L'invention concerne le rechapage des pneumatiques.

L'opération de rechapage consiste classiquement à éliminer la bande de roulement usée d'une enveloppe de pneumatique pour la remplacer par une bande de roulement neuve. A cette fin, il est connu de doter le pneumatique d'une couche de liaison en matériau thermofusible liant la bande de roulement à la carcasse. En vue du rechapage, on chauffe cette couche pour la ramollir, ce qui permet d'ôter la bande de roulement. Dans le but d'économiser de l'énergie et d'éviter une cuisson ou surcuisson indésirée de certaines parties de l'enveloppe, il convient de chauffer cette couche de liaison le plus localement possible.

Pour le chauffage, il est connu d'utiliser un fil électriquement conducteur placé en contact avec la couche de liaison. Le passage d'un courant dans ce fil permet de chauffer localement la couche par effet Joule. On pourra se référer au document EP-1 150 831 B1 .

Le fil conducteur est donc très intéressant mais soulève des difficultés de pose. D'une part, un pas de pose précis doit être respecté afin d'obtenir un chauffage homogène de la couche. D'autre part, le fil ne doit pas présenter de court-circuit. Enfin, il n'est pas simple de réaliser des motifs comprenant des angles droits à cause de la courbure du fil.

L'invention a pour but de faciliter le chauffage de la couche de liaison.

À cet effet, on prévoit selon l'invention un procédé de fabrication d'une enveloppe de pneumatique dans lequel on installe entre une carcasse d'enveloppe et une bande de roulement une nappe découpée dans une tôle.

Ainsi la nappe permet le chauffage par effet Joule et remplace le fil conducteur. Le motif de la nappe est précisément réalisé lors de la découpe de la tôle. On évite aussi le risque de court-circuit. On peut prévoir que la nappe est localisée à un des emplacements suivants : en sandwich entre deux couches de liaison, entre la bande de roulement et la couche de liaison, entre la couche de liaison et la carcasse, dans la bande de roulement proche de sa paroi interne ou dans la carcasse proche de sa paroi sommet.

On prévoit aussi selon l'invention un procédé de rechapage d'une enveloppe de pneumatique dans lequel on chauffe une nappe découpée dans une tôle et située entre une carcasse de l'enveloppe et une bande de roulement de l'enveloppe.

Ainsi, en se ramollissant, la couche de liaison perd son pouvoir d'adhésion, et il est possible d'ôter facilement la bande de roulement de l'enveloppe.

On prévoit aussi selon l'invention un procédé de rechapage d'une enveloppe de pneumatique dans lequel on chauffe une nappe découpée dans une tôle et on dispose la nappe entre une carcasse d'enveloppe et une bande de roulement.

Avantageusement, on découpe la nappe dans la tôle :

- par jet d'eau,

- par laser, ou

- par électro-érosion.

Ainsi, grâce à la précision de ces moyens de découpe, on maîtrise particulièrement bien les dimensions de la nappe.

De préférence, la nappe est agencée de sorte qu'elle reste dans son domaine élastique lorsqu'on la soulève entièrement en la saisissant par deux extrémités de la nappe.

Ainsi, la nappe n'est pas déformée plastiquement lors de sa pose, alors qu'une telle déformation d'une part nuirait au bon positionnement de la nappe, et d'autre part rendrait hétérogène le chauffage de la couche de liaison.

On peut prévoir que l'étape de chauffage précède l'étape de disposition.

Ainsi, une fois que la couche de liaison est chaude, on assemble la bande de roulement avec la carcasse. Ces deux derniers éléments sont alors solidement attachés l'un à l'autre une fois que la couche a refroidi à température ambiante.

Dans un mode de réalisation, durant l'étape de chauffage, la nappe est portée par la carcasse.

Dans un autre mode de réalisation, durant l'étape de chauffage, la nappe est portée par la bande.

On prévoit aussi selon l'invention une enveloppe de pneumatique qui résulte de la mise en œuvre d'un procédé selon l'invention.

On prévoit également selon l'invention une enveloppe de pneumatique qui comprend :

- une carcasse,

- une bande de roulement,

- une couche de liaison située entre la carcasse et la bande de roulement, et

- une nappe découpée dans une tôle et située entre la carcasse et la bande de roulement.

Avantageusement, au moins une face de la nappe présente une couche comprenant du laiton.

Une telle couche favorise l'adhérence de la nappe à la bande de roulement ou à la carcasse lors de la cuisson en vue de la vulcanisation de la gomme. Avantageusement, la nappe présente des ondulations en créneaux.

De préférence, la nappe s'étend sur un tour complet de l'enveloppe.

Ainsi, ces deux aspects permettent un passage du courant électrique en boustrophédon sur toute la circonférence de l'enveloppe, et par conséquent un chauffage particulièrement homogène de la couche de liaison.

On prévoit également selon l'invention une carcasse de pneumatique dépourvue de bande de roulement qui porte une nappe découpée dans une tôle.

On prévoit enfin selon l'invention une bande de roulement de pneumatique dépourvue de carcasse d'enveloppe qui porte une nappe découpée dans une tôle. Ces deux produits intermédiaires conviennent pour mettre en œuvre le procédé de l'invention.

Nous allons maintenant présenter un mode de réalisation de l'invention à l'appui des dessins annexés sur lesquels :

- la figure 1 est une vue en perspective avec arrachement partiel d'une enveloppe de pneumatique selon un mode de réalisation de l'invention,

- la figure 2 est une vue de dessus de la nappe de l'enveloppe de la figure 1 ,

- la figure 3 est une vue à plus grande échelle d'une partie de la nappe de la figure 2,

- la figure 4 est une vue en perspective à plus grande échelle d'une partie de l'enveloppe de la figure 1 ,

- les figures 5 à 7 sont des vues en coupe longitudinale de l'enveloppe de la figure 1 illustrant des emplacements possibles de la nappe,

- la figure 8 est une vue en perspective d'une nappe de l'enveloppe de la figure 1 présentant un autre arrangement de ses extrémités, et

- la figure 9 est une vue en coupe axiale de l'enveloppe de la figure 1 illustrant une variante du procédé de l'invention.

Nous allons décrire un mode de mise en œuvre de l'invention, qui consiste en la fabrication d'une enveloppe de pneumatique de roue.

En référence aux figures 1 à 5, une ébauche d'enveloppe 2 comprend une ébauche de carcasse 4 en gomme crue et une ébauche de bande de roulement 6 en gomme crue portée par la carcasse du côté de celle-ci le plus éloigné d'un axe principal 8 de l'enveloppe. L'ébauche d'enveloppe comprend également une couche de liaison 10 interposée suivant la direction radiale à l'axe 8 entre la carcasse 4 et la bande de roulement 6. En l'espèce, il s'agit d'une couche réalisée dans un matériau thermofusible connu en lui-même.

Par matériau thermofusible, on comprend un matériau apte à se ramollir lorsqu'il est chauffé pour le porter à une température prédéterminée caractéristique du matériau, dite température de ramollissement. Par exemple, un tel matériau peut être choisi parmi les élastomères thermoplastiques tels que le SBS (styrène-butadiène-styrène) ou le SIS (styrène-isoprène-styrène). Pour les besoins de l'invention, on se réfère à un matériau thermofusible capable de ramollir à une température comprise entre 140°C et 200°C.

On découpe une nappe 12 dans une tôle, par jet d'eau, par laser ou bien par électroérosion pour citer quelques exemples. La nappe présente ici un motif en ondulations en créneaux ainsi que deux extrémités libres 14. De plus, la longueur de la nappe est égale à la circonférence de la carcasse. Nous verrons dans la suite qu'une telle géométrie de la nappe est intéressante pour l'utilisation qui en est faite.

La tôle est constituée d'un ou plusieurs métaux ou alliages et forme un matériau tel qu'une fois la nappe découpée, elle reste dans son domaine d'élasticité lorsqu'on la soulève entièrement en la saisissant par ses deux extrémités. Ainsi, la nappe n'est pas déformée plastiquement lorsqu'un opérateur la manipule, ce qui nuirait au bon positionnement de la nappe. A titre d'exemple, en référence à la figure 3, la nappe est découpée dans une tôle d'acier d'épaisseur 0,05 millimètres. Elle s'étend d'un flanc de l'enveloppe à l'autre par exemple sur une largeur L de 74 millimètres. La largeur I de la section courante de la nappe est ici de 4 millimètres. La nappe fait un demi-tour suivant un rayon de courbure R à son bord externe égal ici à 5 millimètres à chaque fois qu'elle rencontre un flanc. Les segments de la nappe parallèles entre eux sont séparés d'un espace ici de 2 millimètres.

Les deux faces de la nappe sont destinées à être directement en contact avec la carcasse et la bande respectivement et présentent une couche comprenant du laiton, afin de mieux adhérer à la gomme.

On revêt la nappe d'un adhésif non métallique (non illustré) puis on la noie dans la couche de liaison.

On fait ensuite chauffer l'ensemble, dans une étuve par exemple, jusqu'à la vulcanisation de la gomme. On obtient ainsi une enveloppe de pneumatique.

L'enveloppe est ensuite apte à être montée sur un véhicule.

Des variantes du procédé de fabrication sont illustrées en figure 6 et 7. La fabrication est faite selon les mêmes étapes, sauf qu'on place la nappe à d'autres emplacements. Dans la variante de la figure 6, la nappe est localisée dans la bande de roulement 6, et dans celle de la figure 7, la nappe est située dans la carcasse 4 au-dessus d'une frette 16 et de renforts 18 compris à l'intérieur de la carcasse.

Nous allons maintenant décrire la mise en œuvre d'un second procédé, qui consiste à rechaper une telle enveloppe de pneumatique. Ce procédé s'applique donc à une enveloppe 2 issue du procédé précédemment décrit. La bande de roulement 6 doit être retirée de l'enveloppe, par exemple parce qu'elle présente un niveau d'usure incompatible avec une utilisation sur une roue.

Pour ce faire, dans le but de chauffer la nappe 12, on connecte les deux extrémités 14 de cette dernière à une source de courant qui n'est pas illustrée ici. A cette fin, on peut prévoir que les deux extrémités font légèrement saillie sur un flanc de l'enveloppe pour faciliter cette connexion ou bien qu'on entame la bande de roulement pour accéder aux extrémités. Une variante, illustrée en figure 8 et 9, est de percer la bande de roulement à l'aide de deux clous 20 en deux emplacements préalablement marqués sur la bande de roulement afin d'accéder aux extrémités de la nappe, et de faire passer le courant à travers les deux clous. La nappe parcourue par le courant chauffe ainsi par effet Joule la couche de liaison 10. On comprend bien que le motif que présente la nappe permet au courant de la parcourir intégralement, ce qui rend son chauffage quasiment homogène. La montée en température de la couche de liaison est néanmoins hétérogène car la partie en contact de la nappe est naturellement plus chaude que le reste de l'interface, mais la température de l'ensemble s'homogénéise lorsqu'on arrête la chauffe.

Une fois qu'une température prédéterminée est atteinte, la couche de liaison 10 fond et perd son pouvoir d'adhésion. On peut alors agripper la bande et la séparer intégralement du reste de l'enveloppe par pelage.

Il s'agit ensuite de rechaper l'enveloppe.

II est nécessaire pour cela de poser sur l'enveloppe une nouvelle bande de roulement 6, soit neuve, soit présentant un niveau d'usure compatible avec son utilisation sur une roue. On peut prévoir que la nappe 12 est toujours portée par la carcasse 2 de sorte qu'on pose la bande dessus, ou bien que la bande de roulement porte sa propre nappe sur sa face interne de sorte qu'on les place sur la carcasse.

Ensuite, on chauffe par les mêmes moyens que précédemment la nappe jusqu'à la température prédéterminée permettant fusion de la couche de liaison, puis on laisse refroidir l'ensemble. En refroidissant, la couche se solidifie et entraîne l'adhérence de la bande à la carcasse.

L'enveloppe peut alors être montée sur une roue.

Bien entendu, on pourra apporter à l'invention de nombreuses modifications sans sortir du cadre de celle-ci.

La nappe peut présenter un autre motif compatible avec le passage du courant, par exemple un motif en peigne, ou bien un motif en échelle à deux montants ou à un montant central unique

La tôle dans laquelle la nappe est découpée peut être constituée d'un matériau autre que l'acier et présenter d'autres dimensions.

On peut obtenir la nappe à partir d'une tôle par des moyens de découpe par poinçonnage ou tout autre moyen connu de découpe de tôle.

On peut recouvrir une face de la nappe d'un adhésif non métallique afin d'améliorer son adhésion à la carcasse ou à la bande de roulement, par exemple un adhésif commercialisé sous les marques "Chemiok" par la société LORD CORPORATION ou "Chemosil" par la société HENKEL, comme par exemple le produit "Chemosil 211 -85" commercialisé par cette dernière société.