Procédé de fabrication d'un matériau en feuille

La présente invention concerne un procédé de fabrication d'un matériau en feuille comprenant au moins une fenêtre, ainsi qu'un document de sécurité obtenu par ledit procédé.

On connaît, dans l'état de la technique, différentes feuilles de sécurité pourvues de fenêtres traversantes ou non, permettant notamment d'observer un élément de sécurité placé au niveau de la fenêtre. Généralement ces fenêtres sont des ouvertures ménagées dans la feuille de sécurité et recouvertes d'un élément de sécurité partiellement transparent tel qu'un foil ou un patch, pouvant contenir un élément de sécurité.

On connaît par le brevet GB 1 552 853 un billet de banque comprenant une couche de papier au sein de laquelle est incorporé un fil de sécurité. La couche de papier comporte des fenêtres en regard laissant apparaître le fil de sécurité. Les fenêtres peuvent être réalisées à l'aide d'un laser capable d'éliminer de la matière de la couche de papier tout en laissant le fil de sécurité intact. Les fenêtres peuvent, en variante, être réalisées de manière mécanique, par découpe ou abrasion.

On connaît par la demande de brevet EP 229 645 un papier de sécurité comprenant deux jets de papier entre lesquels est interposé un fil de sécurité. Des trous sont réalisés sur l'un au moins des jets de papier à l'aide de reliefs sur la toile de formation de ce jet de papier.

On connaît également par la demande de brevet EP 0 687 324, un procédé de fabrication d'une feuille de papier billet comportant au moins une région d'épaisseur réduite par rapport à l'épaisseur du reste de la feuille. On obtient ainsi une zone pratiquement transparente sans avoir à percer le papier dans cette zone.

On connaît aussi par la demande WO 95/09274 une feuille de papier de sécurité, constituée de deux couches comportant chacune une zone d'épaisseur nulle en regard l'une de l'autre et d'une bande de matière transparente enrobée dans la feuille de papier, de sorte que la bande de matière transparente est en regard des zones d'épaisseur nulle. On obtient ainsi une fenêtre transparente.

Toutefois, les feuilles ainsi obtenues ont l'inconvénient de présenter sur leurs faces des différences d'épaisseur, en particulier des surépaisseurs au niveau de la bande insérée, si bien que pour peu que les zones d'épaisseur réduite ou nulle soient d'une surface importante, la feuille devient industriellement malaisée à manipuler. En effet, afin de

pouvoir stocker ou transporter les feuilles, on les empile en grande quantité, de sorte que les zones d'épaisseur réduites sont amenées à se superposer, ce qui conduit à un déséquilibre de la pile.

La demande WO 2004/001130 décrit un procédé pour réaliser un substrat en papier consistant à amener, au contact d'une toile de formation du papier, un fil de sécurité, la toile présentant des reliefs permettant de réaliser sur le substrat des fenêtres à travers lesquelles un bord du fil de sécurité est visible. Ce procédé n'est pas adapté à l'incorporation dans le substrat en papier d'un fil de sécurité ayant une largeur relativement importante. En effet, lors de l'incorporation d'un fil large, des défauts visibles tels qu'un manque de matière peuvent apparaître à la surface de la couche de papier.

On connaît également, par les demandes de brevet EP 0 860 298 et EP 0 625 431 , un procédé pour fabriquer un papier de sécurité dans lequel un fil de sécurité est incorporé au sein d'une première couche de papier selon la technique dite « window thread » décrite dans la demande de brevet EP 0 059 056. Cette couche de papier comporte sur une face une pluralité de fenêtres laissant apparaître le fil de sécurité. Dans le cas où le fil de sécurité présente une largeur relativement importante, notamment supérieure à 2 mm, la première couche est alors assemblée avec une deuxième couche de papier afin de masquer le ou les défauts.

On connaît par ailleurs, par le brevet US 6 428 051, un papier de sécurité comprenant une couche fibreuse présentant une fenêtre recouverte par un foil, la fenêtre étant réalisée par emboutissage de la couche fibreuse. Les dimensions et/ou la forme de la fenêtre dépendent de l'outil de poinçonnage utilisé, ce qui nécessite le changement de l'outil si l'on souhaite former des fenêtres de dimensions et/ou de formes différentes.

On connaît par la demande DE 10 2005 045 566 un procédé de fabrication d'une feuille comportant deux jets de papier, l'un pouvant présenter une zone allongée d'épaisseur nulle dans laquelle est placée un élément de sécurité et l'autre pouvant présenter un ou plusieurs évidements.

On connaît également par la demande FR 2 891 761 un procédé de fabrication d'un matériau en feuille comportant deux couches de papier présentant des fenêtres réalisées par projection d'au moins un jet de fluide sous pression après réunion des deux jets de papier.

On connaît en outre par les demandes WO 00/39391 et WO 2005/0512249 des procédés de formation d'une feuille de papier faite d'un seul jet sur une seule forme ronde.

Un but de la présente invention est de fournir un procédé permettant d'obtenir un matériau en feuille avec une fenêtre comprenant un élément de sécurité, de préférence assez large, et notamment ne présentant pas de surépaisseur notable.

Ainsi, l'invention a pour objet un procédé de fabrication d'un matériau en feuille comportant au moins deux jets fibreux juxtaposés l'un sur l'autre, le procédé comportant les étapes suivantes :

- réaliser un premier jet de papier, comportant au moins une zone allongée d'épaisseur nulle, par fïltration d'une suspension aqueuse de fibres sur la toile d'une première forme ronde ou d'un former,

- réaliser un second jet de papier sur la toile d'une seconde forme ronde de façon à former au moins un évidement dans le second jet, disposer au moins un élément au moins partiellement transparent entre les deux jets encore humides et réunir les deux jets de sorte que ledit au moins un évidement du second jet, ledit au moins un élément au moins partiellement transparent et ladite au moins une zone allongée d'épaisseur nulle du premier jet soient situés en regard les uns des autres, sécher la structure ainsi obtenue.

On obtient ainsi un matériau en feuille dont la structure comporte, dans la région de superposition de la zone allongée d'épaisseur nulle comportant un élément au moins partiellement transparent du premier jet et un évidement du deuxième jet, une fenêtre transparente.

Un avantage de l'invention est qu'en insérant un élément allongé au moins partiellement transparent entre les deux jets encore humides durant la fabrication du matériau en feuille, la fixation de l'élément au moins partiellement transparent avec le matériau en feuille est renforcée, et les risques de délamination de la structure sont fortement diminués. De plus, le fait d'insérer l'élément au moins partiellement transparent durant la formation du matériau en feuille et non après sa fabrication rend la reproduction du matériau en feuille particulièrement difficile, tout en réduisant les coûts de fabrication.

Selon un mode de réalisation de l'invention, les fibres comprennent des fibres de cellulose.

Selon un mode de réalisation préféré de l'invention, l'élément au moins partiellement transparent présente une largeur supérieure à celle de la zone allongée d'épaisseur nulle du premier jet, de sorte que, lors de l'insertion de l'élément au moins partiellement transparent au sein du matériau en feuille, deux bords dudit élément allongé au moins partiellement transparent soient insérés entre les deux jets fibreux. De préférence, l'élément allongé au moins partiellement transparent présente une largeur supérieure de 4 à 10 mm à celle de la zone allongée d'épaisseur nulle dans laquelle il est disposé.

Chaque zone allongée d'épaisseur nulle du premier jet présente une largeur comprise de préférence entre 5 et 50 mm, de préférence encore entre 10 et 25 mm.

Chaque élément au moins partiellement transparent présente une largeur comprise de préférence entre 9 et 60 mm, de préférence encore entre 14 et 35 mm.

Selon un mode de réalisation de l'invention, l'élément au moins partiellement transparent présente une épaisseur comprise par exemple entre 10 et 50 μm. Avantageusement, cet élément présente la même épaisseur que celle du premier jet de sorte que la surface extérieure du premier jet est quasiment plane et ne présente pas de surépaisseur notable. Par exemple, le premier jet de la feuille a une épaisseur de 20 μm, et une bande continue de même épaisseur est disposée dans la zone d'épaisseur nulle du premier jet.

Par rapport aux feuilles de sécurité monojet de l'art antérieur, le procédé selon l'invention présente l'avantage que, le matériau en feuille étant composé de plusieurs jets, on peut adapter l'épaisseur du premier jet à l'épaisseur de l'élément transparent permettant ainsi obtenir une feuille plane, quel que soit le choix de l'épaisseur de l'élément transparent.

Selon un mode de réalisation particulièrement avantageux de l'invention, l'élément au moins partiellement transparent comprend au moins un moyen de sécurisation. En particulier, l'élément au moins partiellement transparent peut comprendre un dispositif à effet optique variable, interférentiel en particulier iridescent et/ou diffractif, à cristaux liquides, un système de lentilles, un hologramme, un revêtement magnétique, métallique ou cristallin, des fibres magnétiques, des traceurs détectables par résonance magnétique, des traceurs détectables par fluorescence X, des biomarqueurs, un vernis ou une encre, des traceurs luminescents, en particulier fluorescents, des composés photochromiques, thermochromiques, électroluminescents et/ou piézochromiques et/ou tribométriques et/ou

qui changent de couleur au contact d'un ou de plusieurs produits prédéterminés, ou tout autre moyen de sécurisation similaire.

Selon un mode de réalisation particulier, au moins un moyen de sécurisation de l'élément au moins partiellement transparent est situé exactement en regard d'un évidement du second jet. On obtient ainsi une feuille de sécurité comprenant au moins un moyen de sécurisation observable au niveau d'une fenêtre. Il est également envisagé que l'élément au moins partiellement transparent comprenne plusieurs moyens de sécurisation dont certains seulement sont situés en regard d'évidements du second jet, et d'autres ne le sont pas.

Dans un exemple, l'élément au moins partiellement transparent comprend au moins un moyen de sécurisation situé en regard d'un évidement du second jet, et, au niveau de l'évidemment du second jet, l'épaisseur totale de l'élément au moins partiellement transparent est proche de l'épaisseur du matériau en feuille. Par exemple, l'élément au moins partiellement transparent présente une épaisseur de 20 μm avec des surépaisseurs d'une épaisseur de 40 μm au niveau des évidements du second jet, dans lesquelles on peut placer un moyen de sécurisation.

Un avantage de la feuille de sécurité selon l'invention, est que sa structure lui permet de comporter des dispositifs qui sont d'épaisseur plus élevée que les foils généralement utilisés dans les fenêtres transparentes, tels que des puces ou des dispositifs tactiles. En effet, les foils utilisés habituellement ont une épaisseur de l'ordre de 5 à 10 μm, alors que des puces ou des dispositifs tactiles peuvent avoir des épaisseurs de 30 à 90 μm.

Selon un mode de réalisation de l'invention, l'élément au moins partiellement transparent peut être, par exemple, un patch, ou de préférence une bande continue.

Par "patch" on entend ici un élément plan présentant des dimensions réduites, c'est à dire très inférieures à celles du support sur lequel il est apposé, notamment de forme carrée, ronde ou ovale. Par exemple, l'élément au moins partiellement transparent peut se présenter comme un patch ayant la forme d'un carré de 1,5 cm de côté.

De préférence, l'élément allongé au moins partiellement transparent est une bande continue et présente la même longueur que la zone allongée d'épaisseur nulle du premier jet.

Selon un mode de réalisation de l'invention, le support de l'élément au moins partiellement transparent est en un matériau synthétique, par exemple un film en polyester. De préférence, la zone allongée d'épaisseur nulle et l'élément au moins partiellement

transparent sont de forme rectangulaire, présentent la même épaisseur et s'étendent tout le long du premier jet. Par exemple, l'élément au moins partiellement transparent est une bande continue dont la longueur correspond à celles de la zone allongée d'épaisseur nulle du premier jet et la largeur est supérieure de 6 mm à celle de la zone allongée d'épaisseur nulle, de sorte que la zone allongée d'épaisseur nulle est entièrement compensée par la bande continue. De cette manière, on obtient avantageusement une feuille de sécurité dont la face correspondant au premier jet est plane. Selon un mode de réalisation préféré, le premier jet comporte plusieurs zones allongées d'épaisseur nulle, parallèles les unes aux autres et des éléments au moins partiellement transparents situés en regard de chaque zone allongée d'épaisseur nulle, selon toute la surface du premier jet de sorte que le premier jet se présente comme une succession de bandes fibreuses et de bandes au moins partiellement transparentes parallèles.

Selon un autre mode de réalisation de l'invention, le premier jet comprend en outre au moins un manque de matière au moins partiel, situé dans au moins une région fibreuse. De cette manière, on obtient un premier jet structuré particulièrement difficile à imiter. De plus, une telle structure permet, grâce à la présence des manques de matière, d'obtenir des effets tactiles permettant une reconnaissance du matériau au toucher.

Selon un mode de réalisation, les manques de matière sont partiels, c'est à dire que, au niveau de ces manques, l'épaisseur du premier jet est réduite. Le cas échéant, si l'épaisseur du premier jet est suffisamment réduite au niveau des manques de matière, les manques permettent d'observer le second jet par transparence.

Selon un autre mode de réalisation, les manques de matière sont totaux, c'est-à- dire que, au niveau de ces manques, l'épaisseur du premier jet est nulle. Dans ce cas particulier, les manques de matière permettent d'observer directement le second jet.

Selon un mode de réalisation, les manques peuvent s'étendre sur toute la largeur de la région fibreuse dans laquelle ils sont situés.

Dans un autre mode de réalisation, les manques de matière ne s'étendent pas sur toute la largeur de la région fibreuse dans laquelle ils se situent.

Les manques peuvent être de différentes formes, par exemple géométrique telle que circulaire, triangulaire, carrée, rectangulaire ou similaire.

De préférence, et afin d'assurer une bonne solidité et une bonne cohésion de la structure du matériau en feuille, l'évidement du second jet présente une largeur inférieure

ou égale à la largeur de la zone allongée d'épaisseur nulle du premier jet. De préférence, la largeur de chaque évidement du second jet est inférieure d'au moins 5 mm à la largeur de la zone allongée d'épaisseur nulle du premier jet correspondante.

Selon un mode de réalisation de l'invention, et afin d'augmenter son niveau de sécurisation, le premier et/ou le second jet du matériau en feuille comprend au moins un élément de sécurité. Avantageusement, les éléments de sécurité sont placés dans le jet le plus épais, de préférence le deuxième jet. Par exemple le premier et/ou le second jet contient un filigrane ou un fil de sécurité.

Dans le mode de réalisation où les régions fibreuses du premier jet comprennent des manques, il est particulièrement avantageux que le second jet comprenne des éléments de sécurité situés en regard de ces manques.

Un des avantages de l'invention est que selon un mode de réalisation particulier, un des jets peut contenir un fil de sécurité large, c'est à dire dont la largeur est supérieure à 2 mm, notamment comprise entre 2 et 10 mm, de préférence égale à environ 3 mm, la zone d'incorporation de ce fil étant recouverte par l'autre jet qui masque ainsi les défauts que le fil a crées.

Les évidements du second jet peuvent être de différentes formes géométriques, par exemple de forme circulaire, rectangulaire, carrée, ovoïde, triangulaire, hexagonale ou similaire. On peut encore envisager que les évidements aient la forme de caractères alphanumériques, de symboles.

Dans un mode de réalisation particulier, le second jet comprend plusieurs évidements agencés de façon à former un code.

Selon l'utilisation ultérieure envisagée du matériau en feuille selon l'invention, son épaisseur totale peut varier entre 70 μm et 2 mm, de préférence entre 90 et 300 μm.

Selon un mode de réalisation de l'invention, le premier et le second jets ont des épaisseurs égales.

Selon un autre mode de réalisation de l'invention, les premier et second jets ont des épaisseurs différentes. En particulier, le second jet comportant les évidements a une épaisseur supérieure à 60 μm, afin d'éviter une fragilisation du second jet due à la présence d' évidements, ce jet devant être relativement solide pour supporter le premier jet lors de la fabrication du matériau en feuille. Le premier jet, étant constitué de bandes de papier

continues peut lui être plus fin. Par exemple, le matériau en feuille présente une épaisseur totale de 110 μm, le premier jet étant épais de 25 μm et le second jet étant épais de 85 μm.

Selon un mode de réalisation particulier de l'invention, le second jet du matériau en feuille comprend au moins un filigrane à effet multiton situé en regard de l'élément au moins partiellement transparent apparaissant dans une zone allongée d'épaisseur nulle du premier jet. Un tel filigrane multiton est composé de zones claires, c'est à dire de zones d'épaisseur inférieure à l'épaisseur du reste de la feuille, agencées de manière à constituer un motif tramé. On a décrit de tels filigranes tramés dans la demande de brevet EP 1122360.

Ce mode de réalisation est particulièrement avantageux car il permet d'augmenter la durabilité d'un filigrane à effet multiton. En effet, les filigranes à effet multiton sont des éléments de sécurité très difficiles à reproduire. Toutefois, leur réalisation nécessite de diminuer localement l'épaisseur de la feuille de papier de façon très importante, ce qui les rend sensibles à l'usure et engendre le risque que la feuille de papier se troue. Ce risque est d'autant plus important que les documents comprenant des feuilles de sécurité, tels que des billets de banque, sont amenés à être très fréquemment manipulés. En plaçant le filigrane à effet multiton en regard d'un élément au moins partiellement transparent apparaissant dans une zone allongée d'épaisseur nulle du premier jet, on protège le filigrane à effet multiton et on prévient le risque de formation de trou.

Selon un cas particulier de l'invention, on réalise la zone allongée d'épaisseur nulle du premier jet par une suppression de la fîltration de la suspension sur au moins une zone de la toile de la première forme ronde ou du former.

Selon un cas particulier de l'invention, la suppression de la fîltration sur la première forme ronde ou sur le former est réalisée par dépôt de zones de masquage sur le périmètre de la première forme ronde ou du former. Par exemple ces zones de masquage sont réalisées au moyen de masques en un film adhésif, en métal, en une colle ou encore en un vernis.

Selon un autre cas particulier de l'invention, la toile de la première forme ronde ou du former est de plus munie de pièces empêchant la fîltration de la suspension de façon à former des manques totaux dans la matière fibreuse du premier jet.

Selon encore un autre cas particulier de l'invention, la toile de la première forme ronde ou du former présente des embossements de façon à former des manques partiels dans la matière fibreuse du premier jet.

Dans ces deux cas particuliers, on obtient ainsi un matériau en feuille présentant un premier jet structuré particulièrement difficile à reproduire.

Selon un autre mode de réalisation de l'invention, on réalise la zone allongée d'épaisseur nulle du premier jet par enlèvement de matière au moyen d'une projection d'un jet de fluide sous pression, notamment un jet d'eau ou d'air, sur le premier jet encore humide, avant son assemblage avec le second jet.

Selon un mode de réalisation, l'évidement du second jet est réalisé par embossage en relief de la toile de la seconde forme ronde, ce qui empêche le dépôt de matière fibreuse au niveau des embossements.

Il est également envisagé d'obtenir les évidements par la fixation sur la toile de la seconde forme ronde de pièces empêchant la fîltration, par exemple une pièce de métal, notamment un électrotype (c'est-à-dire une plaque de métal, généralement en bronze), une pièce de colle, ou une pièce de résine. La forme de la pièce donnera ainsi la forme de l'évidement. Il est envisagé d'utiliser des pièces de différentes formes pour faire des évidements de formes différentes.

Enfin, on peut réaliser les évidements par enlèvement de matière au moyen d'une projection d'un jet de fluide sous pression, notamment un jet d'eau, sur le second jet encore humide, avant son assemblage avec le premier jet.

Selon un mode de réalisation préféré de l'invention, la première forme ronde ou le former, et la seconde forme ronde sont synchronisées pour que le au moins un évidement du second jet vienne en regard de la zone allongée d'épaisseur nulle.

L'invention concerne également un document de sécurité obtenu selon le procédé décrit ci-dessus. Par exemple, l'invention concerne un moyen de paiement tel qu'un billet de banque ou un chèque, un document d'identité tel qu'une carte d'identité, un permis de conduire, une page de passeport ou un visa, ou un titre tel qu'un titre de propriété ou un diplôme, ou tout autre document à base de papier nécessitant une sécurisation, ou encore un emballage sécurisé ou une étiquette.

Selon un mode de réalisation particulier de l'invention, le document de sécurité est tel que le premier jet comprend au moins deux éléments de sécurité en regard d'au

moins deux évidements du deuxième jet, les deux éléments de sécurité étant placés de sorte à se superposer lorsque le document de sécurité est plié, pour former une sécurisation ou une information supplémentaire. Par exemple, un premier élément de sécurité peut être un réseau lenticulaire qui recouvrira un second élément de sécurité constitué par une image invisible, qui ne sera révélée que lors de la superposition des deux éléments de sécurité. Dans un autre exemple, un premier élément de sécurité sera un filtre polarisé et un second élément de sécurité sera des cristaux liquides, formant, par exemple, une image révélée par le filtre.

L'invention concerne encore un matériau en feuille comportant : au moins deux jets fibreux juxtaposés l'un sur l'aure,

- un premier jet de papier, comportant au moins une zone allongée d'épaisseur nulle,

- un second jet de papier , au moins un évidement dans le second jet, au moins un élément au moins partiellement transparent entre les deux jets, ledit au moins un évidement du second jet, ledit au moins un élément au moins partiellement transparent et ladite au moins une zone allongée d'épaisseur nulle du premier jet étant situés en regard les uns des autres.

Le matériau en feuille peut présenter l'une au moins des caractéristiques définies précédemment.

L'invention pourra être mieux comprise à la lecture de la description détaillée qui va suivre, d'exemples de mise en oeuvre non limitatifs de l'invention, et à l'examen du dessin annexé, sur lequel : la figure 1 est un schéma illustrant les différentes étapes du procédé selon l'invention, la figure 2 est un schéma illustrant une étape particulière du procédé selon l'invention, la figure 3 est un schéma illustrant une des formes rondes utilisées pour la fabrication d'un matériau en feuille selon un mode de réalisation de l'invention, la figure 4 représente une vue transversale d'un matériau en feuille obtenu selon un mode de réalisation de l'invention,

- la figure 5 représente une vue de dessus du matériau en feuille de la figure 4, et la figure 6 représente une vue de dessus d'un billet de banque obtenu par un procédé selon l'invention.

Par souci de clarté, les proportions relatives des différents éléments représentés n'ont pas toujours été respectées, les vues étant schématiques et, dans les figures 4 à 6, on a représenté une seule zone allongée d'épaisseur nulle du premier jet du matériau en feuille, entourée de deux zones en matière fibreuse.

La figure 1 est un schéma illustrant les différentes étapes d'un mode de réalisation du procédé de fabrication selon l'invention.

Un premier jet 2, présentant des zones allongées d'épaisseur nulle 4, est réalisé à partir d'une suspension aqueuse de fibres de cellulose, au moyen d'une première forme ronde Rl sur la toile de laquelle sont déposés des masques M. De cette façon, la suspension fibreuse ne se dépose que dans les régions dépourvues de masques M. Dans le même temps, une bande continue en un plastique transparent 10 est insérée dans le premier jet au niveau des masques M, cette bande continue étant plus large que les masques. On obtient ainsi un premier jet humide 2 constitué d'une alternance de zones allongées d'épaisseur nulle 4 dans lesquelles apparaissent des bandes en plastique transparent et de zones en matière fibreuse.

Le premier jet 2 ainsi formé est amené vers une seconde forme ronde R2 afin d'être déposé sur le second jet fibreux 5 en formation. Le second jet 5 est formé sur la toile de la seconde forme ronde, sur laquelle on a fixé des éléments empêchant la filtration de la suspension. Les éléments sont placés à des positions repérées tels qu'ils forment des évidements 6 en correspondance avec les positions des zones allongées d'épaisseur nulle 4 du premier jet 2. On obtient ainsi un second jet humide 5 constitué de matière fibreuse présentant des évidements 6.

Au niveau de la sortie de la deuxième forme, le premier jet 2 est déposé sur le second jet 5. On obtient une feuille billet qui peut alors recevoir un traitement de surface ou d'imprégnation par exemple de renforcement de la surface par du PVA et/ou de résistance à la salissure ou bien encore d'amélioration de l'imprimabilité, notamment au moyen d'une presse encolleuse ou d'une imprégnatrice. Cette feuille est ensuite séchée et bobinée selon des procédures habituelles. La figure 2 est un schéma illustrant un détail

d'une étape d'un mode de réalisation du procédé selon l'invention, dans laquelle le premier jet fibreux 2 est formé sur une machine à forme ronde Rl .

Une bande continue en un matériau plastique transparent est amenée au contact du premier jet fibreux en formation 2. La bande continue 10 est placée de telle façon que son centre soit situé au niveau d'un masque M et ses bords au contact des fibres se déposant sur des zones dépourvues de la forme ronde Rl .

La figure 3 est un schéma illustrant la première forme ronde Rl utilisée dans un procédé de fabrication d'un matériau en feuille 1 selon l'invention, dans le cas particulier où le premier jet fibreux 2 dudit matériau en feuille 1 comporte des zones allongées d'épaisseur nulle 4 et des régions fibreuses comprenant des manques totaux de matière.

La toile T de la première forme ronde Rl comporte des masques rectangulaires en un film adhésif M, déposés sur de manière à s'étendre, à intervalle régulier, sur tout le périmètre de la forme ronde Rl . Ainsi, au niveau des masques M, la suspension de fibres ne se dépose pas, et le premier jet fibreux 2 présentera des zones d'épaisseur nulle 4. Dans l'exemple illustré, la première forme ronde Rl comporte en outre des pièces rectangulaires en métal P déposées sur la toile T, entre deux masques M adjacents. Ces pièces P empêchent la fïltration de la suspension de fibre, donc de tout dépôt fibreux, de sorte que les régions fibreuses 3 du premier jet (2) présentent des manques totaux de matière.

La figure 4 et la figure 5 illustrent un matériau en feuille obtenue selon un mode de réalisation du procédé de l'invention, les surépaisseurs au niveau des zones d'épaisseur nulle 4 ont volontairement été exagérées.

Le matériau en feuille 1 est constitué de deux jets de matière fibreuse. Le premier jet de matière fibreuse (présente une alternance de zones allongées en matière fibreuse 3 et de zones allongées d'épaisseur nulle 4. Le second jet de matière fibreuse 5 présente plusieurs évidements rectangulaires et/ou circulaires 6 situés en regard d'une zone allongée d'épaisseur nulle 4 du premier jet 2. Entre les deux jets 2 et 5 sont disposées des bandes 10 en un matériau plastique transparent, par exemple un polyester, les bords des bandes 10 étant insérés entre les zones allongées de matière fibreuse du premier jet 3 et du second jet 5, et le centre des bandes 10 apparaissant au sein des zones allongées d'épaisseur nulle du premier jet 4.

En particulier, dans le cas illustré dans les figures 4 et 5, le premier et le second jets ont des épaisseurs différentes, le premier jet 2 ayant une épaisseur de 40 μm et le

second jet ayant une épaisseur de 70 μm. Le second jet de matière fibreuse 5 présente plusieurs évidements circulaires 6 situés en regard d'une zone allongée d'épaisseur nulle 4 du premier jet 2. De plus la bande transparente 10 a la même épaisseur que la zone allongée d'épaisseur nulle 4 dans laquelle elle est insérée, de sorte que la face de la feuille est quasiment plane.

La figure 6 illustre un billet de banque 11 selon l'invention, qui comprend le matériau en feuille représenté dans les figures 4 et 5 et un filigrane 12 réalisé dans le second jet 5.

Bien entendu, l'invention n'est pas limitée aux exemples de mise en œuvre qui viennent d'être décrits. Les caractéristiques des divers exemples décrits peuvent notamment se combiner au sein de variantes non illustrées.

L'expression « comportant un » doit être comprise comme étant synonyme de « comportant au moins un », sauf si le contraire est spécifié.