UTILISATION D'UN ADDITIF COMPRENANT AU MOINS UN EDULCORANT DANS L'ALIMENTATION ET/OU L'EAU DE BOISSON AVICOLE (S)

L'invention concerne l'utilisation d'un additif comprenant au moins un édulcorant dans l'alimentation et/ou l'eau de boisson avicole (s), notamment pour favoriser la prise de poids chez la volaille.

Arrière-plan de l'invention

Il est connu que le goût sucré d'un produit le rend attractif pour les mammifères tels que les porcelets. Ceci s'explique par le fait que ces animaux possèdent des récepteurs de la saveur sucrée T1R2/T1R3.

Ces récepteurs, une fois activés par la saveur sucrée, augmentent le nombre de transporteurs de glucose SGLT1, ce qui accroît l'absorption du glucose au niveau de l'intestin et conduit ainsi à une augmentation de l'énergie disponible et métabolisable par l'animal.

En revanche, il n'y a aucune raison pour qu'un tel phénomène se produise chez des animaux dépourvus des récepteurs T1R2/T1R3. ^

L'utilisation de la stévia, de stéviosides et de glucose a été proposée dans les documents suivants :

D. J. ool ET Al. : « The effect of stevia as a feed sweetener on weight gain and feed consumption of broiler chickens », Can. J. Anim. Sci . 76, 1er janvier 1996, pages 267-269;

J. 0. Atteh et Al.: « Evaluation of supplementary ^' stevia (Stevia rebaudiana, bertoni) leaves and stevioside in broiler diets : effects on feed intake, nutrient metabolism, blood parameters and growth performance », Journal of Animal Physiology and Animal Nutrition, vol. 92, n°6, 1er décembre 2008, pages 640-649; et

K. J. Jiang et Al. : « Corticosterone administration and dietary glucose supplementation enhance fat accumulation in broiler chickens », International Food

Information Service (IFIS), Frankfurt-Main, Allemagne; British Poultry Science 2008, vol. 49, n° 5, page 625.

Cette utilisation avait pour but d'augmenter la prise de poids. Cependant, les auteurs de ces articles parviennent à la conclusion que ce but n'est pas atteint.

La demande de brevet d'Allemagne de l'Est publiée sous le numéro DD 293 171 concerne l'utilisation de saccharinate de sodium chez de jeunes poules, mais uniquement en vue de produire un effet de tranquillisation et de diminution du stress/élimination de la peur.

Le brevet américain n° US 6 326 051 divulgue (cf.

colonne 16, tableau 35 et ses commentaires en dessous) , qu'une composition (24 à 27 ou 30 et 31) contenant des édulcorants (glucose, fructose, ou sorbitol) combinés à 6 autres composés conduit à une suppression de la perte de poids. Cependant, les essais ne montrent pas à quel (s) composé (s) ou combinaison de composés cette suppression de la perte de poids peut être attribuée. On ne peut donc en tirer aucun enseignement relatif à l'effet d'un édulcorant utilisé individuellement.

La demande de brevet français n° FR 2 677 359 a pour objet l'utilisation de compositions comprenant des sucres dans les aliments pour volailles, en vue de réduire

l' hygroscopicité . Exposé sommaire de l'invention

De façon surprenante, il a maintenant été découvert que l'ajout, dans la nourriture d'oiseaux, qui ne sont pas des mammifères, qui ne perçoivent pas le goût sucré et dont il n'a jamais été démontré qu'ils possédaient des récepteurs de la saveur sucrée, d'un additif comprenant au moins un édulcorant, stimule l'absorption du glucose et/ou du galactose ingéré (s), ce qui conduit, à terme, à une augmentation de leur prise de poids.

L'invention a donc pour objet l'utilisation d'un additif comprenant au moins un édulcorant dans l'alimentation avicole.

D'autres caractéristiques et avantages de l'invention vont maintenant être décrits en détail dans l'exposé suivant qui est donné en référence aux figures annexées qui représentent des courbes montrant l'augmentation de l'énergie métabolisable (EM) , décrite par l'énergie métabolisable apparente (EMA) ou l'énergie métabolisable apparente à bilan azoté nul (EMAn) chez le poulet, en fonction de la quantité de mélange de saccharine et de NHDC (98/2 massique) ingérée.

Exposé détaillé de l'invention

L' invention est basée sur la découverte qu' il est possible d'utiliser un additif comprenant au moins un édulcorant dans l'alimentation avicole.

Le sucre comme les édulcorants sont détectés par les animaux grâce au récepteur du sucré. Ce récepteur s'exprime sur l'épithélium lingual mais aussi sur la membrane apicale des cellules entéro-endocrines présentes tout au long du tube digestif.

Le récepteur du sucré est constitué de deux sous unités T1R2 et T1R3. Pour qu'il fonctionne, il faut que les deux sous unités soient présentes. Les oiseaux comme les chats sont incapables de détecter le goût sucré parce qu'ils ne possèdent pas ou parce qu' ils n' expriment pas la sous unité T1R2 du récepteur du sucré. Il a été démontré que le récepteur du sucré permet de réguler l'absorption du glucose et des sucres chez les animaux qui l'expriment et donc d'augmenter la quantité d'énergie de leur aliment qu'ils utilisent .

Or, comme on peut le voir sur la courbe de la figure annexée, l'énergie métabolisable (EMA ou EMAn) est clairement corrélée avec la dose d' édulcorants (98% de saccharine et 2% de NHDC, massique) mélangée à la ration alimentaire des poulets.

Pour tracer cette courbe, un aliment classique (contenant 2900 kcal/kg d'énergie métabolisable) a été supplémenté par des doses croissantes d'un additif constitué d'un mélange 98/2 massique de saccharine et de NHDC, à raison de 25 à 300 g/t. L'énergie métabolisable a été mesurée de la façon suivante.

Un total de 300 poulets adultes mâles âgés de 21 jours a été mis en lots de façon aléatoire dans 60 cages métaboliques à raison de 5 oiseaux par cage.

Six traitements expérimentaux correspondant à 5 inclusions d'additif et à l'aliment témoin (sans inclusion d'additif) ont été attribués aléatoirement aux oiseaux en considérant que chaque traitement devait être effectué 10 fois .

Les 6 aliments expérimentaux correspondant aux 6 traitements expérimentaux ont été distribués aux oiseaux en commençant dès que les oiseaux ont été placés en cage. Les poulets étaient autorisés à consommés l'aliment et l'eau librement . Trois jours après avoir fourni les aliments, les nourrisseurs ont été retirés et les bacs de récolte des excréta ont été nettoyés.

La quantité d'aliment restant dans les nourrisseurs a été enregistrée et tous les nourrisseurs ont été remis en place .

La quantité d'aliment consommée, la quantité d' excréta et le poids vif des poulets dans chaque cage ont été enregistrés à la fin de la période de collecte (soit 96 heures ) .

En outre, tous les excréta de chaque cage ont été collectés quotidiennement et séchés à 80 degrés Celsius pendant 24 heures.

L'aliment et les échantillons d' excréta ont été collectés et analysés pour déterminer leur teneur en matière sèche à l'aide d'une étuve (105 degrés Celsius pendant 4 heures) et en énergie brute (EB) , à l'aide d'une bombe calorimétrique .

Chaque point sur les courbes correspond donc à un traitement effectué pendant 96 heures (4 jours) et répété 9 fois, c'est-à-dire à la moyenne de 10 traitements.

L'énergie métabolisable est déterminée soit par l'énergie métabolisable apparente (EMA) ou par l'énergie métabolisable apparente à bilan azoté nul (EMAn) .

EMA et EMAn sont calculées d' après les équations suivantes .

Dans la deuxième équation, RN est la rétention de l'azote calculée en divisant 20% du gain de poids par la constante 6,25 ; la constante K est égale à 8,21 kcal par gramme d'azote retenu. EMA = [ (EB aliment x grammes d'aliment consommé) - (EB excréta x grammes d' excréta produit)] / (grammes d'aliment consommé)

EMAn = [ (EB aliment x grammes d'aliment consommé) - (EB excréta x grammes d' excréta produit) - (RN x K) ] / (grammes d'aliment consommé)

L'énergie métabolisable apparente peut être considérée comme un indicateur de la quantité de glucose et/ou de galactose mis à disposition de l'intestin pour absorption à partir de la digestion de l'aliment, c'est-à-dire de la quantité de glucose et/ou de galactose absorbé par l'animal.

Autrement dit, la pente des deux courbes montre que plus l'oiseau reçoit d' édulcorant dans son aliment, plus le rendement énergétique de sa ration alimentaire est élevé, car plus il absorbe de glucose et/ou galactose.

Selon l'invention, ce phénomène est mis à profit en ajoutant l'additif, de façon répétée ou régulière, de préférence continue, à la nourriture d'un oiseau, de façon à obtenir une augmentation durable de la prise de poids de cet oiseau par rapport à un oiseau ne consommant pas d'additif.

L'oiseau appartient de préférence à la catégorie de la volaille et il s'agit en particulier d'une poule.

Il est avantageux d'utiliser l'additif chez un oiseau en phase de croissance, tel qu'un poulet, car l'augmentation de la prise de poids est alors encore plus importante.

Comme édulcorant, on peut utiliser les édulcorants intenses et les édulcorants non intenses également dits « de charge ».

A titre d' édulcorants intenses, on peut citer la saccharine ou l'un de ses sels, comme le saccharinate de sodium ou de calcium, l'aspartame, l' acésulfame de potassium, les cyclamates et les stéviosides.

Comme édulcorant non intense, on peut citer le glutono delta-lactone (GLD) et les polyols.

De préférence, l'additif comprend, outre l' édulcorant , au moins un potentiateur .

Celui-ci peut par exemple être choisi parmi la glycyrrhizine, le glycyrrhizinate d'ammonium, de potassium, de sodium ou d'un autre métal alcalin ou alcalino-terreux, la thaumatine, le kokumi, la néohespéridine dihydrochalcone (NHDC) , les ribotides et le glutamate de sodium.

En ce qui concerne les proportions d' édulcorant ( s ) et de potentiateur ( s ) , l'additif peut être constitué de 80 à 100 % en poids d' édulcorant ( s ) et de 20 à 0% en poids de potentiateur ( s ) et de préférence de 90 à 100 % en poids d' édulcorant ( s ) et de 10 à 0% en poids de potentiateur ( s ) .

L'additif est de préférence utilisé en mélange avec la nourriture de l'oiseau mais peut aussi être incorporé à son eau de boisson.

Pour ce qui est des quantités, on met en œuvre l'additif de préférence à raison de 30 à 300 ppm et, plus préférentiellement , à raison d'environ 100 ppm de ration alimentaire, c'est-à-dire de 100 mg d'additif par kg de ration alimentaire.

Ainsi, l'ingestion de l'additif se traduit sur la durée concrètement par une prise de poids significative, comme cela ressort des exemples présentés ci-après.

Exemples

Exemple 1

Un mélange M de saccharine et de NHDC (98/2 massique) a été ajouté quotidiennement à la ration alimentaire de poulets, à raison de 100 mg par kilogramme de ration alimentaire. Le produit a été ajouté à l'aliment témoin dans 4 élevages différents. Les résultats obtenus sont indiqués dans le tableau suivant.

L'expérience a été menée pendant 42 jours.

Exemple 2

Dans un centre d'élevage, on a nourri pendant 42 jour des poulets en ajoutant le même mélange M qu'à l'exemple 1 leur ration alimentaire, à raison de 100 mg/kg de ration alimentaire .

Les résultats observés sont présentés dans le tableau suivant .

Paramètres Témoins Poulets Différences recevant le en % mélange M

Nombre de poulets 42000 42000 -

Poids initial (g) 40,0 40,0 0

Poids final (g) 1593, 8 1652, 0 +3,7

Gain Moyen quotidien (g) 36,9 38, 4 +3,7 Exemple 3

Dans un autre centre d'élevage, on a nourri pendant 46 jours des poulets en ajoutant le même mélange M qu'à

l'exemple 1 à leur ration alimentaire, à raison de 100 mg/kg de ration alimentaire.

Les résultats observés sont présentés dans le tableau suivant, dans lequel l'indice de consommation est défini comme étant la quantité d'aliment consommée divisée par le gain de poids total.

Paramètres Témoins Poulets Différences recevant le en % mélange M

Nombre de poulets 25 200 24 800

Poids final (g) 1 580 1 700 +7,6

Gain Moyen quotidien (g) 34, 3 36, 9 +7,6

Indice de consommation 2,19 2,2 +0,45