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Title:
SYNTHESIS OF A BRANCHED UNSATURATED COMPOUND BY MEANS OF CROSS METATHESIS
Document Type and Number:
WIPO Patent Application WO/2014/122411
Kind Code:
A1
Abstract:
The invention relates to a method for the synthesis of a branched unsaturated fatty compound, said method comprising the metathesis, in the presence of a metathesis catalyst, of a linear unsaturated fatty compound and a branched olefin. The branched unsaturated fatty compound is used in particular for the production of at least one of the following products: dielectric fluids, specialty surfactants, emulsifiers, frictions agents, antistatic additives, antifogging additives, mould release agents, pigment dispersants, high-performance lubricants, waxes and wax emulsifiers, polymer conversion additives, PVC stabilising agents, inks, resins, paints, varnishes, solvents, lipsticks, creams for the skin, deodorants, particularly stick deodorants, hair dyes, shampoos and other liquid soaps, shaving foam, laundry detergents, cleaning agents, fabric softeners, and mixtures of same.

Inventors:
DUBOIS JEAN-LUC (FR)
COUTURIER JEAN-LUC (FR)
Application Number:
PCT/FR2014/050248
Publication Date:
August 14, 2014
Filing Date:
February 10, 2014
Export Citation:
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Assignee:
ARKEMA FRANCE (FR)
International Classes:
C07C51/353; C07C67/333; C07C253/30
Foreign References:
EP1019512A12000-07-19
US20110113679A12011-05-19
US20110237850A12011-09-29
Other References:
NSTOR M CARBALLEIRA ET AL: "First total synthesis and antileishmanial activity of ()-16-methyl-11-heptadecenoic acid, a new marine fatty acid from the sponge", CHEMISTRY AND PHYSICS OF LIPIDS, LIMERICK, IR, vol. 164, no. 2, 24 November 2010 (2010-11-24), pages 113 - 117, XP028358858, ISSN: 0009-3084, [retrieved on 20101201], DOI: 10.1016/J.CHEMPHYSLIP.2010.11.006
HANS JÜRGEN BESTMANN ET AL: "Pheromone, VII. Synthese von 1-substituierten (Z)-9-Alkenen", CHEMISCHE BERICHTE, vol. 108, no. 11, 1 November 1975 (1975-11-01), pages 3582 - 3595, XP055073059, ISSN: 0009-2940, DOI: 10.1002/cber.19751081120
URSULA BIERMANN ET AL: "Synthesis of alkyl-branched fatty acids", EUROPEAN JOURNAL OF LIPID SCIENCE AND TECHNOLOGY, vol. 110, no. 9, 1 September 2008 (2008-09-01), pages 805 - 811, XP055084228, ISSN: 1438-7697, DOI: 10.1002/ejlt.200800033
U. BIERMANN ET AL.: "Synthesis of alkyl branched fatty acids", EUR. J. LIPID SCI. TECHNOLOGY, vol. 110, 2008, pages 805 - 811, XP055084228, DOI: doi:10.1002/ejlt.200800033
ZHANG ET AL.: "Novel Process to Produce Branched Fatty Acid/Ester for Biodiesel and New Surfactant", THE PROCEEDINGS OF THE 3RD INTERNATIONAL CONFERENCE ON FUNCTIONAL MOLECULES
VAN MALCHEV: "Plant Oil based Lubricants", DEPARTMENT OF PLANT AGRICULTURE, ONTARIO AGRICULTURE COLLEGE, UNIVERSITY OF GUELPH 50, Retrieved from the Internet
SCHROCK ET AL., J. AM. CHEM. SOC., vol. 108, 1986, pages 2771
BASSET ET AL., ANGEW. CHEM., ED. ENGL., vol. 31, 1992, pages 628
GRUBBS ET AL., ANGEW. CHEM., ED. ENGL., vol. 34, 1995, pages 2039
ORGANIC LETTERS, vol. 1, 1999, pages 953
ALDRICHIMICA ACTA, vol. 40, no. 2, 2007, pages 45 - 52
Attorney, Agent or Firm:
DELPRAT, Corinne (FR)
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Claims:
REVENDICATIONS

1 - Procédé de synthèse de composé gras insaturé ramifié, de formule III : A-CH=CB'-B dans laquelle

A est un radical constitué d'une chaîne alkyle linéaire, éventuellement insaturée, comprenant de 1 à 20 atomes de carbone et comportant une fonction terminale acide, ester (de mono-alcool ou de polyol), ou nitrile,

B' est H ou une chaîne alkyle comportant de 1 à 10 atomes de carbone, et B est : si B' est une chaîne alkyle, B est une chaîne alkyle comportant de 1 à 1 1 atomes de carbone éventuellement ramifiée, si B' est H, B est une chaîne alkyle comportant de 3 à 1 1 atomes de carbone porteuse d'au moins un radical alkyle ramifié de formule CnH2n+i avec n compris dans la gamme de 1 à 5; ledit procédé comprenant la métathèse en présence d'un catalyseur de métathèse entre :

- d'une part un composé gras insaturé linéaire de formule I : -(CH2)a - [(CH=CH) -(CH2)]b— (CH2)C - R' dans laquelle

R' est un radical -COOH, -COOR1 ou -CN, R-ι étant le reste d'un mono-alcool ou d'un polyol, tel que diol ou triol,

R est H ou une fonction acide, ester de mono-alcool ou nitrile et, a, b, c sont des entiers tels que 0 < a≤ 1 1 ; 1≤b≤6 ; 2≤c≤ 12, la somme a + 3*b + c + 1 étant comprise dans la gamme de 8 à 36, de préférence de 8 à 24, de préférence de 10 à 22, et de façon encore plus préférée de 10 à 18 ; et, - d'autre part une oléfine ramifiée II comprenant de 4 à 23 atomes de carbone, dans laquelle la chaîne principale comporte au moins une ramification de formule CnH2n+1 avec n compris dans la gamme de 1 à 5 lorsque B' est H. 2- Procédé selon la revendication 1 , dans lequel le composé gras insaturé linéaire I est choisi parmi : les acides gras, les esters d'acides gras, mono ou poly-insaturés, y compris les mono-, di-, et triglycérides, et les dérivés nitriles, des acides gras suivants : oléique, pétrosélénique, linoléique, ricinoléique, gadoléique, gondoïque, vaccénique, linolénique, palmitoléique, érucique, nervonique, et leurs mélanges.

3- Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 ou 2, dans lequel le composé I est choisi parmi :

- les dérivés nitriles obtenus par nitrilation d'une fonction ester ou acide d'un ester ou acide gras, - les molécules bi-fonctionnelles portant des fonctions acide, ester ou nitrile à chaque extrémité de la molécule,

- les triglycérides éventuellement soumis à une réaction chimique, telle que la méthanolyse, l'éthanolyse ou la métathèse avec une oléfine légère en C2-C4, ainsi que

- les molécules fonctionnelles comportant de 8 à 12 atomes de carbone et de préférence ω, ω-1 ou ω-2 insaturées, issues de métathèse croisée d'acides/esters gras avec une oléfine légère, telle que éthylène, propylène ou butène.

4- Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, dans lequel l'oléfine ramifiée II utilisée pour la réaction de métathèse contient de préférence au moins 5 atomes de carbone, et comporte de préférence de 7 à 12, de préférence de 8 à 12 atomes de carbone au total.

5- Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, dans lequel l'oléfine ramifiée II est de formule : R0Ro'C=CBB' dans laquelle :

B' est H ou une chaîne alkyle comportant de 1 à 10 atomes de carbone et,

- si B' est une chaîne alkyle, B est une chaîne alkyle comportant de 1 à 1 1 atomes de carbone éventuellement ramifiée ;

- si B' est H, B est une chaîne alkyle comportant de 3 à 1 1 atomes de carbone dont au moins un atome de carbone est porteur d'un radical alkyle de formule CnH2n+i avec n compris dans la gamme de 1 à 5, et

R'o est H ou une chaîne alkyle comportant de 1 à 10 atomes de carbone et, - si R'o est H , R0 est H , CH3, C2H5 ou une chaîne alkyle comportant de 3 à 1 1 atomes de carbone dont au moins un atome de carbone est porteur d'un radical alkyle de formule CnH2n+i avec n compris dans la gamme de 1 à 5, et

- si R'o est une chaîne alkyle, R0 est H ou une chaîne alkyle comportant de 1 à 1 1 atomes de carbone éventuellement ramifiée.

6- Procédé selon la revendication 5, dans lequel dans la formule II de l'oléfine, B' est H et -B est de formule -(CR2R3)m-CH3 dans laquelle R2 et R3 identiques ou différents, sont soit H, soit un radical alkyle saturé comportant de 1 à 5 atomes de carbone, les R2 d'une part et les R3 d'autre part reliés aux atomes de carbone de la chaîne étant entre eux identiques ou différents, et l'un au moins des R2 et R3 étant un radical alkyle saturé, le carbone porteur dudit radical étant dans la chaîne de préférence en position ω-i, i étant > 1 .

7- Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, dans lequel ladite au moins une ramification de l'oléfine est localisée de préférence plus proche de la double liaison C=C que de l'extrémité de la chaîne qui porte ladite ramification.

8- Procédé selon l'une quelconque des revendications 5 à 7, dans lequel chaque atome de carbone de la double liaison de la formule II : R0Ro'C=CBB' est porteur d'une seule chaîne alkyle.

9- Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, dans lequel les atomes de carbone de ladite au moins une double liaison de l'oléfine sont reliés d'un côté de la double liaison à une chaîne d'au plus 2 autres atomes de carbone, et sont de préférence du type alcène-1 , alcène-2 ou alcène-3.

10- Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, dans lequel on utilise au moins un catalyseur ruthénium-carbène choisis parmi les catalyseurs chargés ou non-chargés de formule générale :

(Xi )a (X2)bRu(carbène C) (L1)c(L2)d (L3)e dans laquelle :

- a, b, c, d et e sont des nombres entiers, identiques ou différents, avec a et b égaux à 0, 1 ou 2 ; c,d et e égaux à 0, 1 , 2, 3 ou 4;

- Xi et X2, identiques ou différents, représentent chacun un ligand mono- ou multi- chélatant, chargé ou non ; à titre d'exemples, on pourra citer les halogénures, le sulfate, le carbonate, les carboxylates, les alcoolates, les phénolates, les amidures, le tosylate, l'hexafluorophosphate, le tétrafluoroborate, le bis- triflylamidure, un alkyle, le tétraphénylborate et dérivés ; Xi ou X2 peuvent être liés à L-i ou L2 ou au carbène C de façon à former un ligand bidenté ou chélate sur le ruthénium ; et

- L-i, l_2 et l_3 identiques ou différents, sont des ligands donneurs d'électrons tels que phosphine, phosphite, phosphonite, phosphinite, arsine, stilbine, une oléfine ou un aromatique, un composé carbonylé, un éther, un alcool, une aminé, une pyridine ou dérivé, une imine, un thioéther, ou un carbène hétérocyclique ; L-ι, L2 ou L3 peuvent être liés au carbène C de façon à former un ligand bidenté ou chélate, ou tridenté.

1 1 - Procédé selon la revendications 10 caractérisé par l'utilisation d'un catalyseur comprenant un ligand NHC saturé substitué par des phényles substitués par des groupements mésityle (Mes) ou isopropyle (iPr), de préférence l'utilisation du catalyseur de formule :

12- Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce qu'il est conduit en milieu liquide à une température comprise dans la gamme de 20 à 160 °C et sous une pression comprise dans la gamme de 1 à 30 bars.

13- Procédé selon la revendication 8 caractérisé en ce qu'il est conduit à une température comprise dans la gamme de 20 à 120 °C et sous une pression comprise dans la gamme de 1 à 10 bars.

14- Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce que la réaction est conduite en présence d'un solvant comme le toluène, les xylènes ou le dichlorométhane. 15- Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce qu'il comprend en outre, après l'obtention du composé III porteur d'au moins une double liaison C=C, au moins l'une des réactions suivantes :

• hydrogénation de ladite au moins une double liaison C=C, qui conduit selon le type d'hydrogénation pour les esters à des esters saturés, des alcools saturés, voire des paraffines branchées, et pour les nitriles à des aminés ramifiées ;

• hydrolyse d'ester qui conduit à un acide ;

• nitrilation d'acide ou d'ester, selon que l'on ait intermédiairement une hydrolyse ou pas, puis conversion éventuelle du nitrile en aminé par hydrogénation ;

· époxydation de ladite au moins une double liaison C=C, avec ou sans ouverture du cycle époxy, pour former des diols, carbonates, esters, conduisant à l'époxy d'une chaîne ramifiée ; et/ou

• nouvelle étape de métathèse, en particulier dans le cas où la métathèse avec oléfine branchée a été faite sur un diester.

16- Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'il comprend en outre une étape d'hydrogénation pour la synthèse de composés gras ramifiés saturés, notamment d'ester saturés, d'alcools saturés, de nitriles saturés, d'amines saturées, d'acides gras saturés, le composé I utilisé étant de préférence un ester gras mono insaturé, de préférence issu d'huile(s) riche(s) en acides gras mono- insaturés ou bien d'ester(s) gras ayant déjà subi une étape de métathèse croisée avec une oléfine légère ou une étape de craquage thermique.

17- Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'il est utilisé pour la synthèse de lubrifiants, le composé I étant choisi de préférence parmi : des triglycérides, notamment des triglycérides ayant déjà subi une étape de métathèse ou des esters d'acide gras mono-insaturés notamment des esters d'acide gras ω-insaturés. 18- Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'il comprend en outre une époxydation du composé III, le composé I étant de préférence choisi parmi les triglycérides et les esters issus des huiles riches en acides gras polyinsaturés. 19- Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'il est utilisé pour la fabrication de fluides diélectriques, le composé I étant choisi de préférence parmi les triglycérides et les esters issues des huiles riches en acides gras mono-insaturés et de préférence ayant une insaturation de position delta-5 à delta-9.

20- Utilisation du composé III obtenu selon le procédé de l'une quelconque des revendications précédentes pour la fabrication d'au moins un des produits suivants : les fluides diélectriques, les tensioactiactifs de spécialité, les émulsifiants, les agents de friction, les additifs antistatiques, additifs anti-buée, les agents de démoulage, les dispersants de pigments, les lubrifiants haute performance, les cires et émulsifiants de cires, les additifs de transformation de polymères, les stabilisants de PVC, les encres, résines, peintures, vernis, les solvants, les rouges à lèvres, les crèmes pour la peau, les déodorants, notamment sous forme de sticks, les colorants pour cheveux, les shampoings et autres savons liquides, les mousses à raser, les lessives, les nettoyants, les adoucissants textiles, et leurs mélanges.

Description:
SYNTHESE DE COMPOSE INSATURE RAMIFIE PAR METATHESE CROISEE

DOMAINE DE L'INVENTION L'invention a pour objet un procédé de synthèse de composé acide, ester ou nitrile gras, insaturé et ramifié mettant en œuvre au moins une réaction de métathèse.

Au sens de l'invention, on entend par composé :

- « acide, ester ou nitrile » : un composé aliphatique porteur d'au moins une fonction terminale acide, ester ou nitrile ; - « gras » : un composé aliphatique dont la chaîne principale la plus longue comporte de 8 à 36 atomes de carbone , de préférence de 8 à 26, de préférence de 10 à 24 atomes de carbone ;

- « insaturé » : un composé aliphatique qui comporte une ou plusieurs doubles liaisons carbone-carbone ;

- « ramifié » ou « branché » : un composé aliphatique à chaîne principale linéaire comportant au moins une autre chaîne carbonée (ou « ramification ») de nombre de carbone(s) compris dans la gamme de 1 à 1 1 , de préférence de 1 à 10, de préférence de 1 à 5, sur au moins un des carbones de la chaîne principale ;

Et on utilise l'abréviation « composé gras insaturé ramifié » pour désigner tout « composé acide, ester ou nitrile gras insaturé ramifié » selon l'invention.

ARRIERE PLAN TECHNIQUE

Les acides gras ramifiés existent dans la nature (http://www.cyberlipid.org/cyberlip/home0001 .htm), mais sont extrêmement rares, peu disponibles commercialement et particulièrement coûteux. Pour illustrer la rareté de ces produits, on peut relever que le prix des produits de cette catégorie est bien supérieur à celui des produits non ramifiés, dans le catalogue de la Société Aldrich par exemple http://www.sigmaaldrich.com/catalog/product/sigma/m6281 ?lang=fr&region=FR .. Les procédés de synthèse de ces acides gras insaturés et ramifiés décrits dans la littérature sont divers. On peut citer l'isomérisation des acides gras en catalyse hétérogène ; ce procédé conduit toutefois à une large distribution de divers acides gras branchés. On peut citer à ce sujet l'article de U. Biermann et al. dans Eur. J. Lipid Sci. Technology, intitulé « Synthesis of alkyl branched fatty acids » 2008,1 10,805-81 1 et celui de Zhang et al., paru dans The proceedings of the 3rd International Conférence on Functional Molécules, intitulé « Novel Process to Produce Branched Fatty Acid/Ester for Biodiesel and New Surfactant».

Diverses autres méthodes telles que l'alkylation des oléfines, les procédés d'hydroformylation et hydrogénation, les procédés de dimérisation des acides gras, les réactions de Friedel-Kraft, les réactions impliquant du formaldéhyde (ENE-reaction), les additions radicalaires, ont été étudiées comme en témoigne l'article d'Ivan Malchev, intitulé «Plant Oil based Lubricants » disponible auprès du Department of Plant Agriculture, Ontario Agriculture Collège, University of Guelph 50 Stone Road W., Guelph, Ontario, Canada N1 G 2W1 et téléchargé sur Internet de http://ebookbrowse. com/i- malchev-pdf-d92064738 et http://www.pdfio.com/k-1103149.html. Cependant, il faut noter que globalement aucune de ces méthodes ne donne complètement satisfaction. Les produits obtenus par isomérisation catalytique sont des mélanges d'isomères ; les produits obtenus par hydroformylation sont des saturés et on perd ainsi certaines propriétés à froid ; les produits d'addition, notamment radicalaire, sont des mélanges, et il n'est pas possible obtenir un produit bien spécifique.

Une autre démarche récente, notamment décrite dans le document de brevet EP1019512 consiste à identifier les gènes dans les plantes qui conduisent à des acides ramifiés et à les transférer à des microorganismes pour leur faire produire des acides spécifiques. Mais cette méthode n'en est qu'à ses balbutiements.

Les composés ramifiés (ou « branchés ») se distinguent des composés linéaires par des points de fusion plus bas et cette propriété offre certains débouchés sur le plan industriel. On peut citer à ce sujet l'acide isostéarique, produit commercial, obtenu comme sous- produit du procédé de dimérisation de l'acide oléique par catalyse avec la montmorillonite. L'influence de l'acide isostéarique sur les propriétés d'étalement, de viscosité et de stabilité à l'oxydation et à l'hydrolyse des produits trouve des applications dans les domaines de la cosmétique et de la lubrification (voir l'article de Biermann et al. cité précédemment). En général, la stratégie retenue par les industriels du secteur de l'oléochimie privés d'un accès aux composés branchés en concentration suffisante, est d'utiliser comme alternative des composés insaturés qui offrent, eux aussi, des points de fusion plus bas que ceux des composés linéaires saturés correspondants. Cependant, les composés insaturés sont aussi moins stables, et sensibles à l'oxydation.

Il existe donc un réel besoin de mettre au point un procédé de synthèse simple et rapide (comportant le moins d'étapes possible) de composés gras ramifiés, notamment des acides gras insaturés ramifiés.

De manière connue, la métathèse croisée consiste à faire réagir, en présence d'un catalyseur de métathèse, deux molécules insaturées selon le processus réactionnel schématique suivant :

A-|A 2 - C=C - B-|B 2 + D-|D 2 - C=C - EiE 2

A-|A 2 - C=C - D-|D 2 + A-|A 2 - C=C - E-|E 2 + B-|B 2 - C=C - D-|D 2 + B-|B 2 - C=C - E-|E 2 (métathèse croisée) et,

A-|A 2 - C=C - A-|A 2 + BiB 2 - C=C - BiB 2 + D-|D 2 - C=C - DiD 2 + EiE 2 - C=C - EiE 2 (homométathèse)

La métathèse croisée est utilisée avec l'objectif de synthétiser un produit cible, par exemple A^ 2 - C=C - dans l'équation ci-dessus, mais qui sera accompagné le cas échéant des trois autres composés possibles issus de la métathèse croisée des 2 mêmes réactifs, ainsi que de certains composés issus de l'homo-métathèse de chaque réactif, réaction qui accompagne la réaction principale.

L'utilisation de la métathèse a été décrite par la société ELEVANCE pour la fabrication de bases de carburants, notamment carburants d'avion, à partir d'huiles végétales. Ainsi, les documents de brevet US201 1/01 13679 et US201 1/0237850 décrivent la réaction entre une huile végétale naturelle et un mélange d'oléfines légères, conduisant, après traitement complémentaire, à un mélange de composés dont le nombre d'atomes de carbone est variable, multiple et non contrôlé, et dont les propriétés en termes de densité énergétique et de point éclair conviennent pour la fabrication de carburants. Néanmoins, ce type de mélange ne convient pas pour des applications plus exigeantes en termes notamment de pureté. De plus, le procédé décrit dans chacun de ces documents ne permet pas de fabriquer économiquement des composés de bas point de fusion, c'est-à- dire de température de fusion (Tf) inférieure à 0°C, de préférence inférieure à -20 °C, de manière encore plus préférée inférieure à -30 °C. La présente invention vise au contraire à fournir un procédé dans lequel la sélectivité, la pureté, et donc les propriétés physicochimiques du composé gras insaturé ramifié sont contrôlées, pour pouvoir l'utiliser dans des applications de haute performance technique, telles que les fluides diélectriques, les tensioactiactifs de spécialité, les émulsifiants, les agents de friction, les additifs antistatiques, additifs anti-buée, les agents de démoulage, les dispersants de pigments, les lubrifiants haute performance, les cires et émulsifiants de cires, les additifs de transformation de polymères, les stabilisants de PVC, les encres, résines, peintures, vernis, les solvants, les rouges à lèvres, les crèmes pour la peau, les déodorants, notamment sous forme de sticks, les colorants pour cheveux, les shampoings et autres savons liquides, les mousses à raser, les lessives, les nettoyants, les adoucissants textiles, etc.

La Demanderesse a maintenant trouvé un moyen de rendre facilement disponibles des composés insaturés ramifiés, par un procédé utilisant, dans certaines conditions, une réaction de métathèse croisée entre au moins deux réactifs sélectionnés selon l'invention et permettant de cibler plus spécialement la synthèse de composés acides, esters ou nitriles gras insaturés ramifiés. De façon inattendue, le procédé selon l'invention favorise la synthèse du produit cible, c'est-à-dire la synthèse de composé gras insaturé ramifié avec un rendement d'au moins 70%, compatible avec des applications industrielles. RESUME DE L'INVENTION

La présente invention a donc pour objet un procédé de synthèse de composé acide, ester ou nitrile gras insaturé ramifié parfaitement ciblé par la mise en œuvre de réactifs sélectionnés dans une réaction de métathèse croisée.

En particulier, l'invention a pour objet un procédé de synthèse de composé gras insaturé ramifié, de formule III : A-CH=CB'-B dans laquelle,

A est un radical constitué d'une chaîne alkyle linéaire, éventuellement insaturée, comprenant de 1 à 20 atomes de carbone et comportant une fonction terminale acide, ester (de mono-alcool ou de polyol), ou nitrile,

B' est H ou une chaîne alkyle comportant de 1 à 10 atomes de carbone, et B est si B' est une chaîne alkyle, B est une chaîne alkyle comportant de 1 à 1 1 atomes de carbone éventuellement ramifiée, si B' est H, B est une chaîne alkyle comportant de 3 à 1 1 atomes de carbone porteuse d'au moins un radical alkyle ramifié de formule C n H 2 n+i avec n compris dans la gamme de 1 à 5; ledit procédé comprenant la métathèse en présence d'un catalyseur de métathèse entre :

- d'une part un composé gras insaturé linéaire de formule I : -(CH 2 ) a - [(CH=CH) -(CH 2 )] b — (CH 2 ) C - R' dans laquelle

R' est un radical -COOH, -COOR 1 ou -CN, R-ι étant le reste d'un mono-alcool ou d'un polyol, tel que diol ou triol,

R est H ou une fonction acide, ester de mono-alcool ou nitrile et, a, b, c sont des entiers tels que 0 < a≤1 1 ; 1≤b≤6 ; 2≤c≤12, la somme a + 3 * b + c + 1 étant comprise dans la gamme de 8 à 36, de préférence de 8 à 24, de préférence de 10 à 22, et de façon encore plus préférée de 10 à 18 ; et, - d'autre part une oléfine ramifiée II comprenant de 4 à 23 atomes de carbone, dans laquelle la chaîne principale comporte au moins une « ramification » (ou « radical alkyle ») de formule C n H 2n+1 avec n compris dans la gamme de 1 à 5 lorsque (dans la formule III) B' est H.

DESCRIPTION DE MODES DE REALISATION DE L'INVENTION L'invention est maintenant décrite plus en détail et de façon non limitative dans la description qui suit.

Le composé gras insaturé linéaire I (parfois nommé aussi « molécule grasse » dans la présente description) utilisable dans le procédé de l'invention est avantageusement choisi parmi : les acides gras et esters d'acides gras, mono ou poly-insaturés, et leurs dérivés nitriles, issus des matières végétales ou animales, y compris les mono-, di-, et triglycérides qui en sont l'origine. A titre d'exemples, on peut citer les acides et les esters d'acides choisis parmi les acides : oléique, pétrosélénique, linoléique, ricinoléique, gadoléique, gondoïque, vaccénique, linolénique, palmitoléique, érucique, nervonique, etc, les triglycérides dont ils sont issus, et leurs mélanges. Les composés gras insaturés utilisables dans le procédé de l'invention comprennent également les dérivés obtenus pas transformation chimique des molécules précédentes, tels que les nitriles obtenus par nitrilation de la fonction ester ou acide. Les composés gras insaturés comprennent également les molécules bi-fonctionnelles portant des fonctions acide, ester ou nitrile à chaque extrémité de la molécule (en général deux fonctions identiques), ainsi que les mono-, di- et triglycérides eux-mêmes éventuellement soumis à une réaction chimique préalable, telle que la méthanolyse, l'éthanolyse ou la métathèse avec une oléfine légère en C2-C4.

En particulier, les composés gras insaturés peuvent découler d'une transformation chimique des acides/esters gras/triglycérides cités ci-dessus par exemple par une métathèse croisée de ces derniers avec une oléfine légère, éthylène, propylène ou butènes conduisant à des molécules fonctionnelles comportant de 8 à 36, de préférence de 8 à 26, de préférence de 8 à 24, de préférence de 10 à 22, et de manière encore plus préférée de 10 à 18 atomes de carbone, et de préférence ω, ω-1 ou ω-2 insaturées, bien adaptées à la réaction de métathèse avec l'oléfine II ramifiée.

De préférence, le procédé de métathèse de l'invention est mis en œuvre à partir d'un composé gras insaturé comportant une fonction, et de préférence une seule fonction, de type ester de mono-alcool, ester de polyol ou de type nitrile. Comme décrit précédemment, les sources principales de ces composés sont les huiles ou les graisses naturelles d'origine animale ou végétale, y compris les algues, dont on peut extraire les triglycérides, et donc les éléments constitutifs de ces derniers.

Les esters gras insaturés de mono-alcools sont obtenus par exemple par action d'un alcool léger, méthanol ou éthanol de préférence, sur le triglycéride. Ainsi, selon un mode de réalisation avantageux du procédé de l'invention, un ester de mono-alcool obtenu par méthanolyse ou éthanolyse d'un triglycéride, est soumis à une réaction de métathèse croisée avec une oléfine branchée.

Les esters gras de polyols comprennent généralement des triglycérides extraits des huiles végétales, huiles ou graisses animales ou provenant des micro-algues. Ces esters gras sont, préalablement à la métathèse avec l'oléfine branchée, soumis à une étape préliminaire de métathèse croisée avec une (ou des) oléfine(s) légère(s), éthylène, propylène ou butène-1 ou butène-2, ou pentène-2, hexène-2, hexène-3, conduisant à la formation d'esters gras insaturés ayant une double liaison localisée à proximité du bout de la chaîne alkyle (esters de préférence ω, ω-1 ou ω-2 insaturés). Pour cette étape préliminaire on peut utiliser un mélange de ces oléfines légères. Cette étape préliminaire permet d'améliorer les performances de la métathèse croisée avec l'oléfine branchée grâce à la formation, au cours de cette réaction, d'oléfines légères gazeuses dont l'extraction du milieu réactionnel permet de déplacer l'équilibre de la réaction de métathèse. Les nitriles gras insaturés sont généralement obtenus à partir des acides ou des esters gras correspondants par action de l'ammoniac puis déshydratation du composé, sel d'ammonium ou amide, formé selon des mécanismes réactionnels bien connus.

Dans une variante de mise en œuvre du procédé de l'invention le composé I est un diester ou un dinitrile (par exemple en C18 ou C20) obtenu soit par homo-métathèse de l'ester ou du nitrile, produit principal de l'homo-métathèse, soit au cours d'une réaction de métathèse croisée au cours de laquelle le diester ou le dinitrile se forme comme coproduit. Dans ce cas la réaction de métathèse selon le procédé de l'invention génère au moins un composé ramifié et un composé qui est un ester ou nitrile plus court pouvant être à nouveau utilisé pour d'autres applications y compris une étape de métathèse. L'oléfine ramifiée II utilisée pour la réaction de métathèse contient de préférence au moins 5 atomes de carbone, de manière plus préférée au moins 6 atomes de carbone, de manière encore plus préférée au moins 7 atomes de carbone, ou mieux au moins 8 atomes de carbone. L'oléfine comporte de préférence de 7 à 12, de préférence de 8 à 12 atomes de carbone au total. L'oléfine utilisée pour la réaction de métathèse est soit mono-insaturée, soit polyinsaturée. Dans ce dernier cas les doubles liaisons sont de préférence non conjuguées. En effet, la présence de conjugaisons à tendance à désactiver le catalyseur de métathèse.

L'oléfine est de préférence mono-insaturée. En effet, lorsqu'on utilise des oléfines polyinsaturées, on observe une surconsommation de catalyseur et d'oléfines, et on est donc obligé de travailler à faible conversion pour limiter les pertes de produits, ce qui complique le procédé.

Avantageusement, l'oléfine ramifiée II est de formule : R 0 Ro'C=CBB' dans laquelle :

B' est H ou une chaîne alkyle comportant de 1 à 10 atomes de carbone et,

- si B' est une chaîne alkyle, B est une chaîne alkyle comportant de 1 à 1 1 atomes de carbone éventuellement ramifiée ; - si B' est H, B est une chaîne alkyle comportant de 3 à 1 1 atomes de carbone dont au moins un atome de carbone est porteur d'un radical alkyle de formule C n H 2n +i avec n compris dans la gamme de 1 à 5, et

R'o est H ou une chaîne alkyle comportant de 1 à 10 atomes de carbone et, - si R'o est H , R 0 est H, CH 3 , C 2 H 5 ou une chaîne alkyle comportant de 3 à 1 1 atomes de carbone dont au moins un atome de carbone est porteur d'un radical alkyle de formule C n H 2n +i avec n compris dans la gamme de 1 à 5, et

- si R'o est une chaîne alkyle, R 0 est H ou une chaîne alkyle comportant de 1 à 1 1 atomes de carbone éventuellement ramifiée. Selon un mode de réalisation avantageux du procédé de l'invention, -B est une chaîne alkyle de formule -(CR 2 R 3 ) m -CH 3 dans laquelle R 2 et R 3 répondent aux définitions données ci-après. La position du groupement -CH 3 à l'extrémité de cette chaîne alkyle B (opposée à la double liaison de la formule II) est dans la présente description désignée par « ω », quel que soit le nombre d'atomes de carbone m le reliant à la double liaison. Avantageusement, -R 0 est une chaîne alkyle de formule -(CR 2 'R 3 ') P -CH 3 dans laquelle R 2 ' et R 3 ' répondent aux définitions données ci-après pour R 2 et R 3 . De même, la position du groupement -CH 3 à l'extrémité de la chaîne R 0 (opposée à la double liaison de la formule II) est également désignée par « ω » dans la présente description de l'invention.

Selon un mode de réalisation préféré du procédé de l'invention, dans la formule II de l'oléfine, B' est H et -B est de formule -(CR 2 R 3 ) m -CH 3 dans laquelle R 2 et R 3 identiques ou différents, sont soit H, soit un radical alkyle saturé comportant de 1 à 5 atomes de carbone, les R 2 d'une part et les R 3 d'autre part reliés aux atomes de carbone de la chaîne étant entre eux identiques ou différents, et l'un au moins des R 2 et R 3 étant un radical alkyle saturé, ledit au moins un carbone porteur dudit radical étant dans la chaîne de préférence en position ω-i, i étant > 1 (i entier strictement supérieur à 1 ), notamment en position ω-2, ω-3, etc.

Avantageusement, la (ou les) ramification(s) de l'oléfine est (sont) localisée(s) de préférence plus proche(s) de la double liaison C=C que de l'extrémité de la chaîne qui porte la(les)dite(s) ramification(s). En effet, il s'avère que le point de fusion des composés gras insaturés ramifiés ainsi obtenus par les procédé de l'invention est d'autant plus bas que la position d'une ramification s'éloigne de l'extrémité de chaîne et se rapproche donc de la double liaison C=C. Selon un mode de réalisation préféré du procédé de l'invention, chaque atome de carbone de la double liaison de la formule II : R 0 Ro'C=CBB' est porteur d'une seule chaîne alkyle. Autrement dit, et de manière préférée, les radicaux alkyles de ramification de l'oléfine ne sont pas liés à un atome de carbone d'une double liaison. Dans ces conditions, la réaction de métathèse se passe mieux, on observe une meilleure conversion, et moins de consommation de catalyseur.

De plus, dans l'oléfine II utilisée, les atomes de carbone portant la double liaison sont de préférence reliés d'un côté de la double liaison à une chaîne d'au plus 2 autres atomes de carbone et sont donc de préférence du type alcène-1 , alcène-2 ou alcène-3, ce qui facilite également la réaction de métathèse croisée selon l'invention. Le coproduit formé dans ce cas particulier du procédé de l'invention est un « léger » comprenant moins de 8 carbones, de préférence moins de 7, voire moins de 5, ou mieux moins de 3 carbones, facile à extraire du milieu réactionnel, et permettant ainsi de faire avancer plus vite la réaction de métathèse. Suivant le degré de pureté et le degré de contrôle des propriétés physicochimiques du composé III ciblé, une oléfine branchée conforme à la définition ci-dessus peut être utilisée soit seule (et de préférence la plus pure possible), soit en mélange avec une ou plusieurs autres oléfines conformes ou non à la définition ci-dessus. A titre d'exemple, l'oléfine branchée peut être utilisée sous la forme d'un mélange avec une ou plusieurs oléfine(s) linéaire(s). Des exemples de mélanges d'oléfines appropriés pour le procédé de l'invention et commercialement disponibles, sont notamment les oligomères de propylène et de butène ou les mélanges d'oléfines issues de coupes pétrolières, par exemple les essences légères.

Le tableau 1 suivant fournit des exemples d'oléfines préférées dans lesquelles la double liaison ne porte pas de ramification. Seules les oléfines de 5 à 9 atomes de carbone y sont illustrées, afin de ne pas surcharger inutilement la description. Bien entendu la définition de l'oléfine ne se limite pas à ces exemples.

La première colonne indique la longueur de la chaîne linéaire principale (la plus longue) de l'oléfine, la seconde indique la position de la double liaison, les colonnes suivantes indiquent les positions des groupements méthyle, éthyle et propyle, et la dernière colonne le nombre total d'atomes de carbone de l'oléfine.

Tableau 1 La réaction de métathèse croisée selon le procédé de l'invention est conduite en présence d'au moins un catalyseur de métathèse.

Il existe de nombreux catalyseurs de métathèse, et ils sont bien connus. On peut citer par exemple les complexes au tungstène développés par Schrock et al (J. Am. Chem. Soc. 108:2771 , 1986) ou Basset et al. {Angew. Chem., Ed. Engl. 31 :628, 1992). Plus récemment, sont apparus les catalyseurs dits de Grubbs (voir Grubbs et al., Angew. Chem., Ed. Engl. 34 :2039, 1995 et Organic Letters 1 :953, 1999) qui sont des complexes ruthénium-benzylidène opérant en catalyse homogène. D'autres travaux ont été conduits pour la réalisation de catalyseurs immobilisés, c'est-à-dire de catalyseurs dont le principe actif est celui du catalyseur homogène, notamment les complexes ruthénium-carbène, immobilisés sur un support inactif.

Le procédé selon l'invention utilise avantageusement un catalyseur de métathèse de type ruthénium-carbène. Les catalyseurs ruthénium-carbène sont choisis de préférence parmi les catalyseurs chargés ou non-chargés de formule générale :

(Xi) a (X 2 )b u(carbène C) (L,) c (L 2 ) d (L 3 ) e dans laquelle :

- a, b, c, d et e sont des nombres entiers, identiques ou différents, avec a et b égaux à 0, 1 ou 2 ; c,d et e égaux à 0, 1 , 2, 3 ou 4;

- X† et X 2 , identiques ou différents, représentent chacun un ligand mono- ou multi-chélatant, chargé ou non ; à titre d'exemples, on pourra citer les halogénures, le sulfate, le carbonate, les carboxylates, les alcoolates, les phénolates, les amidures, le tosylate, l'hexafluorophosphate, le tétrafluoroborate, le bis-triflylamidure, un alkyle, le tétraphénylborate et dérivés ; Xi ou X 2 peuvent être liés à L- \ ou L 2 ou au carbène C de façon à former un ligand bidenté ou chélate sur le ruthénium ; et

- L-i, L 2 et L 3 identiques ou différents, sont des ligands donneurs d'électrons tels que phosphine, phosphite, phosphonite, phosphinite, arsine, stilbine, une oléfine ou un aromatique, un composé carbonylé, un éther, un alcool, une aminé, une pyridine ou dérivé, une imine, un thioéther, ou un carbène hétérocyclique ; L^ L 2 ou L 3 peuvent être liés au carbène C de façon à former un ligand bidenté ou chélate, ou tridenté. Le carbène C est représenté par la formule générale : CR 1 R 2 pour laquelle Ri et R 2 sont des groupes identiques ou différents tels que l'hydrogène ou tout autre groupe hydrocarboné, fonctionnalisé ou non, de type saturé, insaturé, cyclique, aromatique, branché et/ou linéaire. A titre d'exemples, on pourra citer les complexes du ruthénium alkylidènes, benzylidène, benzylidène éther, ou cumylènes tels que les vinylidènes Ru=C=CHR ou allénylidènes ou indénylidènes.

Un groupe fonctionnel (permettant d'améliorer la rétention du complexe du ruthénium dans un liquide ionique) peut être greffé sur au moins l'un des ligands Xi, X 2 , U, L 2 , ou sur le carbène C. Ce groupe fonctionnel peut être chargé ou non chargé tel que de préférence un ester, un éther, un thiol, un acide, un alcool, une amine, un hétérocycle azoté, un sulfonate, un carboxylate, un ammonium quaternaire, un guanidinium, un phosphonium quaternaire, un pyridinium, un imidazolium, un morpholinium ou un sulfonium.

Le catalyseur de métathèse peut être éventuellement hétérogénéisé sur un support afin de faciliter sa récupération/recyclage.

Les catalyseurs de métathèse croisée du procédé de l'invention sont de préférence des carbènes du ruthénium décrits par exemple dans Aldrichimica Acta, vol 40, n°2, 2007, p.45-52.

Des exemples de tels catalyseurs sont les catalyseurs de Grubbs, les catalyseurs Hoveyda-Grubbs, les catalyseurs Piers-Grubbs, et autres catalyseurs de métathèse du même type, qu'ils soient dits de « 1 ere génération », « 2 eme génération » ou de « 3 eme génération ».

Les catalyseurs de Grubbs sont basés sur un atome de ruthénium entouré par 5 ligands :

- 2 ligands anioniques, tels que des halogénures ;

- 2 ligands donneurs d'électrons, tels que les tri-alkyl-phosphines, ou les carbènes N-hétérocycliques saturés (appelés ligands NHC) ;

- un groupement alkylidène, tel que des groupements méthylènes =CR 2 substitués ou non.

On classe ces catalyseurs de métathèse en deux catégories, suivant la nature de leurs ligands L donneurs d'électrons :

- ceux qui contiennent deux ligands phosphine (et pas de ligand NHC saturé), développés en premier, sont des catalyseurs de type 1 ere génération ;

- ceux qui contiennent un ligand NHC saturé (carbène hétérocyclique) sont des catalyseurs de type 2 eme génération. Un type de catalyseur dit « Hoveyda-Grubbs » contient parmi les ligands donneurs d'électrons, un ligand chélatant benzylidène-éther, et soit une phosphine (1 ere génération) soit un ligand NHC saturé (2 eme génération), le plus souvent substitué par des phényles généralement substitués par des groupements mésityles (Mes) ou bien par des groupements isopropyles (iPr).

Un autre type de catalyseur dit « Piers-Grubbs », forme un complexe cationique à quatre ligands qui ne nécessite pas la dissociation d'un ligand avant la réaction.

D'autres types de catalyseurs sont les catalyseurs « Umicore », « Zanan », « Grêla ».

De manière générale, le choix du catalyseur dépend de la réaction considérée. De préférence, le catalyseur utilisé dans le procédé de l'invention est dépourvu de phosphine.

A titre d'exemple, des catalyseurs particulièrement adaptés pour le procédé de l'invention sont les catalyseurs suivants :

(1 ) Le catalyseur désigné par « Hoveyda-Grubbs 2 », de formule suivante :

Le catalyseur désigné par « M51 », de formule suivante

Le catalyseur désigné par « M71 -SIPr », de formule suivante 

Le catalyseur désigné par « M73-SIPr », de formule suivante

Le catalyseur désigné par « M74-SIPr », de formule suivante

Le catalyseur désigné par « Nitro-Grela-SIMes », de formule suivante Le catalyseur désigné par « Nitro-Grela-SIPr », de formule suivante

(10) Le catalyseur désigné par « Apeiron AS2034 », de formule suivante :

Le catalyseur désigné par « Zannan 44-0082 (Strem) », de formule suivante :

(12) Le catalyseur désigné par « M831 -SIPr », de formule suivante :

(14) Le catalyseur désigné par « M853-SIPr », de formule suivante :

Le catalyseur désigné par « M863-SIPr », de formule suivante

(14) Le catalyseur désigné par « Materia C71 1 », de formule suivante :

De préférence, la réaction de métathèse est conduite en milieu liquide et dans les conditions opératoires suivantes. La température de la réaction est généralement comprise dans la gamme de 20 à 160 °C, et de préférence dans la gamme de 20 à 120 °C.

La pression de la réaction est généralement comprise dans la gamme de 1 à 30 bars. La réaction est de préférence conduite à basse pression comprise dans la gamme de 1 à 10 bars et de façon plus préférée à la pression atmosphérique lorsque la température d'ébullition des réactifs mis en jeu le permet. En effet, si l'on vise toujours un dégagement d'une oléfine légère que ce soit de l'éthylène ou une autre, il est avantageux de travailler à basse pression, pression atmosphérique de préférence. Cependant, il existe des contraintes liées au point d'ébullition de l'oléfine utilisée dans le procédé de l'invention qui est conduit en phase liquide. Dans le cas où ce point d'ébullition est bas, par exemple pour une oléfine en C5 où celui-ci est de l'ordre de 20 °C, il est nécessaire de travailler sous pression. Cette contrainte disparaît avec les oléfines supérieures. Par exemple, une oléfine en C7, dont le point de d'ébullition est de l'ordre de 80 °C, permet de travailler à la pression atmosphérique.

La réaction peut être conduite sans solvant ou en présence d'un solvant comme le toluène, les xylènes ou le dichlorométhane par exemple. La réaction est de préférence conduite sans solvant.

Dans un mode de réalisation préféré du procédé de l'invention, on ajoute au milieu réactionnel le catalyseur et/ou l'oléfine (II) et/ou la molécule grasse (composé I) en continu pendant le processus réactionnel. Le composé gras insaturé ramifié III issu de la réaction de métathèse croisée du procédé de l'invention, peut servir de matière première à toute une gamme de réactions. On peut citer à titre d'exemples non limitatifs les réactions ci-après :

• hydrogénation de ladite au moins une double liaison C=C (du composé III ou issue du composé III), qui conduit selon le type d'hydrogénation pour les esters à des esters saturés, des alcools saturés, voire des paraffines branchées, et pour les nitriles à des aminés ramifiées ;

• hydrolyse d'ester qui conduit à un acide ; • nitrilation d'acide ou d'ester, selon que l'on ait intermédiairement une hydrolyse ou pas, puis conversion éventuelle du nitrile en aminé par hydrogénation ;

• époxydation de ladite au moins une double liaison C=C (du composé III ou issue du composé III), avec ou sans ouverture du cycle époxy, pour former des diols, carbonates, esters..., conduisant à l'époxy d'une chaîne ramifiée, qui confère des propriétés de viscosité améliorées. Dans ce cas, il est avantageux de travailler avec des composés polyinsaturés ;

• nouvelle étape de métathèse en particulier dans le cas où la métathèse avec oléfine branchée a été faite sur un diester. Dans ce cas, la nouvelle métathèse permet de recycler une partie du coproduit de la réaction qui est un ester court, par exemple du décénoate de méthyle ou de l'undécénoate de méthyle.

En fonction des applications visées, certaines chaînes grasses sont plus appropriées que d'autres, ce qui implique une sélection des huiles végétales, mais aussi de la nature de la matière première utilisée pour la réaction de métathèse, à savoir triglycéride, ester de monoalcool ou polyalcool, acide ou nitrile.

Les huiles végétales et graisses animales peuvent être regroupées selon leurs teneurs en acides gras saturés, monoinsaturés, et polyinsaturés.

Les huiles riches en chaînes grasses polyinsaturées incluent les huiles de carthame (haut linoléique), de lin, de tournesol, de noix et de noisette, de soja, de coton, de maïs, de Jatropha, de colza, de cameline.

Les huiles riches en chaînes grasses saturées ne conviennent en général pas pour la réaction de métathèse, qui nécessite des insaturations pour que la réaction puisse s'effectuer. Cependant, ces huiles sont en général bon marché et contiennent par contre très peu de chaînes polyinsaturées, ce qui présente l'avantage d'obtenir des réactions beaucoup plus sélectives. On trouve dans ce groupe d'huiles végétales les huiles de palme, et les graisses animales telles que le gras de bœuf et le lard. En revanche, les huiles de babassu, de noix de coco, de palmiste ne sont pas intéressantes non seulement en raison de leur plus faible teneur en insaturations mais aussi de leur prix beaucoup plus élevé.

Le dernier groupe d'huiles végétales est constitué des huiles riches en chaînes mono- insaturées, notamment des huiles dites oléiques. C'est le cas des huiles de colza, notamment le colza oléique et haut oléique (à plus forte teneur en acide oléique), du tournesol oléique, du crambe, du colza érucique, du carthame oléique, de la lunaire, de l'huile d'olive, du ricin, de lesquerella notamment des variétés fendleri, grandi flora et gordonii.

Selon un mode de réalisation particulier, le procédé de l'invention comprend en outre une étape d'hydrogénation pour la synthèse de composés gras ramifiés saturés, notamment d'ester saturés, d'alcools saturés, de nitriles saturés, d'amines saturées, d'acides gras saturés. Dans ce cas, le composé I utilisé est de préférence un ester gras mono insaturé, issu d'huile(s) riche(s) en acides gras mono-insaturés, ou bien d'ester(s) gras ayant déjà subi une étape de métathèse croisée avec une oléfine légère ou une étape de craquage thermique.

Selon un autre mode de réalisation, le procédé de l'invention est utilisé pour la synthèse de composés gras insaturés ramifiés utilisés comme lubrifiants. Dans ce dernier cas, le composé I (aussi appelé « molécule grasse ») est choisi de préférence parmi : des triglycérides, notamment des triglycérides ayant déjà subi une étape de métathèse ou des esters d'acide gras mono-insaturés notamment des esters d'acide gras ω-insaturés.

Selon encore un autre mode de réalisation, le procédé de l'invention est utilisé pour la synthèse de composés gras insaturés ramifiés devant subir une époxydation. Dans ce cas le composé I (ou molécule grasse) est avantageusement choisi parmi les triglycérides et les esters issus des huiles riches en acides gras polyinsaturés.

Selon un autre mode de réalisation, le procédé de l'invention est utilisé pour la fabrication de fluides diélectriques. Dans ce cas le composé I (ou molécule grasse) est avantageusement choisi parmi les triglycérides et les esters issues des huiles riches en acides gras mono-insaturés et de préférence ayant une insaturation en position delta-5 à delta-9.

De préférence le produit obtenu selon le procédé de l'invention est au moins partiellement hydrogéné, afin d'augmenter la stabilité des formulations qui le comprennent.

La présente invention a également pour objet l'utilisation du produit obtenu selon le procédé de l'invention pour la fabrication d'au moins un des produits suivants : les fluides diélectriques, les tensioactiactifs de spécialité, les émulsifiants, les agents de friction, les additifs antistatiques, additifs anti-buée, les agents de démoulage, les dispersants de pigments, les lubrifiants haute performance, les cires et émulsifiants de cires, les additifs de transformation de polymères, les stabilisants de PVC, les encres, résines, peintures, vernis, les solvants, les rouges à lèvres, les crèmes pour la peau, les déodorants, notamment sous forme de sticks, les colorants pour cheveux, les shampoings et autres savons liquides, les mousses à raser, les lessives, les nettoyants, les adoucissants textiles, et leurs mélanges. Et de manière plus générale, le produit obtenu selon le procédé de l'invention peut être utilisé dans toutes les applications exigeantes en termes de pureté, de bas point de fusion, et de stabilité (ou résistance) à l'oxydation.

EXEMPLES

Le(s) exemple(s) suivant(s) illustre(nt) l'invention sans la limiter.

Exemple 1

L'essai est réalisé avec le dispositif expérimental suivant.

Le dispositif est composé d'un ballon de 600 ml muni d'une arrivée d'azote, d'une sonde de température, d'un réfrigérant (surmonté d'un robinet et sortant sur un bulleur), d'un bain d'huile et d'une entrée pour les réactifs et d'un pousse seringue porteur des seringues d'injection de l'oléfine et du catalyseur ajoutés en continu.

On purge tout d'abord le montage à l'azote dont l'alimentation sera coupée au moment du chargement de l'oléfine et du catalyseur.

On prépare le catalyseur M71 SiPr d'Umicore comme suit : 10,2 mg, pesés dans un sabot en verre, sont dissous dans 21 ,6 g de toluène dans un tube de Schlenk sous azote. 5 ml de cette solution soit 2,02 mg de catalyseur sont introduits dans une première seringue.

On prépare une deuxième seringue dans laquelle on introduit 4,4 g de 5-méthyl-hexène-1 (Masse molaire : 98 g/mole) soit 44 mmoles.

On charge le réacteur avec 150 g de toluène puis ensuite avec 15 g de 10-undécénoate de méthyle (Masse molaire 198 g/mole) soit 76 mmoles purifiées par adsorption, 1 g de dodécane (utilisé comme étalon interne) et enfin avec 4,4 g d'oléfine (5-méthyl-hexène-1 ) soit à nouveau 44 mmoles.

On chauffe à 1 10°C en laissant ouvert le robinet du réfrigérant et on contrôle la température du milieu, (bain d'huile à 145°C) On effectue un premier prélèvement à t=0 et on déclenche le début de la réaction (t=0) et on ajoute le catalyseur et l'oléfine (44 mmoles préparées ci-dessus) en continu pendant 2 heures à un débit de 22 mmoles/heure pour l'oléfine. On effectue un prélèvement à t= 120 min et on fait une analyse GC des échantillons. A la fin de la réaction on coupe la chauffe, le bain du réfrigérant et on laisse refroidir. Les conditions d'analyse GC sont : Colonne HP5 de 30 m x 0.32 mm, épaisseur 0,25 μηη, T Injecteur = 300 °C, T détecteur FID = 340 °C, Colonne 150 °C pendant 5 minutes, puis 10 °C/min jusqu'à 320 °C, puis 30 min à 320 °C. La conversion de l'undécénoate de méthyle est de 85 %, et le rendement en composé gras insaturé ramifié (produit de métathèse croisée) 14-Méthyl-pentadec-10-énoate de méthyle - est de 71 %.

Exemple 2 : Métathèse croisée décénoate de méthyle + néohexène

.. OOÛ&S COO i

Dans un réacteur en verre de 250ml purgé à l'azote, on charge 10g de 9-décénoate de méthyle (54 mmol) purifié sur alumine, 18,1 g de 3, 3-diméthyl-1 -butène (neohexene, 215 mmol, 4 équivalents) et 100g de toluène. On chauffe à 40°C, puis on ajoute, sur une période de 2 heures, 3,4 mg de catalyseur M73-SiPr fourni par la société Umicore (75 ppm mol) dissous dans 5 ml de toluène. A la fin de l'ajout, le taux de conversion du décénoate de méthyle mesuré par CPG est de 86%. La sélectivité en produit de métathèse croisée est de 35%.