La présente invention a pour objet de nouvelles matières colorantes, ainsi que leur utilisation dans des compositions, en particulier des compositions cosmétiques.

L'invention s'applique tout particulièrement à la préparation de compositions cosmétiques colorantes, en particulier destinées au maquillage de la peau ou des phanères. Elle s'applique également à toute sorte de compositions colorantes pour d'autres domaines de l'industrie, tels que le domaine des produits alimentaires, celui des médicaments, des encres, des teintures, des peintures et des produits applicables dans le domaine des arts graphiques et de la décoration en général.

Dans le cadre de la présente invention, on désigne par l'expression « matière colorante », une substance agissant comme colorant dans le milieu dans lequel elle a été introduite ou sur la surface de la matière ou du support sur laquelle elle a été appliquée.

Dans le domaine de la cosmétique, on utilise très souvent des matières colorantes, d'origine naturelle ou synthétique, de nature chimique minérale ou organique. Elles sont utilisées principalement pour produire un effet colorant sur la peau ou les phanères, comme cela est le cas pour les produits de maquillage.

Ces matières colorantes peuvent être notamment d'origine végétale. Les colorants végétaux sont transparents dans un milieu liquide. Ils peuvent être utilisés pour colorer simplement une composition, sans aucun effet colorant sur la peau ou les phanères. Cependant si l'on souhaite les utiliser dans des produits de maquillage, ou plus généralement pour colorer une surface, afin que le rendu des couleurs sur la peau ou les phanères ou la surface soit satisfaisant, il est nécessaire de les rendre opaques. Pour cela, on les rend insolubles. La principale technique pour insolubiliser les colorants végétaux consiste à les fixer sur un substrat solide. On connaît en particulier les laques, qui sont composées de trois éléments ; un colorant, un substrat _# comme par exempte l'alumine, et un cation jouant le rôle d'agent précipitant. Parmi les colorants d'origine végétale bien connus utilisables en cosmétique, généralement après insolubilïsation, on citera les anthocyanines, les caroténoïdes, la curcumine et les chlorophylles.

On sait qu'un certain nombre de plantes de la famille botanique des Rubiacées sont utilisées comme source pour la fabrication de colorants bleus ou bleus-noirs.

Parmi ces plantes, on cite notamment les genres et espèces suivants:

- Genipa, notamment Genipa americana, - Gardénia, notamment Gardénia jasminoides, Gardénia ternifolia,

Gardebua lucida, Gardénia erubescens,

- Rothmannia, notamment Rothmannia capensis, Rothmannia longiflora et Rothmannia withfieldii,

- Adenorandia, notamment Adenorandia kalbreyeri et - Cremaspora, notamment Cremaspora triflora.

On notera les éléments suivants pour ces plantes :

• Adenorandia kalbreyeri La plante est nettement équatoriale (Nigeria, Congo, Angola).

Dans les pays où la plante est présente, le liquide bleu extrait du fruit fait office de produit cosmétique bleu-noir et de teinture pour les tatouages. C'est le seul usage qu'on lui connaît.

• Cremaspora triflora La plante est assez répandue en Afrique de l'Ouest.

Les fruits verts et mûrs sont connus dans diverses parties de l'Afrique pour fournir une teinture bleu-noir utilisée comme colorant corporel, et au Congo comme teinture textile. Le fruit mûr est considéré comme comestible. • Rothmannia longiflora

La plante est connue dans toute la sous-région de l'Afrique de l'Ouest, elle sert pour le tatouage en bleu-noir (jus des fruits) mais aussi pour la teinture où elle peut remplacer l'indigo.

Les graines et les fleurs sont également citées comme source de colorant noir.

• Rothmannia withfieldii La plante est présente au Mali et dans toute Ia sous-région de l'Afrique de l'Ouest. On utilise Ie jus des fruits et des graines pour les peintures corporelles et la teinture des tissus en bleu-noir.

La plante est citée en association avec Piliostigma thonningii, plante citée par ailleurs pour son utilisation lors de colorations en bleu. Les Rothmannia sont également citées en association avec les Gardénia.

Au Burkina-Faso, deux plantes sont citées comme source d'un colorant bleu. Il s'agit de

Gardénia erubescens : utilisation des graines pour une teinture noire utilisée en cosmétique

Gardénia ternifolia : utilisation des fruits en cosmétique. On notera que les utilisations traditionnelles pour Ia peinture corporelle, ont en commun de conduire à des colorations au moins semi- permanentes de la peau. Les études menées sur l'extrait du fruit de la plante Genipa americana ont permis d'isoler et de caractériser la génipine, composé incolore qui se colore au contact de la peau {Djerassi et al., J. Org .Chem. 1960; 25, 2174 et J. Org .Chem. 1960 ; 26, 1192).

Outre la génipine, d'autres glycosides du groupe iridoïde ont été isolés à partir du fruit de Ia plante Genipa americana, dont notamment le géniposide et l'acide géniposidique {Ono étal., Chem. Pharm. Bull., 2005, 53 (10), 1342-1344).

Le géniposide, extrait de Ia pulpe et des graines du fruit de Ia plante Genipa americana par trempage ou macération dans l'eau, forme Ia génipine par hydrolyse, par exemple par une enzyme β-glucosidase.

La coloration bleue est le résultat de la réaction de la génipine avec des d'acides aminés ayant un groupement aminé primaire ou de protéines ayant un tel groupement, en présence d'oxygène (fig. 1, de Lee et ai, Anal. Chem. Acta 2003, 480, 267-274).

Le texte de la demande de brevet JP 52-053934 divulgue une matière colorante obtenue par réaction de la génipine ou d'un de ses analogues avec un composé comprenant un groupement aminé primaire, Le mécanisme exact n'est pas complètement élucidé, cependant, des auteurs ont identifié un certain nombre d'intermédiaires et émis l'hypothèse que la matière colorante obtenue est formée de polymères de haut poids moléculaires et solubles dans l'eau ( Touyama et al., Chem. Pharm. Bull. 1994, 42(3), 668-673; Chem. Pharm. Bull. 1994, 42(8), 1571-1578).

Des auteurs ont montré qu'il est possible d'obtenir à partir de la génipine, des bleus d'intensités différentes selon la nature de l'acide aminé réagissant avec la génipine {Fujikawa, J. Ferment Technol, 1987, 64 (4) 419-24). La coloration obtenue à partir d'un extrait contenant le géniposide et/ou la génipine dépend ainsi de la composition en acides aminés ou en protéines susceptibles de réagir, qui sont contenus dans l'extrait, le milieu de réaction ou le support sur lequel l'extrait est appliqué.

Des auteurs ont également obtenu un produit coloré de couleur rouge à partir de l'acide géniposidique de formule (A) ci-dessous,

composé que l'on trouve dans les mêmes plantes que celles qui contiennent la génipîne et/ou le géniposide {Moritome et al. J. ScL Food Agric. 1999, 79 : 810-814). L'acide géniposidique est par exemple extrait du fruit de Gardénia jasminoides ou obtenu par hydrolyse de la fonction ester de son précurseur, le géniposide. La coloration rouge est le résultat de la réaction en milieu acide et en absence d'oxygène, de l'acide géniposidîque avec des composés portant un groupement aminé primaire {Moritome étal. J. ScL Food Agric. 2002, 39 (4) : 345-352) Parmi les plantes citées ci-dessus contenant de la génipine, de l'acide géniposidique ou leur précurseur de type géniposide, on citera tout particulièrement Genipa americana.

En effet, Ia plante Genipa americana, de Ia famille des Rubiacées, est une plante tropicale dont le fruit est traditionnellement utilisé par des peuples d'Amazonie en tant qu'aliment, mais qui est aussi utilisé par voie externe, pour ses effets bénéfiques contre certaines irritations cutanées (effet anti-prurigineux notamment). Le suc de ce fruit est aussi utilisé, dans certaines conditions, pour la réalisation de peintures corporelles. En effet, Ie fruit fournit par pressage, un suc, liquide incolore riche en glycosides du groupe iridoïde (et autres composés annexes du groupe chimique des monoterpenoïdes). La composition de ce suc se modifie spontanément, le géniposide se transformant en génipine par hydrolyse, laquelle se colore en bleu foncé par réaction, en présence d'oxygène, avec les acides aminés ou les protéines contenues dans le milieu, à savoir ce suc. La coloration en bleu de la génipine par la réaction précitée peut également se produire à la surface du support sur lequel le suc est appliqué aussitôt après son obtention.

Dès lors, les extraits solubles commerciaux de Genipa americana, tels que ceux commercialisés par la société SCRD (Le Havre, France), sont naturellement de couleur bleue.

On comprend ainsi que, pour l'usage cosmétique, il n'apparaît pas souhaitable d'utiliser le suc ou l'extrait incolore obtenu à partir du fruit de la plante tel quel, car au contact de la peau, la génipine se fixe d'une façon semi-permanente, à la façon d'un tatouage éphémère. Les taches cutanées ainsi formées peuvent subsister et rester visibles durant plusieurs jours et jusqu'à deux à trois semaines.

Aussi, pour utiliser l'extrait de cette plante comme matière colorante, en particulier dans des produits destinés à être appliqués sur la peau ou les phanères, il est indispensable au préalable, pour éviter cet effet indésirable, d'utiliser un extrait dans lequel la génipine a déjà réagi comme indiqué ci-dessus pour développer la couleur. De tels extraits sont disponibles dans le commerce, comme indiqué ci-dessus. En outre, pour une utilisation dans une composition colorante, telle qu'un produit de maquillage, il est ensuite nécessaire dinsolubilïser ce colorant végétal, comme expliqué précédemment.

C'est justement le problème de l'ïnsolubilisation de la génipine ou d'un extrait de plantes contenant de la génipine, de l'acide géniposîdique ou du géniposîde que se propose de résoudre la présente invention, avec pour but de fournir une matière colorante stable utilisable dans différents produits de maquillage qui, à la différence des produits utilisés traditionnellement dans le tatouage, ne doivent pas tacher la peau, ni s'y fixer de façon semi-permanente, afin de pouvoir être aisément éliminés au moment du démaquillage.

Cette insolubilisation a pu être réalisée par la demanderesse et les matières colorantes qui ont été mises au point font l'objet de la présente invention.

Différentes traditions amérindiennes font état de techniques d'adsorption sur argile de composés végétaux. Citons par exemple le

« Bleu Maya », qui a fait l'objet de recherches à caractère archéologique. La préparation de cette matière colorante consiste en une adsorption par voie sèche d'indigo naturel sur une argile de type palygorskyte.

D'autres sources végétales ont également pu donner des argiles colorées en vert, en jaune ou en rouge, mais à ce jour, si l'analyse du patrimoine archéologique fait bien état de tels produits, les méthodes et ingrédients précis pour l'obtention de ces composés n'ont pas été clairement élucidées.

Ainsi, la présente invention concerne, à titre de produit nouveau, une matière colorante résultant de l'insolubilisation d'un colorant dérivé du géniposide ou de la génipine, ou de l'acide géniposidique ou d'un extrait végétal colorant renfermant au moins du géniposide et/ou de la génipine, et/ou de l'acide géniposidique.

Elle concerne également un procédé pour préparer une telle matière colorante.

Elle concerne également l'utilisation de cette matière colorante, notamment dans le domaine de la cosmétique.

Plus précisément, l'invention concerne une matière colorante comprenant un produit coloré lié à un substrat solide, caractérisée en ce que ledit produit coloré est un dérivé coloré du géniposide et/ou de la génipine et/ou de l'acide géniposidïque et/ou d'un extrait colorant d'une plante contenant au moins l'un des produits précités, et en ce que ledit substrat solide est à base de silicate et renferme au moins un cation métallique.

L'invention concerne également le procédé de préparation de cette matière colorante, ledit procédé comprenant : - une étape dinsolubilisation d'un produit coloré dérivé du géniposïde et/ou de la génipine et/ou de l'acide géniposidique et/ou d'un extrait d'une plante contenant l'un des produits précités, à partir d'une solution aqueuse dudit produit coloré, par formation d'une suspension aqueuse de particules solides colorées, lesdites particules solides colorées étant constituées d'un substrat solide à base de silicate renfermant au moins un cation métallique, auquel est lié ledit produit coloré, et

- une étape de récupération des particules solides colorées obtenues lors de l'étape d'insolubilisation.

L'invention concerne en outre l'utilisation de la matière colorante, pour la préparation d'une composition colorante, notamment d'une composition cosmétique.

L'invention concerne également un procédé de maquillage de la peau ou des phanères, comprenant l'application topique d'une composition cosmétique contenant ladite matière colorante ou obtenue selon ledit procédé de préparation. D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront dans la description détaillée qui suit.

Comme exposé précédemment, l'invention résulte de la découverte par ses inventeurs qu'il est possible d'insolubiliser les produits colorés dérivés du géniposide et/ou de la génipine, et/ou de l'acide géniposidique et/ou d'un extrait d'une plante en contenant, en les fixant sur un support à base de silicate renfermant au moins un cation métallique, de façon à préparer une matière colorante sous forme solide dont l'un des avantages est de ne pas se fixer de façon durable sur la peau lorsqu'elle est utilisée comme matière colorante dans une composition cosmétique.

De telles matières colorantes constituent des produits nouveaux. Le produit coloré peut être tout dérivé coloré du géniposide ou de la génipine ou de l'acide géniposidique.

Comme exposé précédemment, de tels dérivés colorés sont connus dans l'art antérieur. Il en est de même des extraits de plantes contenant le géniposide ou la génipine, ou l'acide géniposidique et des matières colorées obtenues à partir de ces extraits.

L'invention réside donc essentiellement dans la réalisation d'un produit résultant de la fixation de ces différentes matières colorées obtenues par réaction à partir du géniposide et/ou de la génipine et/ou de l'acide géniposidique, sur un substrat solide bien particulier qui permet Pinsolubiiisation du produit coloré, en évitant sa fixation durable sur la peau, ce qui permet notamment d'envisager des applications dans Ie domaine du maquillage.

Les cations renfermés dans le silicate appartiennent à une large gamme. Toutefois, de façon avantageuse, ces cations appartiennent au groupe constitué de Al ³⁺ , Fe ³⁺ , Mg ²⁺ , Fe ²⁺ et Li ⁺ . De préférence, un cation appartient au moins au groupe constitué de Mg ²⁺ et Al ³⁺ .

A titre de substrats solide à base de silicate renfermant au moins un cation métallique, on choisira de façon avantageuse une argile. Cette argile pourra être soit une argile naturelle, soit une argile artificielle.

Il est bien connu que les argiles sont des phyllosilicates hydratés formés par un agencement de tétraèdres en mailles hexagonales pour former des feuillets bi-dimensionnels, qui eux-mêmes s'associent à des feuillets octaédriques formés d'un cation central parmi ceux mentionnés précédemment et de six ions OH ^" .

Ces feuillets constituent le premier niveau structural des argiles. Ces feuillets s'assemblent en particules, qui, elles-mêmes s'assemblent en agrégats. Les argiles, qu'elles soient naturelles ou synthétiques pourront être choisies dans une très large gamme. Toutefois, selon une variante particulièrement intéressante de l'invention, on choisit l'argile parmi les argiles dites expansibles ou gonflantes.

Selon une autre variante avantageuse de l'invention, on choisit l'argile parmi celles qui présentent une capacité moyenne d'échange d'ions élevée, de préférence une capacité supérieure à 50 meq. pour 100 g de l'argile formant le substrat solide.

Un exemple de telles argiles est constitué par celles appartenant à la famille des smectites ou celles appartenant à la famille des vermiculites.

De façon avantageuse, on choisit l'argile parmi celles appartenant à la famille des smectites, et plus particulièrement parmi les saponites, les hectorites, les montmorillonites et les bentonites.

De façon particulièrement avantageuse, on choisit, à titre d'argile, la laponite. Selon une autre variante avantageuse, le substrat solide obtenu par réaction du sulfate de magnésium avec du silicate de sodium.

Selon une variante particulièrement avantageuse de l'invention, la matière colorante est sous la forme d'un solide pulvérulent, présentant avantageusement une granulométrie moyenne, définie par son diamètre médian (D ₅₀ ), inférieure à 30 μm, de préférence comprise entre 0,01 μm et 10 μm.

On définit le diamètre médian (D ₅ 0) d'un échantillon de poudre, comme le diamètre en dessous duquel on trouve 50% du poids de l'échantillon testé.

Comme exposé précédemment, le géniposide, la génipine et l'acide géniposidique ne sont pas naturellement colorés mais conduisent à des dérivés colorés par des processus qui ont déjà été décrits dans la littérature. L'invention vise, à titre de produits colorés, tous les dérivés colorés du géniposide ou de la génipine ou de l'acide géniposidique.

Le produit coloré utilisé est avantageusement obtenu à partir d'un extrait végétal contenant le géniposide, la génipine ou l'acide géniposidique, en particulier à partir d'une plante appartenant à la famille botanique des Rubiacées.

Selon une variante de l'invention, le produit coloré utilisé est obtenu par réaction, en présence d'oxygène, de la génipine avec un groupement aminé primaire, porté par exemple par un acide aminé et/ou une protéine. Avantageusement, le produit coloré est un extrait végétal coloré dont la coloration est obtenue spontanément sous l'effet de l'oxygène et/ou de l'air ambiant, par réaction de la génipine contenue dans l'extrait avec des acides aminés et/ou des protéines portant un groupement aminé primaire contenus dans le même extrait. Selon une autre variante de l'invention, le produit coloré est obtenu par réaction, en milieu acide et en absence d'oxygène, de l'acide géniposidique, qui peut être présent dans l'extrait végétal ou obtenu à partir du géniposide présent dans l'extrait végétal, avec au moins un groupement aminé primaire, porté par exemple par un acide aminé tel que l'arginine ou l'acide glutamique, ainsi qu'exposé précédemment. Avantageusement on choisira d'utiliser un produit coloré obtenu à partir d'un extrait végétal, contenant le géniposide et/ou la génipine et/ou l'acide géniposidique, en particulier d'une plante choisie dans la famille botanique des Rubiacées. Comme exposé précédemment, on connaît un certain nombre de plantes de cette famille pouvant conduire à des produits colorés, de tels produits colorés ayant déjà été utilisés dans l'art antérieur notamment pour réaliser des teintures et en particulier des teintures corporelles.

Selon une variante avantageuse, la plante appartient au genre Genipa, Gardénia, Rothmannia, Adenorandia ou Cremaspora.

Parmi les plantes préférées pour la réalisation des matières colorantes de l'invention, on cite Genipa americana et Gardénia jasminoides et, tout particulièrement, Genipa americana.

Pour ces deux plantes, l'extrait est avantageusement un extrait du fruit entier ou d'au moins une partie du fruit.

On choisit de préférence un extrait de la pulpe et/ou des graines du fruit.

Selon une variante particulièrement avantageuse, l'extrait est un suc du fruit d'une de ces plantes, notamment obtenu par pressage ou un extrait aqueux, en particulier obtenu par trempage ou macération du fruit entier ou d'une partie du fruit.

Dans ces deux cas et, tout particulièrement dans le cas de Genipa americana, l'extrait est obtenu de préférence à partir du fruit de la plante, et plus particulièrement par extraction du fruit entier ou encore de la pulpe et/ou des graines du fruit.

L'extraction est réalisée par pressage du fruit ou d'au moins une partie du fruit, ou encore par macération ou trempage dans un solvant polaire, de préférence un milieu aqueux.

L'extrait obtenu peut être utilisé directement ou bien traité de façon à hydrolyser le géniposide en génîpine ou en acide géniposidique.

L'extrait peut ainsi être traité par voie enzymatique à l'aide d'une β-glucosidase, pour hydrolyser le géniposide en génipine, ou par voie chimique, par exemple selon la publication Moritome et al. susmentionnée, pour hydrolyser Ia fonction ester du génîposîde en fonction acide de l'acide géniposidique. On peut également mettre l'extrait en présence d'oxygène, en particulier à l'air ambiant, de façon à laisser se colorer l'extrait par réaction de la génipine avec les acides aminés ayant un groupement aminé primaire ou les protéines contenant un tel groupement, qui sont présents dans l'extrait.

On peut également enrichir l'extrait végétal à l'aide de composés portant un groupement aminé primaire, et en particulier d'acides aminés portant de tels groupements, de façon à obtenir une teinte particulière. Comme expliqué précédemment, la couleur du produit dépend des réactifs et des conditions de la réaction conduisant audit produit coloré.

Selon une première variante, partant de la génipine, éventuellement obtenue à partir du géniposide et/ou d'un extrait de plante en contenant, le produit coloré obtenu dans les conditions décrites précédemment, est de couleur bleue. La teinte du bleu ainsi obtenue peut varier du bleu ciel jusqu'à un bleu-noir, et dépend notamment de la composition en acides aminés ou en protéines ayant réagi avec la génipine. Selon une deuxième variante, partant de l'acide géniposidique, éventuellement obtenu à partir du géniposide et/ou d'un extrait de plante en contenant, le produit coloré obtenu dans les conditions décrites précédemment est de couleur rouge. La teinte du rouge ainsi obtenue varie également en fonction de l'acide aminé ayant réagi avec l'acide géniposidique. Cette teinte rouge peut être nuancée en ajoutant au milieu de réaction, un sucre de type pentose, tel que le D-ribose ou le D-xylose, ainsi que cela est décrit dans le texte du brevet japonais 2873518.

Le produit coloré, qu'il soit obtenu par l'une ou l'autre des variantes, est soluble dans l'eau. Le produit coloré est utilisé pour la préparation des matières colorantes objet de l'invention

Comme exposé précédemment, l'invention concerne également un procédé de préparation des matières colorantes définies précédemment. Selon ce procédé, on prépare une suspension de particules solides colorées à base de silicate contenant au moins un cation métallique sur lesquelles est fixé le produit coloré précédemment défini.

Cette suspension est réalisée à partir d'une solution aqueuse d'un produit coloré obtenu à partir du géniposide et/ou de la génipine et/ou de l'acide géniposidique et/ou d'un extrait végétal en contenant.

Le produit coloré fixé sur lesdites particules est ainsi insolubilisé.

Les particules solides colorées sont ensuite récupérées en éliminant le milieu aqueux par tout moyen approprié de séparation solide-liquide, notamment par décantation et/ou filtration.

Comme cela ressort de l'exposé qui suit, cette suspension de particules colorées en milieu aqueux peut être obtenue soit à partir de particules solides préexistantes, en particulier de particules d'argile, sur lesquelles se fixe le produit coloré, soit en formant in situ les particules solides colorées à base de silicate au sein de la solution aqueuse de produit coloré, en particulier par réaction d'un sel d'un cation métallique avec une solution aqueuse d'un sel de silicate, par exemple un silicate de sodium. Dans le cas où l'on utilise un support déjà constitué, la suspension aqueuse est préparée, de préférence sous agitation, par mise en contact de la solution aqueuse du produit coloré avec le substrat solide tel que défini précédemment, en particulier avec l'argile.

Selon ce procédé, le substrat solide est ajouté à la solution aqueuse sous forme d'une poudre ou d'une suspension aqueuse.

Selon une mise en œuvre préférée, on ajoute à ladite solution aqueuse une quantité de substrat solide comprise entre 50% et 100% du poids sec du produit coloré tel que défini précédemment

Selon une variante avantageuse du procédé ci-dessus, on réalise une étape supplémentaire de traitement en milieu acide, de préférence après l'étape de mise en contact de la solution aqueuse avec le substrat solide.

Dans le cas où l'on prépare in situ les particules solides colorées à base de silicate, on agit avantageusement selon un procédé comprenant les étapes suivantes : - ajout d'un sel de cation métallique, de préférence un sulfate de magnésium ou d'aluminium, dans une solution aqueuse du produit coloré tel que défini précédemment.

- mise en contact, sous agitation, de la solution aqueuse ainsi obtenue avec une solution aqueuse d'un silicate, de préférence alcalin tel que le silicate de sodium, ledit mélange réagissant durant ladite mise en contact pour précipiter in situ lesdites particules solides colorées.

Dans chacune des variantes du procédé exposé ci-dessus, la solution aqueuse du produit coloré est avantageusement obtenue par solubilisation dans l'eau d'un extrait de plante tel que défini précédemment, et notamment d'un extrait de Genipa americana.

Le procédé comprend en outre avantageusement au moins une étape de décantation et/ou de lavage et/ou de filtration et/ou de séchage et/ou de pulvérisation ou d'atomisation, destinée à recueillir une poudre de matière colorante, essentiellement constituée du substrat solide sur lequel est fixé le produit coloré.

Dans chacune des deux variantes du procédé, dont les grandes lignes sont tracées ci-dessus, l'homme du métier pourra faire varier les différents paramètres et conditions opératoires. Celui-ci comprendra aisément que le chauffage s'avère intéressant aussi bien pour améliorer la dissolution du produit coloré dans le milieu aqueux que pour améliorer la fixation sur le substrat solide. Toutefois, un résultat sensiblement équivalent peut être obtenu sans chauffage en ce qui concerne la fixation mais avec une cinétique plus lente.

Par ailleurs, on a pu observer une amélioration de la fixation par ajout d'acide, en particulier d'acide tartrïque, dans le milieu aqueux. Cet ajout se fait avantageusement après la mise en contact du milieu aqueux contenant la matière colorée avec le substrat solide. Toutefois, il est apparu que l'on pouvait également introduire sans inconvénient l'acide avant la mise en contact. Par ailleurs, l'acide peut être remplacé par un sel de cet acide. Des essais réalisés par les inventeurs ont par ailleurs montré que le recours à un acide ou un sel acide était favorable à une obtention de particules plus grosses, En outre, des essais réalisés par les inventeurs ont montré que dans le cas d'un extrait d'origine commerciale contenant notamment des giucosides, il est intéressant de réaliser une réaction d'hydrolyse des glycosides, ce qui améliore la fixation du produit coloré sur le substrat solide.

Les mêmes types d'effets des différents paramètres opératoires ont été observés pour les deux variantes du procédé.

Un autre objet de l'invention est relatif à l'utilisation de la matière colorante de l'invention, dans des compositions colorantes aptes à en inclure.

Les matières colorantes de l'invention sont particulièrement utiles dans des compositions cosmétiques et notamment dans des compositions cosmétiques destinées au maquillage de la peau ou des phanères.

Ainsi, l'invention concerne des compositions colorantes, en particulier des compositions cosmétiques pour le maquillage de la peau ou des phanères, contenant la matière colorante telle que définie précédemment.

Au sens de l'invention, les compositions colorantes sont celles dans lesquelles l'agent colorant conserve ses propriétés colorantes sans que les autres composés n'en dénaturent la structure particulière. Dans le domaine de la cosmétique, la composition colorante sera généralement un produit de maquillage de la peau ou des phanères, en particulier un mascara, un fond de teint, un fard à paupière ou un eyeliner, un vernis à ongles ou encore une poudre libre ou compacte.

Les compositions cosmétiques contenant la matière colorante de l'invention, peuvent contenir un agent actif cosmétiquement acceptable et au moins un excipient cosmétiquement acceptable choisi parmi les nacres, les polymères, les agents tensioactifs, les agents de rhéologie, les parfums, les électrolytes, les ajusteurs de pH, les agents anti-oxydants, les conservateurs, et leurs mélanges, et de façon optionnelles d'autres agents colorants.

L'invention porte également de façon particulièrement préférée sur l'utilisation de la matière colorante de l'invention préparée à partir des extraits de Rubiacées contenant du géniposide et/ou de la génipine et/ou de l'acide géniposidique, en particulier d'extraits de Genipa americana ou de Gardénia jasminoides, en tant qu'agent colorant, dans des compositions colorantes aptes à en inclure, et plus particulièrement dans des compositions cosmétiques, en particulier des compositions destinées au maquillage de la peau ou des phanères tels que les cils.

L'homme du métier comprendra aisément que Ia quantité de matière colorante contenue dans les compositions de l'invention dépend très largement du type de composition et de l'effet recherché.

L'invention concerne également un procédé de maquillage de Ia peau ou des phanères, en particulier des cils, des cheveux ou des ongles comprenant l'application sur au moins une partie de la peau ou des phanères, d'une composition telle qu'elle a été décrite précédemment. Enfin, comme exposé précédemment, les matières colorées de l'invention trouvent également des applications dans des domaines autres que celui de la cosmétique, en particulier dans celui des produits alimentaires ou de la peinture décorative.

EXEMPLES

EXEMPLE 1 : Fixation d'un extrait de Génipa americana sur de la laponite

100g d'un extrait commercial de fruit de Genipa americana sous la forme de poudre atomisée, obtenu auprès de la société SCRD (Le Havre, France), sont dissous dans 10 litres d'eau osmosée portée à 60 ⁰ C ; puis lorsque la dissolution est complète, on ajoute une quantité de laponite comprise entre 50% et 100% du poids de l'extrait sec pesé au départ, soit 50g, toujours sous agitation (les proportions peuvent varier en fonction de la richesse de l'extrait de départ et il appartiendra à l'Homme de l'Art d'ajuster ces proportions en fonctions de la qualité des matériaux dont il dispose). Le liquide est ensuite porté à Ia température de 80 ⁰ C environ. Lorsque les particules d'argile commencent à se charger des composés végétaux coloré, ce qui est observable par Ie fait que le liquide s'éclaircit beaucoup, on ajoute une quantité d'acide tartrique comprise, dans Ie cas présent, entre 10 et 20g, ce qui a pour effet d'améliorer le phénomène d'adsorption des composés végétaux sur Ie substrat argileux. On laisse décanter. Le complexe argile/matières organiques se dépose, tandis que le liquide surnageant est d'un jaune sale. Le dépôt est ensuite lavé par ajout d'eau propre, deux à trois fois, jusqu'à ce que les eaux de lavage, après décantation, ne présentent plus aucun caractère acide et ne soient plus colorées. Le dépôt est recueilli sur un filtre, séché, puis pulvérisé. Enfin, la poudre est lavée de nouveau à l'aide d'une solution hydro-alcoolique, afin d'en éliminer les éventuelles traces organiques qui ne seraient pas fixées sur le support argileux.

EXEMPLE 2 : Fixation d'un extrait de Genipa americana sur un substrat solide formé in situ.

100g de poudre atomisée du même extrait commercial atomisé de fruit de Genipa americana que précédemment, sont dissous dans

10 litres d'eau osmosée portée à environ 40 ⁰ C, puis, lorsque la dissolution est complète, on ajoute 100g de sulfate de magnésium commercial titrant

16 % de MgO et enfin, une solution aqueuse de silicate de sodium titrant

38-40% en poids de silicate. L'ensemble est ensuite chauffé jusqu'à 80 ⁰ C jusqu'à ce que la floculation apparaisse de façon significative. Le liquide est laissé à décanter. On lave le précipité par ajouts successifs d'eau propre suivis de décantations. Le précipité est ensuite recueilli sur un filtre et séché. Il peut ensuite être lavé à l'alcool comme précédemment.

Exemple 3 Composition de maquillage comprenant la matière colorante selon l'invention

La matière colorante obtenue selon l'exemple 2 est une poudre de couleur bleu-noir. Elle est ajoutée à un mascara dont la formule est décrite ci-dessous :

Matière colorante selon l'invention 8

Excipients pour mascara (dont parfums et conservateurs) qs Eau qs 100

Le mascara ainsi obtenu est de couleur bleu-noir.