aux figures 5 et 6, une face d'extrados 8 couvrant localement l'extrados 3 de la partie structurale, et une face d'intrados 9 couvrant localement son intrados 4. Les faces 8 et 9 se joignent à l'avant de l'aube pour former le bord d'attaque 5. Les faces 8 et 9 comprennent chacune un prolongement 10, qui s'étend au-dessous de l'extrémité inférieure du bord d'attaque 5 et empiète donc sur le pied 2, en couvrant une partie de sa surface. A la jonction de la pale 1 et du pied 2, une arête 11 des faces 8 et 9 forme l'extrémité inférieure du bord d'attaque 5. A partir de l'arête 11 et à l'opposé du bord d'attaque 5, les prolongements 10 comprennent un bord antérieur 12 oblique, avec une inclinaison dans la direction ZZ descendant vers le bas du pied 2, un arrondi 13, et un bord postérieur 14 oblique, avec une inclinaison dans la direction ZZ remontant progressivement vers le haut du pied 2. Les prolongements 10 sont identiques dans cette conception connue, sauf éventuellement à l'arrière, au plus loin du bord d'attaque 5, où les bords postérieurs 14 peuvent être de longueurs différentes jusqu'à des bords arrière 15 et 16 respectifs de la face d'extrados 8 et de la face d'intrados 9, puisque les faces d'extrados 8 et d'intrados 9 peuvent être de largeurs différentes dans la direction X-X : le bord arrière 15 de la face d'extrados 8 peut ainsi être plus proche du bord d'attaque 5 que le bord arrière 16 de la face d'intrados 9.

Les figures 7 à 14 représentent l'invention. Les figures 7, 8, 9, 10 et 11, correspondent aux figures 2, 3, 4, 5 et 6 respectivement, et les figures 12, 13 et 14 représentent isolément le renfort de bord d'attaque vers l'extrados, obliquement vers le bord d'attaque, et vers l'intrados.

Le renfort de bord d'attaque porte désormais la référence 17. Il se distingue du renfort 7 de bord d'attaque précédent par les prolongements couvrant le pied 2, qui sont désormais référencés par 18 et 19 pour la face d'extrados 8 et la face d'intrados 9, respectivement. Les prolongements 18 et 19 sont ici dissymétriques. Cette particularité permet de diminuer les contraintes mécaniques qui s'exercent à la jonction du renfort 17 et de la partie structurale qui constitue le reste de l'aube. En effet, des concentrations de contrainte sont plus susceptibles d'apparaître au bas du renfort 17 et près du bord d'attaque 5, qui est un endroit d'irrégularité de constitution de l'aube. De plus, les sollicitations sont très différentes entre l'extrados 3 et l'intrados 4. Il est donc essentiel de disposer d'une liberté de conception des prolongements 18 et 19 impliquant leur dissymétrie. Une considération importante est que le prolongement 18 du côté de l'extrados 3 gagnera à être placé plus loin du bord d'attaque 5, dans la direction XX, que le prolongement 19 du côté de l'intrados 4. Cela est obtenu en éloignant le bord antérieur 20 du prolongement 18 du côté de l'extrados 8 plus du bord d'attaque 5 que le bord antérieur 21 du prolongement 19 du côté de l'intrados 9 ; dans la réalisation effectivement proposée ici, en rendant le bord antérieur 21 du prolongement 19 de la face d'intrados 9 plus parallèle au profil du bord d'attaque 5 (à sa partie inférieure, représentée sensiblement verticale sur les figures 12 et 14) que le bord antérieur 20 du prolongement 18 de la face d'extrados 8 ; les angles correspondants entre le bord d'attaque 5 et les bords antérieurs 21 et 20 (angles A de la figure 14 et B de la figure 12), où donc A < B, pourront respectivement être inférieur à 30°, préférentiellement entre 5 et 25°, et compris entre 30° et 60°, et préférentiellement entre 35 et 50°,, par exemple. Réciproquement, les bords postérieurs 24 et 25 peuvent faire respectivement des angles C inférieur à 30° et D compris entre 30° et 60°, ou plus généralement D > C, avec les bords 15 et 16 des faces d'extrados 8 et d'intrados 9 éloignés du bord d'attaque 5. Les bords antérieurs 20, 21 et postérieurs 24, 25 sont réunis par des arrondis 22 et 23 utiles pour permettre une bonne fabrication et ne pas créer de concentration de contrainte à un angle de raccordement.

Du fait de la largeur plus grande de la face d'intrados 9 dans la direction

XX, le prolongement 19 de ce côté peut être plus large (encore dans la direction XX) que le prolongement 18, avoir une profondeur (dans la drection ZZ) plus grande sous le bord d'attaque 5, et une superficie plus grande aussi.

L'invention peut être mise en œuvre de bien des façons. Il sera possible de valider toute réalisation envisagée par des calculs par éléments finis. Les figures 15, 16 et 17 illustrent une réalisation différente mais aussi satisfaisante d'un renfort de bord d'attaque, avec les mêmes modalités de représentation que les figures 12, 13 et 14 respectivement ; les portions correspondantes portent les références numériques correspondantes augmentées de « 100 » : on retrouve ainsi le bord d'attaque 105, les faces d'intrados 108 et d'extrados 109, et les prolongments 118 et 119. Ici, A = 20° et B = 45° alors que A était égal à 9°, et B à 40°, dans le mode de réalisation précédent. Des diminutions de 30 % des contraintes statiques ont été observées au bord d'attaque du renfort, et de 5 % dans la partie structurale, par rapport à un renfort classique symétrique.