L'invention concerne un procédé pour détecter qu'un envoi postal est du type envoi ouvert. Par envoi ouvert, on entend ici tout objet postal plat qui n'est généralement pas enfermé dans une enveloppe et qui est constitué d'une pluralité de feuilles reliées entre elles et pouvant s'écarter les unes des autres selon une configuration en éventail. Un tel envoi postal ouvert peut être un magazine relié sans enveloppe extérieure. En particulier, l'invention s'applique à un procédé pour détecter des objets postaux plats ouverts qui sont déplacés dans une machine de traitement postal.

De manière générale, dans une machine de traitement postal, les envois postaux sont déplacés en série sur chant en étant pinces entre des roues déformables ou des courroies ou bandes d'un convoyeur.

La présence d'un envoi ouvert dans la machine peut entraîner un bourrage et donc un arrêt de la machine. Il est donc important de pouvoir détecter les envois ouverts le plus tôt possible dans la machine.

On connaît par exemple une méthode pour détecter des envois ouverts du type comportant des pages de couverture portant des photographies et présentant de ce fait une surface extérieure fortement contrastée. En analysant des images de la surface de ces envois, on peut arriver à détecter un fond bruité et sur cette base on peut donc différencier ces envois des autres envois. Pour améliorer la fiabilité de la détection, on ajoute généralement un détecteur de brillance destiné à différencier les envois sous enveloppe en papier et ceux sous enveloppe en matière plastique. Cependant, cette méthode présente l'inconvénient que des envois ouverts (donc sans enveloppe ni en plastique ni en papier) ayant une surface brillante peuvent être confondus avec des envois sous enveloppe en plastique.

Le but de l'invention est donc de proposer un procédé de détection d'envois postaux ouverts qui permette de détecter de façon plus fiable ces envois ouverts. A cet effet, l'invention a pour objet un procédé pour détecter un envoi postal du type envoi ouvert tel qu'un magazine sans enveloppe, caractérisé en ce qu'il consiste à faire passer l'envoi sur chant dans un premier convoyeur agencé pour déplacer l'envoi par pincement en le tenant serré sur sensiblement toute la hauteur de l'envoi, puis dans un second convoyeur agencé pour déplacer l'envoi par pincement en laissant une extrémité supérieure de l'envoi libre de s'ouvrir en éventail et en ce que l'on réalise deux mesures de l'épaisseur de l'envoi respectivement quand l'envoi est dans le premier et dans le second convoyeur pour déterminer par comparaison des mesures si l'envoi est un envoi ouvert. Ce procédé selon l'invention peut être facilement mis en œuvre dans des machines de traitement postal existantes.

Le procédé selon l'invention peut présenter avantageusement les particularités suivantes:

- la mesure d'épaisseur est effectuée à l'aide de télémètres laser; - la mesure d'épaisseur dans le premier convoyeur est effectuée à l'aide d'un émetteur-récepteur laser coopérant avec le premier convoyeur;

- pour la seconde mesure d'épaisseur, on dirige un flux d'air de haut en bas sur l'extrémité supérieure de chaque envoi. Ces différentes méthodes de mesure d'épaisseur présentent l'avantage de pouvoir être mises en œuvre sans aucun contact direct avec les envois sans gêner l'ouverture en éventail des envois.

L'invention s'étend à un dispositif pour détecter un envoi postal du type envoi ouvert tel qu'un magazine sans enveloppe, caractérisé en ce qu'il comprend un premier convoyeur agencé pour déplacer l'envoi sur chant par pincement en le tenant serré sur sensiblement toute la hauteur de l'envoi et un second convoyeur agencé pour déplacer l'envoi par pincement en laissant une extrémité supérieure de l'envoi libre de s'ouvrir en éventail, un premier et un second moyen de mesure pour effectuer une première et une seconde mesure de l'épaisseur de l'envoi quand l'envoi est respectivement dans le premier et dans le second convoyeur et une unité de traitement de données agencée pour effectuer une comparaison desdites mesures d'épaisseur et déterminer sur la base de ladite comparaison si l'envoi est un envoi ouvert.

L'invention s'étend aussi à une machine de traitement postal comprenant un dispositif selon l'invention, et en particulier à une machine de tri postal comprenant un dépileur, un convoyeur de tri dans lequel les envois sont déplacés en série sur chant à pas constant et un synchronisateur interposé entre le dépileur et le convoyeur de tri pour rattraper les écarts de pas entre deux envois consécutifs, et dans laquelle le premier convoyeur pour effectuer la première mesure d'épaisseur fait partie du synchronisateur et le second convoyeur pour effectuer la seconde mesure d'épaisseur fait partie du convoyeur de tri.

L'invention sera maintenant décrite plus en détail et en référence aux dessins annexés qui en illustrent des exemples non limitatifs.

La figure 1 montre de manière très schématique un exemple de mise en œuvre du procédé selon l'invention avec un envoi ouvert.

La figure 2 montre de manière très schématique un autre exemple de mise en œuvre du procédé selon l'invention. La figure 3 illustre schématiquement en vue de dessus une machine de tri postal incorporant un dispositif de détection d'envois ouverts.

Le dispositif selon l'invention est agencé pour détecter des envois postaux plats ouverts. Comme montré sur la figure 1 , le dispositif 1 selon l'invention comprend une première portion 1A avec un premier convoyeur 2A agencé pour déplacer un envoi 3 en série sur chant par pincement en le tenant serré sur sensiblement toute la hauteur de l'envoi 3 et une seconde portion 1 B avec un second convoyeur 2B consécutif au premier convoyeur

2A, pour convoyer des envois 3 en série sur chant par pincement en le laissant libre de s'ouvrir en éventail à l'extrémité supérieure 3B de l'envoi 3. Dans le dispositif 1 selon l'invention, on peut intervertir les deux portions 1 A et 1 B sur le trajet des envois.

On comprendra que le second convoyeur 2B maintient l'envoi 3 sur une petite partie inférieure seulement de sa hauteur, c'est-à-dire en le pinçant seulement au niveau de son pied 3A pour que sa partie supérieure soit libre de s'épanouir en éventail.

Les premier et second convoyeurs 2A,2B peuvent se présenter sous la forme par exemple de bandes de convoyage ou de roues de type basse pression (roue à ailettes en matière élastomère élastiquement déformable à axe fixe).

Comme visible sur la figure 1 , le dispositif 1 comprend, au niveau de la première portion 1A, un premier moyen de mesure de l'épaisseur de chaque envoi quand l'envoi est déplacé dans le convoyeur 2A. Ce moyen peut être constitué de deux télémètres laser 4A,5A orientés respectivement sur les deux faces 3C,3D opposées de l'envoi 3 par rapport à un axe central de référence A. Ces télémètres sont disposés pour mesurer l'épaisseur de l'envoi à l'endroit où celui-ci est serré dans le convoyeur 2A, en pratique à un endroit quelconque de sa hauteur. Le dispositif 1 comprend aussi, au niveau de la seconde portion 1 B, un second moyen de mesure de l'épaisseur de chaque envoi quand l'envoi est déplacé dans le convoyeur 2B. Ce moyen peut être également constitué de deux télémètres laser 4B,5B orientés respectivement sur les deux faces 3C,3D opposées de l'envoi 3 par rapport à un axe central de référence A. Ces télémètres sont placés pour mesurer l'épaisseur de l'envoi dans sa partie supérieure où l'envoi est libre de s'épanouir en éventail puisqu'il n'est pas tenu à ce niveau de hauteur par le convoyeur 2B.

Comme représenté sur la figure 1 , le dispositif 1 peut comprendre un dispositif de soufflage 6 agencé pour diriger un flux d'air de haut en bas sur l'extrémité supérieure 3B de chaque envoi 3 pour favoriser et accentuer l'ouverture en éventail de l'extrémité supérieure 3B de l'envoi 3 dans le second convoyeur 2B.

On peut aussi prévoir un guide 7 du type à double glissière placé au- dessus du second convoyeur 2B pour limiter l'élargissement en éventail de chaque envoi de façon à éviter qu'il ne s'affaisse complètement. Le guide 7 peut par exemple limiter à environ 30 millimètres (mm) l'écartement de l'éventail.

Les signaux des mesures d'épaisseur fournis par les moyens de mesure sont transmis à une unité de traitement de données 8 agencée pour comparer les deux mesures d'épaisseur d'un envoi 3 effectuées respectivement quand l'envoi est dans le premier 2A et dans le second convoyeur 2B et détecter en cas de différence de ces deux mesures que l'envoi est un envoi ouvert. Le premier moyen de mesure de l'épaisseur 4A,5A peut aussi se présenter sous la forme d'un émetteur-récepteur laser qui coopère avec le premier convoyeur 2A. En particulier, on pourra utiliser un moyen de mesure tel que celui décrit dans le document de brevet FR 2 865 800. Dans ce moyen de mesure, l'émetteur-récepteur est monté dans la jante déformable d'une roue basse pression du convoyeur 2A et exploite la réflexion du signal laser sur une paroi intérieure réfléchissante de la roue.

Sur la figure 2, on a représenté un émetteur optique 13 qui émet un faisceau de lumière structurée sur l'extrémité supérieure 3B de l'envoi 3 libre de s'ouvrir en éventail, et une caméra 14 qui est agencée pour former une image numérique de l'extrémité supérieure 3B de l'envoi comportant les rayons réfléchis par les feuilles de l'envoi 3. La caméra 14 peut être placée au-dessus de l'envoi 3 ou sur un côté avant ou arrière de l'envoi 3. L'unité de traitement de données 8 sera dans ce cas agencée pour analyser l'image fournie par la caméra 14, par exemple pour déterminer un profil de l'extrémité supérieure de l'envoi. Le résultat de cette analyse est exploité pour compléter la détection par comparaison des mesures d'épaisseur dans les convoyeurs 2A et 2B. Ce résultat d'analyse d'image peut par exemple servir à renforcer ou à confirmer/infirmer la décision de la détection d'un envoi du type ouvert fournie par la mesure différentielle décrite ci-dessus.

Sur la figure 3, on a représenté une machine de traitement postal utilisant le dispositif 1 selon l'invention. Cette machine est plus particulièrement une machine de tri postal comprenant un dépileur 20, un convoyeur de tri 21 , par exemple à bandes superposées, dans lequel les envois 3 en série sur chant sont déplacés à pas constant (distance entre bords avant de deux envois consécutifs) et un synchronisateur 22 interposé entre le dépileur 20 et le convoyeur de tri 21 qui rattrape des écarts du pas entre envois 3 consécutifs. Dans cet agencement, le premier convoyeur 2A du dispositif 1 selon l'invention peut faire partie intégrante du synchronisateur 22 constitué d'une pluralité de trains de roues basse pression, notamment des trains de roues à plusieurs étages de roues. Le second convoyeur 2B du dispositif 1 selon l'invention peut faire partie intégrante du convoyeur de tri 21 , notamment sous la forme d'une portion de celui-ci à simple bande en hauteur. Selon l'invention, pour détecter un envoi ouvert qui est déplacé dans la machine de tri de la figure 3, on déplace sur chant l'envoi dans le premier convoyeur 2A qui maintient l'envoi en le serrant sur sensiblement toute sa hauteur, l'empêchant ainsi de s'épanouir en éventail. On réalise alors une première mesure de l'épaisseur de cet envoi quand il est déplacé dans le premier convoyeur. Puis on déplace ensuite sur chant l'envoi dans le second convoyeur 2B qui maintient l'envoi à sa partie inférieure 3A seulement en laissant la partie supérieure 3B de l'envoi libre de s'épanouir en éventail. En général, la vitesse de déplacement des envois dans une machine de tri est suffisante pour forcer un envoi ouvert à s'épanouir en éventail dans le second convoyeur 2B. On mesure alors l'épaisseur de l'envoi à sa partie supérieure lorsqu'il est dans le second convoyeur. Pour des envois ouverts, on obtient une différence de mesure d'épaisseur suffisamment importante pour être détectée sans ambiguïté. En pratique, dans une machine de tri postal, le premier convoyeur 2A sera dimensionné pour maintenir des envois sur chant au format C4 et C5 sur toute leur hauteur. Le second convoyeur 2B sera dimensionné pour laisser libre chaque envoi à un niveau de hauteur d'environ 90 mm mesuré à partir du pied de l'envoi. Sur la figure 1 , on voit que les deux mesures d'épaisseur sont réalisées sensiblement à la même hauteur par rapport au pied 3A des envois et par exemple à environ 150 mm au-dessus du pied 3A des envois, ce qui correspond sensiblement à la hauteur d'un envoi au format C5. On pourra envisager plusieurs mesures d'épaisseur superposées en hauteur pour réaliser la seconde mesure d'épaisseur afin de tenir compte d'un spectre étendu d'envois ouverts à détecter.

Le dispositif de détection 1 permet ainsi d'accroître la fiabilité de détection des envois ouverts et peut être utilisé sur une machine de tri postal en combinaison par exemple avec d'autres moyens de détection tels que des capteurs inductifs pour détecter des agrafes, des capteurs de brillance pour détecter le contraste des envois ou des capteurs de contraste pour détecter des couvertures à fort contraste.