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Title:
SYSTEM FOR CONTROLLING AND MONITORING DISTRIBUTED POWER EQUIPMENT
Document Type and Number:
WIPO Patent Application WO/2019/073183
Kind Code:
A1
Abstract:
The invention comprises a system for controlling a plurality of items of power equipment Ei that are distributed across a plurality of nodes Nj for consuming, storing and/or generating power, said nodes constituting a power subnetwork that can operate in isolation or attached to at least one electricity network and/or to a gas network via a delivery station.

Inventors:
IMBAULT FABIEN (FR)
GUIZOUARN ERWIN (FR)
Application Number:
PCT/FR2018/052539
Publication Date:
April 18, 2019
Filing Date:
October 12, 2018
Export Citation:
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Assignee:
EVOLUTION ENERGIE (FR)
International Classes:
H02J3/38; H02J3/00
Domestic Patent References:
WO2017065941A12017-04-20
WO2017065941A12017-04-20
Foreign References:
US20130066482A12013-03-14
US20150280436A12015-10-01
US20130066482A12013-03-14
US8078330B22011-12-13
US20150280436A12015-10-01
Other References:
HONGWEN, XIONG RUI; ZHANG XIAOWEI; SUN FENGCHUN; FAN JINXIN: "Vehicular Technology", vol. 60, 2011, IEEE TRANSACTIONS ON, article "State-of-Charge Estimation of the Lithium-Ion Battery Using an Adaptive Extended Kalman Filter Based on an Improved Thevenin Model", pages: 1461 - 1469
Attorney, Agent or Firm:
BREESE, Pierre (FR)
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Claims:
Revendications

1 — Système pour le contrôle d'une pluralité d'équipements énergétiques E± (13 à 18) répartis en une pluralité de nœuds Nj de consommation (9, 10), de stockage (7, 8) et/ou production d'énergie (3 à 6), lesdits nœuds constituant un sous- réseau énergétique fonctionnant de manière isolée ou rattachés à au moins un réseau d'électricité et/ou à un réseau de gaz (1) via un poste de livraison (2), réseau caractérisé en ce que :

• une partie au moins des équipements Ek (13 à 18) comporte : o un moyen de pilotage (19) du fonctionnement en fonction d'un signal de commande transmis par son nœud Nj o un moyen de mesure de paramètres énergétiques Pk,t

• chacun desdits noeuds Nj comportant :

o des moyens d'acquisition de données comprenant ■ des moyens de communication avec un opérateur (20)

des moyens de communication avec lesdits moyens de pilotage des équipements locaux Ek

des moyens de communication avec au moins un capteur fournissant des informations locales ■ des moyens de communication avec au moins une source d'informations extérieures (météo, données administratives — tarification - ... )

des moyens de communication avec au moins une interface-utilisateur (saisie de paramètres, de conditions de démarrage,...)

o des moyens de traitement numérique pour calculer localement une donnée d'optimisation locale Lj;k en fonction des données acquises d'une part et des données relatives à des contraintes transmises par l'opérateur (20) et optionnellement par le réseau principal

• ledit opérateur (20) comportant

o des moyens de traitement numérique pour calculer localement une donnée d'optimisation globale en fonction des données d'optimisation locale transmises par lesdits nœuds Nj et pour transmettre à chacun desdits nœuds Nj le résultat du traitement Gt, constitué la planification de fonctionnement pendant une période prédéterminée

· chacun desdits équipements Ek (13 à 18) étant piloté pendant ladite période en fonction d'une commande Ck,t calculée et transmise par le nœud Nj en fonction du résultat global Gt.

2 — Système pour le contrôle d'une pluralité d'équipements énergétiques E± selon la revendication précédente caractérisé en ce que :

• chacun desdits nœuds Nj comporte une mémoire pour l'enregistrement périodique d'une partie ou de la totalité desdits commandes Ck,t

• lesdits moyens de calcul de chacun desdits nœuds Nj déterminant les écarts entre les paramètres énergétiques fournis par lesdits équipements Ek par rapport auxdites commandes Ck,t sous la forme d'une réponse binaire Bk,t transmise à l'opérateur.

3 — Système pour le contrôle d'une pluralité d'équipements électriques Ek selon la revendication précédente caractérisée en ce que ledit opérateur comporte des moyens pour comparer :

• la somme algébrique des consommations, des volumes stockés et des productions locales mesurées Pk,t et

• la somme algébrique des consommations, des volumes stockés et des productions locales de consigne Ck,t exprimées ou converties dans une même unité physique et pour déterminer les variations Dk,t entre l'énergie réelle et l'énergie planifiée. En cas d'écart trop important par rapport à la planification initiale, une commande de correction peut être déclenchée au niveau de tout ou partie des équipements Ek.

4 — Système pour le contrôle d'une pluralité d'équipements énergétiques Ek selon la revendication 1 caractérisé en ce que l'opérateur comporte en outre des moyens pour échanger des informations avec un équipement de contrôle du réseau principal .

Description:
Système de contrôle et de pilotage d'équipements énergétiques distribués

Domaine de 1 ' invention

La présente invention concerne le domaine des réseaux énergétiques intelligents (« smartgrid » en anglais), dans le cadre de l'habitat résidentiel, de bâtiments tertiaires ou d'organisations (villes, entreprises commerciales ou industrielles), de grandes infrastructures (réseaux de transport ou de distribution d'électricité ou de gaz naturel), basés sur une production décentralisée issue de sources de production conventionnelles couplées ou non à une ou plusieurs énergies renouvelables et/ou des capacités de stockage et en particulier la gestion de l'énergie dans les réseaux d'énergie, notamment les réseaux électriques et les réseaux de gaz naturel. Un réseau énergétique intelligent ( « smartgrid » en anglais) est généralement constitué :

- d'un point de livraison, faisant le lien avec un réseau principal (de distribution ou transport) et un réseau secondaire de distribution ou transport. Des équipements de transformation (tels que conversion de tension, détente de gaz naturel, ... ) d'énergie peuvent éventuellement y être installés. Ce point de livraison peut, dans le cas extrême d'un réseau intelligent fermé, ne pas exister. Différents fournisseurs d'énergie peuvent intervenir sur ce réseau ; - d'un ou plusieurs générateurs constitués par des installations de production d'énergie de sources renouvelables intermittentes (le plus souvent dépendantes du vent ou du soleil) ou variables (biomasse, géothermie...) mais également d'installations de production conventionnelles (centrales thermiques, turbines, co-génération ou tri-génération, groupes électrogènes, micro-génération, ...), éventuellement regroupées en usine de production virtuelle ( « virtual power plant » en anglais) ; de dispositifs de stockage ou de conversion d'énergie (piles à combustible, batteries, super condensateurs, volants d'inertie, stockage d'air comprimé, stockage thermique, pompage hydraulique ...) permettant l'injection ou le soutirage de l'énergie utile à l'équilibrage des réseaux (principal et secondaire) ;

- de charges fixes : les équipements de chacun des sites (bâtiment d'habitation, bâtiment tertiaire, site industriel, plusieurs bâtiments regroupés en ilot...), ayant chacun un ou plusieurs usages énergétiques (chauffage, climatisation, ventilation, éclairage, prises électriques, eau chaude sanitaire, procédé industriel, ...) et une performance énergétique dépendante de différents critères (type et vétusté des équipements, usage par les occupants, maintenance, ...) ;

- de charges mobiles : ces charges sont liées au transport des personnes ou des biens, par des véhicules, notamment électriques ou hybrides ;

- d'un opérateur permettant le lien administratif (la contractualisation et la facturation des sites, gestion des fournisseurs d'énergie) et technique (raccordement, demandes de délestage, ...) avec les gestionnaires du réseau énergétique principal ainsi que la coordination et l'équilibrage du réseau secondaire. L'opérateur peut être constitué de personnes physiques et/ou de personnes morales et/ou de systèmes d ' information .

Les réseaux intelligents sont déployés dans différents contextes : · les organisations commerciales, tertiaires ou industrielles

: ces entreprises, administrations ou industriels, de statut public ou privé, ont des besoins en énergie qui dépendent de leurs activités et comportent une multiplicité de points de consommation et/ou de production. Il s'agit d'y assurer le meilleur équilibre entre les coûts, la sûreté de fonctionnement et l'intégration de sources d'énergie multiples. Certains de ces acteurs peuvent en outre participer à des programmes d'ajustement électrique (« demand-response » en anglais) ou d'équilibrage (« balancing » en anglais) proposés par le gestionnaire de réseau ;

· l'habitat résidentiel et les éco-quartiers : sous la responsabilité de la municipalité, un éco-quartier vise à développer un habitat résidentiel durable et peut mettre en place des micro-réseaux ou nano-réseaux ( « microgrid » et « nanogrid » en anglais). Des règles spécifiques dans le traitement des données personnelles (profils de consommation et d'usages) peuvent s'appliquer ;

• les campus universitaires : l'enjeu est le plus souvent de disposer de terrains d'expérimentation pour des recherches académiques et des programmes de formation ou de sensibilisation à destination des étudiants et des personnels ;

• les zones isolées car faiblement ou non raccordées aux réseaux électriques (notamment les zones insulaires) ou temporairement coupées du réseau du fait d'un délestage ou d'un incident (intempéries, tremblement de terre, attentat

... ) : l'enjeu est de permettre le déploiement d'installations complémentaires au réseau principal, qu'elles soient pérennes ou de secours ;

• les « base vie » (camp militaire, station d'exploration,...) ou infrastructures critiques (hôpital, services de secours, centres et réseaux de données, équipements aéroportuaires, réseaux de transport, industries d'intérêt national ... ) : avec ses propres moyens de production et de stockage et ses propres infrastructures de distribution, le réseau intelligent garantit une autonomie énergétique fournissant de l'électricité pendant les périodes de coupures de courant sur le réseau, atout essentiel pour ces infrastructures critiques qui ne peuvent pas laisser des pannes d'énergie les empêcher de s'acquitter de leurs missions.

L'invention concerne plus particulièrement le pilotage des flux énergétiques distribués sur le réseau intelligent et la commande des charges, stockages et productions associés .

Pour optimiser le fonctionnement du réseau intelligent, l'opérateur doit disposer des moyens de surveillance sur une partie significative des points de production et de consommation situés entre le point de livraison et les équipements du consommateur final.

Un compteur d'énergie principal ou une centrale de mesure permet l'acquisition et le traitement des principaux paramètres énergétiques au niveau du point d'entrée dans le réseau intelligent, notamment dans le cas de l'électricité de la puissance active, la puissance réactive, la fréquence, la tension, le facteur de puissance (cos phi), et dans certains cas d'autres paramètres liés à la qualité du courant (les harmoniques et le « phase lock loop », ... ) ou au contrôle des équipements (convertisseurs DC/AC, AC/DC, ...) , ou dans le cas du gaz les volumes injectés et soutirés, ainsi que d'autres paramètres relatifs à la qualité du gaz (pouvoir calorifique, composition chimique...) . En outre des informations relatives au contexte administratif (facturation, paramétrage, ... ) ou au traitement des données mesurées (période d'échantillonnage, facteurs de conversion, température de référence pour le gaz, ... ) doivent être prises en compte.

Au niveau du réseau intelligent, des compteurs permettent a minima de mesurer les productions locales et les consommations à l'entrée de chacun des sites. Optionnellement , des mesures à l'intérieur des sites peuvent être réalisées, avec du comptage effectué pour des raisons de facturation (compteur tarifaire) ou d'optimisation de la performance énergétique (sous- comptage par usage énergétique), ou des mesures directes ou indirectes des facteurs influençant le confort des occupants (par exemple la température intérieure, l'humidité relative, la luminosité, ...) ou le fonctionnement des équipements (par exemple le nombre de personnes présentes, le nombre de pièces produites par l'usine,...). Des données simulées (par exemple des simulations thermodynamiques des bâtiments, des simulations de réseau électrique de type « optimal power flow », etc.) ou des données extérieures peuvent aussi fournir des informations utiles, notamment des données statistiques (degrés jours, historiques des conditions climatiques, prix côtés sur les marchés de l'énergie, statistiques sur le fonctionnement du réseau principal ...) ou météorologiques (température extérieure, humidité, pression, radiation solaire, direction et force du vent et des nuages, ... ) issues de fournisseurs de données externes (par exemple, agences publiques, société de services, amateurs disposant de stations météorologiques, capteurs déployés sur le site ...) .

L'opérateur assure la collecte et le traitement de ces données et effectue les calculs mathématiques nécessaires à la prédiction et à l'optimisation des flux énergétiques sur le réseau intelligent, en prenant en compte les différentes contraintes physiques et administratives de fonctionnement. L'objectif est de fournir des informations de pilotage et de contrôle aux automates associés à tout ou partie des équipements, éventuellement complétés par des systèmes d'alarme ou une surveillance humaine pour les équipements critiques. Ces automates permettent ainsi de contrôler un volume de production d'énergie (par exemple le débit de gaz en entrée d'une turbine), les cycles de charge et décharge d'un stockage ou le fonctionnement des équipements (par exemple la gestion des volets électriques, l'usage d'un thermostat pour contrôler la température intérieure, ...) . Etat de la technique

On connaît dans l'état de la technique le brevet américain WO2017065941 concernant un procédé et des systèmes permettant l'agrégation et la commande de réseaux d'énergie incluant des ressources d'énergie réparties. Le procédé et le système selon la présente invention utilisent l'intelligence disponible dans le réseau de données d'informations, et évitent une dépendance envers le réseau de données opérationnel de l'opérateur du système/du service public. On connaît aussi le brevet américain US2013066482 décrivant une architecture de réponse à la demande (DR) exécute des processus destinés à être utilisés dans un réseau électrique. L'architecture de reprise après sinistre applique une méthode pour sélectionner un processus à utiliser pour la planification des périphériques. Le procédé consiste à recevoir, par un contrôleur de réponse à la demande, une entrée spécifique à la réponse à la demande. Le procédé consiste à déterminer un processus à utiliser pour planifier des modèles de temps d'exécution du dispositif, en fonction de l'entrée reçue. Le procédé comprend en outre l'exécution du processus déterminé. On connaît aussi le brevet américain US8078330 décrivant un système de gestion automatique de 1 ' énergie dans un système complexe à bâtiments multiples. La surveillance et la reconnaissance informatisées d'événements d'énergie indésirables (tels que l'approche d'un nouveau pic d'énergie) déterminent la gestion de l'énergie. Cette solution de l'art antérieur prévoit 1 ' interrogation automatique immédiate de consommateurs d ' énergie dans un système de bâtiments en vue d'établir les possibilités de réduction de consommation d'énergie. Les consommateurs d'énergie peuvent répondre à cette interrogation immédiate automatique au moyen d'une technologie d'intelligence artificielle et/ou de réseau neuronal fournie aux consommateurs d'énergie ou programmée auprès de ceux-ci, les consommateurs d'énergie interrogés pouvant répondre en temps réel. Les réponses informatisées en temps réel comprenant les possibilités de réduction de consommation d ' énergie peuvent être reçues automatiquement par une installation de traitement de données, et traitées en temps réel. Avantageusement, les réponses en provenance des consommateurs d'énergie interrogés comprenant les possibilités de réduction de consommation d ' énergie peuvent être automatiquement traitées dans un programme de réduction de consommation par roulement pouvant être mis en oeuvre au moyen d'un système de commande informatisé. Cela permet de minimiser 1 ' impact sur les habitants et de réduire avantageusement la consommation et le coût de l'énergie de manière intelligente et en temps réel.

On connaît aussi le brevet américain US2015280436 décrivant une procédé et un système de distribution et / ou de contrôle d'un flux d'énergie vers un groupe de plusieurs nœuds d'un réseau électrique, chaque nœud ayant un état associé, prenant en compte les contraintes relatives à l'énergie livrée aux nœuds et les contraintes relatives au réseau électrique comprenant : l'attribution d'un agent local à chaque nœud du groupe d'une pluralité de nœuds, l'agent local recevant une priorité pour l'énergie à délivrer; affecter un agent concentrateur régional au réseau régional, comprenant au moins une partie du groupe, dans lequel un total du au moins un réseau régional forme le réseau d'électricité; recevoir, par le ou les agents concentrateurs régionaux, la priorité pour la fourniture d'énergie entre les nœuds et déterminer une priorité globale pour la distribution d'énergie vers le ou les réseaux régionaux, en fonction des limites de tension.

Inconvénients de l'art antérieur

Les solutions de l'art antérieur présentent plusieurs inconvénients . En premier lieu, la planification repose uniquement sur un traitement centralisé. Les traitements d'optimisation sont effectués par le réseau principal et/ou l'opérateur en prenant en compte généralement les informations relatives à un site tels que définis dans un contrat ou par un système réglementaire (en particulier les règles administratives et techniques associées aux mécanismes d'ajustement ou aux régimes d'équilibrage, définies par le gestionnaire du réseau principal) et non pas au fonctionnement réel des équipements de chacun des sites. Les équipements dépendant de cette optimisation centralisée ne peuvent pas opérer de manière autonome. Les règles utilisées pour la définition de la planification optimale sont appliquées de manière globale pour l'ensemble du réseau secondaire et ne permettent pas de traiter également les préférences et contraintes locales dans la recherche d'une solution optimale. Cela limite aussi la diffusion des réseaux intelligents à des sites disposant des ressources et compétences pour mettre en place leur propre optimisation énergétique en fonction des caractéristiques spécifiques de leurs équipements, de l'activité du site et des règles s 'appliquant à l'ensemble du réseau intelligent.

En deuxième lieu, les solutions actuelles posent des problèmes de montée en charge. Le traitement global de l'optimisation nécessite que chaque site transmette l'intégralité des informations à l'opérateur, ce qui engendre des problématiques de sécurité (en particulier de confidentialité), de performance (en raison de la volumétrie des données à transmettre par les sites et à traiter par le seul opérateur) et de garantie de fonctionnement (l'opérateur étant chargé de l'ensemble des tâches de planification et de contrôle). En troisième lieu, le pilotage n'est pas adapté aux capacités réelles de commande des équipements. Le traitement global ne permet pas de personnaliser les paramètres de fonctionnement et de priorité de commande des équipements . La typologie du réseau est en outre figée et ne peut pas évoluer indépendamment de l'opérateur, ce qui n'est pas réaliste pour des réseaux énergétiques décentralisés, lorsqu'une multitude d'acteurs peuvent installer des ressources d'énergie locales pour leur autoconsommation par exemple, ou plus généralement en cas de remplacement ou d'investissement dans les équipements au cours du temps. Solution apportée par 1 ' invention

Afin de remédier à ces inconvénients, l'invention concerne selon son acception la plus générale un système pour le contrôle d'une pluralité d'équipements énergétiques E ± répartis en une pluralité de nœuds N j de consommation, de stockage et/ou de production d'énergie, lesdits nœuds constituant un réseau local rattaché par l'intermédiaire d'un opérateur 0 à au moins un réseau énergétique principal, caractérisé en ce que :

• une partie au moins des équipements E ± comportant :

o un moyen de pilotage du fonctionnement en fonction d'un signal de commande prévisionnel ou d'urgence transmis par lesdits nœuds N j

o un moyen de mesure d'au moins un paramètre énergétique o optionnellement des moyens de mesure complémentaires d'au moins un facteur d'influence sur lesdits paramètres énergétiques avec au moins un capteur fournissant des informations locales

o des moyens de sauvegarde et de traitement des données locales

o un moyen de transmission de leur état de fonctionnement et de leurs données locales aux nœuds N j et optionnellement à l'opérateur O, si possible en temps réel

· chacun desdits nœuds NC ± noeuds N j comportant :

o des moyens d'acquisition de données comprenant

des moyens de communication avec ledit opérateur O

des moyens de communication avec un sous-ensemble au moins des équipements E k

des moyens de communication avec les autres nœuds N m (m étant différent de j)

optionnellement des moyens de communication avec au moins une source d'information extérieure (données météorologiques, modèles thermiques du bâtiment, prix des énergies, données administratives tels que les coûts de transport ou les taxes applicables ...)

des moyens de sauvegarde et de traitement des données

des moyens de communication avec au moins une interface-utilisateur (saisie de paramètres, de conditions de démarrage, gestion des droits d'accès...)

des moyens de traitement numérique pour optimiser localement une donnée L j;k en fonction des données fournies par le sous-ensemble des équipements E k d'une part, des données locales du nœud N j , des données relatives à des contraintes transmises par l'opérateur 0 et optionnellement par le réseau énergétique principal

it opérateur 0 comportant

o des moyens de traitement numérique pour calculer une donnée d'optimisation globale G t constitué par une matrice d'états déterminant la planification de fonctionnement pendant une période prédéterminée T, échantillonnés au pas de temps ΔΤ, en fonction des données d'optimisation locales L j;k transmises par lesdits nœuds N j et des contraintes de l'opérateur 0 o des moyens de transmission à chacun desdits nœuds N j le résultat du traitement G t

o des moyens de traitement numérique pour évaluer le respect du programme planifié, sur base des données binaires et/ou statistiques transmises par les nœuds N j o optionnellement des moyens de transmission d'un signal de re-planification pendant la période T à chacun desdits nœuds N j par le mécanisme d'optimisation conjointe entre les nœuds locaux et l'opérateur 0 pour mettre à jour le résultat G t ainsi que les signaux de commande qui en dépendent o des moyens de traitement numérique pour calculer une donnée de commande d'urgence U jft ayant priorité sur le planification prévisionnelle issue de l'optimisation globale G t , en fonction des données transmises pendant la période T par tout ou partie des nœuds N j , du réseau principal ou de données externes

o des moyens de transmission à chacun desdits nœuds N j le résultat du traitement d'urgence U jft à n'importe quel moment pendant la période T, les nœuds étant chargés de répercuter la commande sur les équipements E k dont ils ont la charge

o optionnellement des moyens de transmission d'un signal d'alarme A jft sous un format lisible par des opérateurs humains ayant la responsabilité de surveillance du nœud j , notamment pour gérer des problématiques de sûreté de fonctionnement .

o dans une variante, l'opérateur dispose aussi de moyens de communication directs avec les équipements E ± pour gérer les ajustements d'urgence U k , t ou d'alarme A k , t voire des données d'écart exact de chaque équipement pour le pilotage.

• chacun desdits nœuds N j disposant des moyens de calcul permettant de transformer le résultat prévisionnel G t ou le résultat d'urgence U jft en une consigne de pilotage local C k , t pour chaque équipement E k , enregistré dans la mémoire local du nœud N j et transmis à chaque équipement E k

• chacun desdits équipements E ± étant piloté pendant ladite période en fonction dudit résultat C ± , t , enregistré dans une mémoire locale de chacun desdits équipements E ± .

Avantageusement, le système présente les caractéristiques additionnelles suivantes :

• chacun desdits nœuds N j comporte une mémoire pour l'enregistrement régulier de la totalité desdits résultats G t et Uj, t , pour l'ensemble des périodes T • lesdits moyens de calcul desdits nœuds N j déterminant pour chaque équipement E k les différences D k , t entre les paramètres énergétiques P k , t fournis par lesdits équipements E k par rapport à la dite consigne C k , t sous la forme d'une réponse binaire B k , t transmise à l'opérateur 0 indiquant le respect de la consigne

• lesdits moyens de calcul desdits nœuds N j permettant d'établir des statistiques S jft sur les résultats D k , t transmises à la totalité des autres nœuds, à l'opérateur 0 et optionnellement au réseau principal, de manière à permettre 1 ' observabilité des critères d'équilibrage sur chacun des nœuds, sans transmission des informations locales P k , t des équipements E k à l'extérieur du nœud N j

• chacun desdits nœuds N j disposant des moyens de calcul permettant de détecter des incohérences sur les statistiques fournies par les autres nœuds et des moyens d'alerte auprès de l'opérateur 0 pouvant aboutir à l'exclusion temporaire ou permanente de certains nœuds (ainsi que tout ou partie des équipements sous leur responsabilité) du mécanisme d'optimisation et de pilotage du réseau intelligent.

De préférence, lesdits nœuds N j comportent des moyens pour comparer de manière homogène :

• la somme algébrique des consommations, des volumes stockés et des productions locales mesurées P k , t et

• la somme algébrique des consommations, des volumes stockés et des productions locales de consigne C k , t exprimées ou converties dans une même unité physique et pour déterminer les variations D k , t entre l'énergie réelle et l'énergie planifiée.

Selon une variante, ledit opérateur 0 comporte en outre des moyens pour échanger des informations avec un équipement de contrôle du réseau principal. Par exemple, l'opérateur 0 peut isoler le réseau intelligent du réseau principal et opérer indépendamment, dans le cas d'un accident ou d'une coupure sur le réseau principal. Description détaillée d'un exemple non limitatif de l'invention

La présente invention sera mieux comprise à la lecture de la description détaillée d'un exemple non limitatif de l'invention qui suit, se référant aux dessins annexés où la figure 1 représente une vue schématique d'un réseau intelligent selon l'invention.

Description générale du réseau énergétique intelligent

Le réseau énergétique intelligent illustré de manière schématique en figure 1 est constitué par des équipements de production, de stockage et de consommation locaux, répartis sur différents sites. Ce réseau énergétique intelligent peut être relié à un réseau d'électricité et/ou à un réseau de gaz (1) via un poste de livraison (2) pouvant être relié à d'un gestionnaire tiers .

Les sites comportent par exemple : des bâtiments d'habitation (3)

des bâtiments de bureau ( 4 )

des usines (5)

des zones techniques d'approvisionnement, de transformation, de production ou de stockage d ' énergie .

Chaque site est constitué d'équipements liés à son activité, par exemple une installation de climatisation (13, 17), une installation de chauffage électrique (16), des machines à laver (14, 15), un circuit d'eau chaude sanitaire au sein du bâtiment (9) ou une machine électrique de puissance (18). Chaque site consomme ainsi de l'énergie pour son fonctionnement, et peut aussi disposer d'équipements de production et/ou de stockage locaux.

Les équipements locaux de production comportent par exemple :

- des panneaux photovoltaïques (3, 4)

- des éoliennes (5, 6)

- des générateurs ou co-générateurs (18)

Les équipements locaux de stockage comportent par exemple des batteries (7, 8) installées dans les bâtiments ou mises à disposition par des véhicules électriques (30, 31).

Ces différents équipements disposent de matériels de comptage, permettant d'acquérir les paramètres énergétiques P t sur le réseau intelligent. Les flux énergétiques de chaque site peuvent notamment être représentés graphiquement sous forme d'un synoptique de mesure et numériquement sous forme d'un graphe des flux énergétiques ou sous forme de formules de comptage fcomp age ·

Par exemple, on mesure sur un site, par exemple toutes les minutes : (i) le besoin total d'approvisionnement E appro , grâce à un compteur tarifaire, exprimé par exemple en kWh

(ii) l'énergie consommée E cons par chaque zone Z du site et/ou par chaque usage énergétique U grâce à des sous-compteurs, qu'il est possible de représenter comme un graphe orienté a. Dans le cas particulier ou l'ensemble des zones et des usages permet de représenter exactement la consommation des équipements du site, on obtient E cons = somme (E uz )

b. Sinon il est possible d'estimer la consommation résiduelle non mesurée, par différence entre deux mesures ou par calcul théorique selon les caractéristiques de l'équipement ou par comparaison avec un équipement similaire faisant l'objet d'une mesure

(iii) l'énergie produite E prod sur le site

(iv) l'énergie stockée E stock sur le site

Le besoin d'approvisionnement du site s'exprime ainsi sous la forme E appro = E cons _ E prod _ E stock + Pertes . Dans le cas où E appro = 0, le site est en autoconsommation sur la période donnée. La formule de comptage permet généralement de calculer la valeur fcomp age = E appro _ Pertes (les pertes étant donc estimées). Il est en outre possible d'introduire des intervalles de confiance sur chaque donnée mesurée, de manière à calculer la précision associée a fcomptage ·

Par ailleurs, des matériels de mesure complémentaires (par exemple nombre de pièces produites par l'usine) ou des données externes (par exemple prévisions météorologiques) permettent d'expliquer les paramètres énergétiques ou d'estimer des consommations d'énergie.

Chaque site (9, 10) est équipé d'un calculateur (11, 12) commandant le fonctionnement des équipements de consommation, de stockage et de production associés, selon les paramètres renseignés par les utilisateurs ou par commande externe. Chacun de ces équipements est pilotable automatiquement par un signal de commande produit par le calculateur (11, 12) associé au site (9, 10) où sont installés les équipements correspondants (13 à 18) associé chacun à un moyen de commande (19), par exemple une prise ou vanne télécommandable . Les moyens de transmission des données entre les mesures réalisées sur les équipements et le calculateur (11,12) au niveau d'un site peuvent faire appel, selon la fréquence nécessaire, à des moyens de relève manuel ou préférentiellement à des réseaux de télécommunication (par exemple, un réseau filaire ou un réseau radio) . De même, un site peut communiquer avec les autres sites et avec l'opérateur, mais n'envoie que les informations strictement nécessaires à l'optimisation et au pilotage global, de manière à assurer la confidentialité des données de chaque équipement.

Enfin, le système comporte un opérateur (20) responsable du fonctionnement global du réseau intelligent, et optionnellement des interconnections avec des acteurs extérieurs (réseau national principal, réseau d'un autre pays, fournisseurs d'énergie, ...) .

Méthode d'optimisation conjointe

Le but de l'invention est d'optimiser au niveau de chaque site (9, 10) ainsi qu'au niveau du réseau intelligent les flux énergétiques en fonction de critères paramétrables : a) au niveau de l'opérateur, pour prendre en compte une réduction des fluctuations des charges et une minimalisation des coûts, ainsi que les contraintes de permanence de service à l'échelle de l'ensemble du réseau intelligent et vis-à-vis du réseau principal b) au niveau de chaque site (confort, prix, équipements locaux prioritaires, flexibilité,...) ainsi que les contraintes propres à chaque site (9, 10), telles que l'agenda des fonctions prioritaires, la température minimale et maximale, limites opérationnelles des équipements, etc.

L'objectif de l'opérateur, qu'il soit public ou privé, est de pouvoir gérer le réseau intelligent en assurant sa viabilité financière, dans les limites des contraintes locales et globales, et notamment en fonction des coûts marginaux de production et des prix d'achat et de vente sur les marchés de l'énergie, qui peuvent fluctuer dans le temps de manière significative . Au niveau de chaque site, l'objectif est d'améliorer le confort et la simplicité d'utilisation tout en réduisant le coût de l'énergie. Cet objectif peut par exemple être réalisé pour les particuliers en déterminant les horaires d'exploitation optimum de leurs équipements ménagers, le chargement des véhicules électriques et installations locales de production renouvelables tels des panneaux photovoltaïques installé sur le toit de l'habitation. Pour les sites industriels, l'objectif est de réduire le coût de l'énergie et d'améliorer leur performance énergétique, dans la conformité de leur processus de fabrication, soumis à diverses contraintes spécifiques à chaque procédé et/ou utilité .

Selon le type d'équipement, un profil de fonctionnement peut être imposé à l'équipement. Par exemple, une charge interruptible q E ii n erru P ibie peut être exprimée sur chaque plage de temps ΔΤ (sous réserve d'un temps de démarrage et/ou d'arrêt négligeable par rapport à ΔΤ) en tout ou rien ( q E ii n erru P ibie = 0 ou q E iin erru P ibie = qsiMax ) ; d'autres équipements, tels que le niveau de charge (SOC) d'un stockage ou le fonctionnement d'une éolienne selon les régimes de vent, peuvent faire l'objet de modélisations avancées de systèmes cyber-physiques. De tels modélisations sont par exemple décrites dans l'article Hongwen, Xiong Rui, Zhang Xiaowei, Sun Fengchun, and Fan JinXin, "State- of-Charge Estimation of the Lithium-Ion Battery Using an Adaptive Extended Kalman Filter Based on an Improved Thevenin Model," Vehicular Technology, IEEE Transactions on, vol. 60, pp. 1461- 1469, 2011.

Un profil peut être dépendant de la mesure de facteurs d'influence, par exemple la demande de chauffage et donc la consommation énergétique associée (hors demande d'ajustement par l'opérateur) peut être représentée sous forme d'une fonction, dont les variables sont par exemple la température intérieure (par exemple obtenu à partir de la température extérieure et d'un modèle thermique) et la présence de personnes (par exemple obtenu par un détecteur de présence). Un profil peut être dépendant d'états de fonctionnement de l'équipement représentant les modes de contrôle des équipements et qui intègrent les délais de réaction et les contraintes physiques ; par exemple pour une batterie peut être modélisée par une machine d'états, avec des statuts de charge, de décharge et d'arrêt (état inactif) ; pour un panneau photovoltaïque , les modes de contrôle peuvent par exemple être PWM ( « Puise Width Modulation » ) , MPPT ( « Maximum Power Point Tracking »), contraint (le stockage est plein) ou arrêt (état inactif ) .

Ces profils correspondent alors à des contraintes supplémentaires dans l'optimisation.

Les objectifs sont interdépendants, et le système est conçu pour commander les équipements pilotables de la manière la plus pertinente pour répondre au mieux et de manière conjointe aux objectifs susvisés.

Ce but est atteint par :

- le calcul périodique, par exemple quotidien, des consignes de fonctionnement, par exemple horaire ou quart-horaire, de chaque équipement de chaque site

- la mesure des écarts entre la consommation effective de chaque équipement et la consigne qui lui est associée

- optionnellement , l'actualisation des deux points précédents à des moments intermédiaires en cas de variation significative de certains paramètres.

Le mécanisme d'équilibrage du réseau intelligent mis en œuvre est basé sur une codécision entre : (i) des approches d'optimisation locale au niveau d'un site ou d'un groupement d'équipements, indépendants les uns des autres, appelé nœud, prenant en compte ses contraintes et objectifs spécifiques ; chaque nœud (exemple : bâtiment) pouvant être lui-même découpé hiérarchiquement en sous-nœuds (exemple : zones du bâtiment, par exemple un atelier et des bureaux), de manière à représenter le graphe des flux énergétiques correspondant aux installations du site ; et

(ii) la gestion de l'énergie pour l'ensemble du réseau intelligent et en intégrant les objectifs potentiellement conflictuels de chacun des nœuds.

La codécision entre les acteurs (l'opérateur et les noeuds) correspond à un modèle mathématique d'optimisation sous contraintes issu de la théorie des jeux (modèles d'équilibre non coopératifs) caractéristique du fonctionnement d'un oligopole, dans lequel les acteurs décident à la fois du prix et de la quantité d'énergie. Il est ainsi possible de déterminer une valeur d'équilibre (équilibre de Nash, car les stratégies des acteurs sont optimales compte tenu de leurs actions réciproques), dont la résolution dépend du modèle choisi généralement parmi : le modèle d'équilibre de Cournot : les acteurs sont en concurrence sur les quantités produites (et non sur les prix) et décident de ces quantités indépendamment les uns des autres. Chaque acteur qui compose le marché produit un bien homogène (ce qui s'applique au cas énergétique, exprimé par exemple en kWh) .

le modèle d'équilibre de Bertrand : les acteurs annoncent des prix, plutôt que des quantités, ou une variante des précédents

L'exactitude des prévisions de chaque modèle varie d'un contexte de réseau intelligent à l'autre, en fonction de la proximité de chaque modèle avec le contexte. Si les quantités peuvent être facilement modifiées (par exemple avec du stockage d'énergie), le modèle d'équilibre de Bertrand ou une variante (par exemple, le modèle de Bertrand-Edgeworth, qui permet d'annoncer le prix et la quantité maximale servie, avec des règles de rationnement pour déterminer qui sera servi) est généralement un meilleur modèle de compétition. Si les quantités sont difficiles à ajuster (par exemple en raison d'une production intermittente), le modèle d'équilibre de Cournot ou une variante est généralement le meilleur. Dans certaines conditions (par exemple, modèle de Kreps Scheinkman), le modèle de Cournot peut être reformulé en tant que modèle en deux étapes, où, dans la première étape, les acteurs choisissent les quantités et, dans la seconde, ils participent à l'équilibre de Bertrand.

Ces différentes stratégies sont symétriques, l'ensemble des acteurs ayant la même importance. Cela est justifié notamment dans le cas où l'opérateur est un acteur sans but lucratif, par exemple dans le cas d'un consortium d'acteurs industriels sur un réseau fermé ou d'une municipalité pour la gestion d'un micro-réseau urbain visant 1 ' autoconsommation : l'opérateur municipalité, dont la mission première est l'urbanisme plus que la gestion énergétique, peut être considéré du point de vue du pilotage énergétique comme un nœud standard, avec la gestion de ses propres bâtiments et actifs de production et stockage, au même titre que les habitants. L'ensemble des nœuds a donc le même poids, avec un pilotage distribué sur l'ensemble des nœuds de manière équivalente, et l'opérateur tient ici un rôle neutre.

Une variante des modèles de Cournot et de Bertrand correspond au modèle d'équilibre de Stackelberg, dans lequel le fonctionnement est asymétrique, c'est à dire lorsque l'opérateur tient un rôle pilote (teneur de marché, gestionnaire de réseau, agrégateur, fournisseur de service énergétique ...) pour l'ensemble du réseau intelligent. L'opérateur doit alors tenir compte du comportement des autres acteurs satellites en intégrant leurs préférences à la propre fonction de profit. Si tous les acteurs se croient satellite (par exemple, une multitude de petits sites qui opèrent chacun en autoconsommation) ou si tous les acteurs se croient pilote (par exemple, dans le cas d'un opérateur principal et d'un consommateur majoritaire tel un électro-intensif ou gazo- intensif par rapport au reste du réseau), cela débouche sur des équilibres instables (la quantité globale étant respectivement beaucoup plus basse et beaucoup plus importante que celle évaluée par chaque acteur) .

Le choix du modèle (Cournot, Bertrand ou Stackelberg) est donc choisi au préalable selon le contexte du réseau énergétique intelligent. Etant donné le rôle de pilotage le souvent associé à l'opérateur, notamment dans le cas d'un réseau intelligent ouvert dans lequel il sert de point de connexion avec le réseau principal et des marchés de l'énergie, le modèle de Stackelberg sera le plus fréquemment choisi, tout en vérifiant que les hypothèses s'appliquent et permettent d'aboutir à un équilibre.

La mise en œuvre du modèle fait appel aux éléments suivants :

(i) Définition des variables et contraintes globales

a. L'horizon de planification T et le pas de temps ΔΤ pour l'optimisation. Toutes les autres variables sont échantillonnées sur le pas de temps ΔΤ (le cas échéant par interpolation ou extrapolation à partir des données acquises )

b. L'unité physique à utiliser pour le pilotage du réseau intelligent (par exemple kWh) . Toutes valeurs seront converties dans cette unité si besoin. c. La table de correspondance TC représentant la typologie du réseau

1. Identifiant unique du nœud principal

2. Identifiant unique de l'équipement

3. Statut de l'équipement (critique, actif, non actif )

4. Type d'équipement : consommation fixe (l'équipement consomme toujours la même quantité d'énergie), consommation flexible (dont on peut modifier la quantité utilisée, à la hausse ou à la baisse), consommation interruptible (pouvant être différée dans le temps), stockage, production intermittente (dépendante notamment des conditions météorologiques), production déterministe (dépendante d'une alimentation en combustible )

. Niveau de confiance de l'équipement (fiable, suspect, banni)

La fourchette de prix (valeur minimum et maximum) autorisée à l'achat et à la vente, ainsi que la référence de la place de marché fournissant le prix de gros (prix de base et prix de pointe)

Les algorithmes d'optimisation numérique retenus pour l'opérateur et pour les noeuds, choisi parmi des méthodes d'optimisation locale (par exemple méthode du simplexe), des méthodes d'optimisation globale telles que les méta heuristiques (par exemple un algorithme génétique, recherche tabou, recuit simulé, essaim de particules ... ) ou une méthode hybride (par exemple algorithme génétique associé à une recherche locale d'optimum), avec leurs paramètres spécifiques (exemple : probabilité de mutation pour un algorithme génétique, ainsi que la fonction d'évaluation de la population) .

La fonction objectif F g i oba i de l'opérateur, afin de trouver l'optimum par la méthode numérique précédemment définie. Les critères retenus au niveau de l'opérateur peuvent être tout ou partie des objectifs suivants :

1. Maximisation de la flexibilité f F ie X (par exemple en limitant le nombre d'écarts hors d'un ratio autorisé entre la fluctuation de charge entre la quantité maximale d'énergie et la quantité moyenne d'énergie)

2. Maximisation de ses profits fprofi (pour un opérateur privé) ou minimisation des pénalités pour l'ensemble du réseau intelligent (pour un opérateur public)

3. Maximisation de 1 ' impact environnemental fEnvironnemen , par exemple la pénétration des renouvelables (par exemple le ratio entre les volumes d'énergie produits par une source renouvelable et l'ensemble des volumes de production) et/ou de production neutre en gaz à effet de serre, afin de diffuser les technologies ayant un impact positif sur 1 ' environnement

Cette optimisation multicritères est réalisée sous contrainte de l'équilibrage global sur le réseau intelligent

1. Ces contraintes dépendent des conditions opérationnelles sur les noeuds (planning de consommation, de production d'énergie, de production industrielle, etc..) et du fonctionnement de chaque équipement

2. Des contraintes opérationnelles, notamment liés aux opérations de maintenance du réseau intelligent, doivent être pris en compte selon les informations contenues dans la table de correspondance. La typologie du réseau intelligent peut en outre évoluer au cours du temps .

3. Le cas échéant les contraintes additionnelles fournies par le gestionnaire du réseau principal sont intégrées, notamment le profil de consommation global à respecter pour la journée à venir et la flexibilité autorisée (en pourcentage à la hausse et à la baisse) (ii) Définition des variables et contraintes au niveau de chaque nœud (ou sous-nœud) a. La formule de comptage associée au nœud, selon la hiérarchie de comptage depuis le nœud principal (avec une vérification de l'absence de double comptage en cas de découpage du nœud principal en sous-nœuds par zone et/ou usage, par exemple par comparaison avec le compteur tarifaire sur une période historique) b. Les caractéristiques associées au nœud

i. Par exemple pour un bâtiment tertiaire, découpé en zones (bureaux, ateliers, ...) et/ou en usages (éclairage, climatisation, ...), on indique pour chaque zone :

1. Son positionnement géographique

2. La surface ou le volume

3. La capacité d'accueil (nombre maximum de personnes )

4. Un modèle thermique qui permet de comprendre la relation entre la température intérieure et la température extérieure

5. Des contraintes additionnelles, définies par le gestionnaire du bâtiment ou de l'habitation, liées à la température minimum C mln et C max de consigne, de manière à assurer le meilleur confort thermique

Les quantités d'énergie (fixe ou flexible) des équipements pour chaque zone et usage, avec les plages horaires de fonctionnement souhaitées (renseignés par l'utilisateur final via une interface homme/machine ) , par exemple:

1. La plage horaire autorisée pour faire tourner automatiquement la machine à laver (charge flexible), et sa puissance nominale ; dans le cas où l'utilisateur ne souhaite pas faire tourner sa machine, la plage horaire est vide 2. La plage horaire autorisée pour le chauffage et la puissance maximale du chauffage électrique (charge interruptible )

3. La plage horaire autorisée et la puissance maximale de l'équipement de climatisation (charge interruptible )

4. La plage horaire utile et la puissance pour l'éclairage (charge flexible, sauf en cas de personnes présentes et de luminosité trop faible) 5. La plage horaire utile et la puissance pour l'ascenseur (charge interruptible, sauf en cas de personnes présentes)

6. La plage horaire utile et la puissance pour les ordinateurs (charge fixe pendant les horaires de travail)

7. La plage horaire utile pour la disponibilité d'eau chaude sanitaire et la quantité maximale de calories (charge flexible définie par le débit maximal et la température actuelle sur le réseau d'eau)

8. Etc.. (selon les équipements, éventuellement associés à un profil de fonctionnement) d. Pour les équipements critiques, des contraintes d'acquittement de certaines tâches peuvent être définies et un profil de délestage depuis la puissance nominale jusqu'à la puissance minimale (éventuellement nulle) e. Les caractéristiques du stockage

1. Par exemple pour une batterie fixe, la puissance maximale de charge et la puissance minimale de décharge, le temps de charge et de décharge, le nombre de cycle et la fonction de coût μ 3 (qui correspond à un amortissement de l'équipement, du fait de l'usure notamment cas de mauvaise utilisation )

2. Pour le cas particulier des véhicules électriques, la puissance maximale et minimale de charge dépend de l'estimation du nombre de véhicules sur la prochaine période ; le temps de charge peut dépendre de l'usager (par exemple, temps de mise à disposition sur un parking et distance minimale à parcourir)

f . Les caractéristiques de la production intermittente. Par exemple pour le photovoltaïque, la surface du panneau photovoltaïque, la radiation solaire et l'efficacité de conversion en énergie électrique, la fonction de coût μ ± de la source de production renouvelable (souvent, pour simplifier, son coût marginal d'utilisation μ ± est considéré comme nul, si on exclut les coûts d'installation et de mise en œuvre).

g. Les caractéristiques de la production déterministe. Par exemple pour un générateur, les puissances minimales et maximales, le temps minimum de lancement et d'arrêt, la fonction de coût μ 9 du générateur (généralement une fonction d'utilité quadratique dont les paramètres dépendent du combustible)

h. La liste des prévisions météorologiques en lien avec le modèle thermique du bâtiment et/ou la production d'énergie renouvelable (notamment la température extérieure, la radiation solaire, le sens et la direction du vent )

i. La fonction objectif Fi oca i du noeud, qui peut prendre tout ou partie des objectifs suivants :

1. Minimisation de l' inconfort fi nc0 nfor : défini par exemple en fonction des périodes (en minutes) d' inconfort thermique ou de l'écart (en degrés Kelvin) par rapport à une température cible, par exemple en cas d'interruption de la climatisation ; minimisation des arrêts de l'éclairage si des personnes sont présentes ; etc .

2. Minimisation des pertes énergétiques f Pe r es (par exemple la sous performance par rapport au ratio de consommation cible par personne ou de consommation par mètre carré)

3. Minimisation des coûts f Cout (dépendant des prix d'achat et de vente définis à l'échelle globale) j. Cette optimisation est réalisée sous contrainte, par exemple :

1. Les échéances des tâches critiques

2. Les quantités maximales d'énergie pour chaque équipement et/ou pour l'installation complète 3. Les températures minimum et maximum de consigne

4. Le nombre de personnes à accueillir

5. Les temps et quantités de charge et de décharge des stockages

6. Les temps de démarrage et d'arrêt des générateurs 7. Les contraintes spécifiques au site, par exemple un planning de production pour un site industriel avec des cadences minimales à respecter

La décision au niveau de chaque noeud dépend de la décision au niveau de l'opérateur, et réciproquement, selon la procédure min/max suivante :

(i) Initialisation des paramètres pour la séquence d ' optimisation

a. Pour simplifier le raisonnement sans perte de généralité, on considère ici une optimisation pour la journée suivante J, au pas horaire.

b. Le prix initial est défini à partir d'une modélisation issue

i. de la cotation acheteur/vendeur observée sur le marché de gros (par exemple EEX) par tranche horaire, sur les jours précédents. Un exemple simple est de prendre les prix de la veille J-l. Alternativement des modélisations stochastiques plus complexes permettent de mieux anticiper les pics et la saisonnalité des prix . ii. optionnellement des informations publiées par le réseau principal sur son planning de fonctionnement, ainsi que les prévisions météorologiques, permettent de mieux anticiper les conditions du jour J (les prix étant définis par ordre de mérite des coûts marginaux des centrales disponibles)

iii. des coûts de fourniture, de transport, de capacité et de taxes, selon les réglementations en vigueur, c. La planification de charge initiale correspond à la dernière planification horaire publiée en date J-1, ajustée des nominations horaires réalisées le cas échéant avec le réseau principal pour le jour J

(ii) Optimisation globale sur les prix

1. Fonction d'évaluation de l'optimum : F g i oba i = a. f F i ex

+ β. fp ro fi t + aVeC fEnvironnement aVeC f F i ex lObjeCtïf de flexibilité sur les appels de charge par rapport au nominal, fProfi l'objectif de rentabilité et fEnvironnement 1 ' impact environnemental

2. Les contraintes : f F i ex est borné supérieurement par la flexibilité maximale autorisée par l'opérateur ou éventuellement par la flexibilité f Max négociée avec le réseau principal, en prenant une marge opérationnelle m pour éviter les pénalités, par exemple fFie X *^ fMa - ni fprofit est borné inférieurement (par exemple f Pr0 fit > 0)

3. Le problème à résoudre numériquement : trouver le maximum de F g i oba i sous les contraintes exprimées ci- dessus

4. Le résultat intermédiaire : la matrice des prix p t = [bid t I ask t ]

(iii) Publication des résultats à l'ensemble des nœuds N j , qui intègrent les conditions de prix et de consommation comme une contrainte

(iv) Optimisation locale au niveau de chaque nœud N j pour définir leur planification de charge L'optimisation est réalisée de manière hiérarchique pour chaque sous-nœud (en partant du nœud le plus bas et en remontant récursivement jusqu'au nœud principal) qui détermine les quantités horaires pour chaque équipement, en fonction des variables et contraintes spécifiques au sous-nœud et des prix fournis à l'étape précédente

i. La valeur initiale de la quantité horaire est définie par équipement par exemple à partir des valeurs de J-l et agrégée par la formule de comptage associée au sous-nœud

1. Fonction d'évaluation de l'optimum : Fi oca i = a. fInconfort + β· fPertes + fCout SVeC fconfort Une fonction du confort des utilisateurs, f Pe rtes une fonction de la performance énergétique locale et f Cou t le coût d'énergie local (dépendant de la matrice de prix p t et des actifs locaux de génération μ 9 et de stockage μ 3 )

2. Les contraintes : les contraintes dépendent des caractéristiques des sites et des équipements .

a. Pour les équipements de consommation électrique par exemple, on considère les contraintes physiques des réseaux de distribution, à la fois au niveau individuel

(exemple : puissance maximale du climatiseur, puissance maximale du four, etc..) et de l'installation complète q NO eud < q Max (exemple : au sein d'une habitation, la puissance maximale, constituée par la puissance instantanée de chaque équipement, est limitée pour éviter les surtensions). b. Toute autre contrainte sur les quantités ou les horaires spécifique au nœud ou aux équipements (telles que celles explicitées précédemment ) 3. Le problème à résoudre numériquement :

trouver le minimum de Fi oca i sous les contraintes exprimées ci-dessus

4. Le résultat intermédiaire : la quantité q k , t pour chaque équipement au pas horaire b. Le nœud principal (exemple : bâtiment) met à jour et sauvegarde dans sa mémoire interne chacun des résultats q k ,t« H agrège ces quantités selon la formule de comptage q jft = fcomp age (¾k,t) , de manière à fournir le résultat de planification de charge du nœud Nj

(v) Publication des résultat de l'optimisation locale L jft = q jft à l'opérateur 0 par les nœuds (vi) Sommation des résultats L jft pour obtenir la planification des charges q t = somme(qj, t ) sur l'ensemble des nœuds indépendants Nj et application de la fonction d'évaluation (« fitness test » en anglais) par l'opérateur 0.

(vii) Si le test est concluant, l'opérateur publie la planification de charge et les prix associés sous forme du résultat global G t = [Pt ,· q ] et garde G t en mémoire pour la phase de pilotage ; sinon, on boucle sur l'étape

(ii) en modifiant les paramètres de l'optimisation (par exemple par mutation dans le cas d'un algorithme génétique).

(viii) Détermination par le nœud Nj de la planification pour chaque équipement E k dans son périmètre : C k , t = [p t ; q k , t ] grâce au résultat q k , t précédemment sauvegardé dans sa mémoire interne .

La sortie du modèle donne donc une planification optimale en quantité et en prix pour la période de temps T à venir (dans l'exemple : la journée), sur le pas de temps ΔΤ (dans l'exemple : horaire), pour chaque équipement. Cette planification sert de commande aux équipements sur la période T, avec des actions d'ajustement de chaque équipement à chaque ΔΤ pour respecter cette planification prévisionnelle.

Méthode de pilotage

A chaque pas de temps ΔΤ, les paramètres énergétiques réels P k , t sont mesurés sur les équipements E k et envoyés au nœud j correspondant. Le nœud N j dispose de moyens automatiques de correction des données de mesure transmises par les équipements E k , en cas de valeur erronée ou manquante (par exemple, remplacement par la valeur de la veille, par le résultat d'une régression sur les valeurs historiques ou une modélisation stochastique etc..) . L'écart absolu entre P k , t et q k , t permet de calculer un réponse binaire, envoyé à l'opérateur 0 et permettant de savoir si le programme est respecté par l'équipement E k (avec une marge relative epsilon):

(i) B k , t = vrai si abs(P k , t - q k , t )/qk, t < epsilon (ii) B k , = faux dans le cas contraire (ce signal pouvant être envoyé en cours de période, dès que l'écart dépasse le seuil epsilon)

L'écart relatif D k , t = abs(P k , t - qk, )/qk, est donc calculé pour chaque équipement E k . Le nœud N j est donc capable de calculer une liste de statistiques S jft sur les écarts observés sur l'ensemble des équipements dont il a la responsabilité, par exemple :

- la moyenne d jft des écarts individuels D k , t pondérée par leur poids énergétique P k , t

- les moments statistiques des écarts

- la valeur minimale des écarts

- la valeur maximale des écarts - le taux de défaillance d'équipements incapables de répondre à la commande C k , t

- les pourcentages sur la flexibilité à la hausse ou à la baisse par rapport à la planification q k , t , par exemple le pourcentage correspondant aux consommations des équipements interruptibles

- le pourcentage de production d'origine intermittente

- le pourcentage de capacité offerte par le stockage - etc.. ainsi que leur évolution dans le temps (sur la période T, sur plusieurs périodes successives T 0 , ΊΊ, T N ), de manière à pouvoir alerter sur des dégradations graduelles du respect de la commande (par exemple un nombre croissant et de plus en plus rapproché d'événements B k , t ) , détecter des déséquilibres réguliers (par exemple un pic de consommation dû à un afflux de véhicules électriques sur une même zone et au même moment, à l'heure d'arriver au travail, provocant des appels de charge trop importants) ou à expliquer des déséquilibres ponctuels (par exemple, une maintenance non planifiée ou un équipement défaillant ) .

Ces statistiques peuvent aussi être mises en regard des facteurs d'influence mesurés par ailleurs, pour compléter l'explication de l'écart. Par exemple, un écart peut être dû à une affluence imprévue, que l'on peut expliquer si l'on dispose d'une mesure du nombre de personnes présentes. Ces statistiques peuvent aussi faire l'objet d'un apprentissage, afin de déterminer automatiquement les classes d'installation les plus performantes et de construire des référentiels permettant la comparaison entre les sites, selon leurs caractéristiques. In fine, les utilisateurs peuvent utiliser ces données à des fins de conception des systèmes énergétiques .

Ces statistiques du nœud j sont publiées tous les ΔΤ à l'opérateur 0 et optionnellement à tout ou partie des autres nœuds. L'opérateur peut ainsi calculer un écart global sur l'ensemble des nœuds, et prendre des mesures correctives si l'écart effectif est trop important par rapport à la flexibilité autorisée. Le cas échéant, un signal de commande U jft (ou éventuellement A j;t ) est envoyé au nœud N j dont l'écart est le plus important par rapport à la prévision ou qui contient le plus grand nombre d'équipements avec B k , t = faux. Si ce nœud répond qu'il met en place une commande corrective, il transmet une consigne corrective aux équipements E k interruptibles (pour une demande d'ajustement à la baisse) ou flexibles qui a priorité sur la planification initiale. Si ce noeud ne répond pas ou répond qu'il est incapable d'agir, la commande corrective est envoyée au deuxième nœud le plus en écart, et ainsi de suite jusqu'à ce que la quantité souhaitée soit atteinte. Optionnellement , un système de pénalité financière peut être mis en place par l'opérateur pour inciter les nœuds à répondre positivement et à déclencher des commandes correctives sur les équipements dont ils ont la responsabilité .

Le nœud N j peut en outre stocker une évolution du niveau de confiance (si l'écart est trop important, de manière répétée) et/ou du statut (actif -> inactif par exemple, en cas de défaillance) de chaque équipement E k dont il a la responsabilité. A l'inverse, un équipement E k ou un opérateur humain peuvent demander au nœud N j une mise à jour de ces informations (par exemple, remise à l'état actif après une maintenance). Selon les niveaux d'habilitation, le nœud N j est libre ou non d'accepter (par exemple, un opérateur humain a généralement autorité sur les décisions automatiques).

Le pilotage consiste à transformer en entrée de chaque équipement la commande C k , t envoyée par le nœud N j en signal numérique ou analogique compréhensible par l'équipement, par exemple :

- sur un site résidentiel ou tertiaire, le nœud N j agit le plus souvent directement sur les charges énergétiques grâce à des prises ou vannes intelligentes, par exemple avec des protocoles d' internet des objets

- sur un site industriel, le nœud N j agit en automate programmable avec des signaux au format compris par les machines (par exemple selon une trame modbus)

- le nœud N j peut aussi envoyer des commandes aux sources de production ou aux stockages, dans un format pouvant être compris par ladite machine (par exemple, un message envoyé à un onduleur pour gérer une demande d'ilotage d'un générateur photovoltaïque ; un ordre de démarrage d'un générateur ; etc..)

Dans une variante l'opérateur 0 dispose de moyens de communication avec des équipements tiers (poste de transformation, système d'information du gestionnaire du réseau principal et/ou des fournisseurs d'énergie, etc.). En comparant le besoin q t avec l'énergie contractualisée à l'interconnexion avec le réseau principal et fournie par des tiers, l'opérateur 0 peut par exemple envoyer une mise à jour du programme de nomination des besoins prévisionnels du lendemain au point de livraison. A l'inverse, l'opérateur 0 peut participer à des réponses à des programmes d'ajustement ou de capacité mis en œuvre par le réseau principal, en relançant la planification. Par exemple pour une offre « effacement » (ajustement à la baisse) de la part du réseau principal : (i) Si la quantité d'énergie à « effacer » (par exemple la demande d'une réduction de x% de la courbe de charge q t ) est atteignable d'après les statistiques de planification initiale (disponible via les pourcentages de flexibilité, pondérées par les quantités prévues en nominal, le mécanisme de co-décision est rejoué, selon la variante suivante :

a. Les prix alternatifs p a i t , t peuvent être établis soit en intégrant simplement la prime d'effacement proposée par le réseau principal, soit (dans l'objectif pour l'opérateur 0 de maximiser son profit par rapport à la prime du gestionnaire de réseau) par un mécanisme d'enchères entre les nœuds définis en fonction des coûts marginaux internes (si l'ajustement n'est pas possible uniquement par réduction des charges interruptibles et/ou flexibles non critiques, le noeud fait appel à la production au cout μ 9 et/ou au soutirage au cout μ 3 selon un ordre croissant des équipements actifs, et intègre les prévisions minimales sur la production renouvelable en fonction des données météorologiques )

Les quantités alternatives q a i t ,j,t sont déterminées par le mécanisme d'optimisation local (résolution de la fonction objectif Fi oca i ) sur base des prix alternatifs p a i , et avec une contrainte supplémentaire sur la quantité alternative maximale (par exemple q a itM ax ,j, < ( l-x)qM ax ,j, ) et en intégrant la contrainte sur les délais de mise en œuvre par les équipements (par exemple, un temps de réaction inférieur à 30 minutes est demandé contractuellement par le gestionnaire du réseau principal, ce qui exclut les actifs ayant un temps d'activation trop long)

i) Les nœuds N j renvoient leur planification de la courbe de charge alternative q a i t ,t

ii) Si la quantité q t totale est bien ajustée à la baisse conformément à la demande du réseau principal, éventuellement avec une marge opérationnelle décidée par l'opérateur 0 (liée notamment au pourcentage de sources de production intermittente), la confirmation de l'offre d'effacement est envoyée au gestionnaire du réseau principal et aux nœuds j qui sauvegardent chacun cette planification alternative G a i t , t = [p a it,t ,· q a it,t] (et en déduisent la commande alternative de chaque équipement C a i t , k , t )

(iv) Avant réception d'un éventuel ordre d'effacement par le réseau principal, les nœuds N j fonctionnent selon la planification initiale G t ; selon les possibilités offertes par le mécanisme d'effacement, l'opérateur peut aussi notifier le réseau principal en cas de problème, par exemple si le taux de défaillance d'équipements est trop important, de manière à annuler l'offre d'effacement

(v) En cas de réception de l'ordre d'effacement par le réseau principal, l'opérateur 0 envoie un signal aux nœuds N j pour mettre à jour le pilotage conformément à la planification alternative G a i t , t

(vi) Enfin des statistiques spécifiques au respect des ordres d'effacement (en durée et en quantité) peuvent être générées par chacun des nœuds

En mode pilotage, des critères supplémentaires de contrôle temps réel peuvent être mise en œuvre pour la protection des équipements, tels l'écrêtage par exemple, afin de modifier une commande C k , t en fonction des mesures locales. Les informations mesurées ou calculées permettent aussi de mettre à jour certains des paramètres de pilotage, par exemple :

- Le vieillissement des équipements peut être pris en compte par une mise à jour des valeurs telles que les informations relatives au cycle de charge et de décharge d'une batterie par exemple

- Une modélisation complémentaire des variables exogènes, telles que les prix des marchés de l'énergie : il est ainsi possible de mettre à jour les fourchettes des prix minimum et maximum.

- Les périodes de maintenance (statut actif/inactif ) peuvent aussi être définies en fonction de la performance énergétique et/ou opérationnelle effective des équipements, grâce à la prise de décision humaine suite à une alerte A jft

- Calcul d'une marge technique intégrant les pannes et le non-respect de la planification (notion de pied de pilote), grâce aux statistiques produites par les nœuds et/ou l'opérateur

- Etc .

Il est aussi possible d'estimer la pertinence des prévisions utilisées (par exemple, un indice de confiance sur les prévisions météorologiques) et plus généralement la pertinence du modèle d'optimisation locale utilisé. Cette pertinence doit être mise au regard de la qualité des données mesurées (sensibilité et précision) .

Gestion de la confidentialité Tout ou partie des informations échangées entre l'opérateur et les noeuds, entre les nœuds, ainsi qu'entre un nœud et les équipements dont il a la responsabilité peuvent être chiffrées .

La gestion de la confidentialité des données sur les réseaux énergétiques est une problématique importante, car la connaissance de la courbe de charge permet d'expliquer en grande partie les usages et les comportements des utilisateurs. A ce titre, la courbe de charge est souvent considérée comme une donnée personnelle, notamment dans les cas résidentiels. Dans les cas d'entreprises ou d'administrations, les réglementations peuvent demander à chaque interlocuteur de bien identifier quelles données tierces sont utilisées. La solution exposée permet de n'échanger que les informations indispensables au pilotage tel que décrit dans l'invention, et ne nécessite pas l'envoi à des acteurs extérieurs au nœud d'informations personnelles.

Dans certaines configurations plus spécifiques, il peut toutefois être utile pour un pilotage plus précis et rapide de permettre la communication d'informations complémentaires facilitant 1 'observabilité sur le réseau intelligent, par exemple l'envoi de signaux de commande et/ou d'alarme directement de l'opérateur aux équipements, ou la mise à disposition des courbes de charge individuelles des équipements. Cela est notamment possible lorsque l'opérateur et les nœuds appartiennent au même acteur (par exemple, un nano-réseau de type campus universitaire pour gérer les équipements de l'université) ou que la confidentialité des données est assurée contractuellement (par exemple, un consortium industriel).

L'optimisation et le pilotage permettent aux gestionnaires des équipements d'utiliser leurs propres contraintes locales, sans jamais les communiquer à l'opérateur. Les résultats des équipements sont agrégés à la maille du nœud, l'opérateur ne dispose donc pas des informations individuelles sur les courbes de charge. La structure hiérarchique des nœuds et sous-nœuds, avec la formule de comptage associée, permet d'inclure l'ensemble des équipements de consommation, de production et de stockage d'un site, ce qui rend difficile l'analyse de décomposition de la courbe de charge en signaux d'équipements individuels (technologies connues sous l'acronyme NIALM ou « Non Intrusive Appliance Load Monitoring »). Par ailleurs, à aucun moment l'opérateur ne dispose d'informations relatives à l'usage énergétique des équipements.

Les données éventuellement partagées par un nœud N j avec les autres noeuds correspondent à des données agrégées à l'ensemble du nœud N j (les statistiques S j , t ) et portent sur les écarts par rapport à la planification (donc une valeur relative, à partir de laquelle on ne peut déduire la valeur absolue sans connaissance de la consigne C j , t connue uniquement de l'opérateur 0 et du nœud N j ) . Les autres nœuds ne disposent jamais de la courbe de charge planifiée ou réelle du nœud N j mais seulement de la courbe de charge planifiée q t pour l'ensemble du réseau intelligent . Dans le cadre de l'échange des statistiques S jft les nœuds et l'opérateur 0 agissent en réseau pair à pair. Néanmoins il est possible que l'information envoyée par un nœud soit erronée, de manière volontaire ou non. Par exemple, un nœud N j peut indiquer qu'un équipement E k est actif, alors que celui-ci ne fonctionne pas pour réduire ses coûts énergétiques par exemple. Dans ce cas l'opérateur 0 observera a posteriori une courbe de charge q t réelle différente de celle prévue mais ne pourra identifier directement le nœud qui a menti. Par conséquent, il est nécessaire d'évaluer conjointement si les valeurs retournées par les nœuds N j sont plausibles.

Pour chacun de nœuds dans le réseau énergétique intelligent, et chacune des valeurs distribuées S j , t dont on veut tester la plausibilité :

Phase d'initialisation

o Un paramètre correspond au quorum de vérifications à atteindre pour chaque itération (dépend de la taille du réseau) o Un paramètre correspond à la règle de majorité à appliquer pour considérer un nœud non plausible (par exemple une majorité simple des vérifications par le qorum indique le résultat non plausible)

o Une période historique H sur laquelle appliquer les vérifications (par exemple le dernier mois, la dernière année, etc.)

o Pour un nouveau nœud dans le réseau intelligent, celui-ci ne disposant pas d'historique suffisant, son statut de plausibilité est initialisé à un état indéterminé ; dans ce cas particulier la période historique H peut être plus courte (par exemple la semaine)

Chaque nœud N j vérifie les données d'un sous- ensemble des autres noeuds:

o détermine ses v vérifications à effectuer

par un algorithme des plus proches voisins, grâce à un algorithme d'apprentissage sur les données publiées par l'ensemble des noeuds (par à une méthode de classification, supervisée ou non, sur l'ensemble de l'espace des statistiques publiées par l'ensemble des nœuds pendant la période H)

et/ou de manière aléatoire parmi les nœuds n'ayant pas atteint un quorum de vérifications (l'ensemble des nœuds devant in fine avoir été évalué) o pour chacune de ces vérifications v il calcule en t une fourchette d'évolution plausible de la valeur S v , t sur la prochaine période ΔΤ à partir des données historiques H envoyées au réseau par le nœud N v (par exemple via une régression ou une chaîne de Markov MCMC), optionnellement complétées par des paramètres internes du nœud j (si j et v sont plus proches voisins )

o détermine en t+ΔΤ si la valeur S v , t+AT est effectivement dans la fourchette plausible, sous forme d'un résultat de plausibilité intermédiaire pouvant prendre 3 valeurs : plausible, non plausible, indéterminé si l'historique n'est pas suffisant

Le consensus global sur le résultat de plausibilité du nœud N m peut être réalisé o soit de manière centralisée avec l'envoi des résultats de vérification à l'opérateur 0 par les autres noeuds, vérifie le quorum, traite les résultats par la règle de majorité et publie un résultat agrégé de plausibilité à l'ensemble des nœuds

o soit par un protocole de consensus distribué entre l'ensemble des nœuds (par exemple algorithme dit des généraux byzantins) afin de ne pas dépendre d'un point central et pouvoir calculer automatiquement cet état de confiance si une majorité des nœuds est honnête

- In fine au niveau de l'opérateur 0, des tests de corrélation et de Co intégration sur la période H entre les écarts globaux et le résultat de plausibilité du nœud N m permet de mettre à jour le niveau de confiance (fiable : corrélation non significative / suspect : corrélation significative mais test de Co intégration négatif / banni : test de Co intégration positif).

Optionnellement tout ou partie des statistiques S j , t ou d'indicateurs en dérivant peuvent être transmises au gestionnaire du réseau principal ou à des acteurs tiers de manière à faciliter 1 'observabilité des phénomènes sur les réseaux secondaires, ainsi que l'optimisation et le pilotage du réseau principal .