La présente invention concerne un procédé de découpe et de pose de tuiles de couverture. Dans le secteur de la couverture de toiture, il est courant d'avoir à couvrir un toit à plusieurs versants avec des tuiles dont la forme est plus ou moins complexe.

La rencontre entre les différents croupes et versants de la toiture créée, au niveau de la charpente, des zones de jonctions est appelée arêtier (en saillie), ou noue (en creux). L'arêtier est la jonction entre un versant et une croupe. La noue est la jonction entre deux versants. Au niveau de ces zones de jonction et une fois que les tuiles sont posées, il est nécessaire de découper les tuiles placées en bordure de ces versants. En effet, quel que soit le modèle de tuile, la forme du contour extérieur est généralement rectangulaire et les tuiles sont posées de telle sorte qu'un de leur bord, le bord latéral inférieur, soit horizontal et parallèle à la ligne de gouttière. Il n'est donc pas possible de faire correspondre le bord latéral d'une tuile avec les arêtiers ou les noues, qui sont obliques.

Une fois l'ensemble des tuiles posées sur les liteaux de la charpente, disposées de façon orthogonale par rapport à la direction de la pente, les tuiles positionnées sur le bord de l'arêtier ou de la noue doivent donc être découpées de façon oblique de manière à suivre l'arêtier ou la noue de la charpente, d'une part pour améliorer l'esthétique de la couverture et d'autre part pour offrir une protection adaptée et une meilleure couverture avec le bon écoulement pluvial.

Néanmoins, la découpe des tuiles en bordure de versant ou de croupe, pose de nombreuses difficultés. En effet, les pentes de toit ont couramment une valeur d'au minimum 30° et peuvent atteindre 60° dans certaines régions et sur certaines constructions. Le travail de découpe est donc réalisé sur le toit et présente d'importantes contraintes de confort ergonomique et de sécurité. Le couvreur doit en effet travailler sur une pente de toit pouvant être mouillée et glissante, tout en manipulant des outils de découpe lourds et dangereux comme une disqueuse ou une meuleuse. En plus des conditions de travail sur la toiture qui peuvent présenter un réel danger, le temps de travail nécessaire pour ces découpes se trouve rallongé car le temps de découpe des tuiles de bordure mobilise un ouvrier couvreur qualifié alors qu'une personne moins qualifiée pourrait aisément effectuer ce travail de découpe hors toiture.

Il serait donc bien plus avantageux de pouvoir découper préalablement les tuiles, dans des conditions optimales de coupe, comme dans un atelier par exemple. Néanmoins, l'angle de découpe des tuiles permettant un alignement avec la jonction de deux versants n'est pas aisé à déterminer et dépend d'un certain nombre de paramètres.

De plus, il est important de considérer que la pente des tuiles est différente de la pente de la charpente, cette différence étant due à leur recouvrement mutuel. De plus, dans le cas d'une pose des tuiles en quinconce, chaque rang de tuiles contient un nombre propre de tuiles qui est généralement supérieur au nombre de tuiles des rangs supérieurs. La ligne de l'arêtier et donc la ligne de découpe des tuiles passe différemment sur chaque tuile d'extrémité de chaque rang et nécessite une découpe de même angle mais positionnée différemment sur les tuiles d'extrémité. De plus, l'angle de la découpe oblique est tel que, la découpe réalisée sur toute la longueur porte sur une largeur supérieure à une tuile. Une découpe oblique sur l'extrémité d'un rang doit généralement se faire sur deux tuiles latérales. En effet la découpe se décale sur une même tuile en fonction du positionnement de la tuile sur la couverture et génère des chutes de tuile de petites dimensions.

Chaque tuile est donc découpée différemment mais suivant un angle identique. En fonction des dimensions de la tuile et du nombre n de décalages de découpes possibles, on obtient n modèles géométriques de tuiles découpées.

La présente invention propose un procédé de découpe et de pose de tuile. La présente invention est décrite suivant un mode de réalisation principal et de ses variantes, ceci en regard des dessins associés sur lesquels les différentes figures représentent:

Figures 1 : bâtiment d'habitation et illustration d'un arêtier de toiture et de l'angle à calculer,

Figure 2 : scie sur table pour tuile munie d'une cale de découpe, Figure 3 : mise en place d'une tuile sur la scie sur table de la figure 2,

Figure 4 : disposition de pose des tuiles en toiture.

La figure 1 représente un bâtiment d'habitation 10 et sa toiture 12. La toiture 12 comporte quatre pans de toit, dont deux versants 14 et deux croupes 16. Ladite toiture 12 est recouverte de tuiles 18 et montre l'arêtier 20 à considérer pour la découpe des tuiles 18. Pour la suite de la description, on prend comme exemple l'arêtier 20 mais il en serait de même pour une noue.

L'angle à calculer correspond à l'angle a réel compris entre le débord du toit 22 et l'arêtier 20. La figure 2 représente une vue de dessus des moyens de découpe 24, en l'occurrence une scie sur table 26 munie d'une table de coupe T et d'une scie basculante avec une lame de scie, non représentées, aptes à découper les tuiles. Des moyens de guidage 27, ici une cale 28 sont positionnés à plat sur la table de coupe T de la scie sur table 26. La cale 28 est une cale pentagonale, formée par une plaque, par exemple en bois, qui s'apparente à un rectangle dont un des angles a été tronqué. Le bord oblique de la cale 28 crée une ligne de guidage LG. La table de coupe T de la scie sur table 26 comporte une encoche 30, dont l'axe longitudinal est confondu avec l'axe de découpe AD qui représente la ligne suivant laquelle la découpe s'effectue. En effet, l'encoche 30 est destinée à recevoir la lame de scie de la scie basculante, non représentées. Etant donné la faible dimension de ladite encoche 30, il est considéré que l'encoche 30 est confondue avec l'axe de découpe AD. Sur la figure 2, un angle a est reporté. L'angle a est l'angle entre la ligne de guidage LG et l'axe de découpe AD. La partie inférieure de la cale 28 est placée contre une butée 32 horizontale, de la table de coupe T et la partie latérale la plus courte de la cale 28 est placée contre l'encoche 30.

La figure 3 représente les moyens de guidage 27 et les moyens de découpe 24 de la figure 2, qui reçoivent deux tuiles 18-1 et 18-2 emboîtées selon l'emboîtement propre à leur modèle et liées entre elles, par exemple par collage. La ligne de jonction 33 entre les deux tuiles 18-1 et 18-2 emboîtées et liées est également visible sur la figure 3. La ligne 33 correspond à la ligne commune aux deux tuiles 18-1 et 18-2 lorsqu'elles sont emboîtées. La partie basse de chaque tuile 18-1 et 18-2, c'est-à-dire la partie qui sera positionnée en toiture vers le bas et parallèlement au débord de toit 22, est placée contre la ligne de guidage LG de la cale 28. Des traits de découpe 34, en l'occurrence huit traits de découpe réguliers, pour cette cale 28, sont des traits tracés sur ladite cale 28, et espacés régulièrement.

La figure 4 représente un assemblage de tuiles 18 positionnées sur la toiture 12. Les bords découpés respectifs des tuiles 18 suivent la ligne définie par l'arêtier 20. Les tuiles 18 sont disposées en quinconce. Chaque extrémité de rang de tuiles 18 est formée d'une paire de tuiles 18-1 et 18-2, préalablement découpées et dont le bord découpé est parallèle à l'arêtier 20. Seuls deux rangs de tuile sont posés et le quatrième est en cours de pose. Les deux dernières tuiles de chaque rang sont coupées de manière oblique pour suivre la ligne de l'arêtier 20.

Chaque paire de tuiles, placée à l'extrémité d'un rang a un positionnement différent, par rapport à l'arêtier, du positionnement de la paire de tuiles placées à l'extrémité du rang inférieur et du rang extérieur.

Pour obtenir la découpe permettant d'aligner le bord des tuiles découpées avec l'arêtier, il est préalablement nécessaire d'obtenir l'angle réel entre l'arêtier et le débord de toit. Cet angle est ici considéré comme étant l'angle a. Une méthode consiste à calculer, à l'aide de méthode géométrique ou trigonométrique cet angle réel, ici l'angle a, entre le débord de toit 22 et l'arêtier 20 et ce en fonction de la pente de la toiture et des tuiles utilisées. Pour le calcul de cet angle a, il est important de considérer la pente réelle des tuiles et non de la toiture car l'angle de découpe dépend de l'angle de la tuile elle-même, telle que posée.

Dans le cas de tuiles qui se chevauchent dans le sens de la pente de toit, il faut donc considérer que la pente de la tuile sera supérieure à la pente de la charpente du toit, en effet, le chevauchement positionne les tuiles davantage à plat et augmente l'angle entre la tuile et l'horizontale. Les caractéristiques géométriques des tuiles sont données par le pureau des tuiles et permettent de déterminer la diminution de pente à appliquer pour connaître la pente réelle de la tuile. Pour donner un ordre d'idée, une pente de toit à 35° qui reçoit une tuile plate d'environ quelque centimètres d'épaisseur fait considérer l'angle entre le dessus des tuiles et l'horizontale, avec 5° supplémentaires. Une fois l'angle a obtenu, ledit angle a est reporté entre l'axe de découpe AD, confondu avec l'encoche 30, et la ligne de guidage LG formée par le bord oblique de la cale 28, comme représenté sur les figures 2 et 3.

Comme représenté sur la figure 3, deux tuiles 18-1 et 18-2 sont ensuite assemblées entre elles, par exemple par collage au moyen d'un mastic, en étant emboîtées comme lorsqu'elles sont positionnées en toiture dans un rang, et comme le prévoit leur motif d'emboîtement. La partie inférieure des tuiles, donc le bord de la tuile qui sera positionnée vers le bas sur le toit, est placée contre le bord oblique de la cale 28. Comme expliqué dans le préambule, l'angle de découpe par rapport à la verticale, ici l'angle a, est tel que la découpe d'une tuile 18-2 peut déborder sur la tuile collée 18-1 et engendre ainsi une découpe portant sur les deux tuiles 18-1 et 18-2.

Les traits de découpe 34 sont déterminés en fonction du pureau de la tuile et principalement en fonction de sa largeur. En effet, le nombre de traits de découpe 34 est égal au nombre de découpes différentes souhaité, en fonction de la précision et du décalage souhaité avec un angle identique, qui seront réalisées pour une géométrie de tuiles d'arêtier et de toiture données. Pour donner un ordre d'idée, le nombre choisi de traits est de 8 pour une tuile de 30 cm de large.

Les tuiles 18-1 et 18-2 sont donc collées et placées contre la ligne de guidage LG constituée, ici, du bord oblique de la cale 28.

Chaque découpe est effectuée après avoir aligné la ligne de jonction 33 d'une nouvelle paire de tuiles 18-1 et 18-2 emboîtées et collées, avec l'axe des traits de découpe 34.

Une fois l'ensemble des huit paires ni à n8 de tuiles découpées, il est alors obtenu huit découpes différentes qui peuvent être placées à l'extrémité des rangs de toiture et le long de l'arêtier correspondant à l'angle de découpe. Le positionnement de chacune des huit découpes à l'extrémité des rangs doit être déterminé en posant une première fois l'ensemble des huit découpes, sur huit rangs, et en faisant correspondre au mieux chacune des découpes pour respecter le meilleur alignement le long de l'arêtier.

Une fois cet alignement obtenu, l'ordre de pose des huit paires est déterminé, par exemple ni, n2, n4, n5 , n7, n8, n6, n3, si l'on part du rang inférieur en remontant vers le faîtage. Cette répartition déterminée se renouvellera, par série de huit, jusqu'à atteindre le faîtage. En effet, les découpes successives obtenues lors des huit découpes, ne correspondent pas au décalage géométrique qu'il y a d'un rang à l'autre pris successivement. Les tuiles en cours de pose sur la toiture du bâtiment d'habitation 10 sont représentées sur la figure 4.

Pour un angle d'arêtier différent, la découpe serait effectuée suivant un autre angle, pour des pente de toitures différentes mais toujours avec le même nombre de repères, choisi en fonction du pureau de la tuile utilisée.

La ligne de guidage LG est ici créée par le bord oblique de la cale 28 mais peut l'être par différentes autres solutions. La ligne de guidage peut être obtenue par une butée longitudinale servant de ligne de guidage LG et dont le positionnement est réglable afin de choisir l'angle de découpe. Des pions dont le positionnement est réglable sur la table de coupe, peuvent aussi former une ligne de guidage et une butée pour la découpe de tuiles.

De manière analogue, les moyens de découpe 24 ici réalisés par une scie sur table 26, peuvent être réalisés par une scie à onglet ou de manière plus sophistiquée, une fraiseuse de découpe numérique, une découpe laser, ou tout autre moyen permettant la découpe de tuiles suivant un angle choisi.