PROCEDE ET DISPOSITIF POUR L'ELEVAGE EN SUSPENSION DE COQUILLAGES PAR CYCLES D'EXONDATION PROGRAMMES

DESCRIPTION

DOMAINE DE L'INVENTION

La présente invention concerne un procédé et un dispositif pour sa mise en œuvre destinés à l'élevage en suspension des coquillages, notamment des huîtres, que l'on soumet à des cycles d'exondation programmés de manière à reproduire artificiellement et de manière contrôlée le mouvement des marées. ARRIERE PLAN TECHNOLOGIQUE

L'élevage en suspension des coquillages, notamment des huîtres, huîtres est généralement réalisé au moyen d'une structure qui est constituée de flotteurs ou de poteaux plantés verticalement dans les sédiments, de traverses longitudinales supportées par la partie émergée desdits flotteurs ou poteaux et de perches transversales supportées par lesdites traverses et sur lesquelles sont fixées des cordes d'élevage, porteuses des coquillages, dont la longueur est adaptée à la profondeur du site. Le cycle d'élevage de l'huître de l'Atlantique est soumis, par le jeu des marées, à des phases successives d'exondation. Ces phases hors d'eau, d'une incidence négative sur la durée du cycle d'élevage, ont une influence très positive sur la qualité organoleptique du produit (amélioration du rendement en chair) ainsi que sur l'épaisseur et la propreté de sa coquille. La distorsion des caractéristiques qualitatives de la coquille entre l'Atlantique et la Méditerranée a de nombreuses conséquences directes qui sont liées à : a) l'épaisseur et la propreté de la coquille : l'épaisseur agit directement sur le tonnage produit pour un nombre d'individus donné donc sur le prix de revient et la propreté est un gage de qualité pour le consommateur car les dentelles de croissance sur la coquille diminuent sa propreté en retenant notamment de la boue marine, augmentent les risques de coupure à l'ouverture et leur rupture entraîne la perte d'étanchéité des produits en lien direct avec leur durabilité ; b) la durabilité des produits sur l'étal : les exondations successives (marnage naturel) habituent l'huître à des phases de vie hors d'eau qui stimulent le muscle adducteur, obligent également une croissance de la coquille permettant d'assurer son étanchéité, gage de survie de l'animal : les huîtres de l'Atlantique ont donc une meilleure durabilité sur l'étal. c) la masse de la coquille : réglementairement, les huîtres creuses sont commercialisées :

- au poids et par calibre dans des bourriches devant comporter un nombre minimum d'individus garanti ; autrement dit, pour un même calibre, les huîtres de la Méditerranée sont d'une taille supérieure aux huîtres de l'Atlantique car leur coquille est plus légère ce qui ne va pas dans le sens de la standardisation souhaitée par le consommateur et la filière de commercialisation ;

- avec une indication de leur rendement en chair (rapport entre la masse de chair égouttée d'un animal et sa masse totale) ; autrement dit les huîtres de la Méditerranée atteignent plus facilement ce rendement en raison de la faible masse de leur coquille, les marginalisant une fois de plus des standards qualitatifs nationaux. Ainsi afin de pouvoir gagner des parts de marchés, notamment ceux qualitatifs majoritairement détenus par les huîtres de la façade Atlantique, les huîtres de la Méditerranée doivent améliorer certaines de leurs caractéristiques organoleptiques ainsi que celles ayant une incidence sur la perception de ces produits par rapport aux standards qualitatifs nationaux. L'exondation artificielle des produits et certaines méthodes de complément d'élevage plus abouties (affinage) constituent les axes de développement de l'ostréiculture méditerranéenne.

La mise en œuvre de ces solutions passe par la mécanisation de l'exondation des cordes d'élevage d'huîtres. En outre, le déposant vient de constater que l'exondation artificielle diminue la mortalité des huîtres en les rendant plus résistantes aux stresses environnementaux et aux épizooties causés par des germes microbiologiques notamment de type herpès virus ou de type Vibrio sp. RESUME DE L'INVENTION Le procédé selon l'invention permet de remédier aux inconvénients sus mentionnés. A cet effet, l'invention a pour objet un procédé pour l'élevage en suspension de coquillages portés par une pluralité de cordes destinées à être enroulées autour d'une pluralité de perches rotatives aptes à permettre la mise hors d'eau des coquillages, lesdites perches étant reliées à une structure, fixée à même le fond ou flottante. Le procédé selon l'invention se caractérise en ce qu'il consiste à commander la rotation des perches selon une fréquence et une durée programmables en fonction de cycles d'exondation adaptés essentiellement à la saisonnalité et au stade du cycle d'élevage, de manière à reproduire artificiellement et de façon contrôlée le mouvement des marées.

Il se caractérise également en ce qu'il consiste à ne commander la rotation que d'un nombre bien défini de perches afin d'optimiser la puissance énergétique globale nécessaire à un instant donné et le poids supporté par la structure. Le dispositif pour la mise en œuvre dudit procédé se caractérise en ce : - qu'il comporte une pluralité de moyens d'entraînement en rotation des perches à raison d'un moyen d'entraînement pour un nombre bien défini de perches consécutives et une unité de commande locale apte à actionner individuellement lesdits moyens d'entraînement ;

- que l'unité de commande locale est pilotée par une unité programmable, locale ou distante, du type microprocesseur, apte à piloter simultanément un nombre bien déterminé de moyens d'entraînement.

L'invention revendique également les coquillages produits par la mise en œuvre dudit procédé.

PRESENTATION DES FIGURES Les caractéristiques et les avantages de l'invention vont apparaître plus clairement à la lecture de la description détaillée qui suit d'au moins un mode de réalisation préféré de celle-ci donné à titre d'exemple non limitatif et représenté aux dessins annexés. Sur ces dessins :

- la figure 1 est une vue schématique, en vue de dessus, d'un module de structure selon l'invention ;

- la figure 2 est une vue schématique d'une perche porteuse d'une corde pourvue de coquillages ;

- la figure 3 est une vue schématique du système selon l'invention. DESCRIPTION DETAILLEE DE L'INVENTION En référence aux figures, la structure d'élevage (1) est constituée de flotteurs ou de poteaux (11) plantés verticalement dans les sédiments, de traverses longitudinales (12) supportées par la partie émergée desdits flotteurs ou poteaux, de perches transversales (13) supportées par lesdites traverses et sur lesquelles sont fixées les cordes (18) d'élevage de coquillages (2) dans une eau (6). L'invention concerne un procédé pour l'élevage en suspension de coquillages (2) portés par une pluralité de cordes (18) destinées à être enroulées autour d'une pluralité de perches rotatives (13) aptes à permettre la mise hors d'eau des coquillages, lesdites perches étant reliées à une structure (1 ), fixée à même le fond ou flottante. Le procédé en question consiste à commander la rotation des perches (13) selon une fréquence et une durée programmables en fonction de cycles d'exondation adaptés

essentiellement à la saisonnalité et au stade du cycle d'élevage, de manière à reproduire artificiellement et de façon contrôlée le mouvement des marées. Il consiste également à commander la rotation simultanée d'un nombre limité de perches afin d'optimiser la puissance énergétique globale nécessaire à un instant donné et le poids supporté par la structure.

Le dispositif pour la mise en œuvre dudit procédé, comporte une pluralité de moyens (14) d'entraînement en rotation des perches (13) à raison d'un moyen d'entraînement (14) pour un nombre bien défini de perches consécutives et une unité de commande locale (4) apte à actionner individuellement lesdits moyens d'entraînement. L'unité de commande locale est pilotée par une unité programmable (5), locale ou distante, du type microprocesseur, apte à piloter simultanément un nombre bien déterminé de moyens d'entraînement (14).

L'énergie nécessaire à la rotation des perches peut être produite, par une énergie renouvelable, localisée au niveau de la structure (1), du type panneaux solaires ou d'éoliennes (3).

Elle peut également être amenée par un bateau de service.

Chaque moyen d'entraînement (14), du type motoréducteur (notamment électromécanique, hydraulique ou pneumatique), peut entraîner un nombre N1 de perches consécutives (5) bien défini au moyen d'un ensemble constitué de pignons (16) et de chaînes (17).

De plus, N2 groupes de N1 perches (13) supportées par un nombre N3 de traverses longitudinales (12) constituent un module de structure (1 ).

Selon des particularités non limitatives de réalisation de l'invention :

- les perches (13) sont reliées aux traverses (12) au moyen de paliers (15) ; - chaque motoréducteur (14) entraîne 5 perches (13) consécutives au moyen d'un ensemble constitué de pignons (16) et de chaînes (17) ;

- les perches (13) sont supportées par 3 traverses longitudinales (12) ;

- la structure (1) est constituée de 10 groupes consécutifs de 5 perches (13) consécutives. A titre d'exemple, une structure d'élevage peut comporter, sur 50 mètres de long et 10 mètres de large, 3 rangées parallèles de 11 poteaux (rails de chemin de fer) plantés verticalement dans les sédiments, 3 traverses longitudinales (profilés IPE standard), 50 perches transversales supportant, chacune, 26 cordes d'élevage soit un total de 1300 cordes.

A titre d'exemple également, sur le bassin de Thau dans le département de l'Hérault en France, le potentiel de production d'une telle structure, pour une hauteur d'eau utile et exploitable de 3, 50 mètres, pourrait atteindre le chiffre de 10 000 Kg/an soit 200 Kg par perche. La réalisation du système selon l'invention doit prendre en compte les contraintes suivantes :

- la mise hors d'eau des huîtres, collées sur les cordes d'élevage, ne doit pas occasionner de décrochement par choc ou manipulation des cordes d'élevage ;

- l'exondation doit pouvoir être répétée selon une fréquence et une durée adaptée à la saisonnalité et aux stades du cycle d'élevage ;

- le relevage vertical des cordes par leur enroulement sur les perches doit permettre une mise hors d'eau totale des huîtres par raccourcissement de la partie émergée des cordes (3 mètres par exemple) et celle non garnie de produit (0, 50 m par exemple) ;

- chaque motoréducteur doit pouvoir être câblé à un point de commande unique qui permettra d'opérer un fonctionnement individualisé ;

- la structure, les sources d'énergie et le tableau de commande devront être compatibles avec l'environnement marin et ses contraintes ;

- les contraintes mécaniques (1 tonnes par maille d'exondation) seront à prendre en considération pour orienter les choix énergétiques en termes de besoins de puissance ;

- la vitesse d'exondation et de remise à l'eau pourra être lente, surtout dans le cas d'une commande à distance (plusieurs dizaines de minutes) ;

- la fréquence d'exondation maximale pourra être hebdomadaire pour l'ensemble des modules (une rotation ascendante et une rotation descendante par semaine) ; - les différentes phases (montée, descente) de l'ensemble des mailles d'exondation devront pouvoir être programmées (date et heure de réalisation) sur un tableau (informatique) de commande local ou à distance : le système devra comptabiliser les actions réalisées sur une module donné, il devra également rendre compte instantanément des dysfonctionnements constatés suite à la non réalisation d'une action commandée ou programmée ;

- la possibilité d'utiliser une source d'énergie traditionnelle en secours de la source d'énergie renouvelable notamment pour assurer la phase de descente des cordes ;

- les éléments constitutifs du système mécanique, énergétique et de commande devront faciliter la maintenance du système et de ses divers éléments sur la base

d'une facilité de réparation et/ou sur la base d'un coût compatible avec leur renouvellement ;

- l'humidité marine, la hauteur des vagues et l'incidence de la force du vent sur les panneaux solaires et les dispositifs de commande et de surveillance devront être prises en considération.

Bien entendu, l'homme de métier sera apte à réaliser l'invention telle que décrite et représentée en utilisant des moyens connus et sera à même de prévoir d'autres variantes tout en restant dans le cadre de celle-ci qui est déterminé par la teneur des revendications.