DOMAINE TECHNIQUE

Le domaine technique de l'invention concerne les articles d'hygiène destinés à capter et à retenir un liquide corporel, en particulier une couche, un pansement ou un article destiné à l'hygiène féminine, ou une enveloppe corporelle (drap, pyjama jetable etc) afin de diffuser un élément dans le but de le désodoriser.

ART ANTERIEUR

Les couches pour bébés ou pour adultes sont des produits de consommation courante et font toujours l'objet de nombreux développement pour améliorer le confort de leurs utilisateurs et en particulier pour réduire l'altération de la peau résultant d'une exposition prolongée à l'urine retenue dans la couche. La demande EP1455722 décrit par exemple une couche comportant des principes actifs pour améliorer le confort de la peau. Ces principes actifs sont utilisés pour atténuer des irritations de la peau dues à la présence d'urine dans la couche.

Le document US2003/004479 décrit une couche pouvant compoter des principes actifs végétaux, pour limiter le dégagement d'odeurs.

Un inconvénient lié à l'utilisation de couches est l'émanation d'odeurs désagréables liées à la présence d'urine. Cet inconvénient survient notamment dans l'utilisation de couches pour adultes en raison du volume plus important d'urine stockée. Il s'en suit un inconfort important, pouvant perturber significativement le sommeil ou l'activité diurne des personnes incommodées. L'invention contribue à résoudre ce problème, en proposant une solution simple pour atténuer les odeurs, à partir de principes actifs végétaux.

EXPOSE DE L'INVENTION

Un premier objet de l'invention est un article destiné à être appliqué contre la peau d'une personne et à retenir un liquide corporel émis par le corps de la personne, l'article comportant: une matrice absorbante pour retenir le liquide corporel ;

une poudre désodorisante, apte à entrer en contact avec le liquide corporel lorsque ce dernier est absorbé dans la matrice absorbante, la poudre désodorisante comportant un extrait végétal désodorisant ; de telle sorte que lorsque la poudre désodorisante entre en contact avec le liquide corporel, l'extrait végétal désodorisant diffuse dans la matrice absorbante pour atténuer l'odeur du liquide corporel.

La masse de poudre désodorisante est de préférence comprise entre 0.5 et 10 grammes, et encore de préférence entre 0.5 g et 5 grammes.

La poudre désodorisante peut comprendre un extrait végétal extrait d'un ou plusieurs végétaux choisis parmi :

- le clou de girofle, ce qui correspond au mode de réalisation préféré ;

- le thym ;

- le curcuma ;

- la cannelle.

Selon un mode de réalisation, la poudre est obtenue à partir de curcuma, seul ou en combinaison avec un autre extrait végétal. La poudre peut comporter un mélange obtenu à partir de curcuma et de clou de girofle. Selon un mode de réalisation, la poudre désodorisante est dispersée dans la matrice absorbante. Selon ce mode de réalisation, la matrice absorbante s'étend entre une face proximale et une face distale, la face proximale étant destinée à être dispersée plus proche de la peau de la personne que la face distale, la poudre désodorisante étant dispersée entre la face proximale et la face distale. Préalablement à l'usage de l'article, la poudre désodorisante est située de préférence à une distance d'au moins 1 à 5 mm de la face proximale. Elle peut s'étendre jusqu'au contact de la face proximale.

Selon un mode de réalisation, la poudre désodorisante comporte au moins 10% à 25% en masse d'eugénol.

Selon un mode de réalisation, l'article comporte une poudre de masquage, de couleur blanche, mélangée à la poudre désodorisante. La poudre de masquage peut comporter ou être constitué d'une substance minérale. Il peut par exemple s'agir de bicarbonate de soude ou du talc. La quantité de poudre de masquage peut être comprise entre 20% et 200% de la quantité de poudre désodorisante.

L'article peut être :

■ une couche absorbante, à destination d'un adulte ou d'un enfant ;

une culotte pour fuites urinaires ; une culotte ;

un pansement ;

une serviette hygiénique ;

un tampon destiné à l'hygiène féminine. Un autre objet de l'invention est une litière ou aire de jeu, pour animal, et en particulier pour chat, comportant un matériau de base présent sous une forme dispersée, le matériau de base étant de préférence minéral ou végétal, la litière comportant également une poudre désodorisante telle que définie en lien avec le premier objet de l'invention. Le matériau de base peut comporter de la silice, des copeaux végétaux ou de la paille. La poudre désodorisante précédemment décrite est mélangée au matériau de base. L'urine diffuse dans le matériau de base et solu bilise d'extrait désodorisant.

D'autres avantages et caractéristiques ressortiront plus clairement de la description qui va su ivre de modes particuliers de réalisation de l'invention, donnés à titre d'exemples non limitatifs, et représentés sur les figures listées ci-dessous. FIGURES

La figure 1 représente une vue d'ensem ble d'un article selon l'invention ;

La figure 2 est une coupe représentant un exemple de position d'une poudre désodorisante dans l'article.

La figure 3 est un schéma d'une litière conformément à un mode de réalisation de l'invention. EXPOSE DE MODES DE REALISATION PARTICULIERS

On a représenté sur la figure 1 une vue d'ensem ble d'un exemple de couche 1 selon l'invention. Dans cet exemple, le liquide corporel est de l'urine. La couche comporte un voile 10 dit de contact, destiné à entrer en contact avec le corps de l'utilisateur de la couche. Le voile de contact 10 est poreux à l'égard d'un liquide 5, en l'occurrence l'urine, et hydrophile. La couche comporte également une matrice a bsorbante 15, apte à retenir l'urine. La fonction du voile de contact 10 est de favoriser le passage de l'urine, à travers son épaisseur, vers la matrice absorbante 15. De préférence, la matrice a bsorbante 15 est formée d'un matériau hydrophile et le voile de contact 10 est formé d'un matériau moins hydrophile que celui de la matrice a bsorbante. Une telle disposition facilite le passage d u liquide dans la matrice a bsorbante par capillarité, ainsi que la rétention du liquide da ns la matrice a bsorbante. Des exemples de matériaux pouvant former la matrice a bsorbante 15 sont donnés dans EP1455722. Le voile de contact 10 peut être réalisé en tulle, ou d'une matière non tissée de fibres de polyoléfine. La matrice absorbante 15 peut être constituée de fibres hydrophiles, par exemple en cellulose. Elle comporte généralement un polymère superabsorbant 16, ce dernier prenant la forme de particules dispersées dans la matrice absorbante. L'usage de polymères superabsorbants 16, également désignés par le terme superabsorbing polymer (SAP) est connu de l'homme du métier. Un exemple de polymère absorbant est un polyacrylate de sodium. Par superabsorbant, il est entendu capa ble d'absorber une quantité de liquide égale à 100 fois sa masse, initiale, voire 500 fois sa masse initiale. La quantité de polymère superabsorbant est typiquement comprise entre 10 g et 25 g pour une couche. Des exemples de polymères superabsorbants sont donnés dans EP1455722.

La couche comporte également une enveloppe de confinement 20, généralement imperméable au liquide et perméable à un gaz, de façon à permettre une aération. Ainsi, la matrice absorbante 15 s'étend entre le voile de contact 10 et l'enveloppe de confinement 20.

Comme représenté sur la figure 2, le voile de contact 10 définit une face dite proximale 2a, car destinée à s'étendre à proximité de la peau, voire au contact de la peau. L'enveloppe de confinement 20 définit une face distale 2b. La matrice absorbante 15 s'étend entre la face proximale 2a et la face distale 2b.

La matrice absorbante 15 comporte une poudre désodorisante 17, dispersée dans son volume. La poudre désodorisante 17 comporte des d'extraits végétaux, et notamment d'extraits de végétaux secs. Les extraits végétaux sont par exemple obtenus à partir d'au moins un des végétaux suivants : clou de girofle, thym, curcuma, cannelle. La granulométrie de la poudre désodorisante n'est pas un paramètre critique. Le diamètre moyen des particules formant la poudre désodorisante est par exemple compris entre 0.1 et 0.5 mm.

La masse de la poudre désodorisante 17 est de préférence comprise entre 0.5 g (gramme) et 10 grammes. Les essais ont montré que la quantité de poudre peut être comprise entre 0.5 g et 2 g pour les couches d'enfants, et entre 2 g et 5 g pour les couches d'adultes. Sous l'effet de l'imprégnation de l'urine dans la matrice absorbante 15, les particules formant la poudre désodorisante 17 se dispersent dans la matrice absorbante. Les inventeurs ont observé que sous l'effet de la dispersion de la poudre désodorisante 17, l'odeur de l'urine est masquée ou significativement atténuée par la poudre désodorisante.

Des essais ont été menés sur une cohorte de trois individus adultes A, B et C, en mettant en œuvre différentes quantités de poudre désodorisante dans des matrices absorbantes de couches. Dans ces essais, la poudre désodorisante est obtenue à partir de clou de girofle. La poudre désodorisante est obtenue, à partir des clous de girofle, par broyage, malaxation mécanique, et tamisage. De préférence les végétaux sont broyés puis macérés dans de l'eau, ou/et alcool. Une fois cette opération réalisée, la solution comportant les végétaux et l'eau (ou l'alcool) est filtrée de façon mécanique afin d'éliminer les particules végétales d'une solution résultant de la filtration.

Ces particules végétales sont par la suite lavées et éventuellement chauffées afin d'éliminer toute trace de composés actifs et les rendre inertes sous forme de fibres végétales. Après cette opération, ces fibres sont séchées. Elles sont mises en contact avec la solution résultant de la filtration afin de l'absorber. Lorsque ces fibres végétales sont imbibées, elles sont séchées à basse température et de préférence à température ambiante.

On obtient ainsi une poudre désodorisante 17 constituée de fibres végétales présentant des propriétés anti-odorantes et antimicrobiennes. Dans une telle poudre, l'effet anti-odeur est attribué à l'eugénol, issu du clou de girofle. La poudre désodorisante testée comporte au moins 25% en masse d'eugénol.

La poudre désodorisante 17 peut également comporter d'autres plantes, telles du thym, du curcuma ou de la cannelle, exclusivement ou en mélange. Ses caractéristiques sont avantageusement fortement augmentées par la synergie obtenue avec ces autres plantes. Par exemple, l'adjonction de curcuma et/ou de thym à du clou de girofle peut limiter les risques d'inflammation ou d'infection.

Le tableau 1 présente, pour chaque individu, les résultats des essais entrepris : la masse initiale de la couche, la masse de poudre désodorisante introduite, la masse finale de la couche et l'observation. Dans la colonne observation, le signe + correspond à une absence d'odeur, tandis que le signe - correspond à une présence d'odeur. Les observations ont été effectuées au nez humain. individu masse initiale masse poudre masse finale observation

(g) désodorisante (g)

(g)

A 270 2.5 2040 +

A 270 3 1900 + individu masse initiale masse poudre masse finale observation

(g) désodorisante (g)

(g)

A 270 3.5 2000 +

A 270 4 1800 +

B 145 0.6 550 -

B 145 1.1 1200 -

B 145 1.5 1150 -

B 145 2.5 900 +

B 145 2 900 +

B 145 3.1 800 +

B 145 3.6 600 +

C 155 2.5 900 +

C 155 3 900 +

C 155 3.5 600 +

C 155 4 650 +

Tableau 1

D'autres essais ont été effectués sur d'autres personnes, et confirment l'effet technique allégué.

On observe que la masse de poudre désodorisante est typiquement comprise entre 0.5% et 5 % de la masse de la couche à l'état initial, et de préférence entre 0.5% et 3% de la masse de la couche à l'état initial.

Par ailleurs, on a observé, au cours de ces essais, une nette atténuation d'inflammations locales se traduisant par l'apparition de rougeurs au niveau de la peau. Cet effet d'atténuation est attribué au clou de girofle, et en particulier à l'eugénol qui le compose, cet effet pouvant être augmenté avec l'ajout des autres végétaux cités. Dans le clou de girofle il est avantageux de n'utiliser que la tête mais il est possible d'utiliser la fleur entière.

Comme représenté sur la figure 2, la poudre désodorisante 17 peut être disposée entre la face proximale 2a et la face distale 2b, par exemple au niveau du voile de contact 10 ou de la matrice absorbante 15, cette dernière option étant l'option préférée. En effet, il est préférable que la poudre désodorisante soit au contact de l'urine lorsque cette dernière est retenue dans la matrice absorbante 15.

De préférence, la poudre désodorisante est disposée en profondeur dans la matrice absorbante 15, de façon à ne pas être visible par l'utilisateur de la couche. Par exemple, la profondeur de la matrice absorbante 15 étant définie selon une direction perpendiculaire à la face proximale 2a et à la face distale 2b, la poudre désodorisante 17 est localisée à une profondeur d'au moins 1mm, voire 5mm, voire 1 cm, de la face 15a de la matrice absorbante adjacente du voile de contact 10. La poudre désodorisante peut s'étendre jusqu'à la face 15a de la matrice absorbante ou jusqu'au voile de contact 10, formant la face proximale 2a de la couche.

Il a été observé que la poudre désodoridante 17 peut elle-même absorber une partie du liquide corporel, ce qui peut permettre de limiter l'usage de matériaux absorbants de type polymère superabsorbant.

La poudre désodorisante préalablement décrite présente une couleur sombre, et est visible lorsqu'elle est disposée dans la matrice absorbante. Cela peut entraîner un inconfort visuel pour les utilisateurs, d'autant plus qu'il s'agit d'un article d'hygiène, pour lequel il est préférable d'utiliser un article blanc. Selon un mode de réalisation, la couche comporte une poudre de masquage 18, de couleur blanche mélangée à la poudre désodorisante, de façon à atténuer la couleur sombre de la poudre désodorisante. La poudre de masquage 18 peut être du bicarbonate de soude. Les inventeurs ont constaté que l'adjonction de bicarbonate de soude avait également un effet supplémentaire d'atténuation des odeurs. La quantité de poudre de masquage 18 ajoutée est du même ordre de grandeur que la quantité de poudre désodorisante ajoutée. Elle peut par exemple être comprise entre 20% et 200 % de la masse de poudre désodorisante 17, et de préférence entre 50% et 150% de la masse de poudre désodorisante 17. Dans les essais réalisés, la quantité ajoutée de poudre de masquage 18, sous la forme de bicarbonate de soude, est égale à la quantité de poudre désodorisante 17. De façon alternative au bicarbonate de soude, on peut utiliser une autre poudre de masquage 18, non agressive pour la peau, par exemple du talc ou à base d'argile.

L'action du bicarbonate de soude permet également de corriger l'acidité de l'urine, en augmentant le pH. Cela favorise la cicatrisation, un pH trop acide étant défavorable à une bonne cicatrisation. Des résultats particulièrement intéressants ont été obtenus lorsque la poudre désodorisante 17 comporte du curcuma, et plus particulièrement lorsqu'on met en œuvre une poudre de masquage 18 comportant du bicarbonate de soude. Le curcuma a une action particulièrement importante dans la réduction des odeurs ainsi que sur les propriétés antifongiques ou antiseptiques. On attribue cet effet aux propriétés antioxydantes du curcuma, qui limitent l'oxydation des liquides et le développement de champignons ou de bactéries. En présence de bicarbonate, le pH du milieu est augmenté, ce qui limite la population fongique ainsi que le développement de bactéries pathogènes.

L'action bactéricide ou antifongique du curcuma est attribuée, en partie, aux propriétés liposolubles du curcuma, agissant sur la membrane fongique ou cellulaire.

On a également constaté que le curcuma comporte des propriétés cicatrisantes et antiinflammatoires. En présence de plaies cutanées, la présence de curcuma accélère significativement la cicatrisation, réduisant l'étendue des plaies.

Des essais comparatifs ont été réalisés, sur des couches telles que précédemment décrites. On a modifié la composition de la poudre désodorisante 17 et évalué le dégagement d'odeurs émises par des couches souillées d'urine. Les résultats sont présentés dans le tableau 2.

Tableau 2

Les meilleurs résultats ont été observés lorsque le pH est supérieur à 7, ce qui peut être obtenu, dans un milieu comportant de l'urine, en présence de bicarbonate de soude. Dans de telles conditions, des résultats optimaux ont été obtenus lorsque la poudre désodorisante comporte du girofle et du curcuma.

Par ailleurs, une poudre désodorisante, telle que précédemment décrite, combinée à du bicarbonate de soude présente une innocuité vis-à-vis de la peau.

La poudre de masquage peut comporter un autre actif minéral, différent du bicarbonate de soude, permettant d'obtenir un pH supérieur à 7. Il peut par exemple s'agir de sulfate de magnésium ou d'argile. En présence d'argile, le pH peut atteindre 10. De plus, l'argile présente une faculté d'absorption des liquides.

Bien que décrite en lien avec une couche, l'invention pourra s'appliquer à d'autres types d'articles, par exemple un pansement, le liquide corporel étant alors un exsudât, ou un article d'hygiène féminine, par exemple un tampon.

L'invention peut par exemple s'appliquer à une litière pour animal, en particulier une litière pour chat, schématisée sur la figure 3. Il est connu qu'une telle litière comporte un matériau 25, dit matériau de base, se présentant sous une forme dispersée. Le matériau de base 25 comporte généralement un matériau minéral (par exemple du sable) et/ou un matériau végétal, par exemple de la paille ou des copeaux de bois ou autres morceaux végétaux. La poudre désodorisante 17 telle que précédemment décrite peut être ajoutée, de façon à limiter l'odeur de l'urine diffusant à travers le matériau de base. La poudre désodorisante est alors mélangée au matériau de base, la fraction massique de poudre désodorisante étant par exemple comprise entre 10% et 100% du matériau de base, et de préférence entre 10% et 30% du matériau de base 25.